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Mémoires de la cour de France, pour les années 1688 et 1689

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Œuvres complètes de mesdames de La Fayette, de Tencin et de FontainesLepetit2 (p. 273-384).


MÉMOIRES

DE LA COUR DE FRANCE,

POUR LES ANNÉES 1688 ET 1689.





La France était dans une tranquillité parfaite ; l’on n’y connaissait plus d’autres armes que les instruments nécessaires pour remuer les terres et pour bâtir : on employait les troupes à ces usages, non-seulement avec l’intention des anciens Romains, qui n’était que de les tirer d’une oisiveté aussi mauvaise pour elles que le serait l’excès du travail ; mais le but était aussi de faire aller la rivière d’Eure contre son gré, pour rendre les fontaines de Versailles continuelles : on employait les troupes à ce prodigieux dessein, pour avancer de quelques années les plaisirs du roi ; et on le faisait avec moins de dépenses et moins de temps que l’on n’eût osé l’espérer.

La quantité de maladies que cause toujours le remuement des terres, mettait les troupes, qui étaient campées à Maintenon, où était le fort du travail, hors d’état d’aucun service ; mais cet inconvénient ne paraissait digne d’aucune attention, dans le sein de la tranquillité dont on jouissait. La trêve était faite pour vingt ans avec toute l’Europe. Les Impériaux, quoique victorieux des Turcs, avaient encore assez d'occupation pour nous laisser en repos, et l'on espérait que des conquêtes quasi sûres auraient plus d'appas pour eux que le plaisir d'une vengeance douteuse. L'Espagne était trop abaissée pour nous donner une ombre d'appréhension ; l'Angleterre, trop tourmentée dans ses entrailles, et les deux rois trop liés pour qu'il y eût rien à craindre. L'on était fort persuadé des mauvaises intentions du prince d'Orange ; mais nous étions rassurés par l'état de la république de Hollande, dont le souverain bonheur consiste dans la paix : nous étions donc persuadés que, si la guerre commençait, ce ne pourrait être que par nous.

Tout ce que je viens de dire laissait au roi le plaisir tout pur de jouir de ses travaux. Ses bâtiments, auxquels il faisait des dépenses immenses, l'amusaient infiniment ; et il en jouissait avec les personnes qu'il honore de son amitié, et celles que ces personnes distinguent par-dessus les autres. Il était bien persuadé que, si la paix du Turc se pouvait faire, ses ennemis se rassembleraient tous contre lui ; mais cette pensée-là était trop éloignée pour lui faire de la peine ; cependant cet éloignement n'empêchait pas que la politique ne lui fît prendre des précautions. Une de celles que l'on jugea la plus utile, fut de s'assurer de l'électorat de Cologne, sans s'en saisir. Nous étions déjà les maîtres de tout le Haut-Rhin, par la possession de l'Alsace ; il n'y avait que Philisbourg que nous n'avions pas ; mais l'on bâtissait une place à Landau, pour rendre celle-là inutile aux Impériaux. Luxembourg nous mettait tout le pays de Trêves dans notre dépendance, et une place appelée le Mont-Royal, que nous faisions sur la Moselle, nous en rendait entièrement les maîtres. Par-là, l'électeur de Trêves, celui de Mayence et le Palatin, étaient entièrement sous notre coulevrine, et les ennemis du roi ne pouvaient pas aisément se faire un passage par ces endroits-là. L'électorat de Cologne était donc le seul dont nous ne fussions pas les maîtres. Nous l'avions été par la liaison que M. l'électeur de Cologne avait toujours eue avec le roi ; mais on le voyait dépérir, et il ne pouvait vivre encore long-temps. Comme les chanoines de cette église sont tous allemands, et qu'il en faut nécessairement élever un à la dignité d'électeur, le roi n'en trouvait aucun dans ses intérêts que le prince Guillaume de Furstemberg, qui y avait toujours été, à qui il avait donné l'évêché de Strasbourg après la mort de son frère, qu'il avait fait cardinal, et à qui il avait donné quantité de bénéfices en France. Il avait été de tout temps attaché au roi, et c'étaient son frère et lui qui avaient ménagé tous les commencements de la guerre de Hollande. Le roi jugea donc qu'il lui était nécessaire de l'élever à cette dignité, et l'on crut que l'on y réussirait plus aisément en le faisant du vivant de M. l'électeur, qu'en attendant après sa mort. On fit donc consentir l'électeur à demander un coadjuteur. On s'assembla ; et, après beaucoup de difficultés que formèrent les partisans de l'empereur et de l'Empire, M. de Furstcemberg fut élu coadjuteur. On crut, en ce pays-ci, que c'était une affaire faite, et que rien ne pouvait plus empêcher qu'il ne le fût. On dépêcha des courriers à Rome et à Vienne : à Rome, pour avoir les bulles ; à Vienne, pour l’investiture : toutes les deux furent refusées. L’empereur refusa par son intérêt particulier, et le pape, par une opiniâtreté épouvantable, mêlée d’une haine pour la France, et le tout couvert du voile de religion et de zèle pour l’Église. On ne peut pas dire que le pape ne soit homme de bien, et que, dans les commencements, il n’ait eu des intentions très-droites ; mais il s’est bien écarté de cette voie d’équité et de justice que doit avoir un bon père pour ses enfants. Je crois que l’on ne doit pas trouver mauvais qu’il ait aidé l’empereur, le roi de Pologne et les Vénitiens dans la guerre qu’ils avaient contre les infidèles ; on peut même soutenir le parti qu’il a pris sur l’affaire des franchises, et il est excusable d’avoir été offensé contre les ministres de France sur tout ce qui s’est passé dans les assemblées du clergé ; car c’est son autorité, qui est la chose dont l’humanité est plus jalouse, que l’on attaque ; et, quand l’humanité n’y aurait point de part, et qu’un pape en serait défait en montant sur le trône de saint Pierre, ce serait l’Église et ses droits qu’il défendrait ; mais un endroit où le pape n’est pas pardonnable, ni même excusable, c’est la manière dont il s’est comporté dans l’affaire de Cologne. Pendant le reste de vie de M. l’électeur de Cologne, il refusa les bulles à M. de Furstemberg, qui avait pourtant été élu coadjuteur canoniquement, et qui avait eu toutes les voix nécessaires, sans que le parti de l’empereur, qui proposait un frère de M. de Neubourg, l’eût pu empêcher. Le pape savait l’état où était M. de Cologne, et qu’en ne donnant point de bulles au coadjuteur, il fallait recommencer l’élection à la mort de l’électeur. La raison du pape, pour ne lui point donner de bulles, fut que c’était un homme qui avait mis le feu dans toute l’Europe ; qui était cause des guerres passées ; que celles qui viendraient en seraient toujours une suite ; qu’un homme comme celui-là n’était pas digne de remplir une aussi grande place, et que, s’il y était une fois, il entreprendrait encore plus aisément de troubler le repos de la chrétienté. Le pape s’applaudissait d’une raison qui paraissait sortir des entrailles du père commun des chrétiens, et refusait cette grâce au cardinal de Furstemberg, parce qu’il était appuyé de la France, et que c’était prendre une vengeance grande et certaine du roi, qu’il avait trouvé opposé aux choses qu’il avait voulues.

Dans le temps que le roi sollicitait le plus fortement les bulles du coadjuteur, et que le pape y était le plus opposé, l’électeur de Cologne vint à mourir, et laissa vacant, outre l’archevêché de Cologne, l’évêché de Munster, celui de Liège et celui d’Hildesheim. L’intention du roi était que M. de Furstemberg en remplît le plus qu’il se pourrait ; mais il s’attachait le plus fortement à ceux de Cologne et de Liége, comme les plus voisins de ses états, et par conséquent les plus nécessaires. L’obstination du pape à refuser les bulles faisait qu’il fallait refaire une nouvelle élection, et que la coadjutorerie que l’on avait donnée au cardinal de Furstemberg était entièrement inutile : il demeurait seulement, pendant le siège vacant, administrateur de l’archevêché, et, comme il avait gouverné pendant toute la vie du feu électeur, il était entièrement maître des places et avait un assez grand crédit parmi les chanoines. On fut, après la mort de l’électeur, un temps assez considérable sans procéder à l’élection ; mais pourtant, selon l’usage ordinaire, l’évêque de Munster et celui d’Hildesheim furent nommés, sans qu’il fût question de M. de Furstemherg : aussi ne s’était-on donné, du côté de la cour, qu’un médiocre mouvement pour lui faire remplir ces deux places. Il n’en était pas de même de celle de Cologne : on y avait envoyé le baron d’Asfeld, homme de beaucoup d’esprit, que M. de Louvois emploie souvent dans des négociations ; on fit avancer des troupes sur les frontières ; on envoya de l’argent dans l’archevêché de Cologne, pour distribuer aux chanoines et à des prêtres qui sont au-dessous des chanoines, et qui ont une voix élective, mais qui ne peuvent jamais être élus. L’empereur opposa pour négociateur à Asfeld le comte de Launitz, homme, à ce que l’on dit, de peu d’esprit, mais qui avait pourtant réussi à mettre M. l’électeur de Bavière dans les intérêts de l’empereur : il est vrai que sa femme y avait eu plus de part que lui ; car M. l’électeur en était devenu amoureux, et c’est difficile de trouver des gens qui persuadent mieux que les amants ou les maîtresses. M. de Launitz proposa aux chanoines l’évêque de Breslau, fils de l’électeur Palatin et frère de l’impératrice, pour archevêque de Cologne : il fut peu écouté, et l’on espérait une heureuse négociation à l’égard du cardinal de Furstemberg. Quand l’empereur vit que l’affaire ne pouvait pas réussir pour l’évêque de Breslau, on fit proposer le prince Clément de Bavière, frère de M. l’électeur. Il n’avait pas l'âge, et il ne pouvait pas y avoir une plus grande opposition ; mais on couvrit ce défaut d'un prétexte spécieux d'avantage pour l'électorat, qui fut que M. le prince Clément n'en jouirait que quand il aurait l'âge ; que l'on en donnerait l'administration à des chanoines jusqu'à ce temps-là, et que les revenus seraient employés à rétablir l'archevêché qui était en désordre. En même temps, on présenta des brefs du pape, qui dispensaient M. le prince Clément d'âge. Le pape y représentait les services de M. l'électeur pour la chrétienté, et l'avantage de l'archevêché. Il ne fallait pas être trop éclairé pour discerner les mouvements qui le faisaient agir ; aussi les regarda-t-on en France comme on devait. Les Hollandais n'étaient pas encore entrés fort avant dans cette négociation, et le prince d'Orange sur-tout avait peu paru, et ne s'était pas pressé de faire beaucoup de pas, de peur qu'on ne les détruisît ; mais, afin qu'on n'eût pas le temps, il envoya, la surveille de l'élection à Cologne, un nommé Isaac, qui est son maître d'hôtel, et le seul qui partage sa confiance avec le comte de Benting[1] ; mais pourtant avec cette différence, que l'un se trouva là comme son ami, et l'autre presque comme son premier ministre, et comme un homme qui lui est très-utile. Ils se rendirent à Cologne avec des lettres de change considérables, qui déterminaient entièrement ceux qui balançaient, qui pourtant avaient donné leurs voix au cardinal, quand il avait été question de le faire coadjuteur. On procéda à l'élection le jour que l'on avait assigné, et on la fit avec toutes les voix ordinaires de vingt-quatre chanoines, dont est composé le chapitre de Cologne. Le cardinal de Furstemberg eut treize voix, le prince Clément huit, et deux autres en eurent chacun une. Il y en eut une de ces deux-là qui se joignit ensuite à celles qu’avait déjà le cardinal, de manière qu’il en eut quatorze. Comme celui qui a le plus de voix doit l’emporter, selon les apparences, on proclama le cardinal électeur. Ceux qui étaient dans le parti du prince Clément firent une espèce de protestation, et se retirèrent chacun chez eux, sans vouloir assister à la proclamation. Cependant le voilà déclaré électeur : pour l’être parfaitement, il lui manquait, et les bulles du pape, et l’investiture de l’empereur. M. le cardinal de Furstemberg eut d’abord recours au roi pour le soutenir. Le roi lui envoya des troupes, qui pourtant prêtèrent le serment entre les mains du cardinal, comme électeur : il en remplit les places de l’archevêché, et y mit des commandants français.

Pendant tout ce temps-là, une grande partie de l’infanterie du roi était à Maintenon ; sa cavalerie était campée en différents endroits ; M. de Louvois était malade, et prenait les eaux à Forges pour rétablir sa santé. Les maladies de Maintenon commençaient d’une si grande violence, que l’on était obligé de mettre les troupes dans des quartiers, et l’on comptait que le travail continuerait encore six semaines ou deux mois : il ne paraissait pas que l’on dût prendre des partis violents pour cette année. M. de Louvois revint de Forges, et deux jours après on envoya au marquis d’Huxelles, qui commandait le camp de la rivière d’Eure, des ordres pour en faire décamper toutes les troupes. Le bruit se répandit alors qu'on allait déclarer la guerre. On parla d'augmentation de troupes, et on donna peu de temps après des commissions pour de nouvelles levées. On apprit en même temps la nouvelle de la prise de Belgrade ; on jugea les Turcs dans une impuissance entière de soutenir encore la guerre : il était extrêmement question de paix entre eux et l’empereur, et l'on ne pouvait pas douter que, si elle se faisait une fois, toutes les forces de l’empire ne retombassent sur nous.

Les affaires de Rome allaient de mal en pis ; personne ne pouvait vaincre l’opiniâtreté du pape. Elle était trop bien fomentée par les gens en qui il avait le plus de confiance ; et ceux qui eussent pu lui parler pour le faire changer de sentiment, lui étaient trop suspects. Le roi se résolut d’y envoyer Chanlay, homme en qui M. de Louvois a une très-grande confiance, et qu’il emploie volontiers. Le roi le chargea d’une lettre de sa main pour le pape, avec ordre de n’avoir aucun commerce avec M. de Lavardin, son ambassadeur, ni avec M. le cardinal d’Estrées, qui faisait toutes les affaires du roi. Son instruction était de s’adresser à Cassoni, le favori du pape, et puis au cardinal Cibo. Il s’acquitta de ses ordres en homme d’esprit ; mais il eut le malheur de ne pas réussir. Cassoni et Cibo se moquèrent de lui ; ils se le renvoyèrent l’un à l’autre, et il s’en revint sans avoir vu que l’Italie. Son voyage ne servit qu’à donner du chagrin au cardinal d’Estrées et à M. de Lavardin, et à grossir le manifeste que le roi fit publier dans le temps que l’on partit pour le commencement de la guerre.

Quand l’élection de Cologne fut faite, les chanoines de Liège s’assemblèrent pour la leur. Nous avions un très-grand besoin d’un homme qui fût dans nos intérêts, et le roi voulut absolument que ce fût le cardinal de Furstemberg ; mais à peine fut-il seulement question de lui dans l’élection. On offrit au roi d’élire le cardinal de Bouillon ; mais Sa Majesté était trop mal contente de lui et de toute sa famille, pour en souffrir l'élévation. Le roi dit qu’il ne le voulait pas, et en même temps donna ordre au cardinal de Bouillon de donner sa voix et d’engager celles de ses amis pour Furstemberg. Il y a apparence qu’il ne fit pas ce que le roi avait souhaité de lui, et il fit en très-mal-habile homme ; car d’abord il s’engagea, et promit tout ce que le roi voudrait, et puis il écrivit une lettre au père de la Chaise, confesseur du roi, où il lui demandait son conseil, et prétendait que sa conscience l’engageait à d’autres intérêts que ceux qui lui étaient prescrits par le roi. Enfin, on vit clairement, peu de temps après, que l'on n’avait pas lieu d’être content de sa conduite ; car on fit arrêter son secrétaire chez M. de Croissi, et, peu de temps encore après, un sous-secrétaire. On élut donc un autre évêque de Liège que Furstemberg. C’est un gentilhomme du pays, un très-saint homme, que l’esprit ne conduit pas à de grands desseins, et qui peut-être, à l’heure qu’il est, est très-fâché d’avoir été élu. Le roi fut offensé que le chapitre de Liège n’eût pas suivi ses intentions ; mais il s’en consola par la quantité de contributions qu’il espéra de tirer de tout le pays.

On ne songea plus qu’à soutenir l'élection du cardinal de Furstemberg à Cologne. On y fit marcher plus de troupes qu’il n’y en avait déjà ; et l’on envoya M. de Sourdis pour commander dans le pays. On fit des propositions à M. l’électeur de Bavière, et on espérait qu’il les pourrait accepter, parce qu’on prétendait que sa femme ne pouvait point avoir d’enfants, et que le prince Clément n’avait point envie de s’engager dans l’état ecclésiastique ; mais la grossesse de madame l’électrice, qui vint quelque temps après, ne laissa plus d’espérance.

En même temps que l’on apprit que les élections avaient mal réussi, le roi eut avis que le prince d’Orange faisait un armement de mer prodigieux, qui regardait l’Angleterre. Il avait eu des conférences avec M. l’électeur de Brandebourg, et avec M. de Schomberg. D’abord, on avait cru que ces entrevues n’étaient que pour nous empêcher d’être maîtres de l’électorat de Cologne ; mais le prince d’Orange achetait des troupes de tous côtés pour charger ses vaisseaux. Enfin, on disait que, depuis l’armée navale de Charles-Quint, on n’en avait pas vu une plus formidable. Sa Majesté donna avis au roi d’Angleterre que tous ces apprêts-là le regardaient. Le roi d’Angleterre n’en fut pas plus ému, parce qu’il ne le crut pas. Quand le prince d’Orange vit son dessein découvert, il se pressa plus qu’il n’avait fait, et répandit de très-grandes sommes d’argent pour être en état de partir au plutôt, étant bien persuadé que les grands desseins réussissent difficilement, quand ils sont éventés et longs dans l’exécution. Sa Majesté ne laissa pas d’offrir au roi d’Angleterre de le secourir toutes les fois qu’il en aurait besoin.

Pendant ce temps-là, on se préparait à faire une campagne ; on avait fait une grande promotion d’officiers généraux, on en avait fait marcher en différents endroits : on voyait bien qu’il y aurait quelque chose avant la fin de l’année. Les courtisans étaient dans un grand embarras si le roi marcherait lui-même, ou s’il n’enverrait qu’un maréchal de France aux expéditions que l’on méditait. L’embarras était aussi grand pour eux, de quel côté l’on marcherait. Le roi avait fait dire aux Hollandais, qu’en cas que le prince d’Orange entreprît quelque chose contre l’Angleterre, il leur déclarerait la guerre. Il avait fait la même menace à M. le marquis de Castanaga, gouverneur des Pays-Bas. Beaucoup de gens trouvaient que Namur était une place absolument nécessaire au roi, et croyaient que l’on s’en saisirait. Enfin, chacun jugeait selon sa fantaisie, ou selon ses connaissances. Tout ce qui paraissait sûr, était qu’il y avait un dessein considérable. La cour devait partir pour Fontainebleau dans cinq ou six jours, quand le roi déclara qu’il ne marcherait pas ; mais qu’il envoyait Monseigneur pour prendre Philisbourg et le Palatinat, et que M. de Duras, que l’on avait déjà envoyé à son gouvernement de Franche-Comté, il y avait du temps, commanderait l’armée sous lui. Monseigneur partit trois jours après que son voyage fut déclaré, et se rendit en douze jours devant Philisbourg. M. de Boufflers avait un corps de troupes considérable en-deçà du Rhin, et le maréchal d’Humières avait marché avec un autre dans le pays de Clèves et de Luxembourg, afin que, si les troupes que Ton disait toujours qui s’assemblaient auprès de Cologne faisaient le moindre mouvement, il fût en état de se porter où il serait nécessaire. M. de Boufflers prit d’abord avec son armée une petite place à M. le Palatin dans la Lorraine allemande, appelée Kayserslautern. Le marquis d’Huxelles, qu’on avait envoyé devant en Alsace, pour servir dans l’armée de Monseigneur, en prit une autre appelée Neustadt, et vint ensuite se rabattre sur un ouvrage à corne de Philisbourg, qui était en-deçà du Rhin, et dans le même temps M. de Monclas, qui commandait en Alsace, investit la ville de l’autre côté du Rhin. Le roi partit de Versailles pour aller à Fontainebleau, et fit publier en même temps un manifeste où il rendait raison de toute sa conduite avec l’empereur, avec le pape et avec tous ses voisins. Madame la dauphine n’y fut que trois jours après lui, parce qu’elle était très-incommodée, et depuis long-temps. Monseigneur fit son voyage en onze jours, et le fit dans sa chaise jusqu’à Sarbourg. Sa cour était composée de peu de personnes par le chemin, les officiers se rendant devant à leurs emplois, et ses courtisans n’ayant pas aussi eu le temps de faire des équipages. Le roi lui avait donné M. de Beauvilliers pour modérateur de sa jeunesse. À Sarbourg, il monta à cheval et fit une très-grande journée : il avait appris à Dieuse que l’on avait ouvert quelques boyaux devant la place ; il apprit en même temps la prise de Kayserslautern par M. de Boufflers. Il fut en trois jours de Sarbourg à Philisbourg, et eut un vilain chemin et très-long. En arrivant devant Philisbourg, quoiqu’il fût très-fatigué, il ne laissa pas d’aller voir la disposition de tout avec M. de Duras, Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/298 Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/299 Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/300 Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/301 Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/302 Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/303 Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/304 Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/305 Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/306 Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/307 Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - 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  1. Connu depuis sous le nom de milord Portland.