Lexique étymologique du breton moderne/Lettre A

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Texte établi par Faculté des lettres de Rennes, J. Plihon et L. Hervé (p. 1-22).

LEXIQUE ÉTYMOLOGIQUE

DES TERMES LES PLUS USUELS DU BRETON MODERNE


A
1 A, préfixe général de conjugaison, br., corn., cymr. : reste d’un ancien démonstratif celtique et primitif (sk. a- « ce ») jouant ici le rôle de pronom relatif, en telle sorte que des phrases du genre de Pér a ganô, Doué a garann, etc., doivent s’interpréter littéralement « [c’est] Pierre qui chantera, [c’est] Dieu que j’aime », etc. Cf. 1 é.

2 A, prép., v. g. leûn a zour « plein d’eau », etc. : peut représenter, soit un primitif *âpo (sk. âpa, gr. ἀπὸ, lat. ab, sl. po), « de, à partir de », soit la prép. primitive à laquelle répond le sk. a, « vers, à partir de », confondus pour la forme et le sens.

A-, préfixe de direction, cf. aba, abarz, abenn, etc., etc.: le même que la prép. précédente.

Ab, particule patronymique, cymr. ab « fils [de] »: écourté de mâb ou mâp « fils ». V. ce mot[1].

Aba, adv., prép., depuis : avec mutation douce, pour a-pa « à partir de quand ». V. sous a- et pa.

Abad, s. m., abbé. Empr. lat. (accus.) abbatem.

Abaf, adj., étourdi, timide, stupide. Empr. au fr. popul. (le poitevin a un mot ébaffé « abasourdi »), mais avec un vague rappel du sens de bâv. V. ce mot, et cf. mbr. aboff « hésitation ».

Abalamour, prép., à cause de. Empr. fr. ancien par amour (de), « pour l’amour de, à cause de », avec dissimilation de r en l et préfixation de la particule a-.


Abaoué, adv., prép., depuis : à décomposer en aba oué, littéralement « depuis que [ce] fut ». V. sous aba.


Abardaez, s. m., soir. Ce mot très ancien n’a, malgré les apparences, aucun rapport avec deiz « jour »[2]. On en a rapproché le vbr. aperth « victime », pl. aperthou « offrandes », qui représente un celt. *at-ber-to- « apporté » : préf. at-, de même sens que le ad latin (V. sous ad-), et ppe passé du vb. celt. *ber-ô « je porte », lat. ferō, gr. φέρω, etc. (cf. le ppe gr. φερ-τό-ς et voir d’autres dérivés sous aber, kémérout, etc.). De ce mot aperth, une dérivation vbr. *aperthaez > abardaez aurait désigné, dans une religion antérieure au christianisme, le moment où se faisaient les « offrandes », les libations, le repas du soir, d’où « la vêprée ». — Impossible. Étym. inc. (Loth).


Abarz, adv., prép., avant : littéralement « à part », mais sans rapport avec lat. pars, cf. corn. a-barth a-bard, cymr. o barth. Le premier terme étant le préf. a-, le second est un celt. *qerto- < *sqer-to- (ppe passé, cf. *ber-to- sous abardaez, etc.), soit « coupé, divisé », d’où « côté, partie » ; ir. -scert « côté », cymr. parth « partie ». V. une variante de la rac. sous skarz, et cf. peut-être gr. σπαρ-άσσω « je déchire ».


Abek, s. m., cause : mot formé des trois premières lettres de l’alphabet, comme nous dirions « chercher l’a b c d’une chose, l’épeler », pour « la décomposer en ses premiers éléments »[3]. — Conj.


Abéki, abégi, vb., contrefaire. Empr. fr. ancien abéquer[4] : « s’abéquer » à qqun, c’est se mettre bec à bec avec lui, pour mimer par dérision toutes les contorsions de son bec.


Abenn, adv., tout droit, à bout, au bout : exactement « à la tête, à l’extrémité de ». V. sous a- et penn.
Aber, s. f., embouchure, confluent, baie close, havre (mais sans aucun rapport étymologique avec fr. havre[5], qui a pu toutefois influer sur le sens), corn. aber « confluent », cymr. aper > aber, gael. abbor > abar à l’initiale d’un grand nombre de noms de lieux : d’un celt. *ad-ber- ou *od-ber- suivi d’un suffixe nominal formatif, exactement « ap-port » ou « ex-port », rac. BHER « porter » précédée d’un préfixe. Cf. abardaez, kémérout, etc.


Abevlec’h, s. m., abreuvoir. Empr. fr., mais bien curieusement retravaillé par l’étymologie populaire, qui y a vu les mots éva « boire » et lec’h « lieu »[6]. V. ces mots (sous 1 léac’h).


Aboez-penn, loc. adv., à tue-tête : juxtaposée de a-, poez[7] et penn. V. ces mots.


Abostol, s. m. (pl. ébestel), apôtre, Épître dite à la messe (parce que l’auteur fut un apôtre). Empr. lat. apostolus et epistola confondus.


Abostoler, s. m., sous-diacre (qui lit l’Épître de la messe).


Abrant, s. f., sourcil, corn. abrans, vir. abrait pl., ir. et gael. abhra, fabhra, « paupière, sourcil ». Étymologie peu claire : peut-être un préfixe de la valeur de a-, devant un mot celtique correspondant au lat. frōns (front-is), comme qui dirait « [ce qui est] au devant » ou « au dessous du front » ; mais il faut peut-être tenir compte aussi de l’existence des mots synonymes et quasi similaires, sk. bhru « sourcil », gr. ὀ-φρύ-ς (o-phru-s) et macédonien ἀ-ϐροῦτ-ες (a-brout-es) pl. (toutefois M. Kretschmer, Einleitg in die Gesch. der Gr. Spr., p. 287, propose la correction très plausible ἀ-ϐροῦϝ-ες (a-brouw-es)); cf. ag. brow et al. braue, encore d’une autre origine.


Abréd, adv., de bonne heure, à temps. V. sous a- et 1 préd.


Aked, aket, s. m., attention, diligence. Empr. fr. aguet « attention » (être aux aguets), plus ou moins confondu avec acquest au sens de « recherche minutieuse » (quérir, quêter). V. le suivant.


Akétaou, adv., tantôt, ce matin : altération par confusion de sens avec le précédent et ses dérivés[8], de la locution er-gentaou « dans les premiers [moments de la journée] » devenue égétaou > agétaou > akétaou (toutes ces variantes existent). V. sous kenta.


Aklouéten, s. f., fer d’aiguillette. Empr. fr. altéré aiguillette.


Akr, adj., hideux, vbr. ar-ocr-ion pl. « atroces », vir. acher « rude » (cf. fr. acre), d’un celt. *akros et *àkros formé comme lat. âcer « violent » = *àk-ri-s. V. la rac. AK sous èk et diék, et cf. hakr.


*Ad-, préfixe général de direction, et surtout, sous la forme az- ou as-, préfixe verbal et nominal itératif[9] qui équivaut comme sens au fr. re-, vbr. at-, cymr. at- et- ed-, v. âith- àid-, etc. (mêmes fonctions) : d’un celt. *ato-, qui est le préf. de direction primitif *poti (sk. práti, gr. πρὸς et ποτὶ synonymes) « vers » et, par déviation de sens, « en retour », d’où « de nouveau »[10].


Adâl, prép., depuis, exactement « du front de, de devant, dorénavant ». V. sous a- et 1 tàl.


Adalek, adv., depuis : dérivé du précédent au moyen de la même suffixation adverbiale que dans bété, étrézé, goudé, etc.


Adarré, adv., derechef, ir. aith-erriuch. Le corrélatif primitif du lat. erigo « j’élève » étant le celt. *eks-regô (aussi lat. primitif), la locution adverbiale ci-dessus a été abstraite d’un vb. composé *ati-eks-regô « je soulève de nouveau ». Voir les composants sous *ad-, *eks- et rén.


Adarz, adv., perpendiculairement, d’aplomb ; exactement « en perçant ». V. sous a- et tarz.


Adré, adrén, adv., prép., arrière, derrière, mbr. adreff. Mot obscur : l’ir. druim ne ramènerait point à un mot vbr. *treff « dos », et l’on n’en a par ailleurs aucun répondant. D’autre part, le cymr. adref[11] signifie « à la maison, en s’en retournant ». On peut supposer que deux mots très voisins de forme se sont entièrement confondus dans leur signification.


Adreûz, adv., à travers, de travers. V. sous a- et treùzi.


Adreûz-penn, locution adverbiale, « tout au travers » : combinaison de adreûz et abenn. V. ces mots.
, s. m., repos du bétail pendant la chaleur : une forme plus ancienne serait *a-hèz, qui suppose un celt. *apo-sedo-, « le fait de s’asseoir à l’écart, de se reposer », etc., rac. SED « s’asseoir ». V. sous a-, annez et azéza, et cf. éc’hoaz.


Ael, s. m., essieu : pour ahel, cymr. echel (ir. ais « chariot »), d’un celt. *aksi-lo-, dér. de *aksi- « essieu », lat. axis, lit. aszis, cf. sk. àksa et gr. ἄξων.


1 Aer, s. f., couleuvre, serpent : mbr. azr, corrompu pour *nazr[12], corn. nader, cymr. neidr, vbr. adj. dér. pl. natr-ol-ion « de serpent », ir. nathir, qui correspond peut-être au lat. nātrix, « [couleuvre] nageuse, hydre », et sûrement au mot germanique que reproduisent le got. nadr-s, l’ag. adder[13] et l’al. natter « couleuvre ».


2 Aer, s. m., héritier. Empr. fr. ancien heir (du lat. hērēs), devenu plus tard hoir.


Aez, adj., facile. Empr. fr. aise, avec le sens de aisé.


Aézen, s. f., vapeur, exhalaison (en mbr. « vent doux et agréable ») : emprunt basque aize « vent ». — Conj. Ern.


Af, s. m., baiser, corn. ame (vb.) « baiser ». Empr. lat. am-āre « aimer », qui a ce sens en bas-latin. — Conj. d’Arb., douteuse.


Afeûr, adv., à mesure. Empr. fr. ancien a fur (lat. ad forum), survivant dans la locution au fur et à mesure.


Affô, adv., vite, avec ardeur : préf. a- et . V. ces mots.


Afu, s. m., variante de et aou. V. ces mots.


Agétaou, adv., variante de akétaou. V. ce mot.


Agil, adv., à reculons. V. sous a- et kîl.


Agouéz, adv., même sens que ac’houéz. V. ce mot.


Agrenn, adv., entièrement : le sens littéral est « tout le tour, en pourtour complet ». V. sous a- et krenn.


Aheṅdall, adv., d’ailleurs : exactement « par un autre chemin ». V. sous a-, heṅt et all.
Achu, adj., fini, mbr. achiff, abstrait du vb. mbr. achivaff « terminer ». Empr. fr. achever.


1 Ac’h (interjection), fi ! Onomatopée de l’action de cracher.


2 Ac’h, prép., de : forme ordinaire, notamment dans les locutions pronominales, du préf. celt. *eks- = lat. ex. V. ce mot.


Ac’houéz, adv., publiquement, cf. agouéz, mbr. a goez « à vue », cymr. yn-gwydd, ir. fiad fis (même sens), dont le second terme est un celt. *weid-os « vue » ; cf. gr. ϝεῖδος (weidos) εἶδος (eidos) « forme extérieure, aspect ». V. la racine sous gouzout, et cf. diskouéza.


Ac’hub, s. m., embarras, grossesse : abstrait du vb. ac’hubi « embarrasser », qui est emprunté au lat. occupāre.


Aiénen, s. f., source, mbr. eyen, paraît remonter, non sans une corruption inexplicable, à un adj. celt. *owen-io- « écumant ». V. sous éon.


Ainez, s. f., limande. Isolé. Étym. inc.


Al, forme de l’article défini, par assimilation, devant un mot commençant par l. V. sous 1 ann.


Ala, vb., vêler, mettre bas, aussi alein (V.), mbr. hallaff, cymr. alu. La variante éala ramène à éal. V. ce mot[14].


Alan, s. f., haleine, mbr. alazn, avec métathèse pour *anazl[15], corn. anal, cymr. anadl, ir. anal, gael. anail, qui tous procèdent d’un celt. *anatlā, dér. de rac. ANA (sk. áni-ti « il respire », etc.). V. sous anaoun.


Alar, s. m., variante dissimilée de arar. V. ce mot.


Alessé, adv., de là où tu es : simplifié pour *ann lec’h sé (mbr. alechse) « de ce lieu-là ». V. ces mots (1 ann et 1 léac’h).


Alfô, s. m., délire, cf. br. arfreu (V.). Empr. fr. affres « angoisses », affreux, etc., mais le mot altéré par transport de l’r en première syllabe, puis modifié sous l’influence de . V. ce mot. — Conj. Ern.


Algen, s. f., barbe de la coiffe. — Étym. inc. [16]


Alc’houéder, alc’houédez, s. m., alouette, mbr. ehuedez, huedez, qui subsistent encore actuellement dans (T.) echoueder et (V.) huide ; corn. ewidit, cymr. ehedydd, hedydd, uchedydd ; ir. uiseôg, fuiseôg, gael.
uiseag. Ces formes difficiles ne se superposent à aucune primitive connue, ni même entre elles[17] : plusieurs laissent entrevoir une onomatopée du chant et de l’essor de l’alouette, modifiée peut-être en breton, soit par l’influence du gaulois-latin alauda (d’où fr. aloue et alouette), soit encore par celle d’un mot conjectural *alc’houered, venu par métathèse de *aouc’helred, qui serait le lat. avis galeritus « alouette huppée ». Cf. kabellek et kogennek.

Alc’houez, s. f., clef, corn. alwedh et alwhedh, cymr. allwedd. Mot difficile : on peut le supposer abstrait[18] d’un vb. latin corrompu *alcavidàre (mbr. alhuezaff, br. alc’houéza) « fermer à clef », lequel serait issu par métathèse d’un bas-lat. *aclavidàre, dér. de lat. clāvis « clef ». — Conj. d’Arb.

Ali, s. m., avis : abstrait du vb. mbr. aliaff, « conseiller », qui est au fond le même que aliaff, « allier, lier, engager à un parti ou à une résolution ». Empr. fr. allier.

Aliez, adv., souvent, V. sous a- et lies.

All, autre, cymr. all, gaul. allô- dans le n. pr. Allo-broges, gr. ἄλλος (allos) « autre », rac. AL. Cf. eil et brô.

Aloubi, vb., empiéter, usurper. Empr. fr. ancien rober « voler » (cf. dérober et ag. to rob), avec r accidentellement changé en l, et préf. a-.

Alouein (V.), s. m., variante de elvézen.

Alter, s. f., délire : abstrait du vb. mbr. alteraff, « altérer, gâter, corrompre » [l’intelligence]. Empr. fr. altérer.

Aluzen, s. f., aumône. Empr. bas-lat. elemosina, qui lui-même n’est autre que gr. ἐλεημοσύνη (eleêmosunê) « compassion ».

Alzourn, s. m., dissimilé pour arzourn. V. ce mot.

1 *Am-, préfixe perdu, mais encore reconnaissable en tête de plusieurs mots[19], avec le sens vague de « autour, auprès, vers », ou avec une nuance collective ou augmentative : sk. abhí, « vers, autour », gr. ἀμφὶ (amphi), lat. amb- (dans amb-īre « faire le tour de »), al. umb > um, etc. Cf. amézek, amprévan, etc.

2 Am-, particule privative, à mutation douce. Ce n’est pas la particule privative i.-e. *ṇ-, si répandue partout ailleurs[20] : sk. a-, an-, gr. ἀ- ἀν- (a-, an-), lat. in-, gerra. (ag., al., etc.) un-, L’am- négatif br. ne diffère pas du précédent : en d’autres termes, partant du sens « autour » et passant par celui de « à côté », am- en est venu à prendre la fonction de l’ancien an- négatif [21], qu’il a entièrement supplanté. — Ern.

Ama, amaṅ, adv., ici : préf. a-, devant un nom perdu partout ailleurs (mais cf. azé et méaz), qui équivaut à l’ir. magen « lieu », dér. du celt. *mag-o- (même sens).

Amann, s. m., beurre, corn. amen-en, cymr. ymen-yn, gael. et ir. im, vir. imb, d’un celt. *emb-en, dont la rac. est la même que celle du sk. añj « oindre », áñj-as « onguent », lat. ungu-ere, ungu-en, ungu-en-tu-m, al. ank-e « beurre ».

Ambiḷ, adj., qui va en tête : contamination possible de la locution *en-ibil avec la locution fr. en cheville, dont elle est la traduction, et qui se dit dans le Bas-Maine ce des bœufs et des chevaux qu’on place en tête des attelages » Dn. — Conj.[22]

Ambren (T., V.), s. f., délire : exactement « dérèglement », préf. am- > amb-, et rén[23]. V. ces mots, et cf. rambré et kantréa.

Ambrouk, s. m., conduite en cérémonie, mbr. hambrouc, corn. hembrouk' « il reconduira », hombronkyas « il reconduisit », mais hebrenchiat « reconducteur », cymr. hebryngiad (id.), hebrwng « reconduire » »[24]. Le mot signifie « fait de reconduire à part, isolément, tout particulièrement m, par suite « avec grand honneur », en tant qu’il contient, à la suite d’un préfixe, le radical verbal du n. pr. gaul. Abrincaiui, dont le sens « apporter, amener » résulte à l’évidence du germanique *bringan, got. briggan, ag. to bring, al. bringen, etc. [25].

Amerc’h (V.), s. m., dissimilé pour armerc’h. V. ce mot.

Amézek, s. m., voisin, mbr. amneseuc. Ce dernier mot se ramène sans difficulté à un celt. *ambi-neds-āko-, dont on trouvera les éléments composants sous 1 *am- et nés, avec l’adjonction d’un suffixe d’adjectif fort commun en celtique.

Amgroaz, s. f., fruit de l’églantier (rosier sauvage), mbr. amgros et agroasen. Cette dernière forme paraît la plus pure, en tant qu’on peut la ramener à un lat. agrestis « sauvage », ou mieux à un bas-lat. *acrensis dér. de âcer « âcre »[26]. Cf. égras.

Amhéol, s. m., crépuscule : exactement « absence de soleil », préf. am- et héol. V. ces mots.

Amc’houlou, s. m., ténèbres : originairement « contre-jour ». V. sous am- et goulou.

Amiégez, s. f., sage-femme : dér. essentiellement br. d’un radical AM, qui semble un terme de caresse enfantine commun à un grand nombre de langues indo-européennes[27], ir. ammait, « nourrice, vieille femme », lat. amita « tante paternelle », al. amme « nourrice », heb-amme « sage-femme », etc.

Amouka, vb., tarder : à décomposer en *am-ouk-qff, soit le même radical verbal que dans dougen, précédé du préf. *am- avec sens négatif ou atténuatif[28]. V. ces mots.

Ampafal, amparfal, amparval, s. m., lourdaud. Le mbr. a des formes amparfaret et ampafalek « tâtonnant », qui relèvent de la juxtaposition du préf. péjoratif *am- avec palf. V. ces mots, et cf. mbr. pa/ala « tâtonner ». Mais la forme actuelle la plus usitée a sans doute été comprise par l’étymologie populaire comme signifiant ampart-fal[29]. V. ces mots.


Ampart, adj., robuste, agile : corrompu du mbr. apert = corn. apert. Empr. fr. ancien apert, « ouvert, franc, dispos, adroit »[30].


Amprévan, s. m., insecte, vermine : formation collective sur le mot prév au moyen du préf. *am-. V. ces mots[31].


Amzaô (C.), adj., facile : exactement « ce qui n’est pas en montée, pas ardu ». V. sous am- et saô.


Amzent, adj., indocile : préf. am- et senti.


Amzer, s. f., temps, mbr. ampser, corn. anser[32], cymr. amser, ir. aimser, gael. aimsir, suppose un celt. *amb-menserà (soit « mesure tout autour, en cercle », etc., cf. 1 *am-), dont le second terme très voisin du lat. mënsûra, se rattache à l’universelle racine MÊ MET « mesurer » : sk. mátrā « mesure », gr. μέτρον (metron) id., lat. mētior « je mesure » ; cf. ag. to mete et al. messen[33].


Amzéré, adj., inconvenant. V. sous 2 am- et la note.


*An-, préfixe perdu, mais encore reconnaissable en tête de plusieurs mots bretons, où d’ailleurs, à raison de ses origines multiples, il assume les fonctions les plus diverses : — 1o négatif (cymr. an-), représentant la négation primitive n- (cf. 2 am-) ; — 2o séparatif, comme procédant d’un celt. *aona < *apona[34], celui-ci dérivé de l’i.-e. âpo (cf. a-) ; — 3o intensif, comme le gr. ἀνὰ (ana) et le got. ana « par-dessus » (ag. on, al. -an) ; — 4o enfin, oppositif, d’un celt. *andi- > *ande-[35] « contre, vis-à-vis », sk. ànti, gr. ἀντὶ (anti), lat. ante, al. ant- et ent- dans ant-wort « réponse », entstehen « se produire », etc., etc. — Cf. quelques-uns des mots suivants[36].


Anaoudek, s. m., adj., connaisseur, reconnaissant : dér. de anaout, qui signifie étymologiquement « l’état de bien connaître[37] ».

Anaoué, s. m., anathème, excommunication : le sens originaire a dû être simplement « nomination [solennelle] ». V. sous 2 hanô[38].

Anaoun, s. f. pl., les morts, exactement « les âmes », mbr. anacon = celt. *ana-mon-es[39], dont la racine est ANÄ : gr. ἄνεμος (anemos) « vent », lat. animas et anima, got. anan « respirer », etc. V. d’autres formes de la racine sous alan et éné.

Anaout, vb., connaître, aussi anavout[40] et anaoëzout (L.), anaouein (V.) : dér. du même radical que anat.

Anat, adj., connu, mbr. aznat et haznat (avec aspiration illégitime) : représente un celt. *atigna-to- « bien connu », conservé tout entier dans le n. pr. gaul. Ategnatos. Le second terme[41] est le ppe passé de la rac. GNO « connaître » : sk. jna-tâ-s « connu », gr. γνω-τό-ς (gnô-to-s), lat. gnôtus > nôtus, ir. gnâth, cymr. gnawt « tenu pour » (al. kund « notoire »), etc.

Aṅk, s. m., angle, coin. Empr. fr. altéré angle.

Aṅkelc’her, s. m., feu-follet, lutin, mbr. enquelezr « géant », corn. enchinethel, encinedely qui se ramènent à un celt. *ande-kene-tlo- t soit « génération contraire », d’où « monstrueuse », cf. corn. kinethel « génération », ir. cenél « race ». V. la rac. KEN sous kent, et le préf. sous *an- (4o)[42].

Aṅken, s. f., chagrin, mbr. anquen, cymr. angen « nécessité », ir. écen id. : d’un celt. *ank-enâ 9 dont on peut rapprocher le gr. ἀν-άγϰ-η (an-agk-ê) « nécessité » et peut-être le lat. nec-esse[43].

Aṅkoé, s. m., luette : dér. de la rac. ANK « crochu », au même titre que sk. afïk-â « crochet », gr. ἀγϰ-ύλο-ς (agk-ulo-s) ; « crochu », ἄγϰ-υρα (agk-ura) « ancre », ὄγϰ-ο-ς (ogk-o-s)

« crochet », lat. unc-u-s, ir. éc-ath id., al. ang-el « hameçon », etc., etc. — Conj.[44]

Aṅkou, s. m.[45], mort, corn. ancow, cymr. angen > ir. éc, d’un celt. *enkowo- dont la rac. est NEK « périr » : sk. nâç-ati « il meurt », gr. νέϰ-υ-ς (nek-us) et νέϰ-ρο-ς (nek-ros), « trépassé, cadavre », lat. nev (nec-is) « mort violente », nec-are « tuer », etc.

Aṅkounac’h, s. m., oubli, cf. mbr. ancoffnez : répond à un mot celt. qui serait *an-komen-akto-, c’est-à-dire le mot celt. qui signifie « intelligence, mémoire », amplifié d’un suffixe de dérivation secondaire et précédé d’un préfixe négatif. V. sous *am-, *an- (1o) et koufi.

Aṅden, s. f., raie, sillon : dér. de aṅt. V. ce mot.

Aṅdévrek (V.), s. f., tas de fumier : dér. de *andevr- < *vandevr- < *man-devr-[46], qui n’est au tre que l’empr. fr. main-d’œuvre, spécialisé au sens de « engrais [47] » par une sorte d’euphémisme.

Aṅdra, tant que, tandis que : variante de eṅdra.

Aner, s. m., corvée : altéré pour *ahger. Empr. bas-latin angarium, « tourment, labeur pénible et vain », d’où aussi al. (vieilli) enger « corvée ».

Anéval, s. m., animal. Empr. fr. ancien[48].

Anéz, prép., sans : dér. d’un préf. séparatif tel que gr. ἄνευ (aneu) et al. ohne < vhal. âne « sans » (cf. am-brouk), ou plus simplement de la particule séparative *an-, V. sous *an- (2°).

Anez-, de : particule pronominale, dér. de *an- (2°).

1 Ann, forme normale de l’article défini : avec chute de l’aspiration, pour *hann, corn. an, ir. sin > in, d’un démonstratif celt. *sendo-, qui lui-même est dér. du démonstratif i.-e. *sé- commun à toute la famille : sk. sa « ce », got. sa, « ce, le », gr. ὁ ἡ (o hê) (article), etc., etc.

2 Ann, adv., ici, ir. and, dérive d’un démonstratif primitif différent du précédent et commençant par une voyelle[49].

Annéô, s. f., enclume, aussi annev, et annéan (V.), mbr. anneffn, corn. ennian, ir. indéin, d’une base celt. *ande-wen-i- qui signifierait « contre quoi on frappe ». V. le préf. sous *an- (4o). La rac. est WEN, zd vana-iti « il frappe », got. wun-d-s « blessé », ai. wund, ag. wound « blessure », etc. Cf. Osthoff, Idg. Forsch., IV, p. 275 ; mais aussi Stokes, p. 15.

Anneûen, s. f., trame, mbr. anneuffenn, cf. cymr. anwe. V. le préf. sous *an- (2o, 3o) et la rac. sous gwèa.

Annez, s. m., meuble, outil, mbr. anhez, abstrait de mbr. anhezaff > br. anneza « meubler », primitivement « se loger » : préf. *an- (3o), et *hez-, forme très pure du radical i.-e. SED « s’asseoir, s’établir »[50]. V. sous azéza.

Anô, adv., là (en composition) : dér. de 2 ann[51].

Anoued (C, V.), s. f., froidure : préf. *an- (3o) augmentatif, précédant un celt. d’ailleurs altéré *ouia et *ouktâ, qu’on retrouve dans l’ir. úacht, ócht, « froidure », et peut-être dans le zd aota « froid ».

Ansaô, ansav, s. m., aveu, reconnaissance : métathèse pour *az-anv (-hanv), soit une formation qui équivaut à peu près comme sens au lat. ad-nōmināre. Cf. *ad-, anaoué et hanô. — Conj.

Aṅt, s. m., tranchée, ride, cymr. nant « vallée »[52] : mot celtique, qui existait en gaulois, ainsi qu’en témoigne le fr. provincial nant « ruisseau » dans le Jura[53], mais sans équivalent connu ailleurs, à moins qu’on ne le rattache au sk. na>tà-, « courbé, incliné » < i.-e. nrn-tô-, rac. NEM. Antella, vb., tendre (un piège, un arc), cymr. annel « piège », annelu « tendre un piège », ir. indell, etc. : semblerait répondre à une forme actuelle *an-tenna, mais modifiée dès l’époque celtique par dissimilation des deux n. V. sous *an-, stén et tenna.

Aṅter, déaspiré pour haṅter. V. ce mot.

Aṅtrônôz, s. f., lendemain. V. sous trônôz

Anv, s. m., orvet, mbr. anaff, corn. anaf « lézard ». Le roman anvin (Bas-Maine âvê Dn) indique un empr. qui se rattache au lat. anguis.

, adj., mûr, mbr. azff, cymr. addfed, vbr. admet « [raisin] sec » : suppose un celt. *ati-met-o- « propre à être moissonné (récolté) ». V. sous *ad- et médi.

Aod, aot, s. m., rivage, corn. als « rivage », cymr. allt « falaise », ir. alt, « hauteur, rivage » : d’un celt. *al-to-, identique au lat. al-tu-s, « nourri, haut, surélevé ».

Aoten, s. f., rasoir, cymr. ellyn, vbr. altin. ir. altain, etc. : d’un celt. *altani- < *palt-ani-, dont la rac. est la même que celle de faouta[54]. V. ce mot.

Aoter, s. m., autel. Empr. lat. altâre.

Aotré, s. m., concession, privilège. Empr. fr. otrei[55].

Aotrou, s. m., seigneur, monsieur, corn. altrou « beau-père », cymr. altraw, « répondant, parrain ». Ainsi que l’indiquent le vir. altram, ir. altrom, gael. altrum, « action de nourrir », les trois sens procèdent, par légères divergences et spécialisation, du sens unique de « nourricier » [56] : celt. *al-traoori’, dér. de la même rac. que lat. al-ere « nourrir », gr. ἄν-αλ-τος (an-al-tos) ; « insatiable », got. ai-an « croître », etc. Cf. aod.

Aoun, s. f., peur, corn. own, cymr. ofn, vir. omun > gael. uamhunn, gaul. *omnà (à en juger par le n. pr. Ex-omnos « Sans-Peur ») : d’un celt. *obnà, dont on ne trouve à rapprocher queir. oponn « soudain » et gr. ἄφνω (aphnô) id.

Aour, s. m., or, cymr. aur. Empr. lat. aurum.

Aourédâl, s. m., séneçon (fleur jaune) : dér. de aour.

Aouréden, s. f., dorade : dér. de aour (poisson doré).

1 Aoz, s. f., manière : pour *naoz[57]. V. sous pènaoz et neùz.

2 Aoz, s. f., lit de rivière : suppose un celt. *aues-â, dér. du celt. *auos « rivière », gaul. gr. Αὔος (Auos) et Avara[58], n. pr. de fleuves ; cf. sk. av-ani a eau courante », âca « de haut en bas ». — Conj.

Aoza, vb., préparer, façonner : dér. de 1 aoz.

Aozil, s. m., osier, mbr. ausill. Empr. bas-latin ausaria « oseraie », mais peut-être rattaché par étymologie populaire à 2 aoz. Ap, particule patronymique. V. sous màb et ab.

Apouel, s. m., auvent. Empr. fr. ancien apuiail « gardefou », lui-même dér. de fr. apui « appui ».

Ar, forme régulière de l’article défini devant la plupart des consonnes : cf. ann et al, eunn, eul et eur.

Ar-, préfixe très commun au sens de « vers, à côté, le long de, attenant à », corn, ar, cymr. ar « près », ir. ar « devant », gaul. are-, ar-, dans Aremor-ica > Armorica (le pays qui longe la mer) « Bretagne », de. : sk. pari « autour », gr. περὶ (peri) « autour », παρὰ (para) « « auprès », lat. per « à travers », got. fair- (préf. =al. ver-), faùr « devant » = al. vor, etc., etc.[59]. Cf. la plupart des mots suivants, auxquels parfois le préf. n’ajoute aucun sens bien défini.

Arabad, adj., illicite, mbr. arabat : parait être simplement a rabat « de rabais » d’où « de mauvaise qualité, frivole, mauvais », etc. Cf. le suivant. Empr. fr. rabattre. — Conj.

Arabaduz, adj., niais, badin : dér. de arabad « insignifiant »[60].

Arak, arag, s. m., fétu, duvet : peut-être parti du sens de « barbe de blé » ; cf. gaul. arinca « espèce de céréale », gr. ἄραϰος (arakos) « gesse » (sorte de pois chiche). — Conj.

Araok, adv., prép., devant, avant : pour *arâk, avec une diphtongaison accidentelle. V. sous a- et 1 rak.

Araouz, adj., maussade, querelleur : pour *arraj-ouz, formation qui équivaudrait à un fr. *rageux, cf. mbr. arraig « rage », arraigiaff « enrager ». Empr. fr. — Conj.

Arar, s. m., charrue, mbr. arazr, corn. aradar, cymr. aradr, ir. arathar, cf. lat. arātrum. V. sous arat.

Araskl, adj., non mûr, insuffisamment roui : soit en deux mots a raskl, « qui racle, âpre », cf. fr. ancien rascler « racler » et cymr. rhasgl « râteau ». Empr. fr. ou bas-lat. V. sous 1 a.

Arat, vb., labourer, cymr. ar-ddwr « laboureur », ir. air-inn « je laboure », etc. (cf. arar) : rac. ARA commune à toute la famille sauf le sk., gr. ἀρόω (aroô), lat. arō, got. arja, lit. ariù, sl. orja.

Arbenn, adv., à rencontre. V. sous ar- et penn.

Arboell (C.), s. m., épargne, cf. cymr. arbwyll « prudence » : préf. ar- et poell. V. ces mots.

Ardamez, s. f., marque, étiquette, observation attentive : si ce dernier sens était le primitif, le mot pourrait signifier « action de diviser par fragments », d’où « analyse ». V. sous ar- et tamm. — Conj.

Arem, s. m., airain. Empr. fr. ancien arem < lat. aeràmen dér. de aes.

Argad, s. m., huée : d’un celt. *are-katu- « [cri] qui précède la bataille ». V. sous ar- et kadarn.

Argaden, s. f., attaque, razzia : dér. du précédent.

Argarzi, vb., avoir en répugnance, en horreur : le sens littéral est « considérer comme une ordure ». V. sous ar- et karz.

Argil, s. m., recul : d’un celt. *are-kulo- « dans la direction du dos ». V. sous ar- et kîl[61].

Argoat, s. m., la Bretagne intérieure, forestière, en opposition au littoral ou Arvor. V. sous ar- et koat.

Argoured, s. m., foret : suppose un dér. celt. *are-ko-writ-o-, où la rac. (à l’état réduit) est WERT « tourner ». Cf. lat. vert-ere. V. les préfixes ar- et *ke-, et gwerzid.

Argouroti, s. m. pl., dot, cymr. argyfreu pl., exactement « apports » : suppose un dér. celt. pl. *are-ko-br-ow-es, où la rac. (à l’état réduit) est BHER « porter ». V. sous ar-, *ke- et kémérout.

Argud, s. m., assoupissement : le sens primitif pourrait être « à l’ombre », d’où « sieste », du préf. ar- et d’un mot aujourd’hui perdu *kud, attesté par le mbr. cud-ennec « obscur » [62] (mais sans rapport avec le cymr. cyhudd « ombre »), dont au surplus l’origine est incertaine.

Arc’h, s. f., coffre, corn. et cymr. arch. Empr. lat. arca.

Arc’hant, s. m., argent, mbr. argant, corn. argant, cymr. ariant, ir. argat, airget, gaul. argenton, lat. arg-ent-u-m, sk. raj-at-à-m[63], cf. gr. ἄργ-υρο-ς (arg-uro-s).

Arc’henna, vb., chausser, cf. cymr. archen « soulier », archenu « chausser », vbr. archenatou « chaussures ». Origine inconnue (lat. ocrea « botte » avec métathèse ?), mais tout au moins vague rappel de l’idée de « revêtir de cuir » (préf. ar- et kenn).

Ari (V.), s. m., lien : pour *az-rig. V. sous ère et kèfrè.

Arléc’houein, arléouein (V.), vb., aiguiser : préf. ar- devant le radical de lib-onik. V. ce mot.

Arm, s. m., variante de arem. V. ce mot[64].

Armé (V.), s. m., saxifrage (casse-pierre), aussi arc’hmé, mbr. arhme, cymr. archmain[65]. V. sous méan et cf. torvéan.

Armerc’h (V.), s. m., épargne : exactement « attention, prudence », préf. aret merzout[66]. V. ces mots, et cf. arboell.

Arné, arnéô, arnev, s. m., orage, temps orageux : peut représenter un celt. *arnawio- « pluie torrentielle », qui serait dér. de *arno-, « fluide, eau courante », gaul. Arnos > lat. Arnus « l’Arno » ; cf. sk. arnavâ- « rivière », dér. de àrna- « flot », qu’on rattache à la rac. de r-nô-ti « il met en mouvement », r-nu-té « il se meut ». — Conj.

Arnod, s. m., essai, début : abstrait du vb. arnodi, « essayer, commencer », cf. cymr. arnod synonyme de nod « marque », préf. ar- et nod[67]. Empr. lat. nota en dérivation verbale.

Aros, s. m., poupe, corn. airos, ir. eross, d’un celt. *are-sos-to-, exactement « le siège d’à côté, à l’écart » (la place du pilote), où l’élément -sos- est l’état fléchi de la rac. SED « s’asseoir ». Cf. annez, azéza, aé, èc’hoaz, etc.

Arré, adv., pour ad-arré sans le préf. initial. V. ce mot.

Arrébeûri, s. m. pl., mobilier : exactement « les [accessoires] de pâture » ou « d’exploitation en général », d’où « le mobilier de la ferme » et enfin « celui d’une maison quelconque ». V. sous ar (article), et peùri.

Arréval, s. m., mouture : décomposer en *ar-ré-mal, et voir les préfixes ar- et ra-, et mala « moudre »[68].

Arrez, s. m., arrhes, gages. Empr. fr. arrhes.

Arruout, vb., aborder, arriver. Empr. fr. ancien arriver.

Arsaḷ, s. m., assaut : abstrait du vb. arsaḷa. Empr. fr. assaillir[69].

Arvar, s. m., doute, soupçon : préf. ar-, et mar.

Arvara, s. m., reste de pain. V. sous ar- et bara.

Arvest, s. m., spectacle : paraît composé de préf. ar- et d’une dérivation de béza, soit « ce à quoi on assiste ». V. ces mots et arvez.

Arvez, s. f., façon, mine : préf. ar- et béza « être ».

Arvôr, s. m., côte maritime. V. sous ar- et argoat.

Arwad, s. m., tanaisie : métathèse pour *aourad, qui équivaut à peu près à un lat. auràtum « doré ». Cf. aour[70].

Arwarek (V.), adj., oisif, fainéant : dér. d’une locution ar-war = ar-gwar « à Taise ». Cf. goar et gorrek.

Arwez, s. f., signe de reconnaissance, mbr. ar-goez « intersigne », cymr. arwydd, ir. airdea signe » : suppose un celt. *are-wid-io- (-iâ), où la rac. est WID, « voir, connaître ». V. sous ar-, ac’houez et gouzout.

Arzaô, s. m., repos, trêve, mbr. arsaw « cesser », cymr. arsaf « poste », ir. airisemu arrêt » : suppose un celt. *are-sta-men, où la rac. est STHÂ, soit« station ». V. sous ar- et saô.

Arzel, s. m., jarret. Empr. bas-lat. *arlellus, altéré de articulas.

Arzourn, s. m., poignet : exactement « ce qui est attenant à la main ». V. sous ar- et dourn.

As-, variante phonétique de la particule intensive et itérative *ad- (autre variante az-). V. ces mots et la plupart des suivants[71].

Asbléô, s. m., duvet : soit « grand nombre de [petits] poils », la nuance diminutive résultant de l’accumulation. Cf. as- et bléô.

Ask, s. m., coche, entaille : comme qui dirait « une hachée » ; mot abstrait d’un vb. mbr. *askiaff[72], qui équivaudrait à un lat. *asciare (fr. hacher), dér. de ascia « hache ». Empr. lat.

Askel, s. f., aile. Empr. roman ascella, métath. de lat. axilla « aisselle » [73].

Askel-groc’hen, s. f., chauve-souris : exactement « aile de membrane ». V. sous askel et kroc’hen.

Asklé, s. m., sein, mbr. asclez, pourrait, mais bien difficilement, être un dér. br. d’un emprunt lat. axilla « aisselle ». Cf. askel et askré.

Askleûden (C.), s. f., copeau, cymr. asglodyn, par dérivation brittonique du bas-lat. *ascla < astula « copeau ». Cf. autel.

Askoan, s. f., réveillon, soit « souper réitéré ».

Askol, s. m., chardon, corn. askellen, cymr. ysgallen. — Étym. inc.[74]. Cf. pourtant gr. σϰόλ-υμο-ς (skol-umo-s), « chardon comestible, artichaut ».

Askouéz, s. m., rechute. V. sous as- et kouéz.

Askourn, s. m., os (pl.eskern), cymr. asgwrn (pl.esgyrn), corn. ascorn. Décomposer *ast-gourn. Le premier élément est Ti.-e. *osth- « os », bien connu : sk. âsthi, asthân-, gr. ὀστέον (osteon), lat. os (oss-is). Le second est emprunté, par adaptation résultant de contraste sémantique, à migourn « cartilage ». V. ce mot[75].

Askré, s. m., sein, cymr. asgre, ir. as g ail, etc. : semblent des dérivations et corruptions, à des degrés divers, de l’empr. lat. axilla, mieux conservé dans le gael. achlais « aisselle ». Cf. asldé.

Asdibr, s. m., coussinet de selle (doublure de la selle).

Asdimizi, vb., se remarier. V. sous as- et dimizi.

Asdô, s. m., œuf couvé : préf. as- et dôi < dôzoi[76].

Asdrézen, s. m., crémaillon (petite crémaillère qui en continue une plus grande). V. sous as- et drézen.

Aspled (C.), s. m., gardefou : comme qui dirait « surcroit d’attention, précaution accessoire ». V. sous as- et pléd.

Asrann, s. f., subdivision : préf. as- et rann.

Asrec’h, s. m., contrition, chagrin, mbr. azrec[77], corn. edrek, ir. aithrech, gael. aithreach « repentant » : suppose un celt. *ati-reko- (pour *-prek-o-), dont la rac. est PREK « prier », sk. prechàti « il demande », lat. prec-ès « prières », got. fraih-nan « interroger », al. fragen, etc.

Astal, s. m., interruption : comme qui dirait « le fait de re-tenir », préf. as- et dal « tenir ». V. sous dalc’h.

Astaol, s. m., contre-coup. V. sous as- et taol.

Astel, s. f., demi-boisseau, cf. cymr. hestawr et fr. setier. Empr. lat. sextarius, mais altéré de forme et de genre sous l’influence d’un autre mot astel « éclat de bois », qui lui aussi est un empr. lat. (astilla dimin. de astula[78], fr. attelle).

Astenn, s. m., rallonge, cf. cymr. estyn « étendre » : préf. as- et tenn.

Astizein (V.), vb., exciter, intercéder : dér. de l’empr. fr. ancien hastise « précipitation ». Cf. hast et atiz.

Astô, s. m., variante assimilée de asdô. V. ce mot.

Astomma, vb., réchauffer. V. sous as- et tomm.

Astud, adj., chétif. Empr. lat. astatus « rusé »[79].

Astuz, s. m., vermine qui pique, corn. stut « moustique », vbr. arstud « pointe », cf. cymr. cy-studd « componction ». La rac, avec ou sans préfixes, est STUD TUD, « piquer, frapper », ici sous la forme fléchie STOUD : sk. tud-âti « il frappe », lat. tund-ere, tu-tud-i « j’ai heurté », got. staut-an, « heurter, pousser », al. stossen. Cf. 1 tonn.

Asverk, s. m., contremarque. V. sous as- et merk.

Asvôger, s. f., contre-mur. V. sous as- et môger.

At, s. m., variante de âd = hâd. V. ce dernier mot[80].

Atahin (V.), s. m., querelle : contamination probable de deux emprunts français attaquer et taquiner.

Ataô, adv., toujours, continuellement. — Étym. inc. [81].

Atersein (V.), vb., s’informer. Empr. fr. altéré (s’)adresser[82].

Atil, s. m., terre en rapport : abrégé de douar atil, fr. *terre d’atil « terrain aménagé ». Empr. fr. ancien atillié « [terrain] aménagé, mis en culture, terre chaude ». — Ern.

Atiz, s. m., avis, instigation. Empr. fr. ancien hatize « précipitation ». Cf. astizein.

Atô, adv., variante de ataô. V. ce mot et la note.

Atredi, s. m., gravois. Empr. bas-lat. *attrïtum, pour attritum « frotté, usé, broyé », d’où « débris ».

, s. m., variante de avu. V. ce mot.

Av, adj., variante de . V. ce mot.

Aval, s. m., pomme, cymr. afal et afallen « pommier », ir. aball, uball, etc. : suppose un celt. *aballo-, d’où procède le dér. gaul. n. pr. Aballô « Àvallon » (exactement « le Verger »). Empr. lat. [malum] Abellânum, à cause de la célébrité des vergers de la ville d’Abella en Campanie[83].

Avank, s. m., bièvre, castor, cymr. afanc, ir. abac, soit un adj. celt. *abon-ako- « fluvial ». V. sous 1 aven.

Avé, s. m., harnais, attelage, cf. corn. avond, cymr. afwyn « rênes ». Il est difficile de ne pas songer à une altération plus ou moins profonde du lat. habënae, dont le cymr. est la reproduction exacte.

Avel, s. f., vent, corn. auhel « vent » et anauhel « tempête[84] », cymr. awel et enawelià., ir. ahél, aial, gael. aile, etc. : suppose un celt. *aw-eUà, dérivé comme le gr. ἄϝ-ελλα (*aw-ella) ἄελλα (aella) « tempête » ; cf. gr. ἄυ-ρα (au-ra) « brise », αὐ-ήρ ἀήρ (au-êr aêr) « air »[85], ἄημι « je souffle ». La rac. AWE « souffler », se présente ailleurs sous la forme WÊ : sk. oa-ta et vd-yâu vent », lat. ventuê, german. icind, lit. vé-ja-s, vsl. vèja-ti « souffler », etc.

1 Aven, s. f., rivière (vieilli, mais conservé dans Pont-Aven et autres n. pr.), vbr. auon, corn. auon, cymr. afon, gael. abhainn, vir. abann, gài. Abona, n. pr. : rac. AP et AB « eau », sk. àp-as pl. « eaux », amb-u « eau », lat. am-ni-s « fleuve » de *ap-ni- ou *ab-ni-[86].

2 Aven, s. f., mâchoire. — Étym. inc.

Aviel, s. m., évangile. Empr. lat. Evangelium.

Aviez, s. f., avives (des chevaux). Empr. fr. bretonisé.

Avoultr, s. m., adultère. Empr. fr. ancien avoultre.

Avu, s. m., foie, corn. avu, cymr. afu, vir. oa, ir. aeghe, gael. adha, ae. Rapports incertains, étym. inc.

Awalc’h, adv., assez : exactement « à suffisance ». V. sous a- et gwalc’ha.

Az-, variante de as-, V. ce mot et *ad-.

Azaouez, s. f., attention, égards, respect : équivaut à *az-evez « redoublement d’attention ». V. ces mots. — Conj.[87]

Azé, adv., ici : pour vase, de *muse = *man-se[88], qui remonte à un celt. *mageni sai « en ce lieu-ci », locution au locatif.

Azel, s. m., variante vieillie de ézel. V. ce mot.

Azen, s. m., âne, cymr. asyn. Empr. lat. asinus.

Azeûli, vb., célébrer un sacrifice, adorer, cymr. addoli « adorer », addawl « prière » : la forme du vb. sans préf. se trouve dans l’ir. âil-iu, âil-im, « je demande, je prie », soit un celt. *âliô « je prie », sans équivalent partout ailleurs[89].

Azéza, vb., s’asseoir, mbr. asezaff, corn. ysedha, cymr. assedu, cf. ir. seiss « il s’assit », préf. *ad-, et rac. SED « être assis » universellement indo-européenne : sk. sàd-ati « il s’assied », sâd-as « siège » ; gr. ἕδ-ος (hed-os) « siège », ἕζομαι (hezomai) « je m’assieds » ; lat. sed-ēre[90], sēd-ès, got. sit-an « être assis », ag. to sit, al. sitzen, lit. sèd-èti « s’asseoir », si. sed-a « je m’assiérai », et sèd-èti « être assis », etc., etc. Cf. aussi les articles annes, aé, éc’hoaz, huzel, neiz, aros, etc.

Aznaout, etc. V. sous anaout, etc.

Azoûg, adv., pendant : la locution azoùg ann deiz revient à dire « à port du jour », soit « tant que le jour le porte » ou « se comporte ». V. sous a et dougen.

  1. Un m initial, en principe, ne disparait jamais. Mais l’m de mâb a commencé par devenir v dans la locution courante Pezr vab Ælard « Pierre fils d’Élard », et similaires, qui exigeaient la mutation douce. Après quoi, le v initial est tombé, d’où Pezr ab Ælard « Pierre Abélard », comme dans azé issu de vazé, envor issu de *venvor, etc. V. ces mots, la chute constante du v initial est un fait actuellement constaté dans le parler de l’île d’Ouessant : ar éleien, « les prêtres » : da Rest « à Brest », etc.
  2. Cela résulte à l’évidence de ce que, abarz signifiant « avant », une juxtaposition telle que *abarz-deiz ne pourrait désigner que « la matinée » ou même « l’aube ».
  3. A l’époque où les Bretons ont emprunté l’alphabet romain, et longtemps encore après, ils en ont prononcé le nom abéké, comme faisaient les Romains eux-mêmes. Cf. de nos jours encore, gael. aibidil « alphabet » = ir. aibghitir = vir. abbgitir = lat. abecedārium, et cymr. abcedilros « alphabet » (le c cymr. se prononce k en toute position).
  4. La différence inconciliable de sens empêche de rattacher ce mot au précédent, ou réciproquement. D’autre part, s’il était un composé breton de a- et bék (V. ces mots), il ne pourrait avoir en breton que la forme *avégi.
  5. En effet, 1o le genre n’est pas le même, mais cette preuve n’est pas décisive, car le breton a opéré beaucoup de changements de genre ; 2o le mot existe identique, non seulement dans tout le brittonique, mais encore dans les noms de lieux du gaélique, qui sûrement n’a pu l’emprunter au français ; 3o dans toutes ces langues, excepté en cymrique, il ne signifie jamais que « confluent, embouchure », et non point « havre ».
  6. La métathèse tient ses débuts du français (patoisé) lui-même : le Bas-Maine a une forme abervwé Dn.
  7. D’une locution telle que skei a boez hè zierec’h « frapper à tour de bras », exactement « de [tout] le poids de ses bras », où l’emploi du mot poez s’entend de lui-même, ce mot a été abstrait et transporté à d’autres façons de parler où il n’avait primitivement que faire.
  8. Qui vient le matin est diligent, et réciproquement.
  9. Voir plus bas les mots qui commencent par cette syllabe.
  10. Les deux prépositions celt. *arf = lat. ad et *ate- gr. ποτὶ se sont très souvent confondues par voie phonétique (Loth).
  11. Le second terme tref, le même que vbr. treb, « habitation, subdivision du bourg » (cf. trèô), remonte à un celt. *trebd, qui répond peut-être au lat. tribus « tribu » et sûrement au germanique qui a donné l’ag. thorp et l’al. dorf « village ».
  12. Ce n’est pas que l’n initial soit tombé naturellement ; mais, dans une liaison telle que *an nazr, *eun nazr l’initiale du nom a fait corps avec la finale de l’article, et l’on a coupé *ann asr, d’où azr tout court. On constatera le même phénomène dans d’autres noms, tels que aṅt, eṅc, etc., et dans le même mot en anglais (note suivante). La fusion de l’article avec le nom a produit l’effet inverse dans fr. lierre = l’ierre lat. hedera) et autres.
  13. Le phénomène est exactement le même en anglais qu’en breton : *a nadder a été pris pour an adder et l’on a dit adder, comme aussi apron « tablier » pour le fr. napperon.
  14. Si toutefois il est permis de ne pas tenir compte de l’h initial mbr., qui fait difficulté ; autrement, l’étymologie est désespérée.
  15. Conservé encore dans le mot hanal ou hênal (V.) « baleine », où la prothèse de l’h est due à l’influence du français.
  16. Le sens, le genre et la phonétique séparent également ce mot de talgen « fronteau », auquel pourtant il ressemble de bien près.
  17. Chaque langue a fait subir au nom de l’oiseau diverses altérations analogiques et d’étymologie populaire, très finement analysées par Loth, Mots Latins, s. v.
  18. Il n’est en effet féminin qu’en breton, sans doute sous l’influence du genre du fr. clef.
  19. Où en principe il produit mutation douce (cf. l’article dam-), ce qui implique qu’il se terminait par une voyelle. En fait, les mots gaulois tels que Ambiàni « Amiens » indiquent une forme celt. *ambi, qui concorde avec celle des autres langues. Le cymr. am et le gael. im signifient également « autour » et ont pris en outre un sens superlatif qui contraste beaucoup avec celui de 2 am-.
  20. En effet, indépendamment de l’m au lieu d’n, cette particule, ne se terminant point par une voyelle, ne produit pas et ne saurait produire mutation douce dans les rares mots bretons où elle a subsisté (cf. koun et aṅkounac’h).
  21. Soit, par exemple, déré « décent » et am-zéré « à côté du décent », d’où « indécent », et ainsi des autres.
  22. Ainsi s’expliquerait l’ final. Le rapprochement avec dibiḷ, dispiḷ, etc. (Ern., p. 186), est bien douteux et d’ailleurs dubitatif. Une locution marc’h ambiḷ « cheval qui va l’amble », à laquelle j’avais songé d’abord, est moins satisfaisante que l’hypothèse portée au texte.
  23. D’après cette étymologie, le mot devrait être masculin : il a passé au féminin, parce que tel est le genre de la majorité des noms terminés eu -en. Quant à l’insertion du b entre m et r, cf. lat. camera > fr. chambre, et cent autres exemples du même phénomène dans les langues les plus diverses.
  24. Le br. a partout la nasale en première syllabe ; le cymr. ne l’a jamais ; le corn. alterne : en l’état, il est impossible de savoir si l’une et l’autre forme ne seraient pas légitimes, auquel cas on aurait affaire à deux préfixes différents, ou si, par exemple, le br. hambrouk ne serait pas altéré par métathèse d’un plus ancien *habrounk = cymr. he-brwng. La seule chose sûre, c’est que ce préfixe commençait par un h et par suite procédait d’un adverbe i.-e. commençant par un s, soit *sen- ou *sed-, qui signifie « à part » : cf. sk. sanutár « à part », gr. ἄτερ (ater) « sans », al. sonder « séparément », lat. sed- dans sed-itio, se-cernere, etc., etc. s.
  25. Ce radical, qui ne se trouve qu’en celt. et en germ., est sans doute à son tour une amplification spéciale de la rac. BHER a porter ». V. sous kémérout.
  26. La première syllabe aurait pris la forme du préfixe négatif en vertu d’une vague notion d’étymologie populaire, am-groaz étant en quelque façon interprété par *am-rôz « [fruit] qui n’est pas [celui d’un vrai] rosier ». Le vocalisme inaltéré se retrouve dans le Bas-Maine : ékrō « épine de l’églantier », et égrasiyáo « églantier » Dn.
  27. Et auquel se rattachent vraisemblablement, tant le lat. amure que les formes réduplicatives *marna, qui presque partout désignent « la mère » dans la bouche des enfants.
  28. Comme qui dirait « tourner autour [du pot] ».
  29. C’est-à-dire comme une traduction littérale, à la construction bretonne près, du fr. mal-adroit.
  30. Ce mot était fort répandu ; car le gael. aparr « expert » en procède aussi, sans doute par l’intermédiaire du moyen-anglais.
  31. Soit quelque chose comme l’al. actuel Ge-wurm.
  32. Sans doute faute d’orthographe des mss. pour amser
  33. La concordance germanique n’est pas rigoureuse, mais ramène à la variante radicale MED (gr. μέδ-ο-μαι (med-o-mai) « je mesure je prends soin de », lat. mod-u-s).
  34. Survivant en allemand : i.-e. *pond d’où/ona, aujourd’hui con.
  35. Visible, par exemple, dans un n. pr. gaul. tel que Ande-gavi « Anjou », et nombre d’autres.
  36. De ces quatre formes, la première seule est nettement reconnaissable, en ce qu’elle ne peut produire de mutation douce. Les trois autres se confondent pour la forme et souvent pour le sens.
  37. Ce mot est donné comme un type de dérivation compliquée et très commune : il serait en celt. *ati-gna-but-akos. Le suff. d’adj. -dko- est le même que dans amések et autres. Quant à l’élément -but-, qui est à la base de tous les infinitifs bretons en -out, il se ramène au subst. i.-e, *bhù-ti- « état » (cf. gr. πύ-σι-ς (phu-si-s) « nature »), dér. de la rac. BHÙ a être », sk. bhâc-ati « il est », gr. πύ-εται (phu-etai), lat. fu-it, ag. to be, al. ich bin, etc.
  38. Cette étymologie a contre elle la forme aznaouè (Le Gon.) ; mais il est probable que celle-ci est purement analogique de aznaout > anaout.
  39. Pluriel du même type que le lat. hom-in-es, etc.
  40. Cette dernière forme rend plus visible l’élément radical -but- qui s’est superposé à la racine. Cf. anaoudek et la note.
  41. Pour le premier, voir sous *ad- (préfixe). Noter toutefois que anat ne saurait être identiquement le même mot que aznat, puisqu’on trouve de très bonne heure les formes anat etannat « spécial » en cymrique.
  42. Mais la métathèse qui a donné naissance à la forme actuelle bretonne a évidemment été favorisée par la circonstance que ces êtres fantastiques dansent en rond (an-kelc’h-er comme qui dirait a en-cercl-eur ») autour de leur victime. Cf. kelc’h.
  43. Aucun rapport, par conséquent, avec br. ankou ni avec fr. angoisse, dont la rac. est ANGH (V. sous erïk). Mais il se peut qu’à la base de toutes ces formations se trouve la rac, bien connue ANK a crochu », d’où « pénétrant, torturant ».
  44. Vue à travers la bouche ouverte, la luette (ait l’effet d’un petit crochet suspendu devant l’arrière-gorge.
  45. La désignation de ce mot comme s. m. pl. (Le Gon., Tr.) parait une illusion fondée sur sa finale -ou et sur une fausse étymologie qui le rattache à angoisses. Tout le monde sait que l’Ankou des contes bretons, avec son chariot et sa faux, est un personnage masculin et parfaitement unique.
  46. Mutation douce de m en v, puis chute de v. V. sous âb.
  47. Cf. (même origine) l’anglais manure « engrais ». — Ern.
  48. L’ancienneté de l’emprunt résulte de la mutation régulière de m en o entre voyelles, qui remonte extrêmement haut.
  49. La forme parallèle hann vient de l’analogie du précédent, et l’aspiration s’y est maintenue parce que le mot « ici » est habituellement accentué dans la phrase, tandis que l’article est atone.
  50. Le mot br. équivaut donc tout à fait à l’al. an-sitzen.
  51. L’élément dérivatif est analogue à celui du lat. in-de. Cf. enô.
  52. Le sens primitif et l’n initial conservés dans kornaṅdoun. V. ce mot, et pour la chute de l’n cf. 1 aer, etc. Le Dict. de Le Gon. donne même un mot naṅt « courant, torrent ».
  53. D’où le nom de la ville de Nantua.
  54. Soit rac. SPALT : la forme à sp initial a donné f initial, tandis que la forme à p initial a régulièrement perdu son p. Ces alternances sont fréquentes.
  55. Vieux mot, abstrait du verbe otreyer, qui est le bas-lat. auctoricûre « autoriser ». Aujourd’hui octroi.
  56. Pour le sens de « seigneur », cf. l’ag. lord, qui est l’ags. hlaf-weard (serait aujourd’hui *loaf-tcard) « gardien du pain ».
  57. Chute de n initial comme dans a fît. V. sous 1 aer.
  58. Aujourd’hui < l’Evre ». — Le Gloss. Ern. p. 165 indique dubitativement une étymologie toute différente.
  59. Se garder de confondre ce préfixe avec l’article, dont il se distingue en ce qu’il produit toujours mutation douce : ar-côr (ce qui longe la mer) « côte », d’où Arcor « la Bretagne côtière » ; mais ar môr « la mer » sans mutation.
  60. Tenir compte toutefois du cymr. arab « plaisant » et dérivés, dont au surplus l’étymologie n’est pas connue.
  61. La formation est donc identique en celtique et en français.
  62. Cité au Gloss. Ern. p. 137, et cf. notre article kudon.
  63. Quelle qu’en soit l’origine indo-européenne, ce mot est donc très ancien et authentiquement celtique ; mais c’est par empr. fr. qu’il a pris eu outre le sens de « monnaie ».
  64. En tant que signifiant « arme » il vient naturellement du fr., tandis que corn. arv et cymr. arf viennent du latin.
  65. Le premier élément doit évidemment signifier « briser », mais il est étymologiquement obscur.
  66. Ou serait-ce d’aventure l’article coagulé et ne faisant qu’un avec le nom ? Car le préfixe aurait dû causer mutation.
  67. La filière des sens est « noter [les linéaments principaux] — ébaucher — essayer — commencer ».
  68. Il existe aussi, parait-il, une forme synonyme arval, qui dés lors ne contient que le premier des deux préfixes.
  69. L’initiale modelée sur les nombreux mots à préf. ar*.
  70. Et aourédâl « séneçon » : les deux plantes ont des fleurs jaunes et sont de la même famille. Mais il se peut que la métathèse ait été influencée par l’étymologie de fantaisie que suggère Le Gon. Comparer aussi baré.
  71. J’ai suivi l’orthographe de Le Gon. : on cherchera sous as- les mots qu’on ne trouvera pas sous as-, et réciproquement.
  72. La forme phonétique correcte eût donc été *esk, mais la métaphonie a pu être entravée par une cause inconnue.
  73. D’où, par syncope, aussi lat *aœla > àla « aile »
  74. Le vbr. a un mot scal, de sens douteux, mais qui ne parait pas signifier « chardon ».
  75. Cette conjecture nouvelle est hasardée, mais moins que l’ancienne. La gutturale de l’arménien oskr « os » et du zd açcu « tibia » pourrait aussi faire admettre un celt. *ask- signifiant « os », auquel se serait adjoint un suff. -urno- pareil à celui du lat. diurnus. Mais la rareté de ce suffixe, jointe à d’autres considérations, le rend ici très suspect.
  76. L’incubation étant sans doute considérée comme une sorte de répétition ou de continuation de la ponte.
  77. Dont la finale aurait été altérée sous l’influence de rec’h. V. ce mot.
  78. Tous deux diminutifs de hasta « hampe ». Cf. askleûden.
  79. La filière des sens est fort curieuse : « rusé — qui emploie la ruse — qui n’a que la ressource de la ruse pour déjouer la force d’autrui — faible, chétif ».
  80. D’une manière générale, on cherchera sous h les mots qu’on ne trouvera pas sous voyelle initiale, et avec t les mots qu’on ne trouvera pas avec d, ou réciproquement.
  81. Peut-être la vraie forme serait-elle atô t abstrait d’une locution fr. anc. a toz eolps « à tous coups ». Il ne semble pas que le cymr. etto soit apparenté ; car il signifie (4 encore, encore une fois, toutefois », mais non « toujours ».
  82. La métathèse était déjà opérée en fr. patoisé ; le Bas-Maine a aders « adresse » et radersé « redresser » Suppl. Dn.
  83. Même emprunt en germanique (ag. apple, al. apfel) et en letto-slave (lit. ôbâlas, obelis, vsl. ablanï, ablûko, russe jabloko, etc.).
  84. Pour le préfixe, cf. an- (3 # ) et anoued.
  85. lat. aura et &er sont empruntes au grec.
  86. Bien entendu le celt. n’accuse que la forme en b. Cf. Johansson. Ida, Forsch., IV, p. 141.
  87. Il est vrai que évez est s. m. Mais le genre a pu être changé parce que la majorité des noms en -ez étaient féminins. En fait, plusieurs noms en -ez ont du être primitivement masculins, puis passer au genre féminin.
  88. Pour l’initiale, se reporter à arïdècrek et ab. Le mot *mayen-i est le locatif du substantif qu’on trouvera sous amat. Le locatif *saù se rattache à *« e qu’on trouvera sous ann.
  89. C’est donc pur hasard si le mbr. azeuliff coïncide avec le lat. adôrare ou le fr. adorer, qui au surplus a pu et dû influer sur le sens.
  90. On observera toutefois que la tête d’article mot exclusivement brittonique, pourrait être aussi un empr. bas-lat. *assedére