L’Encyclopédie/1re édition/CARRIER

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 704).
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CARRIER, s. m. (Art méch.) ce sont les ouvriers qui travaillent à tirer les pierres des carrieres.

Ils se servent pour cet effet de coins de différentes figures & grosseurs, & de marteaux qu’on appelle mail, mailloche, pic, &c. & d’un grand levier que l’on appelle barre ; quelquefois aussi de poudre à canon, pour détacher de grandes pieces de rocher, au moyen d’une mine.

Les figures 1. 2. 3. 4. Pl. du Carrier, représentent les coins ; celui marqué 1 est tranchant par son extrémité inférieure ; les autres sont obtus & de différentes grosseurs, pour servir au besoin : on les fait entrer à grands coups de mail dans le vuide que le premier a pratiqué entre deux lits ou bancs de pierre. Le mail est représenté fig. 9. la piece AB est une grosse barre de fer du poids d’environ 50 à 70 livres, percée en son milieu pour recevoir un manche long d’environ 2 piés  ; la mailloche est un marteau de même grosseur, mais dont le fer est beaucoup moins long ; elle est représentée fig. 7.

Après que le Carrier a introduit ses plus gros coins, il arrive assez souvent que les pierres sont encore unies ensemble : pour achever entierement de les séparer, il prend la barre ou pince, fig. 15. par la partie A qui sert de manche, & il met l’extrémité B du bec CB, entre les deux lits de pierre qu’il faut séparer ; le crochet C, qui sert d’hypomoclion ou point d’appui, tourne vers le lit inférieur ; il pese ensuite sur l’extrémité A, & sépare ainsi ce que les coins n’avoient pas pû séparer.

La mine que les Carriers font pour éclater de gros morceaux de pierre, consiste en un trou cylindrique, fig. 14. d’environ un pouce & demi de diametre, & assez profond pour atteindre le centre de la pierre : on charge ensuite ce trou comme on charge un canon, & on remplit le vuide que laisse la poudre d’un coulis de plâtre, après cependant y avoir introduit l’aiguille de fer, fig. 12. pour former la lumiere. L’espace occupé par la poudre est la chambre de la mine : il faut apporter un grand soin pour en bien boucher l’entrée. Voyez l’article Mine.

La tariere est représentée fig. 13. elle a deux poignées perpendiculaires à la tige : la premiere est fixe, & sert à tourner la tariere ; la seconde est mobile dans l’espace d’environ un pié, où la tige est arrondie ; elle sert à appuyer la tariere sur l’endroit qu’elle doit percer : il y a pour cet effet, à l’endroit où elle est traversée par la tige, plusieurs rondelles de fer ou de cuivre qui appuient sur deux chevilles qui traversent la tige.