Lexique étymologique du breton moderne/G

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Texte établi par Faculté des lettres de Rennes, J. Plihon et L. Hervé (p. 127-156).
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G

Gâk, adj., bègue ; cf. gael. gagach id., ag. to cackle « caqueter », ah gackern « caqueter », gacksen « bégayer », etc., etc. Onomatopée.

Gâd, s. f., lièvre, corn. gad, mbr. gat. — Étym. inc.[1].

Gadal, adj., débauché. Empr. bas-lat. *gatâlis > gadàlis « prostituée », c’est-à-dire « femme de rue », du germ. (visl.) gata (al. gasse).

Gadan (C.), s. f., lien d’osier : contamination de mbr. cadoen « chaîne » (empr. lat. catëna) et de gwéden. V. ce mot

Gaé, adj., gai, joyeux. Empr. fr. gai.

Gai, s. f., maladie cutanée. Empr. fr. gale.

Galdu (V.), s. m., macreuse : pour *galv-du « le crieur noir ». V. sous galv-aden, et cf. lat. gal-lu-s « coq ». — Conj.

Gall, s. m., Français (d’où Gallô « habitant de la Bretagne française »), cf. ir. et gael. Gall « Anglais », vir. gall « étranger », cymr. gal « ennemi » : soit un celt. *gallo, i.-e. *ghos-lỏ- (ou *ghäs-lỏ), dér. de la même rac. que lat. hosti-s « ennemi », got. gast-s, ag. guest, al. gast, vsl. gostĭ, « étranger, hôte »[2].

Galloud, s. m., puissance (et gall-out vb. « pouvoir »), cymr. gall-u « pouvoir », corn. gall-os « puissance », etc. : tous dér. divers d’une rac. assez rare ailleurs, mais fort répandue en celt., qui se retrouve notamment dans vir. gal « vaillance », gaul. Γαλ-άτη-ς ; et Gal-lo-s ethnique[3], puis dans lit. gal-è « puissance », gal-è-ti « pouvoir », vsl. gol-êmu « robuste », sans autre équivalent connu.

Galvaden, s. f., cri d’appel : dér. du mbr. gal-u « appel », cymr. gal-w « appeler », T.gall « cygne » (crieur) eigall « renommé » < celt. *galno- ppc passé ; soit donc un vb. celt. *gal-ô « je crie, j’appelle », dont la rac. GAL se retrouve en gerra. et en si., visl. kalla « appeler » et ag. to call, vsl. glasil « voix » (russe golosu) et gla-gol-ati « parler ».

Gamblid (Iaou), s. m., le Jeudi saint, mbr. dizyou camblit. Empr. bas- lat. completus > complïtus « achevé »[4].

Gañ, s. f., variante de kañ. L’orthographe mbr. gaign ramènerait à un sens « gain, butin » [des oiseaux de proie]. — Conj. Ern.[5].

Ganaz, adj., fourbe, mbr. ganes : dér. d’empr. bas-lat. gannum, « jeu, moquerie », et cf. ital. ingannare « tromper », etc.

Ganédigez, s. f., naissance : dér. de ganet « né ». V. sous génel.

Gaṅt, prép., avec, par : pour *kant, corn. cans, vbr. cant, vir. cét, gaul. canta- (et cala- dans les n. pr. du type de Cata-launi « Châlons »), celt. *kn-ta, qui est une amplification de la prép. *kom, comme en gr. ϰα-τὰ, et en lat. con-trâ par rapport à cum. V. sous *ke-, ken, ket, etc.

Gaô, adj., faux : variante de gaou. V. ce mot.

Gaol, s. f., enfourchure (aussi gael), mbr. gafl et gaul, cymr. gafl, vbr. pl. gabl-au « fourche », vir. gabul « fourchette », ir. gabhal, gael. gobhal, gaul. latinisé gab-alu-s « fourche de gibet » (d’où fr. gâble « fronton triangulaire allongé »), al. gab-el « fourchette », et cf. sk. gâbh-asti « l’envergure des bras » el lat. hab-ere « tenir »[6].

Gaonac’hen, s. f., femelle stérile, mbr. gaunach id. : d’un celt. *gaunakkà* dér. du même type que gr. χαῦ-ναξ, « vain, menteur », par rapport à χαῦ-νο-ς. V. la rac. conjecturale sous gaou.

Gaou, s. m., tort, mensonge, mbr. gou, corn. gotc, cymr. gau, vir. gâu > gào > go, etc. : soit un celt. *gow-o-, dér. d’une rac. peu claire que paraît reproduire le gr. χαῦ-νο-ς, « mensonger, stérile » ; cf. aussi gr. γαυ-σό-ς « crochu » et lit. pri-gâu-ti « tromper »[7].

Gaour, s. f., chèvre (aussi gavr), mbr. gaffr, cymr. gafr, vbr. mel-gabr « troëne » (plante-à-chèvre), corn. gauar, vir. gabor, ir. gabhar, gael. gobhar, gaul. *gabros s. m. dans Gabro-magus « le champ de la chèvre » et autres n. pr. : se retrouve donc dans toutes les langues celtiques, mais nulle part ailleurs[8].

Gaozan, s. f., mite, mbr. gausan, corn. goudhan, cymr. gwyddon pl., cf. ir. ftneôg et gael. fionag (concordances irrégulières). — Étyra. inc.

Gar, s. f., jambe, mbr. et cymr. garr, corn. gar, vir. gairri pl. : d’un celt. *garri- « jarret[9] », sans équivalent ailleurs.

*Gar-, préf. rare et de sens très indécis, peut-être péjoratif à l’origine : peut se ramener à cymr. (ancien) gerr-an « nain », vir. gerr, ir. geârr et gael. geàrr « court », soit un celt. *gers-o-, sk. hras-câ « court » et hrâs-a-ti « il dépérit », gr. χέρ-ης « sans valeur » et χείρων « pire ».

Garan, s. f., grue[10], corn. et cymr. id., gaul. *garanos (dans tri-garanus inscr. de Cluny), cf. gr. γέρανος, ag. crâne, al. kranich (lat. gr-u-s), etc. : tous ces mots paraissent se rattacher à la rac. « crier ». V. sous garm.

Gardiz, adj., rude, vif : contamination des deux mots br. hardiz « hardi » et br. garô. V. ce mot ; mais cf. Ernault, Mém. Soc. Ling., X, p. 328.

1 Gargaden, s. f., gosier. Empr. fr. ancien et dialectal gargate id.

2 Gargaden, s. f., gardon, goujon. Empr. fr. gardon, altéré par contamination du précédent (poisson goulu ? ou qui bée ?).

Gargel, s. m., houx : préf. *gar- et kél-en.

Garlaṅtez, s. f., guirlande : dér. de l’empr. fr. ancien garlande.

Garlizen, s. f., sole : préf. *gar- et lizen. Ou *garv-lizen « plie rugueuse » ? Cf. fanken, lizen, garô et garv.

Garlôsten, s. f., perce-oreille : préf. *gar- et lôst.

Garm, s. m., cri, corn. et cymr. id., ir. et gael. gairm, soit celt. *gar-smen-, dér. d’une rac. GER ou GAR, d’où celt. *gar-ô « je crie » : vir. gair-i-m, gael. goir, cymr. gawr « clameur », etc. ; cf. sk. jâr-a-te et gr-nàti, « il bruit, il chante », gr. γῆρ-υ-ς « voix » et γηρύειν « crier ») » lat. garrire, lit. garsa-s « bruit », etc. V. aussi sous garan, gër, gervel et galvaden.

Garmélod, s. f., fresaie : dér. de garm. Pour la finale cf. fr. hulotte.

Garô, adj., rude, dur (aussi garv), mbr. garu, cymr. garw, vir. garb, ir. et gael. garbh id. : soit un celt. *garwo- pour *gars-wo-, dér. de rac. GHERS « se hérisser », sk. hàrs-a-ti « il est raide », lat. hirs-ûtus, horridu-s, horr-ëre, etc., gr. χήρ hérisson », lit. zer-iù « je gratte » (concordances peu claires) ; mais sans rapport avec lat. gravis.

Garr, s. f., variante primitive de gâr. V. ce mot.

Garv, s. m., ver d’appât : le même que garô (ce ver est ridé).

1 Garz, s. m., jars : cf. fr. (picard) gars « jars ». Empr. fr. très probable, mais de toute manière étym. très indécise.

2 Garz, s. f., haie, jardin, cymr. garth, vir. gort « moisson » : d’un celt. *garto- et *gorto- ce dernier reproduit l’i.-e. *ghorio-, « champ, enclos, culture », etc., gr. χόρτος « gazon », lat. hortus, got. gard-s « maisonnée », ag. yard « cour » (et garden), al. garten « jardin ».

Garzel, s. f., râtelier : dér. de 2 garz « haie ».

Garzou, s. m., aiguillon, corn. et cymr. garthou, vbr. pl. gerthi. Empr. germanique probable[11] : ags. gierd ; vhal. gartea > al. gerte « baguette ».

Gast, s. f., femme publique, cymr. gast « chienne ». — Étym. inc.

Gavlin, s. m., javeline. Empr. fr. Cf. le suivant.

Gavlod, s. m., javelot. Empr. fr. ancien gaoelot, lequel, à son tour, est celt. d'origine et parait se rattacher au type gaol > gaol.

Gavr, s. f., variante de gaour. V. ce mot.

Géd, s. m., attente, garde, cf. mbr. guedaffa guetter ». Empr. fr. guet.

Gédik, s. m., guérite. Empr. fr. guérite, probablement contaminé d’un diminutif de géd par étymologie populaire. — Conj.

Gégin, s. m.[12], geai, variante muée de 2 kégin. V. ce mot.

Geid, geiz, s. f., ramage. Onomatopée ? Cf. fr. jaser et gazouiller.

Gélaouen, s. f., sangsue, corn. ghel, ir. gel, gael. geai, sk. jal-uka (aquatique », cf. jala « eau », al. quell-en <c jaillir »j, gr. βδέλλα et βλέτυες pl. : mot obscur, qu’on rattache parfois à une rac. GwEL, « dévorer, sucer », sk. gir-â-ti et gil-a-ti « il dévore », lat. gul-a, al. kehle « gorge ».

Gell, adj., bai, brun, fauve, cymr. gell id.[13] : soit un celt. *gel-so-, dér. d’une rac. GHEL « jaune », sk. hâr-i « jaune » (gr. χλω-ρό-ς, lat. hel-vu-s, ags. geolo > ag. yell-ow, al. gel-b y lit. gel-tas « jaune-clair », etc.

Geltren, s. f., guêtre. Empr. fr. altéré.

Génel, vb., enfanter, naître, cymr. gen-i « naître », vir. gein « naissance », ro-gén-ar « je suis né », etc. : d’un vb. celt. *gen-ô, dér. de l’universelle rac. GENA, sk. jân-as « naissance » etjân-a-ti « il engendre », gr. γέν-ος, γεν-έ-σθαι, -γνη-το-ς, « né », lat. gen-us y gi-gn-ere, gnatus > nàtus, gens « race » (gén. gen-t-is), indi-gen-a, etc., ag. kin « race » et kind « espèce », al. kind « enfant », gaul. Cintu-genus n. pr. (premier-né, cf. keûta) et similaires, etc., etc.

Genn, s. m., coin à enfoncer, mbr. guenn, vbr. gen y cymr. gaing, vir. geind, gael. geinn id. : soit un celt. m gendi- t dont on croit retrouver un équivalent en letto-slave[14] ; sans aucun rapport avec koh.

Génou, s. m., bouche, corn. et cymr. genau, gaul. n. pr. Gen-ava ( embouchure), « Genève, Gènes », etc. : d’un celt. *gen-ow-, sk. hân-u « mâchoire », gr. γέν-υ-ς (gen-u-s) « menton », got. kinn-u-s id., ag. chin et al. kinn, etc. ; cf., avec un suff. plus court, les types lat. gen-a « joue », vir. gin « bouche », cymr. gèn, « joue, menton », mbr. guen « joue ».

Genver, s. m., janvier. Empr. lat. Januárius.

Géô, s. f., variante de iéô. V. ce mot.

Géoren, s. f., écrevisse d’eau douce : curieux singulatif refait sur le pl. géor « chèvres », qui se rattache à gaour[15].

Géot, s. m., herbe, corn. gwels^ vbr. pl. guelt-ioc-ion « herbeux », et même br. actuel guelt « herbe » (Ouessant), vir. *gelt dans gelt-both « pâturage » : d’un celt. *gwel-to- « vert », cf. cymr. gl-edd « gazon », gr. ϰλό-ο-ς (klo-o-s) ; « vert-clair » et ϰλο-ή (klo-ê) « verdure », lit. iélti « verdoyer », vsl. zel-ije « légumes » et zel-enû « vert ». V. la rao. sous gell, et cf. 1 glaz.

Gér, s. m., mot, cymr. geir > gair, vir. gàir « cri » : d’un celt. *gdr-i et *gar-i-, dont la rac. très féconde est sous garm.

Gervel, vb., appeler : pour galca (conservé dans la conjugaison et dans l’infinitif galoueinV.), par confusion des deux radicaux celt. synonymes *gal- et *gar-, V. sous galcaden et garm.

Geûn, s. f., marécage : pour *gweùn, mbr. gueun « vallée », cymr. gwaun « prairie », ir. fán « pente », fr. (ardennais) fugne « plateau tourbeux », d’un celt. *wàg-nā, cf. lat. vag-u-s « [lieu] vague » ?

1 Gével, s. m., pinces, tenailles, corn. gevel cymr. gefail, vbr. gebell id. : de la famille de gaol, mais probablement contaminé du suivant.

2 Gével, adj., jumeau, cymr. gefell. Empr. lat. gemellus.

Géver (T), s. m., gendre : seul représentant subsistant du celt. *gem-ero-, lat. *gem-er > gêner, gr. γαμϐ-ρό-ς (gamb-ro-s), cf. γάμ-ο-ς (gam-o-s) « mariage », sk. jámātā.

Gôvred, s. m., vent de sud-est, mbr. aoel gueffret a vent d’ensemble », pour queffret. V. sous kèfret. — Conj. Ern.

Giber, s. m., esse, goupille : mbr. guyber « couleuvre » par métaphore (c’est une pièce en forme d’S). Empr. lat. vïpera.

Gîn, adj., l’envers : variante muée de kein[16]. — Conj. très douteuse.

Ginidik, adj., natif. V. sous ganédigez.

Gîz, s. f., manière, mbr. guis. Empr. fr. guise.

Glâd, s. m., fortune, mbr. gloat « royaume > fortune », corn. gulat « patrie », cymr. gtrlâd « pays », vir. fiait h et gaei. jlath « chef » : soit un celt. *wla-toet *wla-ti-, dér. de la rac. qui se retrouve dans lat. valère « pouvoir », got. wal-d-an et al. walten « gouverner », ag. to wield « manier », vsl. vlada « je règne », et cf. le n. pr. Vladi-mirû « qui règne sur le monde », lit. cald-yti « régner », etc., etc.

Glac’har, s. f., affliction, cymr. et vir. galar, gael. galaru maladie » : suppose un celt. *galro-, d’apparentation indécise [17].

Glan, glaṅ, adj., pur, parfait, cymr., ir. et gael. glan (cf. cymr. glain « gemme »), gaul. Glana (rivière) : soit un celt. *gla-no-, à rac réduite par rapport au gr. γλῆ-νος « bijou », γλή-νη « prunelle de l’œil », γελ-εῖν « briller » (Hesych.), sans autre équivalent[18].

Glandour, s. m., conferves : exactement « laine d’eau ». V. sous gloan.

1 Glann, s. f., rive, cymr. glan id. ; cf. mbr. glenn « pays », cymr. glynn a vallon », vir. glenn, ir. et gael. gleann « vallée » : respectivement celt. *glanno- et *glinno-, peut-être sans lien entre eux, et d’étym. inc.

2 Glann, particule négative. Empr. fr. glane « brin ». Cf. 2 ken et morse.

Glaô, s. m., pluie, mbr. glau, corn. glau (voc.) > glaw, cymr. glaw id. : pour *gw-law, qui serait en celt. *wo-law-o-, « petite lavasse », rac. LOW « laver », gr. λού-ω, lat. lav-ere lav-àre lu-ere, cf. visl. lau-g « bain chaud » et al. lau-ge « lessive ». V. aussi laouer.

Glaou, s. m., charbon (ardent), mbr. glou, corn. glow, cymr. glo id. : d’un celt. *glo-wo-, dér. de rac. GHLÔ qu’accusent essentiellement Tag. to glow « briller » et l’al. glühen « brûler », isolé par ailleurs.

Glaouren, s. f., glaire, bave, mbr. glaicren, cymr. glqfoer et glyfoer id. : se rattachent directement ou avec altération à une rac. GLIbh « visqueux », cf. al. kleb-en « se coller » et ag. to cleaoe « s’attacher », gr. γλοι-ό-ς glu, graisse visqueuse », lat. *gloi-s > glas « glu » », glu-ten.

Glasten, s. m., yeuse : pour glaz-tann. V. ces mots.

Glavia, vb., pleuvoir, bruiner : dér. de glaô.

1 Glâz, adj., vert, bleu, gris, pâle, mbr. et cymr. glas, vbr. glas et du-glas (sous ), vir. glass, gael. glas « gris » : soit un celt *gl-asto-, qui semble tout à fait isolé, mais peut se rattacher à la rac. de gell[19].

2 Glâz, s. f., goutte, crampe. Cf. gloaz et 2 glizien. — Étym. inc.

3 Glâz, s. f., glas. Empr. fr. glas avec changement de genre.

Glazaour, s. m., loriot. V. sous 1 glâz[20].

Glazard, s. m., lézard. Empr. fr. contaminé de 1 glâz.

Gléb, adj., mouillé, humide, mbr. gloeb, cymr. g ulip> gwlyb, et gwlybwr « humidité » = corn. glibor, ir. et gael. fliuch « humide » : soit donc *wlip-u- et *wlik-u- qui indiquent un i.-e. *wlq-u-, rac. WELQ, d’où aussi lat. liqu-idu-s, liqu-or[21], lett. walk-s « humide ». Cf. gwalchi.

Glec’h, s. m., action de détremper, cymr. gwlych « humidité » et gwlyehu « détremper » : soit un celt. *wlik-ko- issu de la même rac. que gléb[22].

Glesker (T.), s. m., grenouille de haie, mbr. gluesquer, cf. corn. gwilskin et guilschin (métathèse en br. ). — Étym. inc.[23]

Gléz, adv., tout à fait : variante de kleiz au sens de « suivant la pente > tout naturellement ». V. ce mot — Conj.

Glîn, s. m., genou, corn. et cymr. glin, vir. glàn, gael. glùn, celt. *glû-no-, pour *gnû-lo- dér. (reconnaissable dans ag. to kneel « s’agenouiller ») d’un i.-e. *genu et *gnu, sk. jànu et -jau, gr. γόνυ, γνυ-πετεῖν « s’agenouiller » et gr. γνύ-ξ « à genoux », lat. genu, got. kniu, ag. knee, al. knie.

Glôiz, s. m., rosée,cymr. gwlith, d’un celt. *wlik-to-, qui serait le ppe passé de la même rac. d’où est dér. gléb. Cf. glec’h[24].

Glizik, s. m., petit saumon, anchois, cymr. gleisiad « saumon » : soit un dér. diminutif de 1 glâz (bleu-vert, écailles chatoyantes).

1 Glizien, s. f., serein : dér. de gliz. V. ce mot.

2 Glizien, s. f., goutte, crampe. Cf. 2 glâz. — Étym. inc.

Glô, s. m., variante contractée de glaô. V. ce mot.

Gloan, s. m., laine, corn. gluan, cymr. gulan et gwlân, vir. oland, ir. et gael. olann id. : d’un i.-e. *wḷnà ( long) et *wläna > celt. *wlano- et *wlanā[25], identique à sk. urnā, gr. λῆνος nt., lat. lāna (pour *vlānā), got. wulla (pour *wulnā), ag. wool, al. wolle, lit. vilna, vsl. vlŭna, etc.

Gloar, s. f., gloire, honneur. Empr. fr. gloire.

Gloaz, s. f., souffrance, blessure, cymr. gloes. — Étym. inc.

Gloestr (V.), s. m., gage, vœu : variante à métathèse de gwéstl.

Glouac’h (V.), s. m., variante à métathèse de goulaz. V. ce mot.

Glouec’h, s. m., serein : variante à métathèse du mot br. correspondant au cymr. gwlych. V. sous glec’h, et cf. glîz et gléb.

Glout, adj., goulu : abstrait de l’empr. fr. glout-on[26].

Glôzard, s. m., fauvette mâle : dér. de 1 glâz « gris ».

Glûd, s. m., glu, corn. glut, cymr. glud. Empr. lat. glūten, et cf. glaouren.

Gluic’h (V.), s. m., variante dialectale de glîz. V. ce mot.

, adj., fermenté : abstrait de gôi vb. « fermenter » ou de gôell « levain » ; et celui-ci d’un radical celt. *wo-yes-lo-, rac. YES, cymr. iâs « chaleur », sk. yás-a-ti « il bout », *ζέσει ζέει id., vhal. jës-an > al. gähren « fermenter ». Cf. goéden, etc. V. le préf. sous *gw-.

Goakol, s. m., collier de cheval : variante altérée de kougoul avec contamination probable du fr. col. — Conj.

Goal, s. m., lance, gaffe. Empr. fr. ancien guaffe.

Goaṅ, goaṅv, s. m., hiver, mbr. gouaff, corn. goyf, cymr. gaem et gauaf, vir. gaim-red composé[27] : soit un celt. *gi-amo- et *gi-mo-, dér. (par suff. -em- > -äm- > -m-) de rac. GHI, sk. hi-mâ « froid » et hé-man « hiver », gr. χι-ών « neige » et χει-μών « hiver », lat. hi-em-s, lit. žëmà, vsl. zima.

Goann[28] (V.), s. f., charogne : on soupçonne un type de dérivation tel que *goat-n- « sanglant ». V. sous gwann et gwâd.

Goaṅven, s. f., engelure : dér. de goaṅv. Cf. goaṅ.

Goap, s. m., moquerie. Empr. fr. populaire (normand) gouap-er, et cf. fr. ancien guaber gaber « conter des bourdes ».

Goar, s. m., facilité, lenteur : variante de 1 gwâr[29].

Gôb, s. m., contamination de kôp par fr. gober et gobelet.

Gôbédi, vb., tinter. Empr. fr. ancien copeter « copter ».

Gober, vb., faire : mutation syntactique pour ôber. V. ce mot.

Gobilin, s. m., feu-follet, lutin. Empr. fr. gobelin.

Gôd, s. m., sein, poche (aussi kôd, et le dér. gôdel s. f. « poche »), cymr. cod « sac ». Empr. ags. codd > ag cod « bougette ».

Godai, vb., caqueter. Onomatopée.

Gôdisa, vb., se moquer. Empr. fr. (se) gaudir.

Gôdôer, s. m., cabane, couchette : préf. *gw- devant un thème dér. de la même rac. que tei et tôen, et cf. lat. tug-uriu-m.

Goéden, s. f., levain, présure : dér. de . V. ce mot.

Goél, s. m., fête, corn. goil > gol, cymr. gicyl, vir. féil. Empr. lat. vigilia « veille [de fête] ». On n’a que faire d’une soi-disant rac. WJL : Bzzbg. Btr., XXIII, p. 56.

Goell, s. m., levain : dér. du même radical que go.

Goérô, vb., traire, mbr. gozro, cymr. go-dro t vbr. guo-troit « vous trayez » : d’un celt. *wotrâg-ô « je tire en dessous », sens et formation homologues du lat. sub Irah-ere > fr. -traire- V. sous *gw- et / irô.

Gôf, s. m., forgeron, corn. gof, cymr. gob> gof> vir. goba (gén. gobann), ir. et gàel. gobha, gaul. Gobann-ion. pr. « la forge »[30] : d’un celt. *gob-an, qu’on rattache hypothétiquement au gr. γόμφ-ο-ς « ferrure »[31].

Gôgé, s. m., raillerie, fourberie : dér. d’empr. fr. ancien gogue id.

Gôgez, s. f., grondin : dér. du précédent (poisson rusé) ?

Gôlei, gôlôi, vb., couvrir, dissimuler, mbr. gueleiff, cymr. goloi, vir. follugalm « je cache », ir. folach et gael. falacha cachette » : contamination très probable des celt. *wo-lug-ô <( je dissimule en dessous » (got. liug-an, ag. to lie, al. liïg-en, vsl. lûg-aii « mentir ») et *wo-leg-ô « je place en dessous »[32]. V. sous *gw-, léac’h et gwélè.

Golf, adj., sans queue : soit originairement « mutilé » ou « infirme » ; cf. br. gôl (T.) « essorillé » et vir. goll « aveugle », sk. kànà = i.-e. *kol-noborgne », et surtout gr. ϰολοϐό-ς « mutilé », ϰολούω « je mutile ». — Rapprochements très obscurs. — Étym. inc.

Golc’hed, s. f., couette, cymr. cylched, vbr. colcet. Empr. lat. culcita.

Golc’hein (V.), vb., variante dialectale de gwalc’hi.

Gôlô, s. m., couverture (aussi gôlôen). V. sous gôlei.

Golvan, s. m., moineau, corn. golcan, cymr. golfan, mh.gelbund, ir. et gael gealbhonn id. ; cf. gr. χελ-ιδών « hirondelle[33] ».

Golvaz, s. f., battoir à lessive : syncopé pour *golchoâz. V. sous gwalc’hi, golc’hein et bâz.

Gonid, s. m., variante de gounid. V. ce mot.

Gonvor, s. m., mesure, bord du vase. Empr. bas-lat. gomor, nom de mesure hébraïque venu de la traduction de la Bible.

Gôpr, s. m., salaire, prix, cymr gwobr id. : d’un celt. *wO’pr-o-, qui unit le préf. *gw- à la rac. du vb. pr-éna. V. ces mots, et cf. gôpraer « mercenaire » et vbr. (avec un autre préf.) com-pri « aura acheté ».

1 Gôr, s. m., chaleur étouffante, cymr. géra qui couve », gor-i « couver » et gicr-ês « chaleur », vir. gor id. et gor-i-m > guirim « je chauffe » : soit un celt. *gor-o- « chaleur », issu de rac. GHwER, sk. ghar-mâ « chaud » et hâr-as « ardeur », gr. θέρ-ος « été » et θερ-μός « chaud », lat. for-mu-s « chaud » et fur-nus « four », ag. et al. war-m « chaud », vsl. gor-èti « brûler » et russe gor-nû a foyer », etc. Cf. le suivant.

2 Gôr, s. m., abcès, furoncle, cymr. gôru pus » et gor-yn « pustule », vir. gor, a chaleur, pus » : identique au précédent. Cf. gôrou.

3 Gôr, s. m., cordon, mbr. gour, ir. gàaire « cheveu », gàel. guair-sgeach « bouclé », cf. gr. γῦ-ρό-ς « circulaire » (originairement « flexible » ?), γῦ-ρο-ς « cercle » : rapports étymologiques très obscurs.

4 Gôr, s. m., variante contractée de govor = gonnor.

Gôrad, s. m., couvée : dér. de 1 gôr. V. ce mot.

Gorlanô, s. m., variante de gourlanô.

Gorlounka, vb., variante de gourlonka. V. ce mot.

Gôrô, vb., variante contractée de goérô. V. ce mot.

Gôrou, s. m. pl., amygdalite : pl. de 2 gôr.

Gorré : s. m., superficie (d’où gorréa, «élever, serrer » ) ; prép., adv., sur, dessus : dér. de 1 gour-. V. ce mot, et cf. doaré.

Gorrek, adj., lent (aussi goarek V.) : dér. de goar[34].

Gortoz, s. m., attente, corn. gortos « attendre » ; cf. cymr. gwardu « garder », ags. weard-ian > ag. to ward, al. wart-en attendre »[35].

Goudé, adv., prép., ensuite, après, cymr. gwedi < (ancien) guotig, qui équivaut à un celt. *wo-eti-k, soit sk. àti « en outre », gr. ἔτι « encore », lat. et, précédé de *gw- et suivi d’un suff. adverbial.

Gouél, s. m., variante de goél. V. ce mot[36].

Gouer, s. f., ruisseau, mbr. gouher (pour *gouver), cymr. *gofer id. : soit un celt. *wo-ber-o-, équivalant au gr. ὑπο-φέρ-ο-μαι, « je me transporte, je coule », rac. BHER. V. sous *gw- et kémérout, et cf. aber, kemper.

Gouers (V.), adv., longtemps. Empr. lat. versus au sens de « ligne, rangée, [longue] traînée ». Cf. aussi gwerz.

Gouhéré, s. m., juillet : exactement « au commencement de l’automne », comme en lat. sub autumnum*[37]. V. sous *gw- et héré.

Gouhez, s. f., bru, corn. guhit, cymr. gwaudd, d’un celt. *vadù- « épousée », sk. vadh-u. V. d’autres formes de la rac. sous dimizi.

Gouhin, s. m., fourreau, corn. guein > goyn, cymr. gwain, ir. faigen, Empr. lat. vàgïna (> fr. gaine).

Gouiender, s. f., fraîcheur. V. sous *gw- et ién.

Goulaoui, vb., éclairer : dér. de goulou.

Goular, adj., fade : variante à métathèse de klouar.

Goularz, s. m., ambre jaune : métathèse probable pour *gou-lazr > cf. cymr. llathr « poli » (Loth, R. celt., XX, p. 78), d’apparentation indécise.

Goulaz, s. m., latte. V. sous *gw- et làz.

Goulaza, vb., rebattre (un outil) : préf. *gw-, et laza au sens de « frapper ».

Goulenn, s. m., demande, question : soit préf. *wo- (*gw-) devant une forme à nasale de la rac. LI, cf. vir. len-im et ir. leanaim « je suis », gael. lean, cymr. can-lyn et dy-lyn « suivre », sk. li-nâ-ti « il s’attache à », gr. ἀ-λί-νω et lat. li-nô « j’enduis », etc. ; la transition de sens serait dès lors « s’attacher à > presser > solliciter », etc.

Goulerc’hi, vb., tarder : préf. *gw- et lerc’h.

Goulc’her, s. f., couvercle : dér. de la rac. de gôlei. V. ce mot.

Gouli, s. m., plaie, corn. goly, cymr. gtoeli id. : formé sur un radical celt. *wel-ï- ou *wol-ï-, cf. sk. vr-anâ, gr. οὐλή, lat. vol-nus.

Goullô, adj., vide, cymr. guo-llung > gollwng et (avec un autre préf. di-llwng) « lâcher », vir. folomm > folum, ir. folamh et gael. falamh « vide » : soit le préf. celt. *wo- (*gw-) devant une variante nasalisée de la même rac., d’ailleurs mal connue, qui a donné al. lûck-e « lacune » et lock-er « lâche ». — Conj.

Goulou, s. m., lumière, corn. golow, tymr. go-leu, d’un celt. *wo-lou-> cf. lat. *lou-c-s > lux « lumière » (le br. a primitivement un sens atténué). V. le préf. sous *gw- et la rac. amplifiée sous luc’ha.

Goulten, s. f., fanon de bœuf : pour *kolten < kolleten, dér. de kollel (V.) « fanon ». Empr. fr. collet.

Goumon (vieilli), s. f., goémon (empr. br.), cymr. gwymon, ir. feamuin, gael. feamainn id. : peut se rattacher, par l’intermédiaire du sens de « tordu, entrelacé », à la rac. qu’on trouvera sous gwâd. — Conj. Mcb.

Gounid, s. m., gain, mbr. gounita gagner », cymr. gweini « servir », vir. fo-gniu « je sers » etfo-gna-m « service » : exactement « action en sousordre », le préf. étant celt. *«>o-, et le radical proche parent de l’adj. lat. gnà-vus « actif » (cf. ag. to know « savoir »), qui dépend de la rac. GNO ; sans rapport avec fr. gagner. V. sous *gw- et anat.

1 Gour-, préf. local au sens de « sur », et par suite augmentatif, corn. gur- > tour-, cymr. guor-, gur-, gor-, etc., vir. for-, gaul. oer- dans ver-tragus « lévrier », Ver-cingeto-rix, etc. (cf. 1 trô et 1 kamm) : forme préfixée de la prép. celt. qui a donné br. gwâr > wâr. V. ces mots et qquns des suivants ; mais cf. 2 gour-.

2 Gour-, préf. péjoratif et diminutif : variante de *gar- peut-être influencé par le préf. précédent {gour-glèzé « courte épée > poignard », etc.). V. sous *gar-, et cf. qquns des mots suivants.

Gouraoui, vb., s’enrouer. V. sous *gw- et raoula.

Gourd, adj., raide, rude. Empr. fr. gourd.

Gourdrouz, s. m., menace : exactement « bruit mené sur » ou « bruit violent ». V. sous 1 gour- et trouz.

Gouréd, s. m., brasse, mbr. gour-het, cymr. gwr-hyd : exactement « longueur d’homme ». Le premier terme est mbr. gour « homme »[38] corn. gur, cymr. gur > gwr, vir. fer, lat. vir, got. waír (cf. ag. wer-wolf « loup-garou »), sk. vïrâ, lit. vyras, etc. V. le second sous 1 héd.

Gourel (V.), s. m., variante de grôel. V. ce mot.

Gourélin (V.), s. m., juillet : la variante gour-hen-eû semble indiquer un dér. de hah (mais la régularité exigerait *-heṅv-en), soit un sens analogue à celui du lat. sub aestatem. Cf. gouhéré.

Gourem, s. m., ourlet, cymr. gwrym id. : suppose un celt. *wo-rem-noépais par dessous », dont la rac. se retrouve dans cymr. rhef« fort » (cf. réor), et vir. rem-or « épais » ; la rac. i.-e. probable est PREM, gr. πῥμ-νο-ν « souche » (partie épaisse de l’arbre), al. fromm « pieux », autrefois « vaillant, solide », etc. V. le préf. sous *gtc.

Gourenn, s. m., lutte ; cf. cymr. gwrth-ryn, dont le premier élément est gwrth « contre », le second peu clair. V. sous ouz.

Gouréouein (V.), vb., variante de gouraoui. V. ce mot.

Gourc’hed (V.), s. f., variante dialectale de gwerzid. V. ce mot.

Gourc’hémenn, s. m., commandement : préf. 1 gour- et kémenn (le préf. implique naturellement la supériorité de celui qui commande).

Gourin, s. m., linteau, mbr. gourrin, cymr. gor-hin-iog id., dér. de *gor-hin-, exactement « limite supérieure » : préf. 1 gour-, et vbr. hin « limite », vir. ind « bout », celt. *< ?/id-i-, qui semble une très ancienne corruption pour *e/i/-i-, si l’on en juge sur sk. ànta <c limite », ag. end, al. ende. Le britt. est au moins contaminé de lat.yïms.

Gouriz, s. m., ceinture, mbr. gouris, corn. guris, cf. corn. grugis et cymr. gwregys : soit un celt. *wer-isti-, dér. d’une rac. WER, « enclore, ceindre » (sk. var-anâ « rempart », gr. ϝέρυ-σθαι « protéger », etc.)’.

Gourlaṅchen, s. f., œsophage : semble contamination fantaisiste de gourloṅka, laṅchen « langue » ( ?) et fr. gorge. Cf. gargaden.

Gourlanô, s. m., pleine mer (aussi gourleûn), cymr. gor-llanw. V. sous 1 gour- et lanô.

Gourloṅka, vb., avaler trop à la fois, se gargariser : respectivement préf. 1 gour- ou 2 gour-, et vb. loṅka.

Gourner, s. m., gros crible : comme cymr. gogr-yn-u « cribler » sur gogr « crible », c’est une dérivation secondaire sur une base celt. *wo-kr-nje crible », cf. gr. ϰρίνω, lat. cernô, etc. V. le préf. sous *gic-, et la rac. sous karza et krouer.

[39]

Gourrenn, s. m., sourcil : soit *gour-grenn « cil supérieur » ou « au dessus de la paupière », préf. 1 gour, et cymr. grann, « cil, paupière », vir. grend « barbe » (> gael. greann), d’un celt. *grenda dont l’équivalent ne se retrouve qu’en très vieux germanique.

Gourrisia, vb., hennir, mbr. gourhiziat, vbr. guirgiriam « je hennis ». Onomatopée probable et cf. gristila.

Gourven, s. m., envie, jalousie, cf. cymr. gor/gn id-, d’ailleurs identique à gorfgnt : soit un celt. ^wer-men-o-, équivalant comme formation et sens au gr. ὑπερ μεν ής. V. sous 1 gour- et le suivant.

Gourveṅt, s. m., dédain, cymr. gorfynt « envie », vir. format et gael. farmad id. : soit un celt. * Wr- men-to-, dér. de rac. MEN et signifiant qqch. comme « haussement, gonflement de pensée » ou « regard jeté de haut ». V. sous 1 gour-, houn et gourven.

Gourvéza, vb., se coucher, cymr. gorfedd et gorwedd : préf. gour-[40].

Gourzaot, adj., ruiné : exactement « qui est à court de gros bétail ». V. sous 2 gour- et saoud.

Gourzéz, s. m., retard, lenteur, cf. cymr. gor-sedd, « siège, trône », c’est-à-dire « [ce] sur [quoij on s’assied » : préf. 1 gour- et rac SED, cf. le sens du fr. surseoir. V. sous aé, azéza, gouziza, etc.

Gousiaden (T.), s. f., litière pour fumier. Cf. gouzer[41].

Gousoni (C.), s. f., ordure : pour gwas-oni (qui existe également) « chose de rebut ». V. sous gwasa.

Gouspérou, s. m. pl., vêpres, cf. gousper « veille de fête », corn. gwesper cymr. gosper, vir. fescor. Empr. lat. vesperum.

Goustad, adv., tout doucement, mbr. goustadic « modéré », cymr. gwastad « constant », vir. fossad « ferme » : soit un celt. *wo-stato- « qui se tient ». V. le préf. sous *gw-, et la rac. sous saô.

Gouzaṅv, gouzav, vb., souffrir, mbr. gouzaff, corn. godhqfet godhecel, cymr- goddef, vir. fo-dam-im « je souffre » (ir. foighid et gael. foidhidinn « patience ») : soit un radical celt. *w ?o-da/n-, « être dompté, se résigner ». V. le préf. sous *gw- et la rac. sous don, et cf. dahcad.

Gouzer, s. m., litière, cf. vir. fo-sair « couverture de chaume » et (avec un autre préf.) cossair « lit » : formations du même type quesk. upa-stârana « jonchée », gr. ὑπό-στρω-μα « litière », lat. sub-ster-n-ere, cymr. gwa-sarn « litière », etc. : préf. *wo- (*gw-) et rac. STER « joncher », sk. stṛṇó-ti, στόρ-νῦ-μι et στρώ-ννῦ-μι, lat. ster-nô.

Gouzien, s. f., serein : contamination de glizien par gouziza (rosée du coucher du soleil). — Conj.

Gouzifiad, s. m., épieu : dér. secondaire par rapport à cymr. gwyddif « serpe », vbr. guedom, vir. fidba « faucille », gaul. latinisé vidu-bi-um (d’où fr. vouge), etc., composé très ancien de celt. *widu- « arbre » et de la rac. BHI. V. sous gtcèzen et bouc’hal.

Gouziza, vb., baisser, diminuer : équivaut à un lat. subsidere, pu le préf. sub- serait remplacé par son synonyme celt. *wo-. V. sous *gwet azéza.

Gouzouk, gouzoug, s. m., cou, gorge, cymr. gwddwf et gwddwg id. : dér. d’un radical signifiant « joug », soit celt. *ko-wed- ou *wo-wed-, le sens étant « endroit où se place le joug ». V. sous *ke-, *gw-, et 1 divez.

Gouzoumen, s. f., variante de kouzoumen.

Gouzout, vb., savoir, corn. goth-vyth « tu sauras », cymr. (ancien) *guid-’ bit > guibit > gwybydd « il saura », vir. ro-fet-ar « je sais » : soit donc un radical brittonique *gwid- et préirlandais *Jid-, qui équivalent à la rac. i.-e. WID, « voir, savoir », sk. vèd-a « je sais » et oéd-a « science », gr. ϝοῖδ-α οἶδα « je sais », ϝιδ-εῖν ἰδ-εῖν « voir », ϝεῖδ-ος εἶδος « apparence », etc., lat. cid-ëre « voir », got. trait « je sais », ags. wât > ag. *rotf, al. (ic/*) tceiss, vsl. vid-èti « voir » et véd -^ « je sais », etc.[42].

Gôz, s. f., taupe, corn. god, cymr. gwadd, ir.fadh. — Étym. inc.

Gra, s. m., affaire : abstrait des formes de conjugaison du vb. ôber qui commencent par gr-, lesquelles toutes remontent à un vb. celt. *wer-ag-ô « je fais » ; cf. corn. gwra « fais » et gwrey « faire »[43]. V. le préf. sous 1 gour- et la rac. sous doṅt.

Graka, vb., racler, coasser, caqueter. Onomatopée.

Grad, s. m., gré, bon vouloir. Empr. bas-lat. grâtum.

Graé, s. m., grève. V. sous gréa et grouan[44].

Gragaja, vb., piailler[45]. Onomatopée à finale française.

Grac’h, s. f., vieille femme, mbr. groach (pour *gwrach), cymr. gwrach, vir. fracc, d’un celt. *wrakkà sans autre équivalent[46].

Grac’hel, s. f., monceau, mbr. groachell, dér. secondaire par rapport à cymr. gwrych « haie » et vir. fraic « bouclier ». — Étym. inc.

Gré, s. m., troupe (de gros bétail), corn. et cymr. gre « haras », vir. graig > groigh, ir. et gael. greigh « haras » : d’un celt. *grag-i-, qui n’a point d’équivalent sûr en dehors du lat. grex (greg-is).

Grék, grég, s. f., épouse, mbr. gruec (pour *gtcrek), corn. gurehic « de femme » > gurèg > gwrec, cymr. gwraig « femme » : soit les dérivés d’un celt. *wrakï, qui rappelle de très loin le lat. virgô. Cf. grach.

Grégon, s. m., prune sauvage : métathèse de gwr initial en mbr. groegonn, lequel paraît se rattacher à un radical celt. voisin de celui qui sans doute désignait autrefois, non seulement la bruyère (cf. brùk) y mais diverses autres espèces de la flore des landes, vir. froech et gael. fraoch « bruyère », ir. frach-ân « airelles », etc.

Grec’h, s. m., ciron, mbr. gruech (pour *gwrech), cymr. pl. gwraint, vir. frigit > frigde, gael. 'fride, etc. : dér. d’un radical *wrig- < i-.-e. *wrgh-, qui est largement représenté en germanique, ag. to wrigg-le « tordre », al. ringen (< *wringan), et cf. ag. wrong, exactement « tordu » ppe passé, d’où « faux », etc.

Grémil, s. m., saxifrage. Empr. fr. grémil[47].

Grén, adj., vif, dispos, mbr. grezn, et cf. vir. greimrnet cymr. grym « vigueur » : supposent respectivement *gred-no- et *gred-smen-, dér. celt. d’une rac. qui est peut-être la même que celle de sk. gfdh-ya-ti « il s’efforce » ( ? cf. plutôt Uhlenbeck s. v.), lat. grad-ior « je marche », grad-u-s et gres-su-s « pas », got. grid-s id., etc.[48].

Greûn, s. m., grain, graine, corn. gron-en, cymr. grawn, vir. grân, gael. gràinne, etc. : identique au lat. grà-nu-m, soit par emprunt, soit parce que le celt. *gra-no- est comme lui le ppe passé d’une rac. signifiant « broyer, triturer », cf. sk. jir-nà « fragile », got. kaârn, ag. corn. al. korn, etc.

Gréûz, adj., faisable. V. le radical sous gra.

Grî, s. m., couture (et gria vb. « coudre »), mbr. gruy et gruyat, vbr. gruiam « je couds » : originairement, sans doute, « je fais, je fabrique », se rattachant au même radical que gra[49]. V. ce mot.

1 Grigoṅs, s. m., pomme sauvage : contaminé de grégon et de grigonsa[50].

2 Grigoṅs, s. m., cartilage : abstrait de grigonsa[51].

Grigoṅsa, vb., grincer des dents. Empr. fr. avec onomatopées et contaminations multiples : grigner (des dents), grincer, grignoter, gringoiter « fredonner », etc.

Griñol, s. f., grenier, coffre à grains. Empr. bas-lat. *graniària, altéré par dissimilation, et le pl. ni. pris pour un fm. sg.

Grisiaz, adj., grave, atroce, violent, fougueux : dér. de l’empr. fr. ancien gries pour griefs, cas-sujet de grief « grave » < lat. gravis.

Grisien, s. f., racine, mbr. gruizyenn (pour *gwriz-), corn. grueiten, cymr. gwreiddyn id. : soit un celt. *icrid-yo-i dér. de même rac. qu’un autre celt. *icrid-mâ (vit. fréni « racine », ir. frëamh, gael. freumh), gr. *Fp !.o-yz > pt£«, lat. râdïx (= cymr. gicraidd)> got. waârt-s, ag. wort (dont ag. root est la métathèse), al. wurz « plante » et tcurz-el « racine »,-etc.

Gristiḷa, vb., variante de kristiḷa, et cf. gourrisia. — Si ce type est le plus ancien, on y reconnaîtra une simple onomatopée ; cf. fr. « le grésillement du feu » et lat. gracillare « glousser ».

Griziḷ, s. m., grésil. Empr. fr. Cf. aussi grizilon, « grelot, menotte » objet qui grésille, cliqueté, fr. ancien grésillons « menottes ». etc.).

Grôa, s. m., grève, cf. cymr. gro « cailloux ». V. sous grae et grouan.

Groac’hen (V.), s. f., ride : dér. de groac’h'. V. sous grac’h.

Grôel (V.), s. m., gruau. Empr. fr. ancien gruel.

Groéz, s. f., variante de grouez. V. ce mot.

Groc’h (V.), s. m., grotte. Empr. bas-lat. *crùpta (crypta), d’où aussi fr. grotte. Le br. hors de Vannes serait '*groz.

Gromm, s. f., gourmette. Empr. fr. à métathèse gourme.

Groṅch (C.), s. m., menton, groin. Empr. fr. popul. ou argot.

Groñoni, vb., friser, crépeler : dér. d’empr. fr. ancien grenon et gregnon, « moustache, favoris ». — Conj. Thomas.

Groṅs, adj., arrogant, hardi[52]. Empr. lat. nasalisé grossus « grossier ».

Grouan, s. m., gravier, cymr. graian « sable », greienyn « grain de gravier », vir. grian, etc. : d’un celt. *gri-ano-, dér. de rac. GHRÎ, d’où gr. χρί-ειν « frotter » et lat. fri-are « broyer ». Cf. en outre corn. grow, cymr. gro, ir. et gael. grothlach « sablonnière », fr. grès, etc., ags. grêot > ag. grit « gravier », lit. grû-s-ti, « fouler, broyer », etc. ; ces derniers indiqueraient une rac. GHRU, synonyme et quasi-homophone de GHRI. V. aussi graé et grôa.

Grouéz, s. f., chaleur, ardeur : pour *gwrez, cymr. gwres, qui suppose un radical celt. *gor-es- et *gwr-es-, à peine différent de celui du gr. θέρ-ος = sk. hâr-as[53]. V. la rac. sous gôr. — Conj. Ern.

Grougousa, vb., roucouler. Onomatopée.

Grounn, s. f., assemblage, paquet, mbr. gronn id. : soit un celt. *grond-o-, que reproduit le gael. grunn « poignée »[54] et, en dérivation (*grend-io-), le vir. grinnea paquet » ; sk. granth-a « nœud », et grath-nâ-ti « il lie », gr. γρόνθ-ο-ς « poing fermé », lit. grand-i-s « anneau », al. kranz t guirlande » (toutes idées dominées par celle d’assemblage).

Grullu, s. m., blé charbonné. Empr. fr. (terme d’argot) grelu « blé » probablement dér. de grêle « menu »). au sens péjoratif. — Ern.

Gultan, s. m., pincettes : exactement « pinces à feu », forme de prononciation rapide. V. sous 1 gével et tân mais cf. gweltré.

Gûp, s. m., vautour. Cf. gr. γύψ (emprunt savant ?), et ags. gīw gīow[55].

Gurlaz (V.), s. m., lézard, cymr. gwyrddlas, pour gwyrdd-glas « bleuvert », vbr. guirdglas « mer ». V. sous gtoér, glâz eXglazard.

Gurzun (V.), s. f., variante de burzun = bulzun.

*Gw-, forme théorique et générale d’un préf. prodigieusement répandu dans toute la famille celtique, avec sens primitivement local « au dessous », et par conséquent atténuatif, péjoratif, etc. (cf. 1 gour-), apparaissant en br. avec les variantes principales gou-, gwe-, gw-, et b- ou g- tout court[56], corn. gou-, go-, gu-, cymr. guo-, go-, gwe-, vbr. guo- et uuo-, vir. fo-, fu-, etc. : d’un celt. *wo < *uo < *upo> i.-e. *àpo « sous », sk. ûpa, gr. ὑπὸ (lat. sub), got w/*-. Cf. aussi ag. wp et al. ao/’a sur ».

Gwâ ! malheur à… ! cymr. gwae, vir./é, d’un celt. *wai, gr. οὐαί, lat. ww, ag. woe, al. rreA, ital. guaù

Gwâk, adj., mou, faible, vain, vide, corn. #uac « faux » > gwag « vide », cymr. gwag. Empr. lat. vacuus >bas-lat. *vacus, cf. lat. oacàre.

Gwâd, s. m., sang, corn. guii > goys> gudzh, cymr. gwaed id. : soit un celt. *wei-to- et *wi-to- « tordu », qui a pu primitivement signifier « veine », au même titre que celt. *a ?ei-*i-> vir. et gael* féith, « fibre, nerf, veine », cf. lat. vë-na dont le vocalisme est irrégulier ; le tout dér. de la rac. WEI WI, « tordre, tresser, entrelacer, serpenter », dont on trouvera les principaux répondants sous gwéa. V. aussi 2 gwâz et gwéden.

Gwaé, ouais, oui-dà : variante de gwâ.

Gwagen, s. f., onde, flot. Empr. fr. vague.

Gwagren, s. f., glande, fondrière : les deux sens se concilieraient assez aisément par une dérivation àegwâk. V. ce mot[57].

Gwac’ha, vb., croasser. Onomatopée.

Gwalarn, gwalern, gwalorn, s. m., nord-ouest. Empr. fr. galerne, lui-même peut-être d’origine celtique. — Loth.

Gwalen, s. f., verge, mbr. goalenn[58], suppose un celt. *wal-ennâ, dér. de la rac. WEL, « fléchir, tresser » : v’w.fàl « haie » et fillim « je courbe », gr. ἕλιξ « hélice » et εἰλύω « j’enroule », lat. colo-ere, got. walw-jan> etc.

Gwalc’ha, vb., rassasier : dér. de gwalc’h, mbr. gtoalch « abondance » (cf. awalc’h), cymr. gwala « satiété », vir./o/c, d’un celt. *wolg-o- « grande quantité » ; cf. sk. vârg-a « groupe », lat. volg-u-s « le grand nombre », ags. foie > ag./oM ? « les gens », al. volfc « peuple », etc.

Gwalc’hi, vb., laver, pardonner, mbr. guelchi etppe golchet « lavé », corn. golchy, cymr. golchi, vir. Jolc-ai-m, gael./aiïc « laver » : soit un celt. *wolk-ô « je lave », rac. WELK avec alternance de gutturale et vélaire, dont on trouvera d’autres dérivés sous gléb, glec’h, gllz, etc.

Gwall, adj., mauvais, {abréviation|corn.|cornique}} gai, cymr. gwall « défaut », vir. fell, ir. et gael./ea/Z « fourberie » : le germanique (got. m6i7-«, ag. evil, al. ûbel « mauvais ») indique un radical primitif *upel- > celt *uel- > *wel-, sur lequel s’est construit un dér. *wel-no- altéré en brittonique.

Gwallek, adj., négligent : dér. du précédent.

Gwamm, s. f., femme (terme de mépris). Empr. ags. très ancien *wamb « matrice » > womb > ag. womb, cf. al. wamme.

Gwân, adj., faible, vain, mbr. gwan, corn. guan, cymr. gwan, ir. et gael. fann id. : d’un celt. *wanno-, exactement « blessé », cf. got. wunn-s « douleur », winn-an « souffrir », et subsidiairement sk. à-và-ta « invulnérable », gr. ἄτη « fléau », got. wun-d-s, ag. woun-d et al. wun-d, « blessé, blessure », cymr. gwân « piqûre », corn. gwane « percer », toutes formes dér. de racines WEN WÂ. Cf. gwenanen.

Gwann, s. f., variante de goann. V. ce mot.

1 Gwâr, adj., courbe, cymr. gwyr, vir. flar, ir. et gael. fiar id. : d’un celt. *wei-ro-, dér. de la même rac. que 2 gwâz, gwéden et gwéa. V. ce mot, et cf. ags. wîr « fil de métal » > ag. wire (exactement « tressé »).

2 Gwâr, prép., variante primitive de wâr, et cf. 1 gour-.

Gward, s. m., garde. Empr. fr. ancien guarde, et cf. gortoz.

Gwarek, s. f., arc, arche : dér. de 1 gwâr.

Gwaremm, s. f., garenne. Empr. fr. altéré guarene.

Gwarigel, s. f., biais : dér. de gwar > 1 gwâr.

Gwarizi, s. f., jalousie, envie : difficile à ramener à gwâr. — Étym. inc.

Gwasa, adj., le pire (superl.). V. sous 4 gwâz.

Gwaska, vb., presser, opprimer, mbr. goascaff, cymr. gwasgu, vbr. guescim, vir. faiscim, ir. fâisg, gael. fàisg id. : soit un celt. *wak-s-ô, lat. vexàre, tous deux amplifiés de la forme de rac. plus simple que montrent sk. vah-a-te « il presse », visl. vegg-r, ag. wedge « coin à enfoncer » et al. wecke « pain en forme de coin », lit. vag-i-s « coin », etc.

Gwasked, s. m., abri contre le vent, vbr. pl. gua-scot-ou « abri contre le soleil » d’où « fraîcheur, ombre » : soit un celt. *wo-skàt-, dont on trouvera le préf. sous *gw- et la rac. sous skeûd.

Gwasta, vb., gâter, cymr. gwastio. Empr. lat. vastàre.

Gwastaven, s. f., pellicule de crème : soit un celt. *wo-sta-men-, exactement « substance un peu ferme ». Cf. gwestad.

1 Gwâz, s. m., homme, corn. et vbr. guas, vir. foss « serviteur » gaul. vassos id.[59] : indiquent un celt. *wasso- pour *wos-to- ou *was-two- « ha bitant la maison », dér. secondaire par rapport à sk. vas-tu « maison »[60], comme gr. ἀστός « bourgeois » par rapport à ϝάσ-τυ > ἄστυ « ville ».

2 Gwâz, s. f., ruisseau : primitivement « veine » (cf. gwazen), corn. gwyth « veine », cymr. gwyth-en et gwyth-ien, vbr. guith-enn-ou pl. « les veines » : d’un celt. *wi-ttà « veine » altéré en br. (cf. lat. vitta <c bandelette ») dont la rac est sous gwâd, gwèdén et gwéa.

3 Gwâz, s. f., oie, corn. #u# > ^aidA > goydh, cymr. gwydd, vir. $réd, ir. géadh, gael. #êadA id. : soit un celt. *geg-dd, dont la première syllabe parait contenir une onomatopée assez répandue ; cf. br. gâk, kégin[61], visl. gag-l « oie sauvage », mhal. gigzen « caqueter », lit. gag-àna-s.

4 Gwâz, adj., pire : primitivement « mauvais »[62] (cf. gwell), corn. gweth, cymr. gwaeth, vbr. guoheth-e dér. « infamie : d’un celt. *wak-to-, ppe passé d’une rac. à sens péjoratif accusée notamment par sk. vak-râ « de travers », vànc-a-ti « il gauchit », lat. vac-ill-àre, etc.

Gwazen, s. f., veine (d’eau, de métal). V. sous 2 gwâz et

1 Gwazien, s. f., veine (du corps). V. sous 2 gwâz.

2 Gwazien, s. f., oie : singul. de 3 gwâz.

Gwé, s. m., gué. Empr. fr.

Gwéa, vb., tisser, tresser, tordre, mbr. gueaff, cymr. gweu, corn. guiat « toile », vbr. gueig « qui tisse » (cf. vir. figim, gael. figh « tisser »[63]) : soit un celt. *wegy-ô> cf. sk. vây-a-ii « il tisse », lat. vi-ëre « être flexible ». V. sous gwéden d’autres dér. de la rac. i.-e. WEI WI très répandue dans tout l’ensemble de la famille.

Gwéach, s. f., fois (aussi gwéz[64]), corn. gweth et gwyth, cymr. gwaith, vir. fecht « fois » et« voyage »[65] : d’un celt. *wek-ta « charroi », ppe passé fm. de la rac. WEGH, sk. vàh-a-ti « il charrie », gr. ϝόχ-ο-ς ὄχος « chariot », lat. veh-ere et vec-tu-m « charrier », got. wig-s, ag. way et al. weg « chemin », lit. vèsz-ti et vsl. ves-ti « charrier », etc.

Gwéden, s. f., corde, lien d’osier, corn. guiden « cercle », cymr. gwden « lien », vir. féith « fibre » (cf. gwâd), etc. : soit un celt. *wei-ti- « objet tordu », dér. de la rac. pure de gwéa, et cf. zd vaê-ti « saule », gr. ϝῑ-τέα ἰτέα id., lat vï-ti-s « vigne » (et vi-men « osier »), lit. vy-ti-s « verge » et vy-ti « tresser », vsl. vi-tï « objet tordu » et vi-ti « tresser », al. wei-de « saule », etc. V. sous gwéa et les similaires.

Gwéga (C.), vb., mugir. Onomatopée peu distincte.

Gwégélen, s. f., petit houx : préf. *gw- et kélen.

1 Gwél, s. m., aspect : abstrait de gwélout. V. ce mot.

2 Gwél, s. f., voile, corn. guil, cymr. hwyl, vbr. huil. Empr. lat. vela pl.

Gwéla, vb., pleurer, mbr. goelaff, corn. wole > oie, cymr. #w ?#/o > wylo id. Empr. germ., cf. visl. vaela, ag. weilen > fo « ?atï. — Conj.

Gwéladen, s. f., visite, examen : dér. de 1 gwél.

Gwélan, s. m., mouette, mbr. goelann (> fr. goéland), corn. guilan, cymr. gioylan, vbr. pl. guilann-ou, vir. foilenn, qui supposent un celt. *wail-anno- d’étym. entièrement inconnue[66].

Gwélaouen, s. f., variante corrompue de gélaouen[67].

Gwélé, s. m., lit, corn. et vbr. gueli, cymr. gwely, d’un celt. *wo-leg-os « couche » : cf. le simple vir. lig-e « lit », gr. λέχ-ος, lat. (avec un autre suff.) lec-tus. V. le préf. sous *gw-, et la rac. sous 1 léac’h[68].

1 Gwéled, s. m., aspect : dér. de 1 gwél.

2 Gwéled, s. m., fond, mbr. goelet, cymr. gwaelod id. : dér. secondaire par rapport à cymr. gwael « vil », celt. *wei-li-, cf. lat. vi-li-s « sans valeur », sans autre équivalent connu. Cf. aussi gwélézen.

Gwéléden (T.), s. f., jupe : dér. de 2 gwéled[69].

Gwéléond, s. m., accouchement, cymr. gwely-fod-i « être en couche » : soit les composés, cymr. gwely-bot, br. gwélé-bout > -vout > -oud « être au lit ». Cf. bout et gwélé.

Gwélévi (C.), vb., briller : dér. de goulou[70].

Gwélézen, s. f., lie, cf. cymr. gwaelod id. : dér. de 2 gwéled, mais phonétiquement identique au cymr. gwelyddyn, « dépôt, couche, tombe », qui se rattache à gwely = br. gwélè contamination probable de deux quasi-homophones dont le sens s’est confondu.

Gwélien, s. m., relavure : pour gwelc’hien, dér. de gwalc’hi.

Gwell, adj., meilleur : exactement « désirable, préférable », cymr. gwell, vbr. guell, celt. *wellopour *wel-nodér. de rac. WEL, « choisir, agréer, vouloir », sk. vr-na-ti, « il désire, il agrée », lat. vel-le, oel-i-m, vol-ô, etc. (gr. βόλ-ε-ται « il veut », βούλ-ο-μαι, βουλή, etc.), got. waila, ag. well et al. wohl « bien », got. wil-jau « je veux », ag. et al. will, etc. ; lit. vél-yti et vsl. oel-êti « vouloir » ; ajouter sk. vâr-a « choix », etc.

Gwélout, vb., voir : contient, avant la finale d’infinitif, la même rac. que gwell, et signifie étymologiquement « choisir »[71].

Gweltré, s. f., grands ciseaux, mbr. guelteff, composé dont le premier terme est 1 gêvel[72]. V. ce mot et cf. gultan. L’initiale, toutefois, parait contaminée de lat. oell-ere « arracher » ou d’un mot celt. de même souche.

Gwén, adj., souple, insinuant, mbr. guezn id., cymr. gtoydn « tenace » : soit un dér. celt. *wi-t-no-, dont on trouvera la rac. sous gwéa.

Gwénaer, s. m., chasseur. Empr. lat. vënator.

Gwénanen, s. f., abeille, corn. guenenen, cymr. gwen-yn-en et gwen-yn (« la perceuse »). V. la rac. sous gwân.

Gweṅdré, s. m., goutte : dér. et altéré de gweṅtr > gweṅtl[73].

Gwéned, s. m., Vannes, gaul. latinisé Veneti « les Vénètes » : nom ethnique qui paraît contenir la rac. WEN (sk. van-à-ti « il aime », vân-a « charme », lat. ven-us et Venus, al. wonne « joie », etc.), et signifier « les amis, les compatriotes ». Cf. 1 gwenn.

Gwéner, s. m., vendredi. Empr. lat. Veneris (diës).

Gwengoad, s. m., aubier. V. sous 2 gwenn et koat.

Gwengôlô, s. m., septembre, mbr. guenn-goloff, parce qu’après la mois son les toits de chaume nouvellement réparés ont des taches blanches sur leur fond sombre. V. sous 2 gwenn et kôlô.

1 Gwenn, s. f., race, germe, mbr. gouen, vir. fine, gael. fine, « tribu, parenté », et cf. vbr. co-guen-ou « indigène » : dér. possible de la même rac. que Gwéned, cf. visl. vin-r et ags. wine « ami », etc.

2 Gwenn, adj., blanc, corn. guyn, cymr- gwyn, vir. find, ir. et gael. fionn, gaul. *vindos dans Vindo-magus n. pr. « le champ blanc » et autres : soit un celt. *wind-o- qui aurait signifié « visible > brillant > blanc », et se rattacherait à la rac. WID. V. sous gouzout.

Gwennaen, s. f., verrue, mbr. guennhaenn, corn. et cymr. gwenan, ir. faine et faithne, gael. foinne id. : se rattache peut-être, avec ags. wenn > ag. wen, à la rac. de gwân. V. ce mot.

Gwennek, s. m., merlan, sou : dér. de 2 gwenn. V. ce mot.

Gwennéli, s. f., hirondelle, corn. guennol, cymr. gwennol, vir. fannall, ir. âinl-eôg, gael. fainlreag et ainleag id. : d’un celt. *wann-ello- (d’où gaul. latinisé vannellus> fr. vanneau), qui semble un diminutif par rapport au lat. oannus, « van, éventail » (forme de la queue).

Gwennen (V.), s. f., taie sur l’œil : dér. de 2 gwenn.

Gwennik, s. m., saumon blanc : dér. de 2 gwenn.

Gwénôden, s. f., sentier : dér. probable de gwén[74].

Gweṅt, s. m., vent, odeur, corn. guins > gwyns, cymr. gwynt. Empr. lat. ventus. De là aussi le vb. gwenia « vanner ».

Gweṅterc’hen, s. f., grand millepertuis. V. sous gweṅt et derc’hel (l’administrait-on d’aventure pour faire passer les vents ?).

Gweṅtl, s. m., variante de gweṅtr. V. ce mot.

Gwentlé, s. f., variante de gweltré. V. ce mot.

Gweṅtr, s. m., coliques, maux de nerfs, douleurs de l’enfantement. Empr. lat. venter (par extension et euphémisme).

Gwéṅvi, vb., se faner, se rechigner : dérivation, en prononciation rapide, de mbr. goua(n)ff hiver ». V. sous goan, mais cf. gwèvi.

Gwenvidik, adj., heureux, mbr. guennuidic, syncopé pour *guenn-ved-edic = cymr. gwyn-fyd-edig dér. de gwyn-fyd « bonheur », exactement « univers blanc, brillant », métaphore pour « vie prospère, destinée heureuse » ; cf. cymr. gwyn ei fyd (littéralement « heureux son monde ») « heureux celui » [qui]. V. sous 2 gwenn et béd.

1 Gwér, s. m., du verre, mbr. guezr, corn. gweder, cymr. gwydr. Empr. lat. vitrum, et cf. le singulatif gwéren.

2 Gwér, adj., vert-clair, mbr. guezr, corn. guirt > gwyrdh, cymr. guird > gwyrdd. Empr. bas-lat. viridis > virdis[75] > fr. verd.

Gwerbl, s. f., bubon. Empr. bas-lat. verbera « coups et les enflures qui en résultent », pl. nt. pris pour un sg. fm. — Conj.

Gwéré, s. f., échauguette, guérite : dér. du même radical empr. germ. *war- « garder » d’où nous vient aussi fr. guérite. Cf. gortoz.

Gwérélaouen, s. f., l’étoile du matin, mbr. guerelouann (aussi berleuenn V.), corn. byrluan : composé de deux termes, dont le premier est le même que cymr. gwawr, vir. fâir et gael. fàir « aurore » : soit un celt. *wàs-ri-, de rac. WAS( ?) « briller », sk. us-âs « aurore », gr. *ᾱυσ-όσ- > ἠώς > ἕως, lat. aur-ôr-a, lit. adsz-ta « le jour point », al. Os-t « l’Orient », etc. ; le second n’est guère identifiable, cf. pourtant 2 laouen.

Gwéren, s. f., verre à boire : dér. de 1 gwér.

Gwerc’h, gwerc’hez, s. f., vierge, jeune fille, cf. cymr. gwyryf. Empr. lat. et dér. d’empr. lat. virgô.

Gwern, s. f., aune[76], aunaie, corn. gtoernen, cymr. gwern, vir. fern et fem-og, ir. fearn et fearn-àg, gael. feàrn-a, gaul. *oernos dans Vernodubrum « Verdouble »[77] et autres n. pr. : soit un celt. *werno-, isolé.

Gwers, gwerz, s. f., vers, poème, légende versifiée ; cf. cymr. gwers, « tour, leçon ». Empr. lat. versus. V. sous gouers.

Gwerz, s. f., vente (et vb. gwerz-a « vendre »), corn. *gwerth « valeur », d’où gwerth-e « vendre » et gordh-y « estimer », cymr. gwerth « prix » et gwerth-u « vendre » : soit un celt. *werto- « valeur, qui a de la valeur », lequel se retrouve dans toute la famille germanique (got. wairth-s, ag. worth, al. wert), mais manque de répondants ailleurs.

Gwerzid, s. f., fuseau, mbr. guerzit, corn. gurthit, cymr. gwerthydd, vbr. guirt-it-ou pl. : soit un celt. *wert-ito-, ppe passé de la rac. WERT « tourner », sk. vàrt-a-te « il se tourne » et vart-util « fuseau », lat. vert-ere, vert-i « se tourner > se changer », vert-ex, vort-ex, etc., got. wairth-an « devenir » (cf. lat. vertî) et al. werd-en, lit. vèrs-ti et vsl. vrût-êti « faire tourner », vsl. vrèt-eno « fuseau », etc., etc.

Gwesken, s. f., mors : soit « qui scie en dessous » ou « légèrement » [la bouche du cheval]. V. sous *gw- et heskenn. — Conj.

Gwesklé, s. f., grenouille. V. sous glesker. — Étym. inc.

Gwespéden, s. f., guêpe : formation fort complexe, singulatif en -en d’un pl. en -et tiré d’un sg. *gwesp. Empr. lat. vespa.

Gwestad, adv., variante de goustad. V. ce mot.

Gwéstl, s. m., gage, mbr. goestl, corn. guistel « otage » et gustl-e « promettre », cymr. gwystl, « gage, otage », vir. giall, ir. et gael. giall id., gaul. *geÎstlos dans Cogestlus n. pr. : d’un celt. *geis-tlo-, dont larac. n’est pas connue, mais qui se retrouve dans tout le germanique (vhal. gïsal > al. geisel), empr. probable de celui-ci au celtique.

Gwév, s. m., variante de gwé, à cause du pl. gwéou prononcé aussi gwévou.

Gwévi, vb., variante dénasalisée de gwénvi. V. ce mot. Toutefois le cymr. gwyw « fané » impliquerait que les deux formes sont primitivement distinctes ou que la nasale de gwénwi est épenthétique.

Gwéz, adj., sauvage, mbr. guez ou goez, corn. guit, cymr. gwydd, vir. fiad « gibier » e%fiad-ach « chasse », ir. et gael. fladh « gibier » : d’un celt. *weid-o-, que reproduit identiquement le germanique (al. weid-e « terrain de chasse > pâturage ») et qui sans doute se rattache à la même rac. que le suivant.

Gwézen, s. f., arbre, mbr. guez-enn (singul. de guez), corn. guid-en, cymr. guid > gwydd etgwydd-en, vif.Jid, ir. et gael.fiodh, gaul. *o*’da-sdans vidubium (cf. gouzijiad), Vidu-casses « Vieux » et autres n. pr. : d’un celt. *wid-u- « bois », qui ne se retrouve qu’en germanique, notamment ags. wud-u > ag. voood, vhal. wit-u. Cf. le précédent.

Gwézout, vb., variante de gouzout. V. ce mot.

Gwiaden, s. f., pièce de toile, corn. guiat : dér. de gwéa. V. ce mot.

Gwialen, s. f., verge, gaule, cymr. gwialen id. : contamination de gwalen et d’une dérivation de gwéa « fléchir ». V. ces mots.

Gwiber, s. m., écureuil (aussi gwinver V.), mbr. guinfher, cymr. gwiwer, ir.feor-àg, gael. febr-ag id. : ne se retrouve qu’en baltique (lit. voverè) et en lat. (viverra « furet »). Cf. Ernault, Mém. Soc. Ling., XI, p. 103.

Gwiblen, s. f., girouette. — Empr. certain, provenance inc.[78].

Gwîk, s. f., bourg, corn. gwic, cymr. gwig. Empr. lat. vîcus.

Gwidila, vb., serpenter : dér. secondaire. Cf. gwéden.

Gwidoroc’h, adj., cadet : semble une dérivation de comparatif, d’ailleurs irrégulière, par rapport à goudé. V. ce mot.

Gwidré, s. m., ruse : dér. secondaire. Cf. gwidila.

Gwifi, s. m., chevron, solive (aussi gwivr-ajen V.). Emprunt très probable, mais difficile à préciser : cf. gwiblen et kébr.

Gwigour, s. f., bruit de gond ou d’essieu : se rattache à [sic]

Gwic’h, s. m., vagissement, cymr. gwich « cri », gwichio « crier ». Onomatopée du même type que ag. to squeak « piailler ».

1 Gwil (V.), s. m., variante dialectale de goell, et cf. biouil.

2 Gwil (V.), s. m., variante dialectale de goél. V. ce mot.

Gwîḷ, s. m., larron de nuit, cf. mbr. gouilh, cymr. gwill « vagabond », corn, gwilleiw « mendiant ». — Étym. inc.[79].

Gwiler, s. f., place publique. Empr. bas-lat. villâre.

1 Gwilc’ha, vb., faucher, mbr. guilchat (avec ch et non c’h) ; cf. vbr. guiltiat « tonsure » (d’où changement régulier de t + y en ch), dont la syllabe radicale parait être la même que celle du lat. vellô < *velnô « j’arrache », également isolé. V. sous gweltré.

2 Gwilc’ha, vb., cligner, bigler : dérivation péjorative[80] sur le radical de gwèl-out. V. ce mot.

Gwilioudi, vb., accoucher : dér. de gwéléoud.

Gwiméled, s. f., vrille. Empr. fr. ancien gimbelet.

Gwimm, s. m., regain. Empr. fr. ancien guaïm, qui est le second terme de re-gain, et cf. fr. pré guimaud « pré à regain ».

Gwin, s. m., vin, corn. et cymr. gwin, vir. fin, ir. fion, gael. /ton. Empr. lat. vïnum, qui a passé aussi en germanique.

Gwiṅka, vb., ruer, cf. ag. to wince. Empr. fr. ancien guenchir, etc., qui lui-même est d’origine germanique.

Gwiñed, s. f., sarcloir : dér. de gwini-en (serpette à vigne ?).

Gwiñen, s. f., aubier : dér. de 2 gwenn. Cf. gwengoad.

Gwinien, s. f., vigne. Empr. lat. vinea, ou fr. vigne.

Gwiniz, s. m., froment (aussi guinic’h et guneh V., qui montrent que la finale n’a rien de commun avec éd) : le cymr. gwen-ith « froment » paraît signifier étymologiquement « beau grain », mais la provenance du second terme est obscure ; pour le premier, cf. Gwéned.

Gwiṅta, vb., lever, s’élever. Empr. fr. guinder[81].

Gwiṅval, vb., bouger : variante de fiṅval. V. ce mot[82].

Gwiou, adj., gai, mbr. guyou, corn. gwyw, cymr. gwiw, « digne, capable, bon », etc., vbr. uuiu ( ?), ir. fia, gael.^îà, gaul. *visu-s dans Visu-rix n. pr. « bon roi » : soit un celt. *wis-u- « bon », cf. gr. *ϝισ-ϝο-ς (*wis-wo-s) ἴσσος (issos) ἴσος (isos) « égal », cf. sk. vâsu et zd vohu, etc. — Rapprochements inconciliables[83].

Gwipad (C.), s. m., petit-lait, mbr. guypat, cf. cymr. chwig et ags. hwaeg (ae long) ag. whey id. Empr. ags. ?[84]

Gwîr, adj., vrai, cymr. gwir, vbr. guir, vir.//r, ir. fior, gael. yior, gaul. *co-céro-s « fidèle » dans Dumno-covëros n. pr. : d’un celt. *wër-o- « vrai » (rac. douteuse), lat. vërus, got. tuz-wër-jan « douter » et al. wahr « vrai », vsl. vèra « foi », etc.

Gwiri, vb., chauffer, ppe goret. V. sous 1 gôr et gwiridik.

Gwiridik, adj., sensible, douillet : dér. de gôri gwiri, « former abcès » et par suite « devenir douloureux ». V. sous 2 gôr et gwiri.

Gwisk, s. m., vêtement, corn. guisc, cymr. gtoisg (et gwisg-o « vêtir ») : d’un celt. *wës-ki-, presque identique à lat. ves-tis, tous deux dér. de rac. WES, sk. vàs-te « il se vêt » et vâs-tra « vêtement », gr. *ϝές-νῡ-μι (*wes-nu-mi) ἕννῡμι (hennûmi) « je revêts » et ἐσ-θής (es-thês) « habit », got. was-jan et was-ti id., etc.

Gwispér (V.), s. m., variante altérée[85] de mespér.

Gwitibunan, tous tant qu’ils sont, corn. cetep-onon id. : semble profondément altéré pour une locution ket-heb-unan, soit « ensemble y compris un ». V. ces trois mots et observer le sens archaïque de hép.

Gwitod (V.), s. m., petit-lait. V. sous gwipad.

Gwivoud, s. m., chèvrefeuille : variante usuelle de gwéz-voud, mbr. guezuout, cymr. gwydd-fid id. ; le mot paraît signifier « buisson sauvage ». V. sous gwèz et bôd, et cf. bézvoud.

Gwîz, s. f., truie (aussi gwèz, pl. gwizi), mbr. gués, corn. guis, vir. feis id. : d’un celt. *wessi- « âgé d’un an », cf. sk. vat-sà et lat. vit-ulu-s « veau », got. with-ru-s « agneau », ag. wether et al. widder « bélier », tous issus d’un i.-e. *wet-es-, « temps, année », cf. gr. ϝέτος ἔτος « an », lat. vetus « vieux »[86]. Cf. aussi blougorn.

  1. D’après sk. çaçà, ag. haro et al. hase, on attendrait un br. *kas, et il n’y a pas de transition imaginable de l’un à l’autre. De son côté l’espagnol gato signifie « chat », et l’ags. gât (> ag. goat) « chèvre ».
  2. Le seul fait que, chez les Irlandais, le mot Gall a désigné autrefois les Norvégiens et désigne aujourd’hui les Anglais, montre que ce terme n’a rien de commun avec l’appellation bien connue des « Gaulois ». V. le mot suivant.
  3. « Les vaillants, les puissants », nom que ces peuples se donnent à eux-mêmes, donc appellation flatteuse. Cf. Gall.
  4. Comme on dit en liturgie française « le Jeudi absolu ». Cf. aussi le nom de l’office de Compiles.
  5. Toutefois cette origine est bien détournée. Il est bien plus probable qu’il ne s’agit ici que d’un calembour sur goann.
  6. La phonétique ne permet pas de décider dans quelle mesure la similitude des mots celtiques et germaniques procède d’emprunt ou d’affinité préhistorique. En tout cas, le got. gibla et le vhal. gebal « sommet » paraissent hors de cause.
  7. Ces divers rapprochements ne se laissent pas concilier entre eux : le premier est le plus vraisemblable ; le dernier n’est cité que pour mémoire.
  8. Le lat. caper a deux sourdes contre deux sonores en celtique ; à caper répondent gr. ϰάπρος « sanglier » et ags. haefer « bouc » : il faudrait supposer une corruption préceltique. Ou serait-ce un emprunt des Celtes aux Germains, a l’époque lointaine où ceux-ci prononçaient encore quelque chose comme *haeraz, avec e bilabial ?
  9. Fr. jarret est emprunt celtique. —Le pl. vbr. esceir (cf. rtiœcsker) et le cymr. esgair « jambe » pourraient être le même mot précédé du préf. m eks-, soit « [ce qui commence] au jarret ». Le gr. σϰέλ-ος « cuisse » est également isolé.
  10. Le sens « jable » en tonnellerie est secondaire : rainure pratiquée à l’aide d’un outil en forme de bec de grue.
  11. Toutefois le mot pourrait à la rigueur être celto-germanique, si l’on n’admettait pas l’identification courante et séduisante de l’ai, gerte avec le lat. hasta.
  12. La méconnaissance de la mutation a causé l’erreur sur le genre.
  13. Mais vir. gel, ir. et gael. geai signifient « blanc ». Les noms des couleurs sont sujets à ces sortes d’accidents. Cf. gld* t géot, glazaour, mélen y etc.
  14. Fr. gond pourrait procéder partiellement d’un mot gaul. de même souche »
  15. Sobriquet : cf. gaour-côr « chèvre de mer », nom de l’écrevisse marine et de la crevette.
  16. Cf. pourtant cymr. gin « peau brute ». — Le sens « chagrin » (contrariété), d’où gina « se chagriner » est probablement secondaire.
  17. De galar la métathèse a fait d’abord br. *glaar. Puis, selon que la contraction s’est faite, ou qu’un h s’est introduit pour pallier l’hiatus, on a eu glar mbr., ou *glahar > glac’har. — Le rapprochement avec al. quai « tourment » (Mcb.) exigerait rigoureusement un b celtique.
  18. Ag. clean « propre » = ai. klcin « mignon » < i.-e. *gloi-nine procède pas de la même origine, mais tout au moins d’une racine très voisine.
  19. A condition que -asto- soit suffixe. V. ce mot et cf. les diverses acceptions de la racine. Le rapprochement avec ag. glass = al. glas « verre » (Mcb.) est extrêmement hasardé.
  20. L’oiseau est jaune tirant sur le vert.
  21. Cet équivalent, presque le seul connu, est lui-même bien difficile à maintenir, à moins d’empr. celt. peu probable. Cf. Persson, Wursclerœeit., p. 5.
  22. Le suff. étant -ko-, le k final de la racine vient d’assimilation. Cf. gliz.
  23. Tous les noms indo-européens de la grenouille sont de physionomie capricieuse et d’identification difficile.
  24. Sur ce dernier rapport, comparer briz et 2 bréac’h.
  25. De cette base celtique *clan- est issu l’empr. roman *flan-ella > fr. flanelle.
  26. cymr. gloth ou glwth est empr. lat. glutt-tre. Si le br. est de même source, il a été du moins influencé par le fr.
  27. Devenu gemred > geimhreadh, gael. geamhradh. Cf. le gaul. giamon, nom d’un des mois du calendrier de Coligny, R. celt., XIX, p. 218.
  28. Le Gon. — Mais la vraie orthographe serait gwan (Loth).
  29. Évolution de sens : « courbe — humble — doux — lent ».
  30. Aujourd’hui Aber-gacenny dans le pays de Galles.
  31. Subsidiairement ag. comb et al. kamm « peigne ».
  32. Le g final de la racine subsiste dans goulc’her. V. ce mot.
  33. Étym. inc. ; peut-on supposer quelque rapport avec la rac. de gell « fauve » ? Mais cf. aussi vbr. gilb, gilbin, « bec », vir. gulban « aiguillon », coru. gelcin et vir. gulba « bec », vbr. golb-inoc « qui a uu bec », vhal. cholb-o > al. kolb-en « massue » (objet à bec) : Jdg. Forsnh., IV, p. 105. — Malgré son apparence toute romane, fr. cngoulecent devrait-il par hasard quelque chose au breton ?
  34. La voyelle simple et le double rr sont-ils dus à une contamination du précédent soit « qui s’arrête à la surface » ?
  35. Relations inextricables : le t, que reproduit gael. feart « attention », ne permet pas de présumer une apparentation primitive au germanique, ni un emprunt à l’ags. ; d’autre part, un emprunt à l’ai, n’est pas vraisemblable ; quant au cymr., il est d’emprunt récent (ag. to guard, fr. garder).
  36. D’une manière générale, chercher sous l’initiale go- ou gw- les mots qu’on ne trouverait pas sous l’initiale gou-.
  37. Cf. vir. fo-gamur > ir. fôghmhar > gael. foghar « automne », qui équivaut au lat. sub hiemem. V. sous goan.
  38. Conservé dans les locutions du type n’eûz-gour, « il n’y a homme, pas une âme, il n’y a personne ».
  39. Racine assez répandue partout, et même en celt., mais sans représentants sûrs ou importants en breton.
  40. Est-ce f gour- ou 2 your- y et quel est au juste le sens ? Cf. Oésa.
  41. Ou ne saisit pas le rapport qui peut unir ces deux synonymes. Il se peut que gousiaden se rattache à la même dérivation que gousoni et ail pris par ressemblance le sens de gouzer.
  42. Sur la finale -out, voir sous bout et la note.
  43. Au contraire, le cymr. gwna « faire » parait se rattacher à gwn « je sais », et par suite au lat. gnavus. V. sous gounid et cf. gri. Au surplus il a pu y avoir contamination de plusieurs synonymes.
  44. Le celt. possédait plusieurs radicaux à gr- initial avec le sens de « gravier » ; mais il n’est pas aisé d’entrevoir comment ils se comportaient entre eux. Ce qu’il y a de sûr, c’est que fr. gracier et similaires doivent procéder du gaulois.
  45. On ne peut s’empêcher de songer au lat. graculus « geai ».
  46. Faut-il couper *tcr-akkà, syncopé de *wir-akka et celui-ci dér. de *wir- (qu’on trouvera sous gouréd) comme lat vir-agô parait dépendre de vir « homme » ? Cf. aussi grék.
  47. Ce n’est pas la même plante, mais l’emprunt n’en est pas moins évident.
  48. Au point de vue de l’évolution sémantique on peut comparer krène
  49. Comme le fait présumer, de son côté, l’n du cymr. gwni « couture » et gwnio « coudre ».
  50. Fruit acre qui agace les dents.
  51. Viande qu’on ronge, qu’on grignote autour des os ?
  52. D’où le sens adverbial « résolument > absolument ».
  53. Le genre féminin aurait dès lors été suggéré au breton par la finale -e* jointe au fait que le mot est un nom abstrait.
  54. Le Gon. donne même un mot groumm s. m. a le poing fermé », qui a tout l’air d’être corrompu de *grounn.
  55. D’origine également inconnue : Journ. of Germ. Philol., II, p. 164.
  56. V. la plupart des mots commençant par ces groupes.
  57. Mais d’où vient l’r inséré ? Gwagren « glande » serait-il une métaphore, soit mbr. goagronenn < groégon « prunelle » ? V. sous grégon. D’autre ^vi^gwagren « fondrière » signifierait-il, au moins par étymologie populaire, « qui tremble ou vacille sous [le pied] » î V. sous m gw- et kréna.
  58. Le fr. gaule parait emprunté au br. — Gwalen au sens de « bague sans chaton t est le même mot, peut-être par imitation du fr. qui appelle une bague unie « un jonc ».
  59. D’où gaul. latinisé vassus, puis fr. vassal. Le cymr. a gwas « page ».
  60. Pour l’évolution du sens, comparer le fr. domestique qui a pris l’acception de « serviteur ». — La rac. WES a habiter » a de nombreux autres rejetons, mais non pas en celtique.
  61. Et les mots cités sous ces articles. — Aucun rapport, par conséquent, avec ag. gooêe,*l. gans, etc.
  62. Que ce comparatif ait été jadis un simple positif, c’est ce qu’atteste encore nettement l’existence du superlatif gwasa et du vrai comparatif gwasoc’h.
  63. Il faut tenir compte de l’existence, à côté de la rac. simple à finale vocalique, d’un certain nombre de formes d’amplification consonn an tique dénoncées surtout par le germanique : al. wick-eln « tortiller », web-en « tisser » (aussi en sk. dans ûrndcâbhi « araignée ») et ag. to weaoe, al. wtnd-en « tresser », etc.
  64. D’un pl. régulier *gwéjou > *gwéchou a été abstrait un sg. gwech, qui a remplacé la forme régulière gwez, partout ailleurs qu’en vannetais où l’on a la corrélation attendue gueh. Cf. aussi deroez. Mais voir Ernault, Mém. Soc. Ling., X, p. 332.
  65. Le second sens est le primitif : « deux fois » signifie « en deux venues, à deux reprises », et ainsi de suite.
  66. Il y a eu toutefois contact, au moins d’étymologie populaire, entre gwéla et gwélan (cri plaintif). Comparer en outre argot fr. goualer, « crier, chanter ».
  67. L’étymologie populaire, ayant isolé laouen « pou » et ne voyant aucun sens dans l’élément gé-, y a substitué gwé-, qui est du moins une initiale fort commune.
  68. Il semble toutefois bien difficile de séparer cymr. gwely de cymr. gwal « tanière » (Loth) : dans ces conditions, ce mot et ses similaires corn. et br. se rattacheraient à la même rac. que br. gwalen, par les sens de « tressage, couche faite de rameaux plus ou moins entrelacés, litière ». V. ce mot.
  69. « Vêtement de fond » ou « de dessous ».
  70. Comparer le mbr. gueleuiff au cymr. goleu.
  71. Pour « choisir » il faut « examiner », et un examen n’est qu’une « vue » plus prolongée. Le sens s’est simplement atténué.
  72. Le second est le mot treff qu’on trouvera sous adré. Le mot a désigné tout d’abord une sorte de charpente fourchue, soit donc « pince de construction ».
  73. En tant qu’étendu à toutes douleurs cuisantes.
  74. Chemin « souple, tortueux, qui s’insinue », etc. Mot difficile : cf. minôten.
  75. La métathèse exclusivement propre au breton y résulte évidemment de l’analogie du précèdent.
  76. Le sens « mât » est naturellement secondaire.
  77. « L’Aunaie » (cf. dour). De là un gaul. latinisé *vernus, qu’accuse le fr. verne « aune ».
  78. On peut songer à fr. gulore (motif décoratif), fr. guibre « charpente d’avant du navire », et surtout lat. oibr-dre. Aucun de ces rapprochements n’est sùr,tant s’en faut. Cf. aussi guoijl.
  79. Probablement simple sobriquet [William, Guillaume, etc.). Cf. Guillou « Guillaume » et guillous « ménétrier » (ou fr. oielleuwl).
  80. Dans vbr. guel-ch « aspect », cymr. guoyl-ch^i gtcyl-ch-u « sembler », le sens péjoratif est encore latent.
  81. Cf. le terme technique gwindask s. m., « levier, cric, cabestan », où le d régulier s’est conservé.
  82. Même rac., avec chute ancienne de l’s initial.
  83. Observer toutefois que le corrélatif phonétique exact d’un i.-e. *wiswo- est le cymr. gwych, qui sémantiquement répond bien au br. gwiou.
  84. Mais la dernière syllabe reste eu tous cas inexplicable. Cf. gwitod.
  85. Par étymologie populaire « poire sauvage » (gwéz-pér).
  86. La filière sémantique est « âgé d’un an — pièce de bétail âgée d’un an — truie âgée d’un an — truie ». Ainsi le mot n’avait rien en lui-même qui signifiât « race porcine » plutôt qu’une autre ; et inversement il a perdu, en celtique, jusqu’au souvenir de sa signification essentielle.