L’Encyclopédie/1re édition/APOSTOLIQUE

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 536-537).

APOSTOLIQUE, adj. signifie en général ce qui vient des Apôtres, ou qui peut convenir à un Apôtre. Mais ce terme se dit plus particulierement de ce qui appartient au saint Siége, ou qui en émane. C’est en ce sens qu’on dit, un Nonce apostolique, un bref apostolique.

Apostolique (Chambre), est un tribunal où l’on discute les affaires qui regardent le trésor ou le domaine du saint Siége & du Pape.

Notaire apostolique. Voyez Notaire. (H)

Apostolique. (Théol.) Le titre d’apostolique est un des caracteres distinctifs de la véritable Eglise. Ce titre qu’on donne aujourd’hui par excellence à l’Eglise Romaine, ne lui a pas toûjours été uniquement affecté. Dans les premiers siecles du Christianisme il étoit commun à toutes les églises qui avoient été fondées par les Apôtres, & particulierement aux siéges de Rome, de Jérusalem, d’Antioche & d’Alexandrie : comme il paroît par divers écrits des Peres & autres monumens de l’Histoire ecclésiastique. Les Eglises même qui ne pouvoient pas se dire apostoliques, eu égard à leur fondation faite par d’autres que par des Apôtres, ne laissoient pas de prendre ce nom, soit à cause de la conformité de leur doctrine avec celle des Eglises apostoliques par leur fondation ; soit encore parce que tous les Evêques se regardoient comme successeurs des Apôtres, ou qu’ils agissoient dans leurs dioceses avec l’autorité des Apôtres. V. Evêque.

Il paroît encore par les formules de Marculphe, dressées vers l’an 660, qu’on donnoit aux Evêques le nom d’apostoliques. La premiere trace qu’on trouve de cet usage, est une lettre de Clovis aux Prélats assemblés en concile à Orléans ; elle commence par ces mots : Le roi Clovis aux SS. Evêques & très-dignes du Siége apostolique. Le roi Gontran nomme les Evêques assemblés au concile de Mâcon, des Pontifes apostoliques, apostolici Pontifices.

Dans les siecles suivans, les trois Patriarchats d’orient étant tombés entre les mains des Sarrasins, le titre d’apostolique fut réservé au seul Siége de Rome, comme celui de Pape au souverain Pontife qui en est évêque. Voyez Pape. S. Grégoire le grand qui vivoit dans le VI. siecle dit, liv. V. épit. 37. que quoiqu’il y ait eu plusieurs Apôtres, néanmoins le Siége du Prince des Apôtres a seul la suprème autorité, & par conséquent le nom d’apostolique, par un titre particulier. L’abbé Rupert remarque, L. I. de Divin. offic. c. xxvij. que les successeurs des autres Apôtres ont été appellés Patriarches ; mais que le successeur de S. Pierre a été nommé par excellence apostolique, à cause de la dignité du Prince des Apôtres. Enfin le concile de Rheims tenu en 1049, déclara que le souverain Pontife de Rome étoit le seul Primat apostolique de l’Eglise universelle. De là ces expressions aujourd’hui si usitées, Siége apostolique, Nonce apostolique, Notaire apostolique, Bref apostolique, Chambre apostolique, Vicaire apostolique, &c. Voyez Nonce, Bref, &c. (G)