Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine & Vies de plusieurs frères/01

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MÉMOIRE


HISTORIQUE,


Sur la ci-devant Communauté


DES ÉCOLES CHRÉTIENNES


DU FAUBOURG S.-ANTOINE ;


Par le citoyen RENAUD, ancien Instituteur.






A PARIS,

Chez l’Auteur, rue de Lape, N° 29.


Premier Germinal an XII.

MÉMOIRE

HISTORIQUE,

Sur la ci-devant Communauté

DES ÉCOLES CHRÉTIENNES

DU FAUBOURG S.-ANTOINE.





LA Communauté des Ecoles Chrétiennes du faubourg Saint-Antoine n’étoit qu’une association purement libre et volontaire, qui, n’étant liée par aucun vœu, et n’ayant ni Lettres patentes, ni possessions communes, n’eut j’amais qu’une existence incertaine et précaire, et ne fit point corporation dans l’Etat. Ce n’étoit qu’une société d’amis, que le desir de s’édifier mutuellement, et l’amour du bien public, réunissoient ensemble, pour l’opérer avec plus de facilité, et moins de frais. Intimément persuadés que rien ne peut y concourir plus efficacement que la pureté des mœurs, ils croyoient qu’en s’appliquant soigneusement à cultiver l’esprit de la jeunesse par la connoissance des lettres humaines, ils devoient être encore plus attentifs à lui former le cœur par la pratique de la vertu. Ainsi en se dévouant si gratuitement à la culture de ces jeunes plantes, ils n’avoient d’autre ambition que d’en faire des chrétiens fideles, et des citoyens vertueux, exacts à tous les devoirs de la religion et de la société : c’étoit-là le but principal auquel ils rapportoient tout le reste. Nulles veilles, nuls soins, nulles peines, nulles fatigues, nul travail ne leur coûtoient pour y atteindre. Pour s’instruire solidement eux-mêmes de tous ces devoirs, ainsi que de toutes les autres vérités de la religion et de la morale chrétienne, et les présenter ensuite à la jeunesse dans toute leur pureté et leur exactitude, sans aucun mélange des opinions humaines, ils les étudioient sans cesse, et les puisoient abondamment dans les sources sacrées des divines Ecritures, sur-tout dans le saint Evangile, dont la méditation faisoit leurs plus cheres délices, et dans les Ecrits des Apôtres, qu’ils méditoient avec le même respect et la même affection, comme en étant les prédicateurs et les interprêtes infaillibles.

Mais, de peur de se méprendre sur le sens de ces divins oracles, pour en avoir la vraie intelligence, ils lisoient assidûment les ouvrages des SS. Peres, comme en étant les commentaires les plus exacts et les plus sûrs. Ils ne tenoient nul autre guide pour sage et éclairé, qu’autant qu’il en empruntoit la lumiere, et marchoit exactement sur leurs pas dans la voie étroite de l’Evangile dont ces SS. ne s’écarterent jamais. Quiconque prétendant avoir des lumières plus sûres, faisoit profession de s’éloigner de cette voie, pour conduire dans une autre plus large, plus douce, plus commode, plus facile, n’étoit, à leurs yeux, digne que de mépris et d’horreur. Cependant, quoique pleins de respect et de vénération pour tous ces SS. docteurs dont ils lisoient les ouvrages, ils s’attachoient néanmoins plus particulierement à la lecture de ceux de saint Augustin, dont les principes clairs et lumineux sur toutes les vérités de la religion fournissent des armes invincibles contre toutes les erreurs passées, présentes et à venir.

Comme la plûpart d’entr’eux n’entendoient que leur langue maternelle, ils avoient tous le plus tendre attachement et la plus vive reconnoissance pour ces savans respectables du XVIIe siecle, qui, s’élevant au-dessus des préjugés de leurs temps, se sont immortalisés en traduisant exactement et purement en français, la Bible, les offices de l’Eglise, une grande partie des ouvrages de S. Augustin et des autres Peres de l’Eglise ; alimens solides de leur piété, et dont, sans ce précieux bienfait, la plûpart d’entr’eux, qui s’en nourrissoient assidûment, n’auroient pu faire aucun usage.

Cette association ou communauté des Ecoles Chrétiennes du faubourg Saint-Antoine étoit composée, 1o. des Vétérans qui avoient tenu les Ecoles, 2o. des Instituteurs qui les tenoient, 3o. des Eleves destinés à les tenir.

Il y avoit à la tête de la Communauté un Supérieur pour la gouverner et la conduire ; et, à la tête du Noviciat, un Maître pour l’instruire et le former.

Nul n’y était reçu que sur le témoignage avantageux de personnes vertueuses et bien connues de la Communauté.

L’âge ordinaire de réception étoit de 18 à 20 ans, ou, par extension, de 17 à 21. On n’y recevoit personne au-dessous ni au-dessus de cet âge, qu’autant qu’on y étoit déterminé par la considération de vertus et de connoissances acquises.

On n’exigeoit d’eux ni dot, ni pension : ils étoient reçus gratuitement, et sans les obliger à autre chose qu’à pourvoir à leur entretien pour l’habillement pendant le noviciat.

Le temps du noviciat n’étoit point limité : on y restoit jusqu’à ce qu’on fut en état de tenir une Ecole, et qu’on en fût chargé.

Quand une Ecole venoit à vaquer, on choisissoit parmi les éleves celui qu’on en jugeoit le plus capable pour l’y placer. A mérite, capacité, instruction à-peu-près égales, le plus ancien de réception avoit la préférence.

La Communauté avoit toujours la liberté de congédier ceux qui ne lui convenoient pas ; et ceux qui lui convenoient avoient toujours la liberté de se retirer. Personne ne pouvoit y rester malgré elle, ni y être retenu malgré lui.

Tous ceux qui, par défaut de conduite ou de capacité, paroissoient n’être pas propres à l’état, étoient priés de se retirer ; et ceux dont la conduite exacte étoit accompagnée d’une capacité convenable, avoient la liberté de rester.

Tout Postulant, qui étoit reçu, étoit conduit, en arrivant, à la chapelle de la Communauté, pour s’y offrir à Dieu, et lui demander la grace de connoître sa volonté.

Pour le mettre tout de suite à même de juger si la vie de la Maison lui conviendroit ou non, le premier livre qu’on lui mettoit entre les mains, étoit la Regle de la Communauté, qui en marquoit tous les exercices et tous les devoirs, ainsi que la maniere dont on devoit s’en acquitter.

Après cette lecture, s’il étoit animé du même esprit de zele, de charité et de désintéressement dont on usoit à son égard, il bénissoit Dieu de lui avoir fait trouver le précieux trésor qu’il cherchoit, et ne pensoit qu’à se rendre digne de le posséder pour toujours. Si, animé d’un esprit tout opposé, il n’étoit venu qu’avec des pensées d’ambition et de fortune, ou d’une vie oisive et toute sensuelle, n’appercevant dans cette lecture qu’une route qui l’en éloignoit, ou il s’élevoit à des pensées plus nobles et plus chrétiennes, ou il retournoit sur ses pas.

Tous les momens de la journée étoient tellement remplis par les différens exercices de la Communauté, qu’il n’y restoit aucun vuide.

Pendant toute l’année, excepté les vacances, on se levoit tous les jours au son de la cloche, à cinq heures du matin. On se hâtoit de s’habiller et de faire son lit, pour être rendu au plus tard à cinq heures un quart à la salle d’exercice pour la Priere du matin, qui s’y faisoit en commun, et dont le commencement, au quart précis, étoit annoncé par un coup de cloche. Le Supérieur, le Maître des Novices, et deux anciens, la faisoient tour à tour, chacun leur semaine, et la terminoient par une priere dressée sur le plan de l’Angelus, pour honorer le mystere de la Résurrection.

La Priere du matin étoit suivie de la lecture de deux paragraphes du Nouveau Testament, sur lesquels chacun méditoit ensuite pendant un quart d’heure en silence. La plûpart s’aidoient en cela de l’excellent livre des Réflexions morales, ou des ouvrages des SS. Peres, dont il est comme la quintescence.

On terminoit cette méditation par les Offices de Laudes, Prime et Tierce, que l’on psalmodioit très-posément, ainsi que tous les autres offices, à deux chœurs, en français, afin que tous pussent également en profiter. Pour la même raison, toutes les autres Prieres de la Communauté et des Ecoles se faisoient aussi en français, n’y ayant que cette langue intelligible à tous, qui pût, suivant l’intention de l’Eglise, en rendre toutes les parties propres à faire passer, par le moyen des sens, dans l’ame de tous ceux qui y participoient, les lumieres de l’instruction chrétienne, et tous les sentimens d’une véritable piété[1] : effets précieux, que des termes latins n’auroient jamais pu produire dans l’ame de ceux qui ne les entendoient pas.

Excepté les dimanches et fêtes, on se bornoit à un seul pseaume pour chacune des petites heures, et à deux pour chacun des deux grands Offices, Laudes et Vêpres. En se bornant ainsi à un tiers d’office par semaine, on le récitoit en entier tous les trois semaines. On aimoit mieux en faire moins, et le bien faire.

L’intervalle d’environ une heure qui restoit depuis Tierce jusqu’à sept heures étoit employé à l’étude.

Chacun des Maîtres lisoit en particulier un chapitre de l’Ecriture-Sainte, et se préparoit ensuite au catéchisme qu’il devoit faire à son Ecole.

Tous apprenoient par cœur un même paragraphe du Catéchisme de Montpellier, qu’on leur faisoit répéter en commun après l’étude.

Après avoir satisfait à ces trois articles, ce qu’il restoit de temps, plus ou moins à chacun, selon qu’il avoit plus ou moins de facilité, étoit employé à s’avancer et à se perfectionner de plus en plus dans l’étude de la religion, par la lecture des ouvrages les plus instructifs et les plus solides, sur-tout des SS. Peres.

Les Eleves, de leur côté, employoient cette heure d’étude à apprendre par cœur chacun douze versets du Nouveau Testament, et quatre demandes du Catéchisme du diocese : versets et demandes qui, étant les mêmes pour tous, étoient également répétés en commun par tous après l’étude. Le reste de cette heure étoit employé aux lectures que leur Maître avoit prescrites à chacun, selon son degré d’instruction ou de capacité ; sur-tout à apprendre par cœur l’abrégé de l’Ancien Testament de Mesengui, et dont ils rendoient compte le dimanche. Ceux qui depuis leur entrée au Noviciat avoient ainsi appris par cœur l’Ancien et le Nouveau Testament, apprenoient le paragraphe du Catéchisme de Montpellier pour le répéter en commun avec les Maîtres. Ceux qui ayant été élevés dans les Ecoles, soit du Faubourg, soit d’Auxerre, ou d’autres tenues ailleurs par d’anciens confreres de la Communauté, y avoient appris exactement par cœur ces deux livres, au-lieu de les apprendre de nouveau, apprenoient tout de suite le Catéchisme de Montpellier avec les Maîtres.

Au coup de sept heures, le Supérieur faisoit répéter le paragraphe du Catéchisme de Montpellier aux Maîtres et à ceux des Eleves qui l’avoient appris ; mais sans suivre dans ses interrogations un ordre fixe, pour tenir tout son monde en haleine, et obliger d’apprendre exactement. Le lendemain, ils apprenoient et répétoient de même le paragraphe suivant ; et le troisieme jour, c’est-à-dire le mercredi, il les rapprenoient tous les deux, et les répétoient de la même maniere à sept heures. Ils en usoient de même les trois autres jours de la semaine, pour les deux paragraphes suivans ; et toujours ainsi durant toute l’année. Quand, au bout d’environ deux ans, ils avoient répété ce Catéchisme en entier, ils recommençoient. Ceux qui l’avoient appris pendant 12 ou 15 ans, étoient dispensés de continuer.

Après cette répétition, qui duroit au plus un demi-quart d’heure, ils se rendoient au réfectoire pour déjeûner.

Alors le Maître des Novices leur faisoit répéter les douze versets et les quatre demandes qu’ils avoient appris, et de maniere à s’assurer qu’ils avaient appris exactement. Le lendemain, ils apprenoient et répétoient de même douze autres versets et quatre autres demandes, etc., de la même maniere que les Maîtres. Après cette répétition et les courtes réflexions que le Maître y ajoutoit, ce qui duroit en tout environ un demi-quart d’heure, ils se rendoient tous au réfectoire pour y déjeûner avec les Maîtres. Alors un d’eux qui, pendant toute une semaine, faisoit l’office de portier, de sonneur, etc., lisoit pour l’édification de tous une figure de la Bible de Royaumont. Après quoi tous les Maîtres qui avoient déjeûné partoient pour se rendre à leurs Ecoles, où ils arrivoient pour la plûpart vers les sept heures et demie.

Le Novice qui, la semaine précédente, avoit fait l’office de portier, passoit la suivante dans les Ecoles pour apprendre à les tenir ; allait un jour avec l’un, un autre jour avec un autre, suivant que le Supérieur le marquoit.

Tous les autres, après le déjeûner, s’occupoient jusqu’à huit heures des ouvrages manuels, soit dans la maison soit dans le jardin, tels qu’on les leur marquoit chaque jour.

A huit heures précises, un coup de cloche les avertissoit de se rendre à la salle d’exercice, où on les faisoit épeller et syllaber dans un syllabaire court, excellent et très-méthodique, pour que tous eussent exactement la même maniere. Ensuite on les faisoit lire alternativement jour dans le Nouveau Testament de Sacy, et l’autre dans l’Ancien Testament de Mesengui. Après quelques courtes réflexions sur ce qu’ils avoient lu, on leur enseignoit la Grammaire.

A neuf heures commençoit l’exercice de l’écriture, qui duroit jusqu’à dix heures. Après cet exercice, ils apprenoient tous une même leçon du petit Catéchisme historique que le Maître leur faisoit répéter en commun. Et après le développement qu’il leur en donnoit, on les occupoit de travaux manuels jusqu’à onze heures. Alors ils se rendoient tous à une salle particulière, Où on leur enseignoit le plein-chant jusqu’à onze heures et demie, excepté les mardis et vendredis qu’ils assistoient à la Messe.

Les Maîtres, de retour de leurs Ecoles vers les onze heures, réunis en la salle d’exercice s’y préparoient au catéchisme qu’ils devoient faire le soir leurs Ecoles.

A onze heures et demie l’office de Sexte, suivi de l’examen de conscience, et d’une Priere dressée sur le plan de l’Angelus, pour honorer le mystere de la Rédemption.

Ensuite toute la Communauté se rendoit en silence au réfectoire pour le dîner. La table y étoit simple et frugale, mais les alimens en étoient solides, bien nourrissans, et en suffisante quantités. Tout metz recherché ou trop dispendieux en étoit banni. On n’y servoit jamais que de bon vin ; mais en si petite quantité, que, vu la fatigue du travail, on auroit pu en doubler portion sans sortir des bornes de la plus exacte sobriété.

Il y avoit chaque semaine un jour de jeûne : c’étoit le vendredi ; mais le jeûne en étoit moins rigoureux qu’aux jeûnes ordonnés par l’Eglise et dans les grandes chaleurs on s’en dispensoit.

La bénédiction de la table étoit suivie de la lecture d’un chapitre de l’Ecriture-Sainte ; ensuite de celle de l’Histoire Ecclésiastique jusqu’à la fin du dîner ; et enfin de celle du Martyrologe, terminée par l’actions de graces.

Depuis le premier jusqu’au dernier, on servoit à table chacun à son tour ; et celui qui avoit été serveur la veille, étoit le lendemain lecteur.

Après le dîner, suivoit la récréation qui se passoit pour l’ordinaire en conversations amicales, où l’on apprenoit mille choses utiles.

A une heure, l’office de None : après quoi les Maîtres partoient pour leurs Ecoles.

Alors le Maître des Novices resté avec eux, corrigeoit leur écriture ; ensuite leur enseignoit le calcul jusqu’à deux heures.

A deux heures, la lecture dans les manuscrits ; ensuite alternativement un jour en latin, dans le Pseautier distribué ; et l’autre en français, dans les Regles de la Civilité, de M. de la Salle. Depuis trois heures jusqu’à quatre, l’exercice de l’écriture, comme le matin. A quatre heures, ils apprenoient une seconde leçon du petit Catéchisme historique que le Maître leur faisoit répéter à quatre heures et demie, et dont il leur donnoit le développement, comme il avoit fait à dix heures et demie.

Après cette répétition, ceux qui le vouloient, ainsi que les Maîtres revenus de leurs Ecoles, alloient goûter.

A cinq heures toute la Communauté se réunissoit au son de la cloche dans la salle d’exercice pour entendre la lecture de la vie du Saint du lendemain : c’étoit le Novice portier qui faisoit cette lecture, pendant laquelle chacun s’occupoit à quelque chose d’utile, qui ne pût nuire à l’attention, telle qu’à écrire, tailler des plumes, coudre des papiers, etc.

Cette lecture étoit suivie de l’Office des Vêpres.

A cinq heures et demie, on récitoit, le dimanche, les Litanies du S. Nom de Jésus ; et le samedi, celles de la Ste.-Vierge.

Depuis cet Office jusqu’à six heures un quart les Maîtres s’occupoient en silence, les uns à étudier, les autres à écrire, à copier, à faire des extraits des Saintes-Ecritures et des saints Peres, à faire des exemples d’écriture pour leurs Ecoles. Les Novices, après avoir étudié jusqu’à six heures, alloient alors prendre quelque relâche par quelque travail, dans le jardin, ou ailleurs dans la maison, selon qu’on le marquoit à chacun.

A six heures un quart, les Complies, suivis d’une nouvelle méditation sur les deux paragraphes du Nouveau Testament qui avoient été lus après la priere du matin.

Cette méditation se terminoit par l’Angelus pour honorer le mystere de l’Incarnation. Ensuite un confrere répétoit par cœur les deux paragraphes sur lesquels on venoit de méditer, et faisoit part à toute la Communauté des réflexions qu’ils lui avoient donné lieu de faire. Chacun, depuis le premier jusqu’au dernier, remplissoit cette tâche à son tour. Quand un Novice n’étoit pas encore en état de fournir ses réflexions, le Supérieur, ou, en son absence, le Maître des Novices y suppléoit. Le temps qui restoit, plus ou moins, après cette répétition et ces réflexions jusqu’à sept heures, étoit employé à une lecture spirituelle que l’on faisoit pour l’ordinaire dans les Eclaircissemens et Réflexions de Mesengui sur l’Ancien Testament, ou dans son Exposition de la doctrine chrétienne. Mais dans le carême, où l’évangile de chaque jour étoit le sujet de méditation, après quelques courtes réflexions de celui qui venoit de la répéter, on en lisoit l’explication dans Nicole.

Depuis sept heures jusqu’à sept heures et delie, on faisoit de même, chacun à son tour, le catéchisme, Les samedis, c’étoit sur l’évangile du lendemain. Les veilles de fêtes, sur le mystere ou sur l’histoire du Saint. Tous les autres jours, sur la lettre du Catéchisme du diocese, que l’on expliquoit et développoit avec plus d’étendue. Celui qui étoit chargé de le faire, en exposoit de suite clairement et simplement toutes les questions et réponses. Ensuite il interrogeoit tous ses confrères, en commençant par le Supérieur, dans les mêmes termes qu’il avoit exposés, et chacun répondoit à ses questions à-peu-près dans les mêmes termes qu’il y avoit répondu, et qui étoient, autant qu’il se pouvoit, les propres termes de l’Ecriture, ou des SS. Peres. Il étoit libre à chacun de proposer ses objections et ses difficultés au catéchiste, qui y répondoit aussi briévement et solidement qu’il pouvoit. S’il n’étoit pas en état d’y répondre, il prioit le Supérieur, ou, en son absence, le Maître des Novices d’y répondre pour lui. Quand une question étoit mal présentée, ou que la réponse n’étoit pas convenable, le Supérieur, ou tout autre, à son défaut, en faisoit l’observation, et on la reformoit : et cette inexactitude donnoit quelquefois lieu à des observations plus utiles à tous, que n’auroit été la chose dite d’abord exactement. Le catéchisme se terminoit par le récit de quelqu’exemple ou trait d’histoire de l’Ecriture-Sainte ou de l’Histoire Ecclésiastique, propre à appuyer les vérités ou points de morale qu’on y avoit traités.

A sept heures et demie, le souper, avec la lecture d’un chapitre de l’Ecriture-Sainte, et celle de l’Histoire Ecclésiastique, jusqu’à la fin du repas comme à dîner.

Après le souper, la récréation jusqu’à neuf heures, et de la même manière qu’après dîner.

A neuf heures, les Matines, suivies de la Priere du soir, qui étoit terminée par la lecture du premier des deux paragraphes sur lesquels on devoit méditer le lendemain.

Après cette lecture, chacun se retiroit en silence, et alloit se coucher.

Chaque journée ainsi remplie par des exercices si nombreux et si variés, loin d’être ennuyeuse à quiconque avoit bien l’esprit de son état, lui paroissoit au contraire toujours trop courte.

On avoit ordinairement deux congés par semaine : savoir, le mercredi soir et le samedi soir. Le premier étoit un congé de récréation pour aller prendre l’air à la campagne ; le second, un congé de retraite et d’étude : ceux qui avoient quelques affaires en ville profitoient du loisir de ce dernier congé pour les faire.

Les dimanches et fêtes, on entendoit la Messe à la Paroisse. Les Maîtres assistoient à la premiere Grand’Messe, et les Novices à la seconde. Il y avoit aussi, à huit heures, sous les charniers, une Messe-basse avec instruction pour les enfans des Ecoles. Les Maîtres s’y rendoient à sept heures et demie, pour les assembler et les contenir dans l’ordre.

Au retour, vers les neuf heures, le déjeûner, suivi de l’office de Tierce.

Depuis Tierce jusqu’à onze heures, l’étude que les Maîtres employoient principalement à se préparer au catéchisme qu’ils devoient faire le soir à leurs Ecoles. Les dimanches, ce catéchisme étoit une récapitulation de tous ceux qu’on avoit fait pendant la semaine.

Les dimanches à onze heures, la répétition de l’Epître et de l’Evangile. Le Supérieur commençoit, et faisoit ensuite répéter tous les autres, ce qui duroit environ un demi-quart d’heure. On en lisoit ensuite l’explication dans les Instructions de Singlin, jusqu’à onze heures et demie, que l’on psalmodioit l’office de Sexte : ce qui pouvoit rester de cette lecture, étoit continué au réfectoire après la lecture du chapitre de l’Ecriture-Sainte. Les jours de fêtes, ces Instructions se lisoient en entier au réfectoire.

Après None, chaque Maître, accompagné du Novice qu’on lui avoit marqué, alloit à son Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/17 ne faisoient qu’épeller et syllaber, et ceux qui commençoient à lire.

Les Moyennes comprenoient les enfans qui ne faisoient que lire passablement ; et ceux qui, lisant un peu mieux, commençoient à écrire.

Les Grandes comprenoient les enfans plus avancés, que l’on perfectionnoit dans la lecture et l’écriture, et auxquels on enseignoit le calcul et la Grammaire française, ainsi qu’à déchiffrer toutes sortes de manuscrits.

Il y avoit d’autres Ecoles distribuées en deux classes. L’une comprenoit les enfans depuis l’alphabet jusqu’à ce qu’ils sussent lire suffisamment pour passer à l’écriture : l’autre comprenoit les enfans que l’on perfectionnoit dans la lecture, tant imprimée que manuscrite, et auxquels on enseignoit l’écriture, le calcul et la Grammaire française.

Il y en avoit enfin de Mixtes, qui comprenoient les enfans de tous les dégrés, depuis l’alphabet jusqu’à la Grammaire française : Celles-ci ayant à elles seules autant d’exercices que deux ou trois des autres, sans avoir plus de temps, chaque exercice en étoit nécessairement plus court.

Il y avoit en chaque Ecole quatre enfans en charge pour y maintenir le bon ordre : savoir, un Censeur, un sous-Censeur, un Bibliothécaire et un Portier. Ces charges étoient des récompenses de l’application et de la bonne conduite : ceux qui en étoient revêtus jouissoient de divers privileges. Le Censeur étoit à la tête de l’Ecole, et comme le premier représentant du Maître. Toutes les autres places de l’Ecole étoient plus ou moins honorables suivant qu’elles approchoient plus ou moins de Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/19

Le plus profond silence régnoit dans l’Ecole depuis le commencement jusqu’à la fin. On n’y entendoit absolument que la voix de celui qui répétoit, ou lisoit, ou répondoit aux questions qu’on lui faisoit. Du reste, personne ne parloit, en cas de nécessité, qu’après en avoir obtenu la permission, qui se demandoit par signe.

La bonne conduite et l’application au travail étoient récompensées ; et la mauvaise conduite et la paresse étoient punies. Outre les assistances de la Communauté, dont chaque Maître faisoit l’application en sa classe, la plûpart avoient encore différentes ressources pour assister les enfans pauvres : mais aucun d’eux ne recevoit de présent de leurs Ecoliers ni de leurs parens, quoiqu’il n’y en eût point de défense formelle. Le Regle s’exprimoit seulement ainsi : « Nous ne pouvons qu’applaudir à la conduite des Maîtres, qui ont toujours fait honneur jusqu’ici à la louable coutume qui s’est introduite d’elle-même dans la maison, de ne recevoir aucun présent de la part des peres et meres des enfans qu’on instruit. Nous souhaitons que cet exemple de désintéressement soit, aux yeux de tous leurs successeurs, un trésor plus précieux que toutes les richesses de l’Egypte ». Ce simple souhait fut plus efficace pour maintenir parmi eux jusqu’à la fin la pratique du désintéressement, que n’auroient peut-être été les défenses les plus rigoureuses.

A huit heures précises, le Censeur et le sous-Censeur, à genoux au-milieu de l’Ecole, y faisoient distinctement, sans lenteur ni précipitation, la priere du matin. Tous les autres l’écoutoient avec attention, et la répétoient tout bas avec eux.

La priere étoit suivie de la lecture, qui duroit ordinairement jusqu’à neuf heures.

Dans les Petites Ecoles, la premiere leçon se faisoit tous les matins dans le petit Catéchisme historique ; et tous les soirs dans celui du diocese : elle duroit une heure. La seconde, qui duroit trois quarts d’heure, se faisoit matin et soir dans un syllabaire que M. l’Abbé Bouillette, auteur du Traité des sons de la langue française, loué par l’Académie, composa, en 1769Note de Wikisource, exprès pour Communauté : ce syllabaire, aussi excellent que méthodique, (qui est un abrégé du Traité des sons) ne contient que 32 pages in-16 de principes présentés d’une maniere tout-à-fait naturelle, et aussi propre faciliter l’attention de la vue et de l’ouïe, qu’à contrarier la routine qui n’agit qu’à l’aveugle et sans examen. Tout enfant qui en possede bien les principes, d’autant plus aisés à retenir, qu’un même principe se trouve souvent répété jusqu’à douze ou quinze fois de suite en des mots différens, peut, au sortir de là, lire également en tout livre français qu’on lui présente. Dans l’espace d’environ vingt-cinq ans, il a servi à plus de quarante mille enfans, tant à Paris qu’à Auxerre, pour apprendre à lire.

Dans les Grandes Ecoles, dans les Moyennes et dans les Mixtes, la premiere lecture se faisoit le matin, alternativement un jour dans le Nouveau Testament de Sacy, et l’autre dans l’Ancien Testament de Mesengui. Tandis que chacun lisoit de suite son verset ou sa phrase tout haut à son tour, tous les autres suivoient exactement des yeux, pour être en état de continuer sitôt que le Maître l’ordonneroit : car il interrompoit fréquemment le cours ordinaire pour avertir un autre de continuer et tenir ainsi tout son monde en haleine. Enfin il ne terminoit cet exercice de la lecture qu’après avoir fait rendre compte à plusieurs de ce qui venoit d’être lu.

L’exercice de l’écriture duroit depuis neuf heures jusqu’à dix. Pendant la correction de l’écriture, le sous-Censeur lisoit une figure de la Bible de Royaumont, dont chacun devoit être prêt de rendre compte.

Avant dix heures, les enfans répétoient, dans les Grandes Ecoles, chacun quatre demandes du Catéchisme du diocese. Dans les Moyennes et les Mixtes, chacun trois ; et dans les Petites, chacun deux. La même chose avoit lieu le soir, avant quatre heures, et ainsi toute la semaine ; excepté le mercredi matin, qu’au-lieu de catéchisme on répétoit l’Epître du dimanche suivant ; et le samedi matin, l’Evangile. Les enfans des Petites Ecoles, et les moindres des Moyennes et des Mixtes, n’étoient point obligés à ces deux dernieres répétitions : ceux qui faisoient l’une ou l’autre en étoient récompensés.

Les jours que les enfans entendoient la Messe, on abrégeoit un peu chaque exercice de l’Ecole pour satisfaire à ce devoir.

Depuis dix heures jusqu’à dix heures et demie, et le soir depuis quatre heures jusqu’à quatre heures et demie, les Maîtres faisoient un catéchisme qui étoit une explication du Catéchisme du diocese que les enfans venoient de répéter. Les jours où, au-lieu de répéter le Catéchisme du diocese, on venoit de répéter l’Epitre ou l’Evangile, le catéchisme en étoit également une explication. Et aux jours de fêtes, le catéchisme se faisoit sur la fête. En chacun de ces catéchismes, on traitoit les vérités avec plus ou moins d’étendue, suivant la portée des enfans. Ainsi les vérités traitées avec peu d’étendue dans les Petites Ecoles, étoient traitées avec un peu plus d’étendue dans les Moyennes, et avec beaucoup plus d’étendue dans les Mixtes et dans les Grandes.

Après le catéchisme et la priere qui le terminoit, le Maître congédioit les enfans, qui s’en alloient tranquillement en rang deux à deux sous la conduite des charges.

L’après-midi, tous les Maîtres, rendus à leurs Ecoles avant une heure et demie, s’occupoient jusqu’à deux heures de la répétition des enfans. Depuis deux heures jusqu’à trois, la lecture se faisoit, tous les lundis et jeudis, en latin, dans le Pseautier distribué. Tous, les mardis, dans les Regles de la Civilité de M. de la Salle ; et tous les vendredis, dans la Grammaire française.

Depuis trois heures jusqu’à quatre, le calcul et ensuite l’écriture. Pendant l’écriture et la correction que le Maître en faisoit, le Censeur lisoit la vie du Saint du lendemain, dont chaque enfant devoit être prêt de rendre compte.

Depuis quatre heures jusqu’à quatre heures et demie, le catéchisme, comme il a déja été dit. Ensuite la priere du soir. Après quoi les enfans se retiroient tranquillement chez eux dans le même ordre que le matin.

Le Supérieur faisoit de temps en temps la visite de toutes les Ecoles, pour examiner le progrès des enfans : cet examen fait, et le Maître entendu sur l’application et la bonne conduite d’un certain nombre d’enfans, et sur la négligence et inconduite de quelques au( 22) tres, il récompensoit les premiers par des li. vresou des images, suivant que chacun avoit plus ou moins profiré ; et faisoit aux autres les repréhensions qwils méritoient.

Il faisoit aussi tous les mois une visite culiere aux Grandes Ecoles, pour reconnoître le nombre d’enfans qui avoient quitté Ecole pendant le trimestre : ensuite il faisoit une autre visite aux Moyennes, ot il choisissoit parmit les plus avaneés un pareil nombre d’en- fans, pour remplir le vuide desGrandes. Enfin il faisoit une antre visite dans les Petites Eco- les, ol il chosissoit également parmi les plus avances un nombre suffisant d’enfans pour remplir le ynide des Moyennes,

Tous les ans à la fin de année classique, qui étoit du vingt an vingt-cing Aott, on dis. tribuoit des livres aux enfangs qui s’étoient dis- tingués par leur assiduité 4 répeter des cha- nitres, particulierement du Nouyean et de ’Ancien. Testament : car il y en ayoit qui ayant une mémoire plus heureuse, et fyi quentant’Ecole plus long-tems, ajout la répétition de ces deux livres, Pseaumes, des Vies des Saints, de des Confessions de S. Anoustin, des Poémes de Racine sur la Religion ct sur la Grace » et du grand Catéchisme de Montpellier ; Vantres celui de Naples, en trois volumes, Le Curé de la paroisse faisoit la distribution des pr et la Communauté en faisoit la dépens qui, avec les autres livres qui se 4 Sts le cours de’année, montoient me de huit ou neuf cents francs.

Le temps des vacances duroit depuis environ le 20 Aotit jusqu’au premier lundi d’Octobre.

On faisoit tous les ans trois pelerinages : le Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/25

En 1713, M. l’Abbé Goury, de sainte mémoire, qui avoit la surveillance des Ecoles de la Paroisse Saint Gervais, engagea M. l’Abbé Potherie, qui, depuis quelques années, étoit retiré dans les excellentes Ecoles d’Orléans, à venir se mettre à la tête des Ecoles du faubourg Saint-Antoine. Ce digne Ecclésiastique connu, estimé et respecté de Mme. d’Orléans, Abbesse de Chelles, retirée au monastere de Trainel, qui le fit son Aumônier, gouverna les Ecoles avec zele et intelligence pendant 44 ans. Tout pauvre qu’il étoit lui-même, il employoit tous les ans deux cents francs, c’est-à-dire, la moitié de son revenu, à fournir aux pauvres enfans de ses cheres Ecoles, des sabots, des bas et d’autres hardes ; du pain, des légumes, et du bouillon lorsqu’ils étoient malades.

M. Goy, de son côté, fournit jusqu’à la fin de ses jours à la dépense de la Communauté, tant par lui-même que par ses amis.

Un de ceux qui s’intéresserent le plus à cette bonne œuvre, fut M. l’Abbé Tabourin, l’un des Supérieurs de la Communauté de Ste Barbe. Ce vertueux Prêtre qui, pénétré de douleur à la vue de l’ignorance, ne voyoit rien de plus utile que la distribution de bons livres, et l’établissement d’Ecoles où les enfans de l’un et l’autre sexe fussent solidement instruits de la religion ; et qui, en conséquence, fournissoit à l’entretien, nourriture et logement d’un grand nombre de Maîtres et Maitresses d’Ecoles en différentes Paroisses, tant de Paris que de la campagne, habilloit les enfans, les mettoit en mêtier, leur donnoit du pain, etc. ; logea aussi gratuitement ceux du faubourg Saint-Antoine dans une Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/27 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/28 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/29 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/30 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/31 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/32 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/33 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/34 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/35 remplir exactement toutes leurs fonctions jusqu’à cette époque, malgré toutes les tentatives du fameux abbé Bernard pour accélérer leur séparation, et la chûte des Ecoles où il avoit été élevé, La reconnoissance et l’attachement du grand nombre firent toujours échouer ses efforts et ceux de deux ou trois compagnons de son ingratitude, comme ils le furent ensuite de sa fin malheureuse. En vain, dans le cours de brumaire 1793, les dénonça-t-il jusqu’à trois fois à la section de la rue Montreuil, comme contrevenant aux Décrets de la Convention en vivant en communauté : d’après la réponse qu’y fit, le 5 frimaire an 2, un des Instituteurs (le cit. R.), la Section se reposant sur les Autorités constituées, de l’exécution des Décrets de la Convention, et ne voyant dans cette réunion d’amis, que les avantages qu’ils lui procuroient, sans être à charge à personne, déclara, Qu’ils avoient toujours mérité sa confiance, les invita à lui continuer leurs services, et les exempta de monter la garde qu’ils avoient toujours payée jusques-là. Bernard qui, après avoir marié l’Abbé Aubert, s’étoit aussi marié lui-même, dénonça alors cet Instituteur et ses confrères ; comme signataires d’une pétition incivique contre le mariage des Prêtres. L’Instituteur répondit : Que laissant les citoyens Aubert et Bernard pour ce qu’ils étoient, il avoit déclaré par écrit, comme il le déclaroit encore de vive voix, en présence de toute l’Assemblée, Que ces deux Prêtres mariés avoient entiérement perdu sa confiance, et ne la récouvreroient jamais. Ce n’est point, ajouta-t-il, comme le prétend un des préopinans, à l’instigation du cit. Curé de Ste-Mar- Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/37 Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/38 enfans et les fideles coopérateurs de sa charité et de ses bienfaits, il les récompensa autant qu’il put, chacun en proportion du temps qu’il y avoit coopéré. Comme depuis long-temps il étoit très-infirme, sitôt qu’il fut entièrement débarrassé des soins qui le retenoient à Paris, il se retira à sa maison de Conges, où il mourut le 2 mars 1796, encore plus chargé de vertus et de bonnes œuvres, que d’années. Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur. Dès à présent, dit l’Esprit, ils vont se reposer de leurs travaux : car leurs œuvres les suivent.

Le 14 germinal 1794, tous les Instituteurs remirent les clefs de leurs Ecoles aux différens Comités de Bienfaisance, qui, en les recevant, leur témoignerent tous leurs regrets. Alors les vues et raisons d’utilité publique qui avoient engagé tant de personnes estimables à se réunir ensemble n’ayant plus lieu, ils se séparerent peu-à-peu, jusqu’à ce qu’enfin il n’en resta plus que deux, le Supérieur qui y demeura jusqu’en 1797, et son voisin qui y demeure encore, tant par opposition naturelle à tout changement, que par attachement aux nouveaux Propriétaires, qui, de leur côté, lui ont toujours témoigné de l’estime.

Ainsi finit la Communauté des Ecoles Chrétiennes du faubourg S.-Antoine, après avoir subsisté 81 ans ; et celle des Ecoles S.-Charles d’Auxerre, après avoir subsisté 31 ans.

Après cette séparation, chacun prit, suivant que l’occasion s’en présenta, un emploi proportionné à ses talens et à son goût. Quelques-uns s’occuperent et s’occupent encore aujourd’hui à montrer en ville, et continuerent ainsi en particulier ce qu’ils avoient Page:Mémoire historique sur la communauté St.-Antoine, etc., 1850.pdf/40 met pas de jouir du succès des soins qu’on en prendroit, puisque la requisition viendroit les enlever à mesure qu’on les formeroit : cependant si des circonstances plus heureuses permettoient au Gouvernement de prendre cela en considération, il sauroit bien trouver dans sa sagesse un moyen de favoriser l’un sans nuire à l’autre.

Nota. Nous croyons devoir prévenir ici le Public, que nous avons dessein de rédiger, sur cet objet, un Mémoire de la valeur d’un volume in-8°., dont nous nous proposons de déposer un exemplaire manuscrit à la Bibliotheque des Archives nationales, où nous espérons qu’on voudra bien le recevoir ; afin que si, par la suite, il plaît à Dieu de susciter, dans sa miséricorde, quelqu’homme de bonne volonté, comme il en a suscité dans le siecle dernier, qui veuille rétablir quelque chose de semblable, il puisse consulter là ce Recueil, et y puiser quelques lumieres.





  1. Voyez le projet du Calendrier liturgique.
  2. Note de Wikisource L’auteur fait erreur : il s’agit de 1760 et non 1769. L'erreur est reprise de la préface du Traité de la manière d'enseigner à lire.