Lorsque je t’écrivais des vers

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Œuvres posthumesMesseinPremier volume (p. 151-152).

III

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Compagne savoureuse et bonne,
À qui j’ai confié le soin
Définitif de ma personne
Toi, mon dernier, mon seul témoin.


Lorsque je t’écrivais des vers
Que des sots dits spirituels
Trouvaient un peu bien sensuels
Et d’autres simplement pervers,

J’eus soin de mettre en tête d’eux
Ces cris si vrais de mon amour,
Quelques mots graves pour qu’un jour
Se tût le mensonge hideux.

Oui, certes, le sang et la chair
Furent mes complices joyeux
Dans le délice radieux
D’avoir trouvé le maître cher,


Le beau guide en ce monde laid,
Le conseil franc et l’âme forte
Et cette verve qui m’emporte
Chez la femme qu’il me fallait !

Ah ! conduis-moi, lors triomphant
Puisque pour appui j’ai ton bras,
À travers tous les embarras,
Comme un vieillard, comme un enfant.

Puis, dis, lorsque j’aurai quitté
La terre et la présence, hélas !
Mêle un peu ta prière au glas
M’annonçant dans l’éternité.