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Mélanges 2e trim. 1830/01

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Mélanges 2e trim. 1830
II  ►

LES PARIAHS.

Croira-t-on qu’il existe dans le monde un pays où une partie de la population est née pour l’avilissement, et vouée pour la vie au plus souverain mépris par le reste de ses compatriotes ? Telle est cependant la vérité : ce pays est l’Inde, et cette race est celle des Pariahs. Comme tout est image dans la religion de Brahma, et comme les usages civils sont fondés sur des préceptes religieux, la distribution des Indiens en castes doit reproduire une allégorie. Ainsi la croyance qui fait sortir les Pariahs et en général toute la caste des Sudras des pieds du dieu, indique assez une servilité et les emplois humilians auxquels les attache une irrévocable destinée, le hasard de la naissance. Ces Sudras forment une caste très-nombreuse, qui se subdivise à l’infini, suivant la condition à laquelle chaque individu est appelé ; et, à quelques exceptions près, c’est toujours la profession de sa tribu. L’Inde seule conserve ce phénomène des mœurs antiques qui ne permet à personne d’abandonner la profession de son père.

Les Pariahs vivent hors des villes, se nourrissent de rats, de souris et d’insectes, et en général de tout ce qu’il y a de plus immonde. L’aversion qu’ils inspirent est telle, que tout individu, soit mahométan, soit hindou, se croirait souillé, s’il communiquait avec eux. Le Pariah écorche les animaux morts, tanne leur peau, se nourrit de leur chair, nettoie les égouts et transporte les immondices ; il fait aussi le métier de cordonnier, de sellier, etc., etc.

Quelle affreuse existence que la sienne !!! L’entrée des temples lui est interdite, ainsi que celle des marchés publics ; il ne saurait, sans encourir les peines les plus sévères, paraître dans le quartier des Brahmes ; il doit fuir leur vue ; le vase qu’il a touché n’est plus bon qu’à être brisé s’il est de terre, et fondu s’il est de métal. Doit-on s’étonner après cela si, dans un tel état d’abrutissement et d’esclavage, le Pariah vit au milieu de tous les vices, si son aspect est repoussant, si l’Européen lui-même éprouve une sorte de répugnance à se faire servir par lui ?

Dans l’île de Ceylan, comme dans tout le reste de l’Inde, les Pariahs habitent des huttes construites en feuilles de cocotier ; malheur à celui qui oserait couvrir sa chaumière de tuiles ! il serait de suite lapidé par le reste de la population. Les femmes de cette caste n’oseraient pas non plus se couvrir le sein devant des étrangers ; le moindre linge dont elles s’envelopperaient leur serait sinon arraché (car on aurait horreur de toucher ce qu’elles portent), mais leur attirerait la vengeance publique. Voilà ce qui existe dans une contrée civilisée où les puissances européennes gouvernent depuis si long-temps ; rien cependant ne peut changer cet état de choses, et l’essayer serait mettre en danger la tranquillité même du pays. Le Pariah, malheureusement pour l’humanité, sera toujours Pariah ; c’est là le résultat de la force sociale dans cette partie du monde.

Le comte de Noé, pair de France.
ÉTAT DES FORCES DE TERRE ET DE MER EMPLOYÉES PAR LA FRANCE CONTRE LE DEY D’ALGER.
(1830.)
I. Forces de terre.
Hommes.
1er léger ; M. le comte Demarson, colonel : à Gardanne 450, à Trebilanne 200 
650
2e léger ; M. Bosquillon de Fraicheville, colonel : à Hières 1,000, à Saint-Vincent 150 
1,150
4e léger ; M. le baron de Pigneterre de Chambrun, colonel : à La Garde 200, à La Valette 300 
500
9e léger ; M. le marquis de Neuchaise, colonel : aux Ablertas 250, à Cabries 200, à Simianne 150, à Mereuil 150, à Tholonet 250 
1,000
14e de ligne ; M. le vicomte de Laforêt d’Aimaillé, colonel : à Soliers-Pont 500, à Soliers-Ville 200, à Soliers-Farlède 150, à Soliers-Toncas 150, à Belgencier 300, à Meonnes 100, à Signes 100, à Lacrau 150. 
1,650
37e de ligne, M. le baron Feuchère, colonel : à Cuers 700, à Puyet 200, à Pierrefeu 100, à Pignons 450, à Carnoules 150, à Bepo 100 
1,700
3e de ligne ; M. Russel, colonel : à Toulon 1,600 
1,600
20e de ligne ; M. Horie de la Motte, colonel : à Brignoles 1000, à Leval 200, à La Celle ioo, à Camps 100, à Montfort 200 
1,600
28e de ligne ; M. Mounier, colonel : à L’Orgnes 1,000, à Cabasse 300, à Le Luc 600 
1,900
6e de ligne ; M. Nouail de la Vilegille, colonel : à Marseille 1,600 
1,600
49e de ligne ; M. Magnan, colonel : à La Ciotat 800, à la Cadière 700, à Cassis 200 
1,700
15e de ligne ; M. le baron Rascan de Château-Redon, colonel : à Auriol 600, à Allauch 500, à Roquevaire 400, à Saint-Marcel 150 
1,650

35e de ligne ; M. Rullière, colonel : à Aix, 1600 
1,600
48e de ligne ; M. Léridan, colonel : à Trest 500, à Pourrières 350, à Saint-Zacharie 300, à Beinier 200, à Belvedène 150, à Mans 100, à Rousset 75, à Fuveau 75 
1,750
21e de ligne ; M. Bérard de Goutefrey, colonel : à Saint-Maximin 650, à Tourvès 450, à Seillons 150, à Brès, 200, à Rouglers 100, à Ollièses 150 
1,750
29e de ligne ; M. Delachaut, colonel : à Burjols 450, à Varages 200, à Tavernes 200, à Cotignac 400, à Entrecasteaux 100, à Correns 100, à Pontevès 75, à Brué 75, à Châteauvert 75 
1,675
17e de ligne ; M***, colonel : à Eyguilles 500, à Sainte-Reparade 250, à Vinolles 100, à Meyrargues 200, à Peyrolles 150, à Rognes 400 
1,650
23e de ligne ; M. le comte Montboissier de Canillac, colonel : à Salons 1,000, à Eyguires 500, à Lamanon 150 
1,650
30e de ligne ; M. le baron de Landevoisin, colonel : à Saint-Chamas 450, à Berre 300, à Valeros 200, à Lafare 150, à Roguac 100, à Carnillon 100, à Miremons 100, à Confons 100, à Istres 150 
1,650
34e de ligne ; M. le comte de Roussi, colonel : à Pelissonne 450, à Labarben ioo, à Alleins 200, à Lançon 400, à Grains 150, à Aurons 150, à Saint-Simphorien 150 
1,650
Total des 20 régimens 
30,025


À Arles, 2 compagnies d’artillerie. 
chev. 300 200
À Saint-Remy, 1 compag. d’artillerie. 
150 100
À Toulon, 1 comp. d’artillerie. 
150 100
Idem. 1 comp. de pontonniers. 
» 100
Id. 4 batteries montées d’artil. 
650 680
À Tarascon, 3 escadrons de cavalerie. 
600 600
À Nîmes et Beaucaire, train des équipages. 
mulets 500 800
À Arles et Avignon, g comp. de génie. 
» 900
Totaux. 
2,350 33,305
II. Forces de mer.
VAISSEAUX ARMÉS EN GUERRE.
Nombre d’hommes.
T.[1]La Provence, commandée par M. de Villaret, capitaine de vaisseau 
640
T. — Le Breslaw, M. Maillard, id. 
630
T. — Le Trident, M. Cazis, capitaine de frégate 
630
B. — Le Superbe, M. Latreyte, capitaine de vaisseau 
645
VAISSEAUX ARMÉS EN FLUTE.
T. — Le Scipion, M. Emeric, capitaine de vaisseau 
430
T. — La Ville-de-Marseïlle, M. Robert, id. 
440
B. — Le Duquesne, M. Bazoche, id. 
430
B. — Le Marengo, M. Duplessis-Pascau, id. 
430
B. — La Couronne, M. le comte de Rossi, id. 
435
B. — Le Nestor, M. Cuvillier, id. 
430
L. — L'Algésiras, M. Poncé, id. 
435
FRÉGATES ARMÉES EN GUERRE.
T. — La Marie-Thérèse, M. Billard, capitaine de vaisseau 
425
T. — La Circé, M. Rigodit, id. 
415
T. — La Syrène, M. Massica de Clerval 
420
T. — La Duchesse de Berry 
420
T. — La Bellone 
415
B. — La Guerrière, M. Gicquel Destouches ; capitaine de vaisseau 
460
B. — La Surveillante, M. Trottel, id. 
420

FRÉGATES ARMÉES EN FLUTE.
T. — L’Amphytrite, M. Serec, capitaine de vaisseau.
T. — La Didon, M. de Villeneuve-Bargemont, id.
T. — L’Iphigénie, M. Christy de la Sallière, id.
T. — La Pallas, M. Forsans, id.
T. — La Proserpine, M. de Reverseaux, id.
T. — La Thémis, M. Legourant de Tromelin, id.
B. — La Vénus, M. Russel, id.
B. — La Thétis, M. Rabaudy, id.
B. — L’Aréthuse, M. de Moyes, id.
B. — La Jeanne-d’Arc, M. Lettré, id.
L. — L’Herminie, M. Leblanc, id.
L. — L’Arthémise, M. Cosmar-Dumanoir, id.
G. — La Melpomène, M. Lamarche, id.
G. — La Belle-Gabrielle, M. Laurent de Choisy.
B. — La Médée, M. de Plantys.
B. — L’Amazone.
B. — La Magicienne.
Nombre d’hommes 
5, 950
BRICKS
T. — Le Faune, M. Couhitte, capitaine de frégate.
T. — Le Zèbre, M. Lefenec, id.
T. — Le Dragon, M. Leblanc, id.
T. — L'Alerte, M. Andréa de Neniat, id.
T. — L’Euryale, M. Perceval de Chênes, id.
T. — Le Ducouedic, M. Gay de Tasadel, id.
T. — Le Rusé, M. Jouglas, id.
T. — Le Sylène, M. Bruat, id.
T. — Le Voltigeur, M. Bezard, id.
T. — L’Adonis, M. Huguet, id.
T. — Le Cygne, M. Longes, id.
T. — Le Cuirassier, M. de la Rouvraye, id.
B. — L’Abeille, M. Luneau, id.
B. — L’Antilope, M. Pujol, id.
B. — La Capricieuse, M. Bringeon, id.

B. — Le Griffon, M. Dupetit-Thouars, id.
B. — Le d’Assas.
L. — L’Alsacienne, M. Hunet-Clery, lieut. de vais.
T. — Le Hussard, M. Thoulon, id.
T. — L’Alacrity, M. Lainé, capitaine de frégate.
T. — Le Marsouin, M. de Forgat, lieutenant de vais.
T. — La Flèche, M. Lapierre, id.
T. — L'Actéon, M. Hamelin, id.
T. — La Comète, M. Ricard, id.
T. — L’Éclipse, M. Hernoux, id.
T. — La Surprise, M. Gué, id.
Nombre d’hommes 
3,120
CORVETTES, GABARRES ET TRANSPORTS.
T. — La Victorieuse, M. Guérin des Essarts, capitaine de frégate.
T. — La Bayonnaise, M. Ferrin, id.
T. — La Caravane, M. Denis, id.
T. — Le Lybio, M. Gravouille, id.
T. — La Meuse, M. Voisson, id.
T. — L’Écho, M. Graeb, id.
T. — Le Dromadaire, M. Briet, lieut. de vaisseau.
T. — La Cornélie, M. Savy, capitaine de frégate.
B. — Le Tarn.
B. — Le Rhône.
B. — L’Adour.
B. — La Bonite.
B. — Le Robuste.
B. — Le Bayonnais.
B. — Le Chameau.
B. — La Vigogne.
Bay. — La Dordogne.
Bay. — La Perle, M. Villeneuve, capit. de vaisseau.
R. — La Thishé.
L. — L’Hébé.
L — L’Orythie.
C — La Truite.
Nombre d’hommes 
1,980

BATEAUX À VAPEUR.
T. — Le Coureur, M. Lujeol, lieutenant de vaisseau.
T. — Le Souffleur, M. Defouchy, enseigne de vaisseau.
T. — Le Nageur, M. Louvrier, lieutenant de vais.
R. — Lesphina, M. Sarlat, id.
R. — Le Rapide.
B. — Le Pélican.
Nombre d’hommes 
180
BOMBARDES.
T. — L’Hécla, M. Olivier, lieutenant de vaisseau.
T. — Le Vésuve, M. Mallet, id.
T. — L’Achéron, M. Lévêque, id.
T. — La Dore, M. Long, id.
T. — Le Vulcain, M. Baudin, id.
T. — Le Volcan, M. Brait, id.
T. — Le Finistère, M. Rolland, id.
T. — Le Cyclope, M. Frézier, id.
Nombre d’hommes 
640
Total 
20,730
420 transports 
3,850
200 bateaux lesteurs 
600
Total général des troupes de mer. 
25,180
Total des bâtimens de l’état. 
97
Total des navires de commerce. 
620
Total des voiles faisant partie de l’expédition. 
717

N. B. Depuis que nous avons reçu de Toulon cet état des forces de l’armée d’Afrique, les chiffres ont subi quelques variations ; mais l’ensemble est resté à peu près le même.

ORIGINAL NOTARIÉ DE LA LETTRE D’APPRENTISSAGE
DE J.-J. ROUSSEAU.

M. Théodore Grenus vient de découvrir à Genève une pièce fort curieuse : c’est l’original notarié de la lettre d’apprentissage de J. J. Rousseau. Cette pièce paraît d’autant plus remarquable, qu’elle peut servir à confirmer certaines parties des Confessions relatives aux premières années de l’auteur d’Émile.

« Du vingt-six avril mil sept cent vingt-cinq, avant midy. Établi en personne sieur Gabriel Bernard citoyen de cette ville, lequel de son bon gré baille et remet pour apprenti Jean-Jacques Rousseau, fils du sieur Isaac Rousseau, son neveu, ici présent et ainsi désirant être fait, au sieur Abel Ducommun, maître graveur, citoyen de cette dite ville, ici présent et acceptant ; et c’est pour le terme de cinq années prochaines et consécutives, à commencer le premier May prochain et à semblable jour devoir finir, pendant lequel temps ledit sieur Ducommun promet d’apprendre audit Rousseau, apprenti, sa dite profession de graveur, circonstances et dépendances dont il se mêle sans lui en rien cacher, ni céler, en tant toutefois que ledit apprenti le pourra comprendre, et demeure aussi chargé de nourrir et coucher ledit apprenti pendant ledit temps et l’élever et instruire en la crainte de Dieu et bonnes mœurs, comme il est convenable à un père de famille. Ce qui a ainsi été convenu moyennant la somme de trois cents livres argent courant de cette ville et deux louis d’or d’épingles payables en trois payemens par ledit sieur Bernard, savoir : cent livres et les deux louis d’or au premier Août prochain ; autres cent livres au premier Août mil sept cent vingt-six, et les dernières cent livres au premier Août mil sept cent vingt-sept, et outre ce, ledit sieur Bernard demeure chargé de vêtir et reblanchir ledit apprenti, de toutes choses à lui nécessaires, et demeure aussi garant de la fidélité dudit apprenti et qu’il n’absentera point le service de son dit maître sans congé et cause légitime, à peine de tous dépens, dommages et intérêts qu’à ce défaut s’en pourraient ensuivre. Ainsi convenu entre les parties qui ont promis par serment d’avoir à gré le présent acte et n’y contrevenir, à l’obligation de leurs biens présens et à venir, submissions à toutes cours, constitutions desdits biens, renonciations à tous droits contraires et autres clauses requises. Fait et prononcé audit Genève dans la maison d’habitation du dit sieur Bernard, etc. »

(Extrait des minutes de M. Jean-Jacques Choisy, notaire à Genève, volume de 1722 à 1725, folios 356 verso à 357 verso).


ABBAS-MIRZA, MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE D’ANGLETERRE.

Le 6 mars 1828, Abbas-Mirza, prince royal de Perse, fut élu à l’unanimité l’un des quatre membres honoraires de la société royale Asiatique d’Angleterre et d’Irlande. Son diplôme, tracé sur du superbe vélin et enrichi de vignettes héraldiques, fut remis à sir John Malcolm, qui allait à cette époque prendre le gouvernement de Bombay. Arrivé à sa destination, ce haut fonctionnaire s’empressa d’envoyer au prince, par un officier supérieur, le titre qui lui était destiné. Peu de temps après, Abbas-Mirza témoigna à la docte société sa reconnaissance par deux lettres, dont voici la traduction.

Première lettre.

« Aux nobles membres de la société royale Asiatique, célèbres par leur sagesse et leur pénétration, distingués par leurs talens et leur savoir, s’élevant sur l’échelle de la science, et réunis en assemblée douée de toutes les connaissances.

» Nous leur donnons avis, par la présente, que la lettre qu’ils nous ont écrite a été reçue et lue d’une manière amicale. Souvenir de science et de sagesse, cette lettre nous a causé la plus vive satisfaction, parce que ses auteurs sont renommés par leur savoir et leur prudence. L’attention qu’ils ont eue de mentionner notre auguste nom dans leurs séances, et de le faire figurer d’une manière convenable parmi ceux des membres de la société, n’a fait qu’accroître notre confiance et notre affection. Nous aimons à espérer que toutes nos actions obtiendront désormais l’approbation et les éloges de ces hommes renommés par leur sagesse et leur justice. Tel a été, tel est encore notre plus ardent désir. Nous pouvons assurer avec vérité que l’acquisition d’une nouvelle partie de territoire nous eût donné moins de satisfaction que la réception de cette lettre. D’après les expressions bienveillantes et cordiales de la société, c’est avec les mêmes sentimens que nous nous considérerons désormais comme un de ses membres, regardant cette élection spéciale comme un moyen qui donnera plus d’éclat et d’extension à notre nom. Nous prions les membres de la société de vouloir bien s’occuper de nous dans leurs séances, ainsi que leur sagesse et leur justice pourront le leur suggérer, et de conserver, autant qu’il sera en leur pouvoir, les principes de cette union et de cette amitié qui ont commencé par eux, et par suite de laquelle ils peuvent compter qu’ils ne sortiront jamais de notre bienveillante mémoire. Nous les engageons à nous transmettre leurs vœux et leurs désirs.

» Datée de Ramazan, 1243 (mars 1828). »

Deuxième lettre.

« Nous écrivons la présente pour déclarer que, bien que nous n’ayons jamais vu les membres de la société Asiatique, nous avons souvent entendu leur éloge. Le plus grand de nos désirs serait de voir cette assemblée, quoique nous connaissions parfaitement les difficultés qui s’y opposent. La plus belle qualité que l’homme puisse posséder est la sagesse. Ceux qui en sont doués sont supérieurs au reste de l’humanité, et l’affection qu’ils ont pour les autres hommes, les louanges qu’ils peuvent leur accorder, sont pour ces derniers le plus précieux des biens. C’est d’après ces considérations que nous avons vu avec plaisir que notre nom ait été mentionné dans votre société avec honneur et respect. Dans la joie de notre cœur, nous vous adressons ce peu de mots avec notre lettre officielle. Nous vous envoyons aussi un petit morceau d’ambre comme un parfum de notre bienveillance, et pour que les membres de la société connaissent l’estime que nous avons pour eux. »

Ces deux lettres sont sur du papier embelli de riches ornemens, et la seconde est de la propre main du prince. L’ambre dont il est question pèse environ une once et demie, et est renfermé dans une boîte en or, travaillée à jour avec beaucoup de goût et ornée de rubis. La boîte elle-même est placée dans une bourse d’or et d’argent tressés ensemble, et le tout est enveloppé dans un châle de mousseline.

L…


NOUVELLES SECTES RELIGIEUSES.

Il vient de se former en Angleterre une nouvelle secte dont le dogme fondamental est que les temples des chrétiens doivent être des écuries, parce que Jésus-Christ est né dans une étable ; c’est la 60me secte de ce genre qui se forme en Angleterre, depuis Henri viii. Cette dernière compte déjà dans son sein un grand nombre de cochers. Une autre secte s’est formée dans le nord de l’Allemagne ; ses adeptes vont tout nus, parce qu’ils croient que Dieu étant partout, les vêtemens gêneraient l’attouchement immédiat qu’ils peuvent avoir avec lui.


  1. Explication des initiales : T. Toulon. — B. Brest. — L. Lorient. — R. Rochefort. — C. Cherbourg. — Bay. Bayonne.