Mélite/Acte 4/Scène 9

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Mélite
(Édition Marty-Laveaux 1910)
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SCÈNE IX.


ÉRASTE.


Tu t’enfuis donc, barbare, et me laissant en proie
À ces cruelles sœurs, tu les combles de joie ?
Non, non, retirez-vous, Tisiphone, Alecton,
Et tout ce que je vois d’officiers de Pluton :
Vous me connoissez mal ; dans le corps d’un perfide
Je porte le courage et les forces d’Alcide.
Je vais tout renverser dans ces royaumes noirs,
Et saccager moi seul ces ténébreux manoirs.
Une seconde fois le triple chien Cerbère
Vomira l’aconit en voyant la lumière ;
J’irai du fond d’enfer dégager les Titans,
Et si Pluton s’oppose à ce que je prétends,
Passant dessus le ventre à sa troupe mutine,
J’irai d’entre ses bras enlever Proserpine 311.


Scène VIII

Acte IV, scène IX

Scène X


311. Bien que Claveret ne conteste pas à Corneille l’invention de la frénésie d’Éraste (voyez plus haut, p. 128), on pourrait être tenté de croire que notre poëte en a pris l’idée dans la Climène de C. S. sieur de la Croix, représentée, suivant les frères Parfait, en 1628 (Histoire du théâtre françois, tome IV, p. 401). Le berger Liridas, pensant que Climène est morte, devient fou de chagrin ; dans son délire, il veut obliger un magicien, qu’il prend pour Pluton, à rendre la vie à son amante, et lui dit :

Toi seul dedans ces lieux sentiras les tourments,
Sans pouvoir prendre part à nos contentements ;
J’épouserai Climène, et pour ma concubine
Je prendrai, s’il me plaît, ta femme Proserpine.