Lucain, Silius Italicus, Claudien/Avertissement

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La Pharsale (Lucain)
Didot (p. 1).


AVERTISSEMENT.

Nous pensons qu’on approuvera notre idée, de réunir en un seul volume Lucain, Silius-Italicus et Claudien. Quoique, dans une collection qui doit comprendre en vingt-cinq volumes la matière de plus de deux cents volumes ordinaires, il soit impossible de toujours concilier toutes les convenances de la science et de la méthode avec les exigences matérielles de l’entreprise, nous nous sommes imposés la loi de ne mettre ensemble, autant que possible, que des ouvrages offrant entre eux de grandes analogies, soit de sujet, soit de genre, soit d’époque. C’est ainsi que nous avons dû réunir Lucain, Silius-Italicus et Claudien, dont les poëmes sont en quelque sorte des portions versifiées de l’histoire romaine.

Il est vrai que Claudien n’a pas fait seulement de l’histoire en vers, comme Lucain et Silius ; mais, sauf quelques ouvrages de caprice et l’Enlèvement de Proserpine, dont le sujet, qui est grec, rangerait Claudien auprès de Stace et de Valérius Flaccus, ses poëmes les plus considérables sont historiques. Silius Italicus a amplifié en vers les récits que fait Tite-Live des grandes guerres de la république romaine ; Lucain en a chanté la fin ; Claudien jette des fleurs sur les dernières années de l’Empire qui l’a remplacée. Il y a des analogies non moins frappantes entre les talents, d’ailleurs fort inégaux, de ces trois poëtes, dont les ouvrages ne sont que trois exemples différents de la même décadence.

Pour le texte, nous avons adopté celui de la collection Lemaire, conféré soigneusement avec celui du Corpus poetarum latinorum de Weber. Notre Lucain ne différera guère que par quelques changements motivés, de celui qu’a publié avec tant de soin, et commenté avec tant d’intelligence M. P. A. Lemaire, professeur de rhétorique au collége Bourbon.

Quant aux notices et biographies, nous croyons qu’on nous saura gré d’avoir mis en tête de la Pharsale et du poème de Silius, au lieu d’un de ces morceaux de critique brillante, où le besoin fort légitime de dire des choses nouvelles expose trop souvent l’auteur à dire des choses contestables, un choix des jugements portés sur ces deux poètes par des critiques modernes, et seulement pris parmi les Français. Nous n’avons fait exception à cette dernière règle, dans la notice sur Lucain, que pour quelques lignes de J. C. Scaliger, qui ont été traduites du latin et qui sont fort piquantes dans leur franchise un peu grossière. Ce choix de jugements est précédé de biographies courtes et substantielles, où ne sont entrés que des détails rigoureusement vrais.

Une excellente appréciation de Claudien, que la critique française doit à l’une de nos plumes les plus sûres et les plus élégantes, celle de M. J. Victor Leclerc, précède le poëme du chantre de Stilicon.

Janvier 1857.