Mémoires d’une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante/05/Notre-Dame de Campocavallo

La bibliothèque libre.

NOTRE-DAME DE CAMPOCAVALLO




En Italie, tout le monde connaît de réputation le sanctuaire de Campocavallo, situé dans les Marches, et déjà sa renommée a franchi les frontières de la péninsule ; déjà l’ancien et le nouveau continents commencent à connaître les miracles de la Madone du diocèse d’Osimo.

Une personne très digne de foi, qui veut bien m’honorer de son amitié, m’a assuré que la Très Sainte Vierge des Sept-Douleurs, fort longtemps avant ma conversion, me témoigna sa bienveillance par un de ces prodiges qui sont constatés, et nombreux, par la commission ecclésiastique constituée à cet effet. Gloire et merci à Marie ! merci à tous les amis connus et inconnus qui firent tant prier pour moi, au temps de ma détestable erreur !

Voici comment j’ai appris ce fait merveilleux :

Dès le lendemain même de ma conversion, cette personne dont je parle m’écrivait ces lignes, au cours d’une lettre :

« … Je voudrais vous renvoyer un peu de la joie que vous me procurez. Du reste, j’attendais, mais pas sitôt, le coup divin. L’apparition de Jeanne d’Arc ne m’avait causé aucune surprise ; mais elle avait accentué mon espérance. Déjà, par ailleurs, je croyais avoir un gage.

« Il y a, en Italie, à Campocavallo, près de Lorette, une vierge miraculeuse, dont, depuis plusieurs années, les yeux à certains moments vivent et laissent tomber des regards tantôt tristes/tantôt pleins d’une bienveillance très douce, sur les personnes qui lui sont présentées ou sur les objets qui les représentent.

« J’avais envoyé à ce sanctuaire votre nom écrit sur une carte, et les religieuses françaises de Lorette, chargées de vous présenter ainsi à la Bonne Mère du ciel, sans connaître votre personne ni même votre nom, m’avaient écrit que le regard de la Très Sainte Vierge s’était abaissé plein de bonté et très accueillant sur la petite carte. Je vous envoie cette carte sous ce pli. J’espère que ma démarche d’alors et mon envoi d’aujourd’hui ne vous déplairont pas. » (Lettre du 15 juin 1895.).

Cette carte, qui est bleue, porte, de l’écriture de mon bien cher correspondant, ces seuls deux mots : Diana Vaughan. Récemment, un autre de mes amis a eu l’occasion de voir le vénéré directeur du sanctuaire, et il m’a écrit à son tour, le 13 octobre :

« … J’ai donc vu, chère miss, don Sorbellini ; j’ai parlé à cet excellent prêtre, à ce saint, devrais-je dire, car il est de ceux dont la pensée est le plus souvent au ciel et à qui Dieu, pour sa gloire, a confié une grande mission pendant la durée de leur vie sur terre. Avec lui, on se sent redevenir meilleur ; j’étais ému, en lui parlant. Nous avons longuement causé de vous. Ce sont les Sœurs de Saint-Joseph, très vraisemblablement, qui ont présenté à Notre-Dame des Sept-Douleurs la petite carte ou votre nom était inscrit. Mgr l’Archevêque de *** s’intéresse fort à la constatation de ce miracle de la Sainte-Vierge en votre faveur ; veuillez lire la lettre que S. G. écrit à don Sorbellini et que celui-ci m’a prié de vous transmettre. L’enquête officielle se poursuit. À Osimo, ainsi que partout où le fait est connu maintenant, on considère ce miracle comme une véritable prophétie de votre conversion.

« Je vous demande encore vos prières, dont j’ai le plus grand besoin, et je vous enverrai demain, par le bienveillant intermédiaire de M***, une photographie de grand format, reproduisant le tableau miraculeux de Campocavallo. Don Sorbellini me l’a remise avec une joie que je renonce à vous décrire. Tous vos lecteurs, j’en ai la conviction, vous seraient reconnaissants, si vous insériez cette reproduction dans vos Mémoires. Oui, chère miss, parlez-leur de ce sanctuaire où la Mère de Dieu vous a manifesté si nettement sa protection ; contribuez, vous dont le cœur déborde de gratitude, à faire connaître les miracles de Campocavallo. Je m’arrête ; ce serait vous faire injure que d’insister davantage… »

Oui, vraiment, c’est avec joie que je parlerai de ce sanctuaire où Dieu fait éclater sa toute-puissance, afin de rappeler à la foi les pauvres humains en ce siècle ravagé par l’incrédulité.

Pour ce qui me concerne, je ne sais rien de plus que ce qu’on vient de lire dans ces extraits de la correspondance de deux de mes amis. J’attends, avec respect, que les vénérables ecclésiastiques, chargés de l’enquête officielle sur les faits de Campocavallo, se soient prononcés. Il en sera de même, de ma part, pour d’autres faits étonnants qui m’ont été rapportés et dont mon âme a été profondément troublée.

Mais bien volontiers je me fais un devoir de satisfaire le pieux désir du Révérendissime Don Sorbellini, curé de l’église de la Sainte-Trinité d’Osimo et directeur du sanctuaire hautement privilégié de Notre-Dame de Campocavallo. C’est pour correspondre à ce désir que je reproduis dans ce fascicule la photographie du miraculeux tableau[1].

Don Sorbellini a eu la bonté de me faire remettre, d’autre part, une brochure qui relate, dans un exposé concis, fort remarquable, les principaux miracles, déjà constatés, de l’image de la Vierge des Sept-Douleurs. Cette brochure, imprimée en français à Sienne (imprimerie Saint-Bernardin, 1895), porte pour titre : Faits merveilleux de Campocavallo, par Don Verrinot. L’imprimatur est donné par Mgr l’Évêque d’Osimo. Le sous-titré dit : « Documents recueillis aux sources les plus autorisées, particulièrement dans la Civiltà Cattolica et l’Écho de la dévotion à la Très Sainte Vierge, paru avec approbation de S. G. l’Évêque d’Osimo, aujourd’hui Cardinal-Archevêque de Ferrare. »

La meilleure manière de montrer la valeur et l’intérêt de cette relation de faits merveilleux, me parait être de reproduire le sommaire de l’ouvrage.

La division est en trois parties : 1° Exposition des faits ; 2° Preuves ; 3° Conclusions.


Exposition des faits. — I. Un coup d’œil sur la voie à parcourir. — II. Les sources. — III. Le sanctuaire de Campocavallo. — IV. Le saint tableau. — V. Les faits merveilleux. — VI. Les mouvements des yeux de l’image continuent-ils encore ?

Preuves. — I. Observations générales. — II. Les mouvements des yeux de la sainte image. — III. Impossibilité de l’illusion objective ou subjective dans ces mouvements. — IV. Attestations diverses ; témoignage du T. R. P. Mortier ; témoignage dit Commandeur Leonz Niderberger. — V. Grâces obtenues, guérisons merveilleuses : Émilie Sforza guérie instantanément de paralysie du bras droit et de douleurs à l’épine dorsale, dans l’église de Campocavallo ; une belle fleur et la Vierge ; aphonie guérie instantanément ; guérison merveilleuse et radicale d’épilepsie ; guérison d’un muet ; un cas désespéré ; admirable guérison d’une tumeur énorme ; un petit enfant estropié ; un petit enfant recouvre la vue de l’œil droit ; Angèle Cecconi et l’image de Notre-Dame des Sept-Douleurs ; une petite enfant guérie ; guérison prodigieuse après quatorze ans de souffrance ; autre guérison merveilleuse après seize ans de maladie.

Conclusions. — I. Le surnaturel éclate avec évidence dans les faits de Capocavallo. — II. Les faits surnaturels de Campocavallo nous rappellent à Celui qui est la Vie. — III. Allons à Notre-Dame des Sept Douleurs.


Ce qui est le plus extraordinaire dans le miracle permanent du tableau de l’Addolorata, c’est qu’il se répète hors de Campocavallo ; les reproductions de la sainte image sont elles-mêmes miraculeuses.

Ainsi, cette guérison après seize ans de maladie, qui est la dernière relatée au chapitre V de la seconde partie, a eu lieu à Valparaiso (Chili). Les miracles hors de Campocavallo, opérés par des lithographies ou des photographies du saint tableau sont innombrables.

À Valparaiso, le docteur Riccard Cannan et tout le monastère du Bon-Pasteur certifient l’authenticité du miracle. Il est absolument prodigieux. Une pieuse demoiselle, nommée Marguerite, volontairement volée à la pénitence dans ce couvent, âgée de trente-neuf ans, était sur le point de rendre l’âme : depuis seize ans, elle souffrait « d’une tumeur abdominale », dit le certificat médical, « avec grandes déperditions de sang qui avaient lieu par vomissements et par d’autres voies ; la malade était radicalement incapable de marcher, de s’agenouiller ; elle fut finalement réduite à un tel état que sa mort était journellement attendue. » Or, voici qu’une personne restée inconnue envoya un jour au couvent quelques unes de ces reproductions, plus ou moins réduites, du tableau de Campocavallo ; Don Sorbellini se fait un agréable devoir d’en envoyer à qui lui en demande ; il en est de très petites qui peuvent se mettre dans une boulette de pain et s’avaler. Marguerite, ardente de foi et craignant que la sainte Communion lui fût refusée à cause de ses continuels vomissements, prit la plus petite des images et l’absorba comme nourriture. À l’instant même les vomissements et la toux disparurent, et ils duraient depuis seize ans !… Le lendemain, on lui apporta le saint Viatique. Il faut lire ce récit, il est des plus émouvants. Guérison complète, disparition subite de l’énorme tumeur, le poumon gauche totalement ulcéré est cicatrisé. Marguerite, qui auparavant ne pouvait faire le plus léger mouvement, quitte son lit, se lève, s’habille, court à la chapelle pour y remercier son auguste bienfaitrice. « La moribonde, écrit la Supérieure du monastère, va dans les chambres, dans les jardins, et, ivre de joie, pour donner des preuves incontestables de sa guérison miraculeuse, elle se livre aux travaux les plus fatigants, elle bèche la terre et veille les malades pendant la nuit. La miraculée était bien devenue la personne la plus robuste, n’éprouvant ni faiblesse, ni fatigue ; et, en ce moment, elle continue à jouir de la plus parfaite santé. »

Je tiens à donner ici l’adresse de Don Sorbellini ; on devra l’écrire ainsi : « Rev. Don Giovanni Sorbellini, curé de la Sainte-Trinité et directeur du sanctuaire de Notre-Dame de Campocavallo, à Osimo (Marches), Italie. ». Ceux de mes lecteurs et lectrices qui ont des malades parmi leurs parents ou amis, peuvent envoyer à Campocavallo un vêtement ou du linge ; l’objet est mis en contact avec le miraculeux tableau et aussitôt retourné, afin que le malade s’en revête. Ou bien, on demandera des petites reproductions de la sainte image, à faire prendre comme aliment. Prière instante de signaler les guérisons obtenues ; car soyons zélés, afin que la commission d’enquête puisse proclamer ces miracles qui confondent l’impiété.

Un nouveau sanctuaire est en voie de construction, à Campocavallo. N’hésitons pas à demander des grâces à la bienveillante Madone des Sept-Douleurs ; elle les accorde avec prodigalité et nous invite à lui prouver notre amour et notre confiance. Demandons et nous obtiendrons ; prions, et nous serons exaucés. Ayons la plus ardente foi, célébrons la gloire de Marie, soyons ses enfants aimants et reconnaissants.




  1. Note Wikisource : La gravure n’est pas reproduite car le fac-similé est de mauvaise qualité.