Mélanges/Tome I/97

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imprimerie de la Vérité (Ip. 328-329).

LA « MINERVE » ET LE CLERGÉ


29 avril 1882


La Minerve a publié, ces jours derniers, une attaque indigne contre le R. P. Lacasse. Elle a jeté bas le masque, et s’est montrée ce qu’elle est, ce qu’elle a toujours été, gallicane.

Pour elle, l’influence du clergé n’est légitime et tolérable que lorsqu’elle s’exerce en faveur de son parti.

Nous ne répondrons pas en détail aux injures que la Minerve adresse au R. P. Lacasse ; celui-ci n’a pas besoin qu’on le défende contre de telles vilenies. Entre l’humble religieux qui a fait vœu de pauvreté, qui n’a d’autre ambition que de bien servir son Dieu et sa patrie, qui ne mange que pour vivre, qui s’épuise par des travaux incessants, de longues veilles, des voyages pénibles, et ces aventuriers politiques qui rédigent la Minerve : ces gens qui ne songent qu’à faire bombance, qui ne boivent que du champagne, qui ont fait un dieu de leur ventre, qui n’écrivent que lorsqu’ils sont bien repus, qui, quoiqu’ils n’aient aucun moyen connu de gagner leur vie, dépensent vingt mille piastres par année dans des orgies continuelles, entre le religieux et ces gens il y a une si grande distance que celui-là n’a rien à craindre de leurs attaques.

Nous voulons seulement signaler l’infamie dont la Minerve s’est rendue coupable, afin que l’on sache bien quelles doctrines perverses animent cette feuille prétendue catholique.

Les feuilles libérales les plus avancées n’ont rien écrit de plus détestable, que cet article de la Minerve.

Elle parle, par exemple, de son « espect pour la noble maison des RR. PP. Oblats, qui jusqu’à présent ne s’est jamais mêlée de politique. »

C’est un avertissement donné aux Pères Oblats de ne point se mêler de politique, s’ils veulent être respectés de la Minerve et éviter ses foudres !

La Minerve menace ensuite les « vénérables prêtres » qui se permettent d’écrire aux députés touchant les affaires du pays. Puis, elle ajoute, avec une hypocrisie incroyable, que « les prêtres sont libres comme les autres citoyens de se mêler de politique. » Alors pourquoi insulter les membres du clergé qui usent de ce droit ? Assurément, la Minerve ne prétendra pas que, dans l’affaire dont il s’agit, le Père Lacasse et les autres prêtres qu’elle met en cause, aient agi autrement qu’en leur qualité de citoyens.

Mais, sachez une chose, disciples d’Épicure qui rédigez la Minerve, lorsqu’on est catholique, on ne reconnaît pas seulement au prêtre le droit de se mêler de politique comme citoyen, mais aussi et surtout en sa qualité de pasteur des âmes.