L’Encyclopédie/1re édition/AUSPICE

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 890-891).
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AUSPICE, s. m. (Hist. anc.) espece d’augure chez les anciens ou de divination par le chant & le vol des oiseaux. Pline en attribue l’origine à Tirésias qui apprit à considérer le vol des oiseaux : ainsi auspice venoit ab avium aspectu, & l’on appelloit auspex, celui qui prenoit l’auspice par le vol des oiseaux. Les oiseaux de présage les plus considérables étoient le corbeau, la corneille, le hibou, l’aigle, le milan, & le vautour : on les appelloit aves oscines quand on examinoit leur chant & leur maniere de manger, & aves prœpetes quand on n’observoit que leur vol. Horace a dit du premier,

Oscinem corvum, prece suscitabo Solis ab ortu.

Les auspices avoient certains mots consacrés ; par exemple, alio die, à un autre jour, quand ils vouloient dire qu’on remît l’entreprise projettée ; vitium, quand le tonnerre grondoit ; vitium & calamitas, quand le tonnerre grondoit & tomboit accompagné de grêle. Ces mots, addixit avis, l’oiseau l’a promis, signifioient un heureux succès ; & ceux-ci, cornix vel corvus fecit rectum, l’oiseau l’a fait bon, donnoient une espérance favorable. Les auspices ou augures, pour marque de leur dignité, portoient un bâton sans nœuds & courbé par le haut, nommé en Latin lituus. Voyez Augures.

Servius distingue l’auspice de l’augure, & prétend que l’auspice est la considération de tous les signes propres à la divination, & l’augure celle de quelques signes seulement. Il ajoûte que de ces deux fonctions, la premiere s’exerçoit en tout lieu ; mais que la seconde n’étoit permise à personne hors de son pays natal : Aruspicari cuivis etiam peregrè licet, augurium agere, nisi in patriis sedibus, non licet. Il est certain que les consuls, les généraux, & tous ceux qui tiroient des présages hors de Rome, étoient proprement dits auspicari ; cependant l’usage a prévalu contre cette observation. (G)