Louÿs – Poésies/Poésies diverses 9
L’ANNIVERSAIRE
I
Viens avec moi, mignonne, et mets ta robe claire.
Les bois vont refleurir, c’est demain le printemps.
Tout rit sous le soleil, tout brille pour te plaire.
Viens ! Tu m’aimes, je t’aime, et nous avons vingt ans !
II
Les oiseaux babillards chantent sur la fenêtre,
La fauvette rêveuse et le pierrot mutin.
La nature est un nid de joie et de bien-être.
Viens fleurir mes baisers dans les grands bois lointains.
III
Viens ! nous prendrons le train de neuf heures cinquante,
Comme au temps où — jadis Ninon, t’en souviens-tu ? —
Moi, timide écolier près de toi si piquante,
Pour la première fois j’ai murmuré : Veux-tu ?
IV
C’est le dix-sept avril, c’est notre, anniversaire.
Un an, déjà ! mon Dieu ! que c’est vite passé !
Alors, tu demandais si je serais sincère.
Tu le vois, mon amour ne s’est jamais lassé.
V
Et quand nous serons vieux, nous reverrons encore
La gare Saint-Lazare au même jour du mois,
Et dans tes cheveux blancs nous mettrons à l’aurore
Le muguet qu’aujourd’hui nous cueillerons au bois.
Musique.
1916.