L’Encyclopédie/1re édition/GYNÉCÉE

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GYNÉCÉE, (Antiq. rom.) logement destiné à mettre en réserve les habits, hardes, linge, meubles, & autres effets de la garderobe des empereurs, pour qu’ils pussent s’en servir lorsque les affaires les appelloient tantôt dans une province, tantôt dans une autre. Il y avoit de ces sortes de logemens en plusieurs villes des diverses provinces, situées sur de grandes routes.

Quoique le mot gynæceum, emprunté des Grecs par les Latins, signifie proprement un cabinet où les femmes serrent leurs habits précieux, bagues, joyaux, ornemens, &c. néanmoins il s’applique particulierement à tous les endroits où on conservoit les habits & ameublemens impériaux dans les villes principales.

Quantité de personnes, sur-tout des femmes, étoient logées dans ces sortes de bâtimens, pour travailler à l’ameublement de l’empereur, ou à d’autres manufactures.

Les maîtres des garderobes impériales de Province se nommoient procuratores gynæciorum ; parce qu’ils devoient avoir soin que rien ne manquât de ce qui concernoit le linge, vêtement, meubles, & autres commodités nécessaires au service domestique des empereurs en route. Ils devoient aussi tenir toûjours prêts un grand nombre d’habits pour les soldats : enfin ils devoient avoir en magasin des provisions suffisantes de toile à voiles pour les navires & vaisseaux de guerre, dont l’équipement seroit ordonné.

La notice de l’Empire appelle ces sortes d’intendans procuratores gynægiorum, mais c’est par corruption du vrai mot, car dans les lois impériales, gynægium signifie un chenil, & selon Suidas, le lieu où on exposoit aux yeux du peuple les bêtes féroces que les gouverneurs des provinces envoyoient à l’empereur pour les spectacles publics. Il n’y a donc point de doute qu’il ne faille lire procuratores gynæciorum, c’est-à-dire maîtres des garderobes impériales : on comptoit quinze de ces maîtres dans l’empire d’occident, dont il y en avoit six établis dans six villes ou cités des Gaules ; & tous étoient subordonnés à l’intendant général des finances sub dispositione comitis sacrarum larguionum. (D. J.)