Louÿs – Poésies/La forêt des Nymphes 4

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Slatkine reprints (p. 148).

LE SOIR



Parmi les jeux de l’ombre et du soleil qui bouge,
Nudité dans les bois étendue, ô chaleur !
Lasse et penchant sur elle une indicible fleur,
Elle ouvre mollement sa bouche blonde et rouge

Sur la mousse qui mouille et pénètre sa peau
De toute la fraîcheur de la terre, elle étire
Ses talons, à l’espoir languissant du satyre
Qui chante, et près du fleuve essaye un clair pipeau.

Mais l’herbe qui tortille et tend sa langue verte
Seule irrite au soleil la nymphe longue-ouverte,
Esclave des lauriers où son beau corps est né,

À jamais nourriture et plaisir des grands faunes,
Et qui suit vers le soir d’un œil passionné
Les quatre étalons bleus descendre des cieux jaunes.