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Mémoires (Saint-Simon)/Tome 7/4

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CHAPITRE IV.


Mort et caractère du P. de La Chaise. — Surprenant aveu du roi. — Énorme avis donné au roi par le P. de La Chaise. — P. Tellier confesseur ; manière dont ce choix fut fait. — Caractère du P. Tellier. — Pronostic de Fagon sur le P. Tellier. — Avances du P. Tellier vers moi. — Mort de Mme d’Heudicourt ; son caractère, et de son mari, et de son fils. — Mort du chevalier d’Elboeuf ; d’où dit le Trembleur. — M. d’Elboeuf ne passe point la qualité de prince aux Bouillon, en son contrat de mariage avec Mlle de Bouillon, en 1656. — Mort du comte de Benavente. — Sa charge de sommelier du corps donnée au duc d’Albe. — Fin et mort de Mme de Soubise. — Entreprise de M. de Soubise rendue vaine.


La cour vit en ce temps-ci renouveler un ministère qui par sa longue durée s’étoit usé jusque dans sa racine, et n’en étoit par là que plus agréable au roi. Le P. de La Chaise mourut-le 20 janvier, aux Grands-Jésuites de la rue Saint-Antoine. Il étoit petit-neveu du fameux P. Cotton, et neveu paternel du P. d’Aix qui le fit jésuite où il se distingua dans les emplois de professeur, et après dans ceux de recteur de Grenoble et de Lyon, puis de provincial de cette province ; il étoit gentilhomme, et son père, qui s’étoit bien allié et avoit bien servi, auroit été riche pour son pays de Forez s’il n’avoit pas eu une douzaine d’enfants. Un de ceux-là, qui se connoissoit parfaitement en chiens, en chasses, et en chevaux qu’il montoit très bien, fut longtemps écuyer de l’archevêque de Lyon, frère et oncle des maréchaux de Villeroy, et commanda son équipage de chasse pour laquelle ce prélat étoit passionné. C’est le même que nous avons vu capitaine de la porte, et son fils après lui.

Les deux frères étoient à Lyon dans les emplois que je viens de dire, lorsque le P. de La Chaise succéda en 1675 au P. Ferrier, confesseur du roi ; ainsi le P. de La Chaise le fut plus de trente-deux ans. La fête de Pâques lui causa plus d’une fois des maladies de politique pendant l’attachement du roi pour Mme de Montespan. Une entre autres, il lui envoya le P. Dechamps en sa place, qui bravement refusa l’absolution. Ce jésuite a été fort connu provincial de Paris, et par la confiance de M. le Prince le héros, dans les dernières années de sa vie.

Le P. de La Chaise étoit d’un esprit médiocre, mais d’un bon caractère, juste, droit, sensé, sage, doux et modéré, fort ennemi de la délation, de la violence et des éclats. Il avoit de l’honneur, de la probité, de l’humanité, de la bonté ; affable, poli, modeste, même respectueux. Lui et son frère ont toujours publiquement conservé une reconnoissance marquée jusqu’à une sorte de dépendance pour les Villeroy ; il étoit désintéressé en tout genre quoique fort attaché à sa famille ; il se piquoit de noblesse, et il la favorisa en tout ce qu’il put. Il étoit soigneux de bons choix pour l’épiscopat, surtout pour les grandes places, et il y fut heureux tant qu’il y eut l’entier crédit. Facile à revenir quand il avoit été trompé, et ardent à réparer le mal que la tromperie lui avoit fait faire. On en a vu en son lieu un exemple sur l’abbé de Caudelet ; d’ailleurs judicieux et précautionné, bon homme et bon religieux, fort jésuite, mais sans rage et sans servitude, et les connoissant mieux qu’il ne le montroit, mais parmi eux comme l’un d’entre eux. Il ne voulut jamais pousser le Port-Royal des Champs jusqu’à la destruction, ni entrer en rien contre le cardinal de Noailles, quoique parvenu à tout sans sa participation. Le cas de conscience et tout ce qui se fit contre lui de son temps, se fit sans la sienne. Il ne voulut point non plus entrer trop avant dans les affaires de la Chine, mais il favorisa toujours tant qu’il put l’archevêque de Cambrai, et fut toujours fidèlement ami du cardinal de Bouillon, pour lequel, en toutes sortes de temps, il rompit bien des glaces.

Il eut toujours sur sa table le Nouveau Testament du P. Quesnel qui a fait tant de bruit depuis, et de si terribles fracas ; et quand on s’étonnoit de lui voir ce livre si familier à cause de l’auteur, il répondoit qu’il aimoit le bon et le bien partout où il le rencontroit ; qu’il ne connoissoit point de plus excellent livre, ni d’une instruction plus abondante ; qu’il y trouvoit tout ; et que, comme il avoit peu de temps à donner par jour à des lectures de piété, il préféroit celle-là à toute autre.

Il eut tout le crédit de la distribution des bénéfices pendant les quinze ou vingt dernières années de l’archevêque de Paris, Harlay. Son indépendance de Mme de Maintenon fut toujours entière et sans commerce avec elle ; aussi le haïssait-elle, tant pour cette raison, que pour son opposition à la déclaration de son mariage, mais sans oser jamais lui montrer les dents, parce qu’elle connoissoit de la disposition du roi à son égard. Elle se servit de Godet, évêque de Chartres, qu’elle introduisit peu à peu dans la confiance du roi, puis du cardinal de Noailles, après le mariage de sa nièce et à l’occasion de l’affaire de M. de Cambrai, pour balancer la distribution des bénéfices, et y entrer elle-même de derrière ses deux rideaux, ce qui commença à déshonorer le clergé de France, par les ignorants et les gens de néant que M. de Chartres et Saint-Sulpice introduisirent dans l’épiscopat, à l’exclusion tant qu’ils purent de tous autres.

Vers quatre-vingts ans, le P. de La Chaise, dont la tête et la santé étoient encore fermes, voulut se retirer : il en fit plusieurs tentatives inutiles. La décadence de son corps et de son esprit, qu’il sentit bientôt après, l’engagea à redoubler ses instances. Les jésuites, qui s’en apercevoient plus que lui, et qui sentoient la diminution de son crédit, l’exhortèrent à faire place à un autre qui eût la grâce et le zèle de la nouveauté. Il désiroit sincèrement le repos, et il pressa le roi de le lui accorder tout aussi inutilement. Il fallut continuer à porter le faix jusqu’au bout. Les infirmités et la décrépitude qui l’accueillirent [1] bientôt après ne purent le délivrer. Les jambes ouvertes, la mémoire éteinte, le jugement affaissé, les connoissances brouillées, inconvénients étranges pour un confesseur, rien ne rebuta le roi, et jusqu’à la fin il se fit apporter le cadavre et dépêcha avec lui les affaires accoutumées. Enfin, deux jours après un retour de Versailles, il s’affaiblit considérablement, reçut les sacrements, et eut pourtant le courage, plus encore que la force, d’écrire au roi une longue lettre de sa main, à laquelle il reçut réponse du roi de la sienne tendre et prompte ; après quoi il ne s’appliqua plus qu’à Dieu.

Le P. Tellier, provincial, et le P. Daniel, supérieur de la maison professe, lui demandèrent s’il avoit accompli ce que sa conscience pouvoit lui demander et s’il avoit pensé au bien et à l’honneur de la compagnie. Sur le premier point, il répondit qu’il étoit en repos ; sur le second, qu’ils s’apercevroient bientôt par les effets qu’il n’avoit rien à se reprocher. Fort peu après, il mourut fort paisiblement à cinq heures du matin.

Les deux supérieurs vinrent apporter au roi, à l’issue de son lever, les clefs du cabinet du P. de La Chaise, qui y avoit beaucoup de mémoires et de papiers. Le roi les reçut devant tout le monde, en prince accoutumé aux pertes, loua le P. de La Chaise surtout de sa bonté, puis souriant aux pères : « Il étoit si bon, ajouta-t-il tout haut devant tous les courtisans, que je le lui reprochois quelquefois, et il me répondoit : « Ce n’est pas moi qui suis bon, mais vous qui êtes dur. » Véritablement les pères et tous les auditeurs furent surpris du récit jusqu’à baisser la vue. Ce propos se répandit promptement, et personne n’en put blâmer le P. de La Chaise.

Il para bien des coups en sa vie, supprima bien des friponneries et des avis anonymes contre beaucoup de gens, en servit quantité, et ne fit jamais de mal qu’à son corps défendant. Aussi fut-il généralement regretté. On avoit toujours compris que ce seroit une perte ; mais on n’imagina jamais que sa mort seroit une plaie universelle et profonde comme elle la devint, et comme elle ne tarda pas à se faire sentir par le terrible successeur du P. de La Chaise, à qui les ennemis mêmes des jésuites furent forcés de rendre justice après, et d’avouer que c’étoit un homme bien et honnêtement né, et tout fait pour remplir une telle place.

Maréchal, premier chirurgien du roi, qui avoit sa confiance, homme droit et parfaitement vrai, que j’ai cité plus d’une fois, nous a conté, à Mme de Saint-Simon et à moi, une anecdote bien considérable et qui mérite de n’être pas oubliée. Il nous dit que le roi dans l’intérieur de ses cabinets, regrettant le P. de La Chaise et le louant de son attachement à sa personne, lui avoit raconté une grande marque qu’il lui en avoit donnée : que peu d’années avant sa mort, il lui avoit dit qu’il se sentoit vieillir, qu’il arriveroit peut-être plus tôt qu’il ne pensoit, qu’il faudroit choisir un autre confesseur, que l’attachement qu’il avoit pour sa personne le déterminoit uniquement à lui demander en grâce de le prendre dans sa compagnie, qu’il la connoissoit, qu’elle étoit bien éloignée de mériter tout ce qui s’est dit et écrit contre elle, mais qu’enfin il lui répétoit qu’il la connoissoit, que son attachement à sa personne et à sa conservation l’engageoit à le conjurer de lui accorder ce qu’il lui demandoit, que c’étoit une compagnie très étendue composée de bien des sortes de gens et d’esprit dont on ne pouvoit répondre, qu’il ne falloit point mettre au désespoir, et se mettre ainsi dans un hasard dont lui-même ne lui pouvoit répondre, et qu’un mauvais coup étoit bientôt fait et n’étoit pas sans exemple. Maréchal pâlit à ce récit que lui fit le roi, et cacha le mieux qu’il put le désordre où il en tomba.

Cette considération unique fit rappeler les jésuites par Henri IV, et les fit combler de biens. La pyramide de Jean Châtel [2] les mettoit au désespoir ; ils trouvèrent, sous Louis XIV, Fourcy, prévôt des marchands, capable de les écouter, et en état de l’oser par le crédit de Boucherat, chancelier de France, son beau-père, qui, appuyé du roi, contint le parlement. Fourcy fit abattre la pyramide sans en laisser la moindre trace ; son fils, sortant du collège, en eut l’abbaye de Saint-Vandrille de plus de trente-six mille livres à l’étonnement publie, et en jouit encore. C’est même un fort honnête homme et considéré, qui ne s’est pas soucié d’être évêque.

Le roi n’étoit pas supérieur à Henri IV ; il n’eut garde d’oublier le document du P. de La Chaise, et de se hasarder à la vengeance de sa compagnie en choisissant hors d’elle un confesseur. Il vouloit vivre et vivre en sûreté. Il chargea les ducs de Chevreuse et de Beauvilliers d’aller à Paris, de s’informer, avec toutes précautions qu’ils pourroient y apporter, de qui d’entre les jésuites il pourroit prendre pour confesseur.

M. de Chartres et le curé de Saint-Sulpice ne regardoient pas ce choix avec indifférence ; ils voulurent y influer. Toutefois ils n’en avoient nulle commission, elle n’étoit donnée qu’aux deux ducs dont ils n’étoient pas à portée. L’affaire de M. de Cambrai avoit élevé un puissant mur de séparation entre eux. Le malheur voulut que la mort du P. de La Chaise arrivât dans la conjoncture où les affaires de Flandre entre Mgr le duc de Bourgogne et M. de Vendôme avoient rapproché Mme de Maintenon et M. de Beauvilliers jusqu’à l’entière confidence là-dessus, et aux mesures communes, comme je l’ai raconté. Ces affaires prenoient un cours qui répondoit à leurs soins ; mais elles n’étoient pas finies. Le commerce, la confiance, les mesures continuoient encore là-dessus. Mme de Maintenon profita de la conjoncture, et, malgré tout ce qui s’étoit passé, elle obtint que l’évêque de Chartres et le curé de Saint-Sulpice, qui n’étoit qu’un, seroient admis par les deux ducs à conférer sur le choix. L’un et l’autre étoient prévenus d’estime et d’affection pour Saint-Sulpice, comme l’étoit M. de Cambrai. La Chétardie en étoit curé, il n’existoit pas lors de l’affaire de M. de Cambrai, et dans la vérité c’étoit un homme de bien, mais une espèce d’imbécile. J’aurai lieu d’en parler ailleurs. Mené par M. de Chartres ; il appuya sur le P. Tellier. Les jésuites avoient dressé pour lui toutes leurs batteries, les deux ducs en furent les dupes, et bientôt après l’Église et l’État les victimes.

Le P. Tellier, lors provincial de Paris, eut l’approbation décisive des deux ducs ; sur leur rapport le roi le choisit, et ce choix fut incompréhensible de ce même prince qui, pour beaucoup moins en même genre, avoit ôté le P. Le Comte à Mme la duchesse de Bourgogne, dont il étoit confesseur depuis plusieurs années, et fort goûté d’elle et de toute la cour, et le fit aller à Rome sans que les jésuites avec tout leur art et leur crédit pussent parer le coup. La délibération du choix d’un confesseur dura un mois, depuis le 20 janvier que mourut le P. de La Chaise, jusqu’au 21 février que le P. Tellier fut nommé. Il fut comme son prédécesseur confesseur aussi de Monseigneur, contrainte bien dure à l’âge de ce prince. J’anticipe ici ce mois pour ne pas couper une matière si curieuse.

Le P. Tellier étoit entièrement inconnu au roi ; il n’en avoit su le nom que parce qu’il se trouva sur une liste de cinq ou six jésuites que le P. de La Chaise avoit faite de sujets propres à lui succéder. Il avoit passé par tous les degrés de la compagnie, professeur, théologien, recteur, provincial, écrivain. Il avoit été chargé de la défense du culte de Confucius et des cérémonies chinoises, il en avoit épousé la querelle, il en avoit fait un livre qui pensa attirer d’étranges affaires à lui et aux siens, et qui à force d’intrigues et de crédit à Rome, ne fut mis qu’à l’index ; c’est en quoi j’ai dit qu’il avoit fait pire que le P. Le Comte, et qu’il est surprenant que malgré cette tare il ait été confesseur du roi.

Il n’étoit pas moins ardent sur le molinisme, sur le renversement de toute autre école, sur l’établissement en dogmes nouveaux de tous ceux de sa compagnie sur les ruines de tous ceux qui y étoient contraires et qui étoient reçus et enseignés de tout temps dans l’Église. Nourri dans ces principes, admis dans tous les secrets de sa société par le génie qu’elle lui avoit reconnu, il n’avoit vécu depuis qu’il y étoit entré que de ces questions et de l’histoire intérieure de leur avancement, que du désir d’y parvenir, de l’opinion que pour arriver à ce but il n’y avoit rien qui ne fût permis et qui ne se dût entreprendre. Son esprit dur, entêté, appliqué sans relâche, dépourvu de tout autre goût, ennemi de toute dissipation, de toute société, de tout amusement, incapable d’en prendre avec ses propres confrères, et ne faisant cas d’aucun que suivant la mesure de la conformité de leur passion avec celle qui l’occupoit tout entier. Cette cause dans toutes ces branches lui étoit devenue la plus personnelle, et tellement son unique affaire, qu’il n’avoit jamais eu d’application ni travail que par rapport à celle-là, infatigable dans l’un et dans l’autre. Tout ménagement, tout tempérament là-dessus lui étoit odieux, il n’en souffroit que par force ou par des raisons d’en aller plus sûrement à ses fins. Tout ce qui en ce genre n’avoit pas cet objet étoit un crime à ses yeux et une faiblesse indigne.

Sa vie étoit dure par goût et par habitude, il ne connoissoit qu’un travail assidu et sans interruption ; il l’exigeoit pareil des autres sans aucun égard, et ne comprenoit pas qu’on en dût avoir. Sa tête et sa santé étoient de fer, sa conduite en étoit aussi, son naturel cruel et farouche. Confit dans les maximes et dans la politique de la société, autant que la dureté de son caractère s’y pouvoit ployer, il étoit profondément faux, trompeur, caché sous mille plis et replis, et quand il put se montrer et se faire craindre exigeant tout, ne donnant rien, se moquant des paroles les plus expressément données lorsqu’il ne lui importoit plus de les tenir, et poursuivant avec fureur ceux qui les avoient reçues. C’étoit un homme terrible qui n’alloit à rien moins qu’à destruction, à couvert et à découvert, et qui, parvenu à l’autorité, ne s’en cacha plus.

Dans cet état, inaccessible même aux jésuites, excepté à quatre ou cinq de même trempe que lui, il devint la terreur des autres ; et ces quatre ou cinq même n’en approchoient qu’en tremblant, et n’osaient le contredire qu’avec de grandes mesures, et en lui montrant que, par ce qu’il se proposoit, il s’éloignoit de son objet, qui étoit le règne despotique de sa société, de ses dogmes, de ses maximes, et la destruction radicale de tout ce qui y étoit non seulement contraire, mais de tout ce qui n’y seroit pas soumis jusqu’à l’abandon aveugle.

Le prodigieux de cette fureur jamais interrompue d’un seul instant par rien, c’est qu’il ne se proposa jamais rien pour lui-même, qu’il n’avoit ni parents ni amis, qu’il étoit né malfaisant, sans être touché d’aucun plaisir d’obliger, et qu’il étoit de la lie du peuple et ne s’en cachoit pas ; violent jusqu’à faire peur aux jésuites les plus sages, et même les plus nombreux et les plus ardents jésuites, dans la frayeur qu’il ne les culbutât jusqu’à les faire chasser une autre fois.

Son extérieur ne promettoit rien moins, et tint exactement parole ; il eût fait peur au coin d’un bois. Sa physionomie étoit ténébreuse, fausse, terrible ; les yeux ardents, méchants, extrêmement de travers : on étoit frappé en le voyant.

À ce portrait exact et fidèle d’un homme qui avoit consacré corps et âme à sa compagnie, qui n’eut d’autre nourriture que ses plus profonds mystères, qui ne connut d’autre Dieu qu’elle, et qui avoit passé sa vie enfoncé dans cette étude, du génie et de l’extraction qu’il étoit, on ne peut être surpris qu’il fût sur tout le reste grossier et ignorant à surprendre, insolent, impudent, impétueux, ne connoissant ni monde, ni mesure, ni degrés, ni ménagements, ni qui que ce fût, et à qui tous moyens étoient bons pour arriver à ses fins. Il avoit achevé de se perfectionner à Rome dans les maximes et la politique de sa société, qui pour l’ardeur, de son naturel et son roide avoit été obligée de le renvoyer promptement en France, lors de l’éclat que fit à Rome son livre mis à l’index.

La première fois qu’il vit le roi dans son cabinet, après lui avoir été présenté, il n’y avoit que Bloin et Fagon dans un coin. Fagon, tout voûté et appuyé sur son bâton, examinoit l’entrevue et la physionomie du personnage, ses courbettes et ses propos. Le roi lui demanda s’il étoit parent de MM. Le Tellier. Le père s’anéantit : « Moi, sire, répondit-il, parent de MM. Le Tellier ! je suis bien loin de cela ; je suis un pauvre paysan de basse Normandie, où mon père étoit un fermier. » Fagon qui l’observoit jusqu’à n’en rien perdre, se tourna en dessous à Bloin, et faisant effort pour le regarder : « Monsieur, lui dit-il en lui montrant le jésuite, quel sacré.. ! » et haussant les épaules se remit sur son bâton. Il se trouva qu’il ne s’étoit pas trompé dans un jugement si étrange d’un confesseur. Celui-ci avoit fait toutes les mines, pour ne pas dire les singeries hypocrites d’un homme qui redoutoit cette place, et qui ne s’y laissa forcer que par obéissance à sa compagnie.

Je me suis étendu sur ce nouveau confesseur parce que de lui sont sorties les incroyables tempêtes sous lesquelles l’Église, l’État, le savoir, la doctrine et tant de gens de bien de toutes les sortes, gémissent encore aujourd’hui, et parce que j’ai eu une connoissance plus immédiate et plus particulière de ce terrible personnage qu’aucun homme de la cour.

Mon père et ma mère me mirent entre les mains des jésuites pour me former à la religion, et y choisirent fort heureusement ; car, quelque chose qu’il se publie d’eux, il ne faut pas croire qu’il ne s’y trouve par-ci par-là des gens fort saints et fort éclairés. Je demeurai donc où on m’avoit mis, mais sans commerce avec d’autres qu’avec celui à qui je m’adressois ; celui-là avoit le soin en premier des retraites qu’ils donnoient à leur noviciat à des séculiers plusieurs fois l’année. Il s’appeloit le P. Sanadon, et son emploi le mettoit en relations nécessaires avec les supérieurs, par conséquent avec le P. Tellier, provincial, lorsqu’il fut choisi pour être confesseur. Ce P. Tellier, de son goût et de son habitude farouche, ne voulut voir que ce qui lui fut impossible d’éviter. À son goût se joignit aussi la politique, pour se montrer au roi plus isolé, en effet pour être plus indépendant et se dérober mieux aux égards et aux sollicitations.

Je fus fort surpris que quinze jours ou trois semaines après qu’il fut dans ce ministère, car c’en étoit un très-réel, fort séparé des autres, le P. Sanadon me vint dire qu’il vouloit m’être présenté, ce furent ses termes et ceux du P. Tellier lorsqu’il me l’amena le lendemain. Je ne l’avois jamais vu, et je n’avois été, ni [n’avois] envoyé lui faire compliment ; il m’en accabla, et conclut par me demander la permission de me venir voir quelquefois, et la grâce de vouloir bien le recevoir avec bonté. En deux mots, c’étoit qu’il vouloit lier avec moi ; et moi qui m’en défiois, et qui n’en avois que faire par la situation de ma famille où personne n’étoit dans l’Église, j’eus beau m’écarter poliment, je fus violé. Il redoubla ses visites, me parla d’affaires, me consulta, et pour le dire, me désola par le danger de le rebuter d’une manière grossière, et celui d’entrer en affaires avec lui. Cette liaison forcée, à laquelle je ne répondis que passivement, dura jusqu’à la mort du roi ; elle m’apprit bien des choses qui se trouveront chacune en leur temps.

Il falloit qu’il se fût informé de moi au P. Sanadon qui apparemment lui apprit mes intimes liaisons avec les ducs de Chevreuse et de Beauvilliers, peut-être celle que j’avois avec Mgr le duc de Bourgogne qui étoit alors profondément cachée, et avec M. le duc d’Orléans. Il étoit vrai que dès lors je pointois fort, mais c’étoit sous cloche, et quoique j’entrasse depuis longtemps en beaucoup de choses importantes, le gros du monde ne s’en apercevoit pas encore parfaitement.

La cour fut délivrée d’une manière de démon domestique en la personne de Mme d’Heudicourt, qui mourut sur les huit heures du matin, à Versailles, le jeudi 24 janvier. J’ai parlé suffisamment d’elle (t. Ier, p. 367), de sa fortune, de son mariage par l’hôtel d’Albret, et de l’intime liaison qu’elle y fit avec Mme de Maintenon qui dura toute leur vie, et de tout ce qui s’en est suivi. Elle étoit devenue vieille et hideuse ; on ne pouvoit avoir plus d’esprit ni plus agréable, ni savoir plus de choses, ni être plus plaisante, plus amusante, plus divertissante, sans vouloir l’être. On ne pouvoit aussi être plus gratuitement, plus continuellement, plus désespérément méchante, par conséquent, plus dangereuse, dans la privance la plus familière dans laquelle elle passoit sa vie avec Mme de Maintenon, avec le roi ; tout aussi, faveur, grandeur, places, ministres, enfants du roi, même bâtards, tout fléchissoit le genou devant cette mauvaise fée, qui ne savoit que nuire et jamais servir. Mme la Duchesse étoit fort bien avec elle et sut toujours s’en servir. Son appartement étoit un sanctuaire où n’étoit pas admis qui vouloit. Mme de Maintenon, qui ne la quitta point durant sa maladie, et qui la vit mourir, en fut extrêmement affligée ; elle et le roi y perdirent beaucoup de plaisir, et le monde, aux dépens de qui elle le donnoit, y gagna beaucoup, car c’étoit une créature sans âme.

Son mari en tiroit parti le bâton haut, sans presque vivre avec elle, mais il s’en étoit fait craindre. C’étoit un vieux vilain, fort débauché et horrible, qui étoit souffert à cause d’elle, et [ils] ne laissoient pas de se tourmenter l’un l’autre. Il étoit gros joueur, le plus fâcheux et le plus emporté, et toujours piqué et furieux. C’étoit un plaisir de le voir couper à Marly, au lansquenet, et faire de brusques reculades de son tabouret à renverser ce qui l’importunoit derrière, et leur casser les jambes ; d’autres fois cracher derrière lui au nez de qui l’attrapoit.

Sa femme, avec tout son esprit, craignoit les esprits jusqu’à avoir des femmes à gages pour la veiller toutes les nuits. Cette folie alla au point de mourir de peur d’un vieux perroquet qu’elle perdit après l’avoir gardé vingt ans. Elle en redoubla d'occupées, c’étoit le nom qu’elle donnoit à ses veilleuses. Son fils, qui n’étoit point poltron, avoit la même manie, jusqu’à ne pouvoir être jamais seul le soir ni la nuit dans sa chambre.

C’étoit une manière de chèvre-pied [3] aussi méchant et plus laid encore que [son] père ; très commode aux dames, et par là dans toutes les histoires de la cour, ivrogne à l’excès, il y a de lui mille contes plaisants de ses frayeurs des esprits et de ses ivrogneries. Il faisoit les plus jolies chansons du monde, où il excelloit à peindre les gens avec naïveté, et leurs ridicules avec le sel le plus fin. Le grand prévôt et sa famille, honnêtes gens d’ailleurs, en étoient farcis et n’étoient mêlés à la cour avec personne. Heudicourt s’avisa de faire une chanson sur eux, si naturelle et si ridiculement plaisante, qu’on en riait aux larmes. Le maréchal de Boufflers, en quartier de capitaine des gardes, étant derrière le roi à la messe, où le silence et la décence étoient extrêmes, vit parler et rire autour de lui. Il voulut imposer. Quelqu’un lui dit la chanson à l’oreille. À l’instant voilà cet homme si sage, si grave, si sérieux, si courtisan, qui s’épouffe de rire, et qui, à force de vouloir se retenir, éclate. Le roi se tourne une fois, puis une seconde, le tout pour néant. Les rires continuèrent aux larmes. Le roi, dans la plus grande surprise de voir le maréchal de Boufflers en cet état, et derrière lui, et à la messe, lui demanda, en sortant de la chapelle, et assez sévèrement à qui il en avoit eu. Le maréchal à rire de nouveau qui lui répondit comme il put, que cela ne pouvoit lui être conté que dans son cabinet. Dès qu’il y fut entré, le roi reprit la question. Le maréchal la satisfit par la chanson, et voilà le roi aux éclats à l’entendre de sa chambre. Il fut plusieurs jours sans pouvoir regarder aucun de ces Montsoreau sans éclater, toute la cour de même. Ils furent réduits à disparaître pour quelque temps [4].

À force de boire, Heudicourt s’abrutit tout à fait, mais fort longtemps depuis la mort du roi, et s’est enfin cassé la tête sur un escalier de Versailles, dont il mourut le lendemain. Sa mère, qui mettoit les gens en, pièces, en sérieux ou en ridicule, et qui avoit toujours quelques mais accablants quand elle entendoit dire du bien de quelqu’un devant le roi ou Mme de Maintenon, ne fut regrettée que d’elle. Je disois d’elle et de Mme de Dangeau qui, dans les mêmes privantes, en étoit la contrepartie parfaite qu’elles étoient le mauvais, ange et le bon ange de Mme de Maintenon.

La mort du chevalier d’Elboeuf, arrivée sept ou huit jours après, fit moins de bruit dans le monde. Il étoit fils aîné du duc d’Elboeuf et de sa première femme, qui n’eut que lui et Mme de Vaudemont. Elle étoit fille unique du comte de Lannoy, chevalier de l’ordre en 1633, premier maître d’hôtel du roi, et gouverneur de Montreuil, mort en 1649. Elle épousa en 1643 le comte de La Rocheguyon, premier gentilhomme de la chambre du roi en survivance de son père. Il étoit fils unique des célèbres M. et Mme de Liancourt, et fut tué au siège de Mardick en 1646, ne laissant qu’une fille unique, qui épousa M. de La Rochefoucauld, le grand maître de la garde-robe, le grand veneur, et si bien toute sa vie avec le roi. Sa veuve, épousa M. d’Elboeuf, avec qui elle ne fut pas heureuse. Ce fut en 1648, il en eut le gouvernement de Montreuil, qu’il joignit à celui de Picardie qu’il avoit eu de son père. Il s’emporta si étrangement contre sa femme qui étoit grosse, qu’il la prit entre ses bras pour la jeter par la fenêtre. La frayeur qu’elle en eut la saisit à tel point, que le fils dont elle accoucha naquit tremblant de tout son corps, et ne cessa de trembler toute sa vie. Elle mourut à Amiens en 1654, à 28 ans.

Deux ans après, M. d’Elboeuf se remaria à Mlle de Bouillon, à qui non plus qu’à ses parents, il ne voulut jamais passer la qualité de prince dans le contrat de mariage, parmi tout le lustre dont brilloit alors M. de Turenne. Il en eut le duc d’Elboeuf d’aujourd’hui et le prince Emmanuel son frère. L’état de l’aîné leur fit prendre le parti de l’engager aux vœux de Malte, à se contenter de ce qu’il en put tirer, et à lui faire tout céder à son cadet du second lit. Il choisit on ne sait pourquoi le Mans pour sa demeure, où il vit toujours la meilleure compagnie du pays. Il n’étoit pas ignorant, avoit de l’esprit et de la politesse, même de la dignité, et ne laissoit pas d’être considéré dans sa famille.

Il n’étoit point mal fait et avoit cinquante-neuf ans. Lui et Mme de Vaudemont étoient frère et sœur de mère, de la mère du duc de La Rocheguyon et de M. de Liancourt qui furent leurs héritiers. Ils en eurent la terre de Brunoy, et fort peu de choses d’ailleurs, et je crois rien de Mme de Vaudemont lorsqu’elle mourut.

Le comte de Benavente, de la maison de Pimentel, grand d’Espagne de la première classe, chevalier du Saint-Esprit, et sommelier du corps, mourut à Madrid dans une grande considération. Il a été ci-devant assez parlé de lui, à propos du testament de Charles II et de l’avènement de Philippe V à la couronne d’Espagne, pour n’avoir rien à y ajouter. Il laissa un fils, savant, obscur, toujours hors de Madrid et fort des jésuites. Le roi d’Espagne manda au duc d’Albe, son ambassadeur en France, par un courrier exprès, qu’il lui donnoit la charge de sommelier du corps, qui est une des trois grandes et de laquelle je parlerai en son lieu c’est notre grand chambellan, mais tel qu’il étoit autrefois.

Mme de Soubise touchoit enfin au bout de sa brillante et solide carrière. Sa beauté lui coûta la vie. Soutenue de son ambition et de l’usage qu’elle avoit fait de l’une et de l’autre, je ne sais si elle fut fort occupée d’autres pensées prête à voir des choses bien différentes. Elle avoit passé sa vie dans le régime le plus austère pour conserver l’éclat et la fraîcheur de son teint. Du veau et des poulets ou des poulardes rôties ou bouillies, des salades, des fruits, quelque laitage, furent sa nourriture constante, qu’elle n’abandonna jamais, sans aucun autre mélange, avec de l’eau quelquefois rougie ; et jamais elle ne fut troussée comme les autres femmes, de peur de s’échauffer les reins et de se rougir le nez. Elle avoit eu beaucoup d’enfants dont quelques-uns étoient morts des écrouelles, malgré le miracle qu’on prétend attaché à l’attouchement de nos rois. La vérité est que, quand ils touchent les malades, c’est au sortir de la communion. Mme de Soubise, qui ne demandoit pas la même préparation, s’en trouva enfin attaquée elle-même quand l’âge commença à ne se plus accommoder d’une nourriture si rafraîchissante. Elle s’en cacha et alla tant qu’elle put ; mais il fallut demeurer chez elle les deux dernières années de sa vie, à pourrir sur les meubles les plus précieux, au fond de ce vaste et superbe hôtel de Guise qui, d’achat ou d’embellissements et d’augmentations, leur revient à plusieurs millions.

De là, plus que jamais occupée de faveur, et d’ambition, elle entretenoit son commerce de lettres avec le roi et Mme de Maintenon, et se soutint dans sa même considération à la cour et dans son même crédit. On a vu avec quelle attention elle suivit la promotion de son fils, à propos de ce que j’ai raconté du chapeau demandé par l’empereur pour le prince de Lorraine, évêque d’Olmutz. Elle avoit souvent dit que, quelque rang que les maisons eussent acquis, il n’y avoit de solide que la dignité de duc et pair, et c’étoit aussi à quoi elle avoit toujours tendu. Je ne sais par quelle fatalité son crédit, qui emporta tant de choses si étranges, ne put obtenir celle-là. Elle se trouvoit à la portée d’autres gens considérables dont le roi craignit peut-être les cris et l’entraînement contre son goût, à l’occasion de cette grâce accordée à Mme de Soubise. Quoi qu’il en soit, elle n’y put parvenir ; ce devoit être un des miracles de la constitution Unigenitus, comme on le verra dans la suite.

Cependant Mme de Soubise, hors d’espérance d’y arriver de plein saut, cherchoit à s’y échafauder. La mort de Mme de Nemours lui parut ouvrir une porte, non pas telle qu’elle la vouloit, mais pour bien marier une fille du prince de Rohan pour rien. Matignon, parvenu par son ami Chamillart au comble des richesses, cherchoit partout un mariage pour son fils qui pût le faire duc. Il comptoit d’avoir le duché d’Estouteville de la succession de Mme de Nemours ; il espéra du crédit de Mme de Soubise, joint à celui de Chamillart, y réussir. Il convint de prendre pour rien une fille du prince de Rohan, et d’en reconnoître trois cent mille livres de dot, moyennant cette grâce. Mme de Soubise y mit les derniers efforts de son crédit ; mais elle étoit mourante, la grâce d’ailleurs impossible au point qu’il eût été plus aisé, d’obtenir franchement une érection, comme on le verra parmi-les Pièces, et l’affaire avorta. Mme de Soubise n’eut donc pas le plaisir de voir son fils duc, ni sa petite-fille en faire un. Elle ne vécut pas assez pour avoir la joie de voir la calotte rouge sur la tête de son second fils, par les délais de la promotion des couronnes.

Elle mourut à soixante et un ans, le dimanche matin, 3 février, laissant la maison de la cour la plus riche et la plus grandement établie, ouvrage dû tout entier à sa beauté et à l’usage qu’elle en avoit su tirer. Malgré de tels succès, elle fut peu regrettée dans sa famille. Son mari ne perdit pas le jugement ; la douleur ne l’empêcha pas de chercher à tirer parti de la mort de sa femme et du local de sa maison pour faire un acte de prince, non même étranger, mais du sang.

La Merci est vis-à-vis l’hôtel de Guise, et le portail de l’église vis-à-vis la porte de cette maison, le travers étroit de la rue entre-deux. Il s’y étoit fait accommoder une chapelle. De longue main il prévoyoit la mort de sa femme, et il résolut de l’y faire enterrer. La fin de ce projet étoit, sous prétexte d’un si proche voisinage, de l’y faire porter tout droit sans la faire mener à la paroisse, distinction qui n’est que pour les princes et les princesses du sang, qu’on ne porte point aux leurs, mais tout droit au lieu de leur sépulture. Sa femme morte, il brusqua un superbe enterrement, embabouina le curé, qui ne, se douta jamais de la cause réelle, et qui se rendit en dupe à la commodité de la proximité, tellement que Mme de Soubise fut portée droit de chez elle à la Merci, et plus tôt enterrée qu’on ne se fût aperçu de l’entreprise. La chose faite, le cardinal de Noailles la trouva mauvaise, gronda le curé, et ce fut tout. Il étoit des amis de Mme de Soubise. Mais le monde, réveillé par ce peu de bruit, mit incontinent le doigt sur la lettre. On en parla beaucoup et tant et si bien que les mesures furent prises contre les récidives. En effet, M. de Soubise étant mort en 1712, il fut porté à sa paroisse et de là à la Merci. J’ai voulu ne pas omettre cette bagatelle qui montre de plus en plus ces entreprises en toutes occasions, et par quels artifices les rangs et les distinctions de ce qu’on appelle princes étrangers, de naissance ou de grâce, se sont peu à peu formés.




  1. Le manuscrit de Saint-Simon porte le mot accueillirent qui ne paraît pas très exact et que lès précédents éditeurs ont remplacé par le mot assaillirent.
  2. Cette pyramide avait été élevée sur l’emplacement de la maison du père de Jean Châtel, qu’on avait rasée après l’attentat commis par son fils contre Henri IV le 27 décembre 1594. Voy. de Thou, Hist. universelle, liv. CXI, chap. xviii, et Mémoires de Condé, t. VI, supplément, part. III, p. 132 et suiv.
  3. Espèce de satyre que l’on représente avec des pieds de chèvre.
  4. Cette anecdote se trouve déjà dans le t. V, p. 120 ; mais le récit présente beaucoup de variantes, qui ont déterminé à le conserver.