Mélanges de Sciences et d’histoire naturelle — Avril 1833/03
À une des dernières séances de la Société asiatique de Londres, on a donné communication d’un mémoire du capitaine J. Stuart sur les pêcheries de perles de l’île de Ceylan.
On voit flotter dans la mer, près de certaines parties du rivage de l’île, d’immenses amas de petits corps qu’on prendrait aisément pour du frai de poisson ; ce sont des huîtres à perles fraîchement écloses, qui, après être restées ainsi quelque temps près de la surface, vont chercher le fond où elles s’attachent à la base des rocs de corail par le moyen des barbes dont elles sont pourvues ainsi que beaucoup d’autres coquilles bivalves. Les huîtres qui forment un même banc, ne tiennent pas seulement au fond, mais encore adhèrent les unes aux autres par le moyen de ces mêmes filamens. On ne voit guère arriver au point de perfection que les huîtres des bancs d’Aripo, bancs qui se trouvent à une profondeur variable entre cinq à sept brasses. Au bout d’un certain temps, les liens qui fixaient l’huître à la roche cèdent, et le coquillage reste simplement posé sur le sable ; c’est alors seulement qu’il est bon à prendre. Quelques personnes pensent que l’huître peut se détacher à volonté, mais les plongeurs les plus intelligens sont d’opinion contraire. Le coquillage, devenu libre par l’action du temps, ne pourrait pas rester en un lieu où la mer roulerait fortement ; mais toute cette partie de la côte est protégée par une barrière de rescifs de corail, et c’est à cette disposition qu’elle doit en grande partie sa supériorité comme station de pêche.
Les perles se trouvent communément dans la partie la plus charnue des huîtres ; on en a trouvé jusqu’à soixante-sept de diverses grosseurs dans une même coquille ; mais en revanche il y a beaucoup d’huîtres qui n’en renferment pas du tout, et il est même à remarquer que les huîtres pauvres sont les mieux portantes et celles qu’on choisirait le plus volontiers s’il s’agissait de les manger, de sorte que la production des perles paraît liée avec un état maladif de l’animal.
À Aripo, pendant la saison de la pêche, on a un boisseau d’huîtres à perles pour le même prix à peu près qu’on a dans nos ports une égale quantité d’huîtres communes.
L’épaisseur des bancs n’excède guère vingt-huit pouces. Communément les plongeurs restent de cinquante-trois à cinquante-cinq secondes sous l’eau ; ils peuvent rester au besoin jusqu’à une minute et demie. Ils font presque tous usages de talismans destinés à les préserver des requins ; mais ils n’y ont pas une telle confiance qu’ils négligent pour cela les autres précautions.