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Mémoires historiques/07

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Traduction par Édouard Chavannes.
Maisonneuve (p. 247-323).

CHAPITRE VII
SEPTIÈMES ANNALES PRINCIPALES[1]
HIANG YU


Hiang Tsi était originaire de Hia-siang[2] ; son appellation était Yu. Au moment où pour la première fois il prit les armes, il était âgé de vingt-quatre ans. Son oncle, frère cadet de son père, était Hiang Leang. Le père de (Hiang) Leang était ce général de Tch’ou, Hiang Yen, que Wang Tsien, général de Ts’in, mit à mort[3]. Les membres de la famille Hiang avaient été de père en fils généraux de Tch’ou ; ils avaient reçu le fief de Hiang[4] et c’est pourquoi leur nom de famille était Hiang. Quand Hiang Tsi était jeune, il avait étudié les livres, mais n’avait pas réussi et les avait abandonnés ; il s’exerça à l’escrime, mais n’y réussit pas non plus. Hiang Leang s’en étant irrité, (Hiang) Tsi lui dit :

— Les livres ne sont bons qu’à rappeler les noms de personnages illustres. L’escrime n’est que la lutte contre un seul homme et ne vaut pas la peine d’être étudiée. J’étudierai la lutte contre dix mille hommes.

Alors Hiang Leang enseigna les lois de la guerre à (Hiang) Tsi qui y prit grand plaisir ; il en saisit en gros la pensée, mais ne voulut pas non plus les étudier à fond.

Autrefois, Hiang Leang ayant été impliqué dans un crime et arrêté à Yo-yang[5], il demanda à Ts’ao Kieou, chef de la prison de K’i[6], d’écrire une lettre à Se-ma Hin, chef de la prison de Yo-yang, et c’est ainsi que l’affaire put être terminée[7].

Hiang Leang ayant commis un meurtre, il se réfugia avec (Hiang) Tsi dans le pays de Ou, afin d’éviter ses ennemis. Dans le pays de Ou, les hommes sages et les grands officiers étaient tous inférieurs à (Hiang) Leang ; chaque fois qu’il y avait dans le pays de Ou d’importants travaux de corvée ou des funérailles, c’était toujours Hiang Leang qui en dirigeait l’exécution ; en appliquant secrètement les lois de la guerre, il avait enrégimenté et discipliné ses hôtes et les jeunes gens ; voilà à quel point on reconnaissait ses capacités[8].

Ts’in Che-hoang-ti vint à Koei-ki et traversa le Tche-kiang[9]. (Hiang) Leang et (Hiang) Tsi le virent ensemble. (Hiang) Tsi dit :

— En voilà un qu’on pourrait bien enlever pour se mettre à sa place[10].

(Hiang) Leang lui mit la main sur la bouche en disant :

— Ne prononce pas de paroles inconsidérées, nous serions mis à mort avec toute notre famille.

A la suite de cet incident, (Hiang) Leang tint (Hiang) Tsi en haute estime.

(Hiang) Tsi était haut de plus de huit pieds ; il était de force à soulever un trépied ; par ses talents et par son impétuosité, il l’emportait sur les autres hommes. Tous les jeunes gens du pays de Ou, quels qu’ils fussent, avaient donc pris l’habitude de craindre (Hiang) Tsi. La première année du règne de Eul-che, de la dynastie Ts’in, au septième mois (9 août - 6 septembre 209 av. J.-C.), Tch’en Ché avec ses compagnons levèrent l’étendard de la révolte dans la région de Ta-tsé[11]. Le neuvième mois (7 octobre - 5 novembre 209 av. J.-C.) de cette année, il arriva que l’administrateur du Koei-ki, (Yn)[12] T’ong, dit à (Hiang) Leang : — Tous les habitants à l’ouest du Kiang sont révoltés ; voici d’ailleurs l’époque où le Ciel veut perdre Ts’in. Pour moi j’ai entendu dire que celui qui prend les devants commande aux autres, que celui qui reste en arrière est commandé par les autres ; je désire lever des soldats et vous en confier la direction, à vous et à Hoan Tch’ou. A ce moment, Hoan Tch’ou venait de partir pour Tsé-tchong[13]. (Hiang) Leang, dit : — Hoan Tch’ou a disparu et personne ne sait où il se trouve ; (Hiang) Tsi est seul à le savoir.

(Hiang) Leang sortit et prévint (Hiang) Tsi qui resta dehors à attendre en tenant en main son épée. (Hiang) Leang rentra et s’assit avec l’administrateur ; il lui dit :

— Je vous demande la permission de mander (Hiang) Tsi afin qu’il reçoive de votre part l’ordre de faire venir (Hoan) Tch’ou.

L’administrateur y consentit ; (Hiang) Leang invita (Hiang) Tsi à entrer ; au bout d’un instant, (Hiang) Leang fit un signe des yeux à (Hiang) Tsi, en lui disant :

— On peut agir.

Alors (Hiang) Tsi tira aussitôt son épée et coupa la tête de l’administrateur. (Hiang) Leang prit à la main la tête de l’administrateur ; il mit sur lui son sceau et son ruban ; les gens de la maison étaient fort effrayés et restaient dans le trouble et la confusion ; ceux que (Hiang) Tsi frappa et mit à mort furent au nombre de près d’une centaine[14] ; dans le palais entier, tous, saisis de crainte[15], se soumirent et aucun n’osa lui tenir tête. (Hiang) Leang appela alors près de lui ceux qu’il connaissait de longue date pour des fonctionnaires éminents ; il leur exposa les raisons pour lesquels il prenait la grande résolution de se révolter ; il leva donc des troupes du pays de Ou et les envoya se saisir des préfectures et les soumettre[16] ; il avait trouvé huit mille soldats d’élite. (Hiang) Leang assigna aux braves du pays de Ou des places de kiao-wei, heou[17] et se-ma ; il y avait un homme qui n’avait pas reçu d’emploi ; il s’en plaignit à (Hiang) Leang, mais celui-ci lui répondit :

— Auparavant, lors de telles funérailles[18], je vous ai chargé de surveiller telle chose, et vous n’avez pu vous en acquitter ; c’est pourquoi je ne vous donne aucune charge.

Tous alors se soumirent. (Hiang Leang fut donc administrateur du Koei-ki et (Hiang) Tsi[19] fut lieutenant-général[20], et gouverna et soumit les préfectures.

En ce temps, un homme du Koang-ling[21], nommé Chao[22] P’ing, avait été chargé par le roi Tch’en[23] d’administrer le Koang-ling, mais il n’avait pu encore soumettre (cette contrée) ; ayant appris que le roi Tch’en avait été battu[24] et était en fuite et qu’en outre les soldats de Ts’in étaient sur le point d’arriver, il traversa le Kiang ; feignant alors d’agir par ordre du roi Tch’en, il conféra à (Hiang) Leang le titre de chang-tchou-kouo[25] du roi de Tch’ou et lui dit :

— Le pays à l’est du Kiang est déjà pacifié ; hâtez-vous de mener vos soldats dans l’ouest pour attaquer Ts’in. Alors Hiang Leang traversa le Kiang avec huit mille hommes et se dirigea vers l’ouest. Il apprit que Tch’en Yng avait soumis la région de Tong-yang[26] ; il lui envoya un messager pour l’engager à faire une alliance et à aller avec lui dans l’ouest.

Tch’en Yng avait été autrefois préfet de Tong-yang ; il s’était fixé dans cette préfecture ; d’une bonne foi et d’une probité constantes, on le regardait comme un chef. Les jeunes gens de Tong-yang tuèrent leur préfet et se rassemblèrent au nombre de plusieurs milliers d’hommes ; ils voulurent se nommer un chef, mais ne trouvant personne qui fût qualifié pour ce poste, ils le proposèrent à Tch’en Yng ; celui-ci le déclina en alléguant son incapacité ; alors ils lui donnèrent de force le titre de chef ; il trouva dans sa préfecture vingt mille partisans. Les jeunes gens voulaient aller plus loin, donner à (Tch’en) Yng le titre de roi et former une armée spéciale, les bonnets verts[27], qui aurait fait une révolte distincte. La mère de Tch’en Yng lui dit :

— Depuis que le mariage m’a fait entrer dans votre famille, je n’ai jamais entendu dire qu’aucun de vos ancêtres ait occupé autrefois une position élevée. Maintenant vous avez brusquement reçu un grand titre ; cela n’est pas de bon augure. Il vaudrait mieux que vous fussiez subordonné à quelqu’un ; si l’entreprise réussit, vous pourrez encore obtenir un fief nobiliaire ; si l’affaire vient à manquer, il vous sera aisé de vous cacher, car vous ne serez pas désigné par la renommée populaire.

A la suite de (cet entretien), (Tch’en) Yng n’osa pas se faire roi et dit à ses officiers :

— Les Hiang sont une famille où l’on est général de père en fils ; leur nom est illustre dans le pays de Tch’ou. Maintenant que nous voulons exécuter une grande entreprise, si nous ne donnons pas le commandement à cet homme, nous ne réussirons pas. Je m’appuierai sur cette famille célèbre et la ruine des Ts’in est assurée.

Alors tous suivirent son avis et mirent les soldats au service de Hiang Leang.

Hiang Leang franchit la (rivière) Hoai. K’ing Pou[28] et le général P’ou vinrent aussi se soumettre à lui avec leurs soldats. Il eut, en tout, de soixante à soixante-dix mille hommes. Il campa à Hia-p’ei[29]. En ce temps, Ts’in Kia avait nommé King Kiu[30] roi de Tch’ou ; il avait établi son camp à l’est de P’ong-tch’eng[31] et comptait s’opposer à Hiang Leang. Hiang Leang parla à son armée et à ses officiers en ces termes :

— Le roi Tch’en a été le promoteur de l’entreprise ; mais il n’a pas été heureux au combat et on ne sait point ce qu’il est devenu ; maintenant, Ts’in Kia s’est révolté contre le roi Tch’en et a donné le pouvoir à King Kiu ; c’est une rébellion contraire à la raison.

Alors il fit avancer ses soldats et attaqua Ts’in Kia. L’armée de Ts’in Kia fut battue et s’enfuit ; (Hiang Leang) la poursuivit, mais, lorsqu’on fut arrivé à Hou-ling[32], (Ts’in) Kia fit volte-face et combattit pendant un jour ; (Ts’in) Kia périt ; son armée se soumit ; King Kiu s’enfuit et vint mourir dans le territoire de Leang[33]. Quand Hiang Leang eut réuni à ses troupes celles de Ts’in Kia, il campa à Hou-ling ; il se proposait d’aller dans l’ouest avec son armée. L’armée de Tchang Han arriva à Li[34]. Hiang Leang détacha alors ses généraux Tchou Ki-che et Yu Fan-kiun pour l’attaquer ; Yu Fan-kiun mourut ; l’armée de Tchou Ki-che fut battue et vint se réfugier à Hou-ling. Alors Hiang Leang mena son armée à Sie[35] ; il fit périr (Tchou) Ki-che. Avant cela, (Hiang Leang) avait détaché Hiang Yu pour qu’il attaquât (la ville de) Siang-tch’eng[36]. Siang-tch’eng se défendit et ne se rendit pas. Quand elle eut été prise, tous les habitants furent exterminés. (Hiang Yu) revint rendre compte de sa mission à Hiang Leang. Hiang Leang, apprenant que le roi Tch’en était certainement mort, manda à tous les généraux qu’il avait détachés (dans différentes directions) de se rassembler à Sie pour aviser à la situation. En ce temps, le gouverneur de P’ei, qui s’était révolté de son côté à P’ei[37], vint.

Il y avait un homme de Kiu-tch’ao[38] qui se nommait Fan Tseng et était âgé de soixante-dix ans ; il vivait habituellement retiré chez lui et aimait les combinaisons extraordinaires. Il alla auprès de Hiang Leang pour lui donner des conseils en ces termes :

— Que Tch’en Cheng ait été battu, c’est ce qui devait certainement arriver. En effet, lorsque Ts’in détruisit les six royaumes, c’est celui de Tch’ou qui était le plus innocent ; depuis que le roi Hoai entra dans le pays de Ts’in et n’en revint point[39], les gens de Tch’ou en ont conservé un ressentiment qui dure jusqu’à aujourd’hui. C’est pourquoi Nan-kong[40], du pays de Tch’ou, a dit : Quand même Tch’ou ne compterait que trois familles[41], celui qui anéantira Ts’in, ce sera certainement Tch’ou. — Cependant Tch’en Cheng, qui fut le promoteur de l’entreprise, ne donna pas le pouvoir à un descendant de Tch’ou, mais se l’est donné à lui-même ; sa puissance n’a pas été de longue durée. Maintenant, vous avez levé l’étendard dans le Kiang-tong ; mais, si les généraux de Tch’ou, accourant comme un essaim d’abeilles, se sont tous à l’envi soumis à vous, c’est parce que votre famille a donné de père en fils des généraux à Tch’ou et parce que vous êtes un homme capable de restaurer sur le trône un descendant de Tch’ou. Hiang Leang approuva ce discours ; il fit donc chercher Sin, petit-fils du roi Hoai[42], qui se trouvait alors parmi les gens du peuple et gardait les moutons d’autrui[43] ; il le nomma roi Hoai de Tch’ou, afin de satisfaire les désirs du peuple[44]. Tch’en Yng fut nommé chang-tchou-kouo de Tch’ou ; il reçut en apanage cinq préfectures et résida avec le roi Hoai à Hiu-i[45]. Hiang Leang prit pour lui-même le titre de prince de Ou-sin. Après être resté en repos quelques mois, (Hiang Leang) mena ses soldats à l’attaque de K’ang-fou[46]. De concert avec les troupes de T’ien Yong, (homme du pays) de Ts’i, et du se-ma Long Tsiu il secourut Tong-ngo[47] et fit essuyer en ce lieu une grande défaite à l’armée de Ts’in. T’ien Yong s’en revint alors avec ses soldats et expulsa son roi, Kia, qui alla se réfugier dans le pays de Tch’ou, tandis que son conseiller T’ien Kio s’enfuyait dans le pays de Tchao ; le frère cadet de Kio, T’ien Kien, qui était auparavant général de Ts’i, resta dans le pays de Tchao et n’osa pas revenir. T’ien Yong nomma roi de Ts’i le fils de T’ien Tan[48], (T’ien) Che. — Hiang Leang, ayant battu l’armée campée sous les murs de Tong-ngo, s’élança à la poursuite de l’armée de Ts’in ; il envoya souvent des messagers pour demander en toute hâte[49] les soldats de Ts’i, car il voulait aller avec eux[50] dans l’ouest ; T’ien Yong dit :

— Que Tch’ou mettre à mort T’ien Kia ; que Tchao mette à mort T’ien Kio et T’ien Kien et j’enverrai mes soldats.

Hiang Leang répondit :

T’ien Kia était roi d’un royaume ami ; à bout de ressources, il est venu se réfugier auprès de moi ; ce n’est pas (Hiang) Leang qui le fera périr.

Tchao ne tua pas non plus T’ien Kio et T’ien Kien pour faire un marché avec Ts’i. Ts’i se refusa alors à envoyer ses soldats au secours de Tch’ou.

Hiang Leang détacha le gouverneur de P’ei et Hiang Yu pour qu’ils attaquassent Tch’eng-yang[51] ; ils en massacrèrent les habitants ; plus à l’ouest, ils défirent l’armée de Ts’in à l’est de P’ou-yang[52] ; les soldats de Ts’in se réfugièrent dans les murs de P’ou-yang. Le gouverneur de P’ei et Hiang Yu attaquèrent alors Ting-t’ao[53] : cette ville ne s’étant point rendue, ils se retirèrent et ravagèrent tout le pays à l’ouest jusqu’à Yong-k’ieou[54] ; ils firent essuyer une grande défaite aux troupes de Ts’in et coupèrent la tête à Li Yeou[55]. A leur retour, ils attaquèrent Wai-hoang[56], mais cette ville ne se rendit point.

Hiang Leang partit de Tong-ngo et se dirigea vers le nord-ouest et arriva jusqu’à Ting-t’ao. Il avait deux fois vaincu l’armée de Ts’in ; en outre Hiang Yu et les siens avaient coupé la tête à Li Yeou ; il conçut un mépris plus grand pour Ts’in et se montra arrogant. Song I adressa alors des remontrances à Hiang Leang en ces termes :

— Lorsque, après une victoire, le général devient arrogant et que les soldats se relâchent, ils seront battus. Maintenant vos soldats se sont un peu relâchés, tandis que les troupes de Ts’in deviennent de jour en jour plus nombreuses. Voilà ce qui me fait craindre pour vous.

Hiang Leang ne tint pas compte de cet avis, mais envoya Song I en mission dans le pays de Ts’i ; sur la route, (Song I) rencontra un envoyé de Ts’i, Hien, prince de Kao-ling, et lui dit :

— Allez-vous voir le prince de Ou-sin[57] ?

Sur sa réponse affirmative il ajouta :

— Je prévois que l’armée du prince de Ou-sin sera certainement battue ; si vous voyagez lentement, vous éviterez la mort ; si vous voyagez vite, vous courrez à votre perte.

Ts’in en effet leva tous les soldats qu’il avait pour renforcer (l’armée de) Tchang Han qui attaqua les troupes de Tch’ou et les défit complètement à Ting-t’ao. Hiang Leang mourut.

Le gouverneur de P’ei et Hiang Yu quittèrent Wai-hoang et attaquèrent Tch’en-lieou[58] ; cette ville se défendit et ils ne purent la soumettre, Le gouverneur de P’ei et Hiang Yu tinrent conseil ensemble, disant :

— Voici que l’armée de Hiang Leang a été battue et que les soldats sont frappés de terreur.

Alors il se réunirent à l’armée de Lu Tch’en et menèrent leurs soldats dans l’est ; Lu Tch’en campa à l’est de P’ong-tch’eng[59] ; Hiang Yu campa à l’ouest de P’ong-tch’eng ; le gouverneur de P’ei campa à T’ang[60]. Lorsque Tchang Han eut défait l’armée de Hiang Leang, il pensa que les soldats de la région de Tch’ou ne pourraient plus l’inquiéter et traversa le Fleuve pour attaquer Tchao ; il le défit complètement. En ce temps, c’était Tchao Hie qui était roi ; Tch’en Yu était son général ; Tchang Eul était son conseiller. Tous vinrent se réfugier dans les murs de Kiu-lou[61]. Tchang Han ordonna à Wang Li et à Ché Kien[62] d’investir Kiu-lou ; lui-même établit son camp au sud de cette ville ; il construisit un chemin bordé de murs et y fit passer les transports de grain. Tch’en Yu était le général (de Tchao) ; il était à la tête de plusieurs myriades d’hommes et campait au nord de Kiu-lou. C’était là ce qu’on appelait l’armée au nord du Fleuve.

Après la défaite des soldats de Tch’ou à Ting-t’ao, le roi Hoai, saisi de peur, était parti de Hiu-i, et était venu à P’ong-tch’eng se réunir à l’armée de Hiang Yu et de Lu Tch’en ; il en prit lui-même le commandement ; il donna à Lu Tch’en le titre de se-t’ou ; au père de Lu Tch’en, Lu Ts’ing, il donna le titre de ling-yn[63] ; il nomma le gouverneur de P’ei chef de la commanderie de T’ang[64], avec le titre nobiliaire de marquis de Ou-ngan[65] et le commandement des troupes de la commanderie de T’ang.

Cet envoyé de Ts’i, Hien, prince de Kao-ling, que Song I avait précédemment rencontré, se trouvait dans le camp de Tch’ou ; admis en présence du roi de Tch’ou, il dit :

Song I avait prévu que l’armée du prince de Ou-sin[66] serait certainement battue. Quelques jours après, l’armée fut en effet battue. Avant que des soldats aient livré bataille, voir d’avance les pronostics de la défaite, c’est là ce qu’on peut appeler se connaître en art militaire.

Le roi manda Song I ; il combina avec lui des plans et y prit grand plaisir : c’est pourquoi il lui conféra le titre de général en chef ; Hiang Yu, avec le titre de duc de Lou, fut général en second ; Fan Tseng fut général en dernier. Ils allèrent au secours de Tchao ; les divers généraux étaient tous sous les ordres de Song I qu’on appelait « le haut dignitaire commandant en chef l’armée »[67]. Ils arrivèrent jusqu’à Ngan-yang[68] où ils s’arrêtèrent pendant quarante-six jours sans avancer. Hiang Yu dit :

— J’ai appris que l’armée de Ts’in assiégeait le roi de Tchao à Kiu-lou ; faisons promptement traverser le Fleuve[69] à nos soldats ; pendant que Tch’ou dirigera une attaque du dehors, Tchao lui répondra du dedans ; la défaite de l’armée de Ts’in est certaine.

Song I répondit :

— Non pas. Un taon qui s’attaque à un bœuf ne saurait détruire ses poux[70]. Maintenant, Ts’in va attaquer Tchao ; s’il est vainqueur, ses soldats seront fatigués et je profiterai de leur épuisement ; s’il est vaincu, je mènerai mes soldats tambour battant[71] du côté de l’ouest et je supprimerai certainement Ts’in. Le mieux est donc laisser d’abord Ts’in et Tchao se battre. Pour revêtir l’armure et pour tenir la lance, je ne vous vaux pas ; mais, pour faire des plans à tête reposée, vous n’êtes pas à ma hauteur.

A la suite de cela, il publia dans le camp cette proclamation :

« Ceux qui sont féroces comme des tigres, obstinés comme des moutons, avides comme des loups et dont on ne peut absolument rien faire, je les décapiterai tous.

Puis, il envoya son fils Song Siang pour qu’il fût conseiller de Ts’i ; il l’accompagna en personne ; arrivé à Ou-yen[72], il fit un festin avec une assemblée de choix. Le temps était glacial ; il pleuvait beaucoup ; les soldats avaient froid et faim. Hiang Yu dit :

— Il faut rassembler toutes nos forces[73] pour attaquer Ts’in ; tarder longtemps est impossible. Maintenant c’est une année de disette et le peuple est pauvre ; les soldats n’ont à manger que des racines d’arum et des pois[74] ; dans le camp il n’y a pas d’approvisionnements préparés[75]. (Song I) cependant boit du vin en noble compagnie ; il ne fait point traverser le Ho[76] aux soldats pour profiter des vivres de Tchao et unir ses forces aux siennes pour attaquer Ts’in ; « Je profiterai de son épuisement », dit-il ; mais, lorsqu’un État puissant comme Ts’in attaque un État nouvellement formé comme Tchao, il est évidemment de force à supprimer Tchao ; quand Tchao aura été supprimé et que Ts’in sera puissant, de quel épuisement pourrait-on profiter ? En outre, nos soldats ont été récemment battus ; lorsque notre roi s’assied, il n’est pas tranquille sur sa natte ; il a balayé (tout ce qu’il trouvait d’hommes) sur son territoire et les a confiés à son général ; le repos ou le péril de l’empire dépendent de cette unique entreprise. Maintenant (Song I) n’a pas pitié de ses soldats et il poursuit ses desseins privés[77] ; il n’est pas un sujet dévoué à nos dieux tutélaires de la terre et des moissons.

Hiang Yu, étant allé le matin rendre visite au général en chef Song I, lui coupa la tête dès qu’il fut entré dans sa tente ; il sortit et fit cette proclamation dans le camp :

Song I avait comploté avec Ts’i de se révolter contre Tch’ou : le roi de Tchou m’a ordonné secrètement de le mettre à mort.

Dans ces conjonctures, les généraux effrayés se soumirent tous et aucun d’eux n’osa faire de résistance[78] ; ils disaient tous :

— C’est la famille du général (Hiang Yu) qui la première a mis (le roi de) Tch’ou sur le trône : maintenant le général a mis à mort un fauteur de troubles.

Ils s’entendirent alors pour nommer (Hiang) Yu général en chef provisoire[79]. Des hommes furent envoyés à la poursuite du fils de Song I, l’atteignirent dans le pays de Ts’i et le tuèrent ; Hoan Tch’ou fut dépêché auprès du roi Hoai pour l’avertir de ce qui se passait et lui demander des ordres ; le roi Hoai conféra donc à Hiang Yu le titre de général en chef. Le prince de Tang-yang[80] et le général P’ou furent tous deux sous les ordres de Hiang Yu. Après que Hiang Yu eut mis à mort « le haut dignitaire commandant en chef l’armée »[81], son prestige fit trembler tout le royaume de Tch’ou, sa renommée se répandit parmi les seigneurs. Il envoya alors le prince de Tang-yang et le général P’ou traverser le fleuve à la tête de vingt mille hommes et secourir Kiu-lou ; ils combattirent avec peu de succès. Tch’en Yu demanda de nouvelles troupes ; alors Hiang Yu fit traverser le Fleuve[82] à tous ses soldats ; il coula tous ses bateaux, brisa ses marmites et ses vases de terre, brûla ses baraquements et n’emporta que pour trois jours de vivres[83], afin de montrer que ses soldats étaient déterminés à périr et n’avaient pas la moindre pensée de retour. Alors il alla de l’avant et cerna aussitôt Wang Li ; il se rencontra avec l’armée de Ts’in, lui livra neuf batailles et coupa son chemin bordé de murs ; il la défit complètement ; il mit à mort Sou Kio et fit prisonnier Wang Li[84] ; Ché Kien refusa de se rendre à Tch’ou et se tua en se brûlant. A la suite de cela, les soldats de Tch’ou furent à la tête des seigneurs. Les troupes des seigneurs qui étaient descendues au secours de Kiu-lou formaient une dizaine de camps retranchés[85], mais aucun n’avait osé faire une sortie ; lorsque Tch’ou attaqua Ts’in, les divers généraux regardaient tous du haut de leurs remparts : il n’était pas un seul des combattants de Tch’ou qui ne valût à lui seul dix hommes ; les cris des soldats de Tch’ou ébranlaient le ciel ; il n’y avait pas un homme dans les armées des seigneurs qui ne fût saisi de terreur ; après avoir défait l’armée de Ts’in, Hiang Yu manda en audience les généraux des seigneurs ; quand ils entrèrent par la porte du camp[86], il n’y en eut pas un qui ne s’avançât à genoux, il n’y en eut aucun qui osât lever la tête pour le regarder. Ce fut à partir de ce moment que Hiang Yu devint général en chef des seigneurs ; tous les seigneurs lui furent subordonnés.

Tchang Han avait établi son camp à Ki-yuen[87] ; Hiang Yu campait au sud de (la rivière) Tchang. Ils restaient en observation et n’en venaient point aux mains. Comme les armées de Ts’in avaient plusieurs fois reculé, Eul-che envoya un messager faire des reproches à Tchang Han. Tchang Han, saisi de peur, envoya le tchang-che Hin[88] demander des instructions ; (Hin) étant arrivé à Hien-yang resta pendant trois jours devant la porte extérieure[89] du palais ; Tchao Kao refusa de lui donner audience et témoigna de la défiance ; le tchang che Hin eut peur ; il revint au camp sans oser passer par le même chemin qu’à l’aller ; de fait, Tchao Kao envoya à sa poursuite des gens qui ne purent l’atteindre ; lorsque Hin fut arrivé au camp, il fit son rapport en ces termes :

Tchao Kao est tout-puissant au palais ; au-dessous de lui, il n’est personne qui puisse rien faire. Maintenant si, en livrant bataille, nous sommes capables de remporter la victoire, (Tchao) Kao ne manquera pas d’être envieux de notre succès ; si nous livrons bataille sans pouvoir être vainqueurs, nous n’éviterons pas la mort. Je désire, général, que vous y pensiez mûrement.

Tch’en Yu, de son côté, envoya à Tchang Han une lettre où il lui disait :

« Po K’i a été général de Ts’in ; au sud, il a soumis (les villes de) Yen et Yng[90] ; au nord, il a exterminé Ma-fou[91] (et son armée) ; on ne saurait faire le compte des villes qu’il a attaquées et des territoires qu’il a ravagés ; cependant, en fin de compte, on lui fit présent de la mort. Mong T’ien a été général de Ts’in ; au nord, il a repoussé les Jong ; il a ouvert sur une étendue de plusieurs milliers de li le territoire de Yu-tchong[92] ; en définitive on lui coupa la tête à Yang-tcheou[93]. Quelle en est la cause ? C’est que, comme ils avaient remporté de grands succès, Ts’in ne pouvait leur donner incessamment des fiefs et c’est pourquoi il s’est servi des lois pour les mettre à mort. Maintenant, général, vous commandez les troupes de Ts’in depuis trois années ; les soldats que vous avez perdus se comptent par centaines de mille. D’autre part, les seigneurs se sont révoltés tous ensemble et le nombre (de leurs partisans) s’est fort accru ; cependant Tchao Kao flatte continuellement (Eul-che) et cela depuis longtemps[94] ; maintenant, comme la situation est critique, il craint pour lui-même que Eul-che ne le fasse périr ; c’est pourquoi il désire se servir des lois pour vous mettre à mort, afin d’arrêter l’accusation (qui l’attend) ; il enverra un homme à votre place[95] afin d’échapper au malheur qui le menace). D’ailleurs, général, vous êtes depuis longtemps hors de la capitale et vous avez beaucoup d’ennemis[96] au palais ; que vous soyez vainqueur ou vaincu, dans l’un et l’autre cas vous serez mis à mort. En outre, que le Ciel veuille perdre Ts’in, c’est ce que, sot ou sage, chacun sait. Ainsi, général, à la cour vous ne pouvez arrêter les reproches ; au dehors, vous êtes le général d’un royaume perdu ; celui qui persiste à tenir bon, abandonné de tous et solitaire, et qui cependant prétend conserver longtemps la vie, comment ne serait-il pas digne de compassion ? Général, pourquoi n’entrez-vous pas dans la ligue du nord au sud formée par les seigneurs ? ils ont convenu d’attaquer ensemble Ts’in, de se partager son territoire pour y être rois, se tourner du côté du sud et parler en souverains[97]. Cela ne vaut-il pas mieux que de vous mettre vous-même entre la hache et le billot et de faire exterminer vos femmes et vos enfants ?

Tchang Han fut très perplexe ; il envoya secrètement le (kiun-)heou[98] Che-tch’eng, en mission auprès de Hiang Yu, car il voulait traiter. Le pacte n’était pas encore conclu lorsque le général P’ou, sur l’ordre de Hiang Yu, fit marcher ses soldats jour et nuit, traversa le gué de San-hou[99], établit son camp au sud de la rivière Tchang, livra bataille à Ts’in et le battit à deux reprises ; Hiang Yu mena toutes ses troupes à l’attaque de l’armée de Ts’in sur les bords de la rivière Yu[100] et lui fit essuyer une grande défaite. Tchang Han envoya un émissaire visiter Hiang Yu, car il désirait traiter. Hiang Yu convoqua les officiers de son armée à une délibération et leur dit :

— Nous avons peu de vivres ; je suis d’avis d’écouter ses propositions.

Les officiers approuvèrent tous. Hiang Yu fixa donc un rendez-vous à Tchang Han) sur la colline Yn au sud de la rivière Yuen[101] ; quand on eut fait le serment, Tchang Han vint voir Hiang Yu et, en versant des larmes, incrimina Tchao Kao. Hiang Yu donna alors à Tchang Han le titre de roi de Yong et le plaça au milieu de l’armée de Tch’ou ; il chargea le tchang-che Hin de commander, avec le titre de général en chef, l’armée de Ts’in, et de marcher à l’avant-garde[102].

(Hiang Yu) arriva à Sin-ngan[103]. Autrefois, lorsque les officiers et les soldats des seigneurs étaient envoyés en corvée dans des colonies ou des postes militaires et qu’ils passaient dans le pays de Ts’in, les officiers et les soldats du pays de Ts’in les traitaient souvent sans égards. Aussi lorsque les troupes de Ts’in se rendirent aux seigneurs, les officiers et les soldats des seigneurs profitèrent de leur victoire pour en user avec elles comme avec des esclaves et des prisonniers, et pour mépriser et insulter les officiers et les soldats de Ts’in. Ceux-ci tinrent souvent des conciliabules secrets, disant :

— Le général Tchang (Han) et les autres nous ont fait, par trahison, nous rendre aux seigneurs ; ceux-ci peuvent maintenant entrer dans les passes et détruire Ts’in. Que si, par grand bonheur, ils n’y parviennent pas, les seigneurs nous traiteront comme prisonniers, nous qui leur sommes soumis, et nous emmèneront dans l’est ; Ts’in ne manquera pas d’exterminer nos pères, nos mères, nos femmes et nos enfants.

Les divers généraux eurent vent de ce complot et en avertirent Hiang Yu. Hiang Yu manda donc K’ing Pou et le général P’ou pour tenir conseil et leur dit :

— Les officiers et les soldats de Ts’in sont encore fort nombreux ; ils ne nous sont pas soumis sincèrement ; lorsque nous serons parvenus à l’intérieur des passes, ils ne nous obéiront pas et notre situation ne pourra manquer d’être dangereuse. Il vaut mieux les attaquer et les tuer et ne conserver que Tchang Han, le tchang-che Hin et le tou-wei I avec qui nous pénétrerons dans le pays de Ts’in.

A la suite de cela, l’armée de Tch’ou attaqua de nuit et tua les soldats de Ts’in, qui étaient plus de deux cent mille au sud de la ville de Sin-ngan. (Hiang Yu) entreprit de ravager et de conquérir le territoire de Ts’in. A la passe Hien-kou[104], il y avait des soldats qui gardaient la passe[105] et il ne put entrer ; en outre il apprit que le gouverneur de P’ei avait déjà triomphé de Hien-yang. Hiang Yu entra dans une grande colère ; il chargea le prince de Tang-yang[106] et d’autres officiers d’attaquer la passe ; Hiang Yu entra donc et parvint à l’ouest de (la rivière) Hi ; le gouverneur de P’ei était campé au bord de (la rivière) Pa[107] ; il n’avait encore pu avoir aucune entrevue avec Hiang Yu. Ts’ao Ou-chang qui était tso-se-ma du gouverneur de P’ei, envoya un messager dire à Hiang Yu :

— Le gouverneur de P’ei veut être roi du pays à l’intérieur des passes et faire de Tse-yng son conseiller ; les joyaux et les objets précieux, il les possède tous[108].

Hiang Yu se mit dans une grande fureur et dit :

— Demain matin je nourrirai bien mes soldats pour qu’ils attaquent et détruisent l’armée du gouverneur de P’ei. A ce moment Hiang Yu avait quatre cent mille soldats qui se trouvaient à Hong-men près de Sin-fong[109] ; le gouverneur de P’ei avait cent mille soldats qui se trouvaient sur le bord de (la rivière) Pa. Fan Tseng donna le conseil suivant à Hiang Yu :

— Lorsque le gouverneur de P’ei résidait à l’est des montagnes, il était avide de richesses et aimait les femmes. Maintenant qu’il a franchi les passes, il ne s’est emparé d’aucun objet précieux, il ne s’est complu à aucune femme ; c’est la preuve que ses visées ne s’arrêtent pas à des buts secondaires. J’ai demandé à un devin de me tirer son horoscope : ce n’étaient que dragons et tigres où se voyaient les cinq couleurs ; c’est là le présage d’un Fils du Ciel. Hâtez-vous de l’attaquer et ne manquez pas (cette occasion).

Hiang Po[110], qui avait la charge de tso-yn dans le pays de Tch’ou, était l’oncle paternel de Hiang Yu ; il était depuis longtemps ami de Tchang Leang[111], marquis de Lieou ; or Tchang Leang se trouvait alors suivre le gouverneur de P’ei. Hiang Po se rendit de nuit au galop de son cheval dans le camp du gouverneur de P’ei et eut une entrevue secrète avec Tchang Leang ; il l’avertit de tout ce qui se passait et voulait supplier Tchang Leang de partir avec lui, en lui disant :

— Gardez-vous, en suivant (le gouverneur de P’ei), de mourir avec lui.

Tchang Leang répondit :

— C’est pour servir le roi de Han que j’ai accompagné le gouverneur de P’ei ; maintenant la situation du gouverneur de P’ei est critique ; l’abandonner ne serait pas un acte de justice. Je ne puis pas ne pas lui en parler.

(Tchang) Leang rentra donc et raconta tout au gouverneur de P’ei ; celui-ci fut très effrayé et s’écria :

— Qu’y a-t-il à faire ?

Tchang Leang demanda :

— Qui a fait ces plans pour Votre Majesté ?

(Le gouverneur de P’ei) répondit :

— C’est maître Cheou qui m’a dit : Fermez les passes et ne laissez pas entrer les seigneurs ; vous pourrez alors régner sur tout le territoire de Ts’in. J’ai donc suivi son conseil.

(Tchang) Leang ajouta :

— Estimez-vous que les soldats de Votre Majesté soient en nombre suffisant pour tenir tête au roi Hiang[112] ? Le gouverneur de P’ei resta silencieux un moment, puis il dit :

— Assurément ils ne valent pas (les soldats de Hiang Yu) ; mais que faut-il donc faire ?

Tchang Leang dit :

— Je vous propose, d’aller trouver Hiang Po et de lui dire que le gouverneur de P’ei ne se permettrait point d’être hostile au roi Hiang. — Comment avez-vous ces relations avec Hiang Po ?, demanda le gouverneur de P’ei. — Au temps des Ts’in, répondit Tchang Leang, Hiang Po voyageait avec moi, lorsqu’il lui arriva de tuer un homme ; je lui sauvai la vie. C’est pourquoi maintenant que notre situation est critique, il a bien voulu venir m’avertir.

Le gouverneur de P’ei dit :

— De vous ou de lui qui est l’aîné ?

— Il est mon aîné, répondit (Tchang) Leang. — Allez donc, de ma part, répliqua le gouverneur de P’ei, le prier d’entrer afin que je puisse le traiter comme un frère aîné.

Tchang Leang sortit et requit Hiang Po ; quand celui-ci fut entré en présence du gouverneur de P’ei, le gouverneur de P’ei leva une coupe de vin et porta sa santé ; il s’engagea à lui faire contracter un mariage dans sa famille et lui dit :

— Quand je suis entré dans l’intérieur des passes, je n’ai pas osé m’approprier la moindre chose ; j’ai inscrit sur des registres les officiers et le peuple ; j’ai scellé les trésors et les magasins, puis j’ai attendu le général. Si j’ai envoyé garder les passes, c’est afin de prévenir la sortie ou l’entrée de brigands étrangers ; c’était une mesure de précaution[113]. Jour et nuit j’espérais la venue du général ; comment aurais-je osé me révolter ? Je désire, (Hiang), Po, que vous expliquiez clairement à (Hiang Yu) que son sujet ne s’est point permis de manquer à son devoir.

Hiang Po y consentit et dit au gouverneur de P’ei :

— Demain, ne manquez pas de venir en personne de bon matin vous excuser auprès du roi Hiang. Le gouverneur de P’ei promit qu’il le ferait et Hiang Po repartit dans la nuit ; arrivé au camp, il rapporta toutes les paroles du gouverneur de P’ei au roi Hiang et en profita pour lui dire :

— Si le gouverneur de P’ei n’avait pas d’abord triomphé à l’intérieur des passes, comment auriez-vous osé y pénétrer ? Attaquer un homme qui vous a rendu un grand service, ce n’est pas un acte de justice. Il vaut mieux, à cause de cela même, le très bien traiter.

Le roi Hiang approuva (ce conseil).

Le lendemain, le gouverneur de P’ei, accompagné d’une centaine de cavaliers, vint rendre visite au roi Hiang. Lorsqu’il fut arrivé à Hong-men, il salua et dit :

— Votre sujet, général, a uni ses forces aux vôtres pour attaquer Ts’in. Vous combattiez au nord du Fleuve et votre sujet combattait au sud du Fleuve. Cependant je ne pensais point que je pourrais le premier entrer à l’intérieur des passes, écraser Ts’in, et qu’il m’arriverait de vous rencontrer ici. Maintenant il s’est trouvé que les propos d’hommes méprisables ont créé un dissentiment entre vous, général, et votre sujet.

— C’est là, répondit le roi Hiang, l’effet des paroles de Ts’ao Ou-chang[114], tso-se-ma du gouverneur de P’ei ; autrement, comment en serais-je arrivé là ?

Ce jour-même, le roi Hiang retint donc le gouverneur de P’ei pour banqueter avec lui. Le roi Hiang et Hiang Po étaient assis tournés vers l’est ; Ya-fou[115] était assis tourné vers le sud ; Ya-fou n’est autre que Fan Tseng ; le gouverneur de P’ei était assis tourné vers le nord ; Tchang Leang se tenait debout, tourné vers l’ouest. Fan Tseng lança souvent des regards au roi Hiang et agita les ornements de jade qu’il portait sur lui en guise de signal ; par trois fois le roi Hiang garda le silence et ne répondit pas. Fan Tseng se leva, sortit et alla chercher Hiang Tchoang[116] ; il lui dit :

— Notre roi est un homme insupportable. Entrez en sa présence pour boire à sa santé ; quand vous aurez porté sa santé[117], demandez à faire une danse avec l’épée et profitez-en pour attaquer le gouverneur de P’ei pendant qu’il est assis et le tuer. Si vous ne le faites pas, vous et les vôtres ne tarderez pas à être tous faits prisonniers.

(Hiang) Tchoang entra donc et but à la santé (du roi), après quoi il dit :

— Tandis que Votre Majesté est à boire avec le gouverneur de P’ei, dans le camp on n’a rien pour s’amuser ; je demande à faire une danse avec l’épée.

Le roi Hiang ayant donné son assentiment, Hiang Tchoang tira son épée et se mit à danser ; mais Hiang Po tira aussi son épée et se mit à danser en couvrant sans cesse de son corps le gouverneur de P’ei, de telle façon que (Hiang) Tchoang ne pouvait l’attaquer.

Alors Tchang Leang se rendit à la porte du camp et y rencontra Fan K’oai. Fan K’oai lui dit :

— Comment les affaires vont-elles aujourd’hui ?

— Nous sommes dans une situation fort critique, répondit (Tchang) Leang ; en ce moment Hiang Tchoang a tiré son épée et danse et ne pense qu’à (tuer) le gouverneur de P’ei. (Fan) K’oai[118] dit :

— La chose est urgente ; je demande à entrer et à partager sa destinée.

(Fan) K’oai ayant ceint son épée et portant au bras son bouclier pénétra donc par la porte du camp ; les gardes qui croisaient leurs lances voulurent l’arrêter et l’empêcher d’entrer ; Fan K’oai repoussa de côté son bouclier pour en frapper les gardes qui tombèrent à terre ; il entra donc, écarta le rideau et se tint debout, tourné vers l’ouest, ; il regardait fixement le roi Hiang ; ses cheveux étaient dressés sur sa tête ; ses yeux étaient démesurément ouverts. Le roi Hiang posa la main sur son épée et, se mettant à genoux, il dit :

— Étranger qui êtes-vous ?

Tchang Leang répondit :

— C’est Fan K’oai, celui qui prend place sur le char à côté du gouverneur de P’ei. Le roi Hiang dit :

— C’est un vaillant guerrier ; qu’on lui offre une coupe de vin.

On lui donna une coupe de vin de la mesure d’un teou[119] ; Fan K’oai remercia en saluant ; il se redressa et la but debout. Le roi Hiang dit :

— Offrez-lui une épaule de porc.

On lui donna une épaule de porc crue ; Fan K’oai posa son bouclier par terre, plaça dessus l’épaule du porc et, avec son épée qu’il avait tirée, il la découpa, puis la mangea. Le roi Hiang lui dit :

— Vaillant guerrier, pouvez-vous encore boire ?

Votre sujet, répondit Fan K’oai, n’éviterait même pas la mort ; comment refuserait-il une tasse de vin ? Le roi de Ts’in avait un cœur de tigre et de loup ; il tuait les hommes comme s’ils eussent été indestructibles ; il torturait les hommes comme s’il avait craint qu’ils ne fussent indomptables ; tout l’empire se révolta contre lui. Le roi Hoai convint avec les généraux que celui qui le premier détruirait Ts’in et entrerait à Hien-yang serait roi de ce pays. Maintenant le gouverneur de P’ei est le premier à avoir détruit Ts’in et à être entré à Hien-yang ; il n’a pas osé s’approprier la moindre chose ; il a fermé de sceaux le palais et les habitations, il a ramené son armée sur les bords de (la rivière) Pa pour y attendre l’arrivée de Votre Majesté. S’il a envoyé des officiers garder les passes, c’est pour empêcher la sortie et l’entrée de brigands étrangers ; c’était une mesure de précaution. Après de telles peines et de si grands mérites, avant qu’il ait reçu en récompense aucun fief de noblesse, prêter l’oreille à de bas propos et vouloir faire périr un homme qui s’est couvert de gloire, c’est continuer la conduite des Ts’in qui se sont perdus. Pour moi, je pense que Votre Majesté ne prendra pas ce parti.

Le roi Hiang ne trouva rien à répondre et lui dit :

— Asseyez-vous.

Fan K’oai s’assit à côté de (Tchang) Leang. Après qu’il fut resté assis un moment, le gouverneur de P’ei se leva comme pour aller aux lieux d’aisances et profita de cette occasion pour inviter Fan K’oai à sortir. Lorsque le gouverneur de P’ei fut dehors, le roi Hiang envoya le tou-wei Tch’en P’ing le mander. Le gouverneur de P’ei dit :

— Me voici sorti, mais je n’ai point encore pris congé ; que faut-il faire ?

— Dans une entreprise d’importance, répondit Fan K’oai, on ne s’arrête pas aux considérations de détail ; dans les rites importants, on n’exprime pas les politesses secondaires. Quant à maintenant, ces hommes étaient le couteau et l’étal, et nous, nous étions le poisson et la viande. A quoi bon prendre congé ?

Ils partirent donc aussitôt ; (le gouverneur de P’ei) ordonna à Tchang Leang de rester pour l’excuser ; (Tchang) Leang lui demanda :

— Lorsque Votre Majesté est venue, que portait-elle à la main ?

— Je portais, répondit-il, une paire d’anneaux en jade blanc que je me proposais d’offrir au roi Hiang et une paire de tasses en jade que je voulais offrir à Ya-fou. Comme je les ai trouvés irrités, je n’ai pas osé leur faire ces cadeaux ; présentez-les de ma part.

Tchang Leang dit qu’il y consentait respectueusement. En ce temps, le camp du roi Hiang se trouvait sous les murs de Hong-men ; le camp du gouverneur de P’ei était sur les bords de (la rivière) Pa ; ils étaient distants de quarante li. Le gouverneur de P’ei laissa donc là[120] ses chars et ses cavaliers et sauva sa personne en montant seul à cheval ; il n’était accompagné que de quatre hommes, à savoir Fan K’oai, Hia-heou Yng[121], Kin K’iang et Ki Sin[122], qui marchaient à pied en tenant à la main leur épée et leur bouclier. Ils suivirent le bas de la montagne Li et prirent un sentier qui passait par Tche-yang[123].

Le gouverneur de P’ei avait dit à Tchang Leang : — En prenant ce chemin, il n’y a pas plus de vingt li pour arriver à mon camp ; quand vous estimerez que je suis parvenu au camp, vous entrerez (chez le roi Hiang). Lorsque le gouverneur de P’ei fut parti et qu’il fut arrivé à son camp par le sentier, Tchang Leang entra pour l’excuser (auprès du roi Hiang) et dit :

— Le gouverneur de P’ei n’a pu surmonter l’ivresse[124] et il ne lui a pas été possible de prendre congé ; il m’a donc envoyé avec respect, moi son sujet (Tchang) Leang, en me remettant une paire d’anneaux en jade blanc qu’il présente, en saluant deux fois, aux pieds de Votre Majesté, et une paire de coupes en jade qu’il dépose, en saluant deux fois, aux pieds du général en chef.

Le roi Hiang dit :

— Où est le gouverneur de P’ei ? — Il a appris, répondit (Tchang) Leang, que Votre Majesté avait l’intention de le réprimander. Il a sauvé sa personne en partant seul et il est déjà arrivé dans son camp.

Le roi Hiang reçut alors les anneaux de jade et les plaça sur son siège ; Ya-fou reçut les coupes de jade et les plaça à terre ; puis il tira son épée, les en frappa et les brisa, disant :

— Hélas, ce sot[125] n’a pas été à la hauteur du complot ; celui qui ravira l’empire au roi Hiang, ce sera certainement le gouverneur de P’ei. Dès maintenant, nous et les nôtres nous sommes ses esclaves.

Quand le gouverneur de P’ei fut arrivé dans son camp, il fit périr sur-le-champ Ts’ao Ou-chang[126].

Au bout de quelques jours, Hiang Yu mena ses soldats dans l’ouest ; il passa les habitants de Hien-yang au fil de l’épée ; il tua Tse-yng, roi de Ts’in, qui s’était soumis ; il incendia les palais des Ts’in et le feu dura trois mois sans s’éteindre ; il s’empara de leurs richesses et de leurs femmes, puis alla dans l’est. Quelqu’un donna ce conseil au roi Hiang :

— Le pays à l’intérieur des passes est défendu par des montagnes et par le Fleuve ; il a des barrières aux quatre côtés[127] ; le sol en est fertile. On peut y établir la capitale pour commander aux seigneurs.

Le roi Hiang considéra que les palais des Ts’in avaient été entièrement détruits par l’incendie ; en outre il nourrissait dans son cœur le désir de retourner dans l’est ; il dit donc :

— Celui qui s’est enrichi et ennobli et ne revient pas dans son pays natal est comme celui qui revêt des habits brodés pour se promener pendant la nuit. Qui le sait ?

Le donneur de conseils dit :

— On prétend que les gens de Tch’ou ne sont que des singes qui ont pris le bonnet viril[128] ; c’est bien vrai.

Le roi Hiang apprit ce propos et fit périr le donneur de conseils[129] dans la chaudière bouillante.

Le roi Hiang envoya un messager demander des ordres au roi Hoai ; celui-ci dit :

— Il faut se conformer à la convention[130].

Alors (Hiang Yu) honora le roi Hoai du titre d’Empereur juste[131]. Le roi Hiang voulait se faire roi ; il commença par donner le titre de roi aux divers généraux et conseillers, en disant :

— Lorsque les difficultés ont éclaté dans l’empire, on a, au début, donné provisoirement le pouvoir aux descendants des seigneurs pour qu’ils attaquassent Ts’in. Cependant ceux qui ont en personne revêtu la cuirasse et pris la lance, ceux qui ont été à la tête de l’entreprise, ceux qui se sont exposés à la rosée[132] en rase campagne et qui, au bout de trois ans, ont entièrement détruit Ts’in et ont conquis tout l’empire, ceux-là ce sont les divers généraux et conseillers ainsi que moi-même, (Hiang) Tsi, et c’est nos efforts (qui ont produit ces résultats). Puisque l’Empereur juste n’y a aucun mérite, il faut de toute nécessité diviser son territoire pour nous donner des royautés.

Les généraux approuvèrent tous ce discours ; alors l’empire fut divisé et les généraux devinrent des rois vassaux.

Le roi Hiang et Fan Tseng, qui avaient redouté que le gouverneur de P’ei ne s’emparât de tout l’empire, avaient vu les affaires s’arranger ; ils répugnaient d’ailleurs à violer la convention, car ils craignaient une révolte des seigneurs ; ils tinrent donc conseil en secret et se dirent :

— La région de Pa et de Chou est semée de difficultés ; tous ceux qu’on déportait, au temps des Ts’in, étaient envoyés dans la contrée de Chou.

Ils se dirent encore :

— La région de Pa et de Chou fait d’ailleurs partie du pays à l’intérieur des passes.

  1. Ils nommèrent donc le gouverneur de P’ei roi de Han ; il régna sur les contrées de Pa, de Chou et de Han-tchong[133] et eut sa capitale à Nan-tcheng[134].

— Puis (Hiang Yu et Fan Tseng) divisèrent en trois le pays à l’intérieur des passes et y nommèrent rois les généraux de Ts’in qui s’étaient soumis, afin qu’ils fissent obstacle au roi de Han : le roi Hiang nomma donc Tchang Han roi de Yong pour qu’il régnât sur la région qui s’étendait à l’ouest à partir de Hien-yang et pour qu’il eût sa capitale à Fei-k’ieou[135]. — Le tchang-che Hin[136] avait autrefois, lorsqu’il était chef de la prison de Yo-yang, rendu un service à Hiang Leang ; le tou-wei Tong I avait pris l’initiative d’engager Tchang Han à se soumettre à Tch’ou ; c’est pourquoi (Hiang Yu) nomma Se-ma Hin roi de Sai pour qu’il régnât sur la région qui s’étendait à l’est de Hien-yang jusqu’au Fleuve et pour qu’il eût sa capitale à Yo-yang[137] ; il nomma Tong I roi de Ti[138] pour qu’il régnât sur la commanderie de Chang et pour qu’il eût sa capitale à Kao-nou[139].

— Il déplaça Pao, roi de Wei[140], et le nomma roi du Wei occidental pour qu’il régnât sur le Ho-tong et eût sa capitale à P’ing-yang[141].

Chen Yang, (gouverneur) de Hia-k’ieou[142] avait été un des courtisans favoris de Tchang Eul ; il avait été le premier à soumettre la commanderie de Ho-nan et avait été à la rencontre de Tch’ou au bord du Fleuve ; c’est pourquoi (Hiang Yu) nomma Chen Yang roi du Ho-nan ; sa capitale fut Lo-yang[143].

Tch’eng, roi de Han, garda son ancienne capitale et eut sa capitale à Yang-ti[144].

Se-ma Ang, général de Tchao, avait conquis le Ho-nei et s’était plusieurs fois couvert de gloire ; on le nomma donc roi de Yn[145] pour qu’il régnât sur le Ho-nei et eût sa capitale à Tchao-ko[146].

— (Hiang Yu) déplaça Hie, roi de Tchao, et le nomma roi de Tai[147].

Tchang Eul, conseiller de Tchao, avait toujours donné de sages conseils et en outre avait franchi les passes à la suite (de Hiang-yu ; celui-ci le nomma donc roi de Tch’ang-chan pour qu’il régnât sur le territoire de Tchao et eût sa capitale à Siang-kouo[148].

K’ing Pou, prince de Tang-yang, avait été général de Tch’ou et avait toujours été à la tête de l’armée ; il fut donc nommé roi de Kieou-kiang[149] et eut sa capitale à Leou[150].

Ou-joei, prince de P’ouo[151], s’était mis à la tête des gens du Po-yue[152] pour aider les seigneurs et il avait pénétré à leur suite dans les passes ; il fut donc nommé roi de Heng-chan et eut sa capitale à Tchou[153].

Kong Ngao, qui avait le titre de tchou-kouo[154] auprès de l’Empereur juste[155], avait attaqué la commanderie de Nan[156] à la tête d’une armée et avait rendu des services considérables ; il fut donc nommé roi de Lin-kiang et eut sa capitale à Kiang-ling[157].

(Hiang Yu) déplaça Han Koang, roi de Yen, et le nomma roi de Leao-tong[158].

Tsang T’ou, général de Yen, avait été à la suite de Tch’ou au secours de Tchao ; puis il l’avait suivi lorsqu’il avait franchi les passes ; il fut donc nommé roi de Yen et eut sa capitale à Ki[159].

— (Hiang Yu) déplaça T’ien Che, roi de Ts’i, et le nomma roi de Kiao-tong[160].

T’ien Tou, général de Ts’i, avait suivi (Hiang Yu) et avait été avec lui au secours de Tchao ; puis il l’avait suivi quand il avait franchi les passes ; c’est pourquoi il fut nommé roi de Ts’i et eut sa capitale à Lin-tse[161].

T’ien-ngan, petit-fils de ce Kien, roi de Ts’i, que Ts’in avait fait périr, avait soumis, au moment où Hiang Yu venait de traverser le Fleuve pour secourir Tchao, plusieurs villes du nord du Tsi et était allé avec tous ses soldats se rendre à Hiang Yu ; il fut donc nommé roi de T’si-pe et eut sa capitale à Po-yang[162].

T’ien Yong avait souvent désobéi à Hiang Leang ; en outre il n’avait pas voulu, à la tête de ses soldats, suivre Tch’ou à l’attaque de Ts’in[163] ; c’est pourquoi il ne reçut aucune terre.

Tch’en Yu, prince de Tch’eng-ngan, était parti en abandonnant son sceau de général et n’avait pas franchi les passes à la suite de (Hiang Yu) ; cependant sa sagesse avait été constamment louée et il avait rendu service à Tchao ; comme on savait qu’il se trouvait à Nan-p’i[164] on lui donna donc en fief les trois préfectures qui entouraient (cette place).

Mei Hiuen, général du prince de P’ouo[165], avait rendu de grands services ; il reçut donc un marquisat de cent mille foyers.

— Le roi Hiang se donna à lui-même le titre de roi hégémon du Tch’ou occidental ; il régna sur neuf commanderies et eut sa capitale à P’ong tch’eng[166]. La première année de Han[167] (206 av. J.-C.), au quatrième mois, les seigneurs licencièrent les soldats qui étaient sous les drapeaux[168] et chacun d’eux se rendit dans ses États.

Le roi Hiang sortit pour aller dans son royaume ; il chargea un envoyé de faire changer de résidence à l’Empereur juste, en disant :

— Les empereurs d’autrefois avaient un territoire de mille li de côté[169] ; ils résidaient toujours sur le cours supérieur d’une rivière.

Il envoya donc des émissaires transférer l’Empereur juste dans la préfecture de Tch’en[170], de (la commanderie de) Tch’ang-cha. Quand il eut pressé l’Empereur juste de partir, celui-ci se vit peu à peu abandonné de tous ses sujets. Alors (Hiang Yu) ordonna secrètement aux rois de Heng-chan et de Lin-kiang de l’attaquer et de le tuer dans le Kiang-tchong. Tch’eng, roi de Han, n’avait remporté aucun succès militaire. Le roi Hiang ne lui assigna aucun royaume ; il l’emmena avec lui à P’ong-tch’eng ; il le rabaissa au rang de seigneur ; ensuite il fit plus et le tua.

Tsang T’ou, s’étant rendu dans ses États, voulut chasser Han Koang vers le Leao-tong ; (Han) Koang refusa d’obéir ; (Tsang) T’ou l’attaqua et le tua à Ou-tchong[171] ; il s’empara de tout son territoire et y régna.

En apprenant que Hiang Yu avait déplacé Che, roi de Ts’i, qu’il l’avait envoyé dans le Kiao-tong, et qu’il avait nommé roi de Ts’i T’ien Tou qui était un général de Ts’i, T’ien Yong entra dans une grande fureur ; il refusa d’envoyer le roi de Ts’i[172] dans le Kiao-tong et, faisant se révolter les gens de Ts’i, il marcha à leur tête contre T’ien Tou. T’ien Tou se réfugia à Tch’ou. Che[173], roi de Ts’i, craignait le roi Hiang ; il partit donc pour le Kiao-tong afin de gagner ses États ; T’ien Yong irrité le poursuivit, l’attaqua et le tua à Ki-mo[174]. A la suite de cela, (T’ien) Yong se nomma roi de T’si ; puis il alla dans l’ouest attaquer et tuer T’ien Ngan, roi du Tsi-pe. il réunit ainsi entre ses mains les trois Ts’i[175] et y fut roi. Il donna à P’ong Yue le sceau de général et lui ordonna de soulever une révolte dans le territoire de Leang. Tch’en Yu[176] envoya secrètement Tchang T’ong et Hia Yue[177] donner les conseils suivants à T’ien Yong, roi de Ts’i : « Hiang Yu gouverne en maître dans l’empire, mais il n’est pas équitable. Voici que tous les anciens rois il les a fait régner sur les plus mauvaises terres, tandis que ses ministres et ses généraux, il les a faits rois des meilleurs territoires. Il a chassé son ancien maître, le roi de Tchao, et l’a envoyé résider dans le nord, à Tai[178]. C’est ce que je ne puis souffrir. J’ai appris que Votre Majesté avait levé des troupes et que d’ailleurs elle n’écoutait aucune requête qui ne fût juste. Je voudrais que Votre Majesté me donnât des soldats avec lesquels je vous demande la permission d’attaquer le Tch’ang-chan, et, lorsque j’aurai restauré le roi de Tchao, de faire de son royaume un vassal qui vous protège.

Le roi de Ts’i y consentit et envoya donc des soldats dans le pays de Tchao ; Tch’en Yu leva tous les soldats de ses trois préfectures et unit ses forces à celles de Ts’i pour attaquer le Tch’ang-chan ; il le battit entièrement ; Tchang Eul courut se réfugier auprès de Han[179]. Tch’en Yu alla chercher Hie, roi de Tchao, à Tai et le ramena à Tchao ; le roi de Tchao, à son tour, nomma Tch’en Yu roi de Tai. En ce temps, Han revenait après avoir conquis les trois Ts’in[180]. En apprenant que le roi de Han s’était emparé de tout le pays à l’intérieur des passes et marchait vers l’est et que Ts’i et Tchao s’étaient révoltés, Hiang Yu fut très irrité ; il nomma roi de Han l’ex-gouverneur de Ou, Tcheng Tch’ang, pour qu’il tînt tête à Han ; il ordonna au préfet de Siao, Kio, et à d’autres d’attaquer P’ong Yue ; P’ong Yue battit le préfet de Siao, Kio et les siens.

Han chargea Tchang Leang de maintenir l’ordre dans (le pays de) Han et d’envoyer au roi Hiang une lettre ainsi conçue :

« Le roi de Han ne s’est pas contenté de ce qui lui avait été assigné et a voulu s’emparer du pays à l’intérieur des passes, comme la convention (l’y autorisait) ; mais il s’est arrêté et ne se permettra point d’aller dans l’est.

En outre, il envoya au roi Hiang une lettre sur la révolte de Ts’i et de Leang ; il y disait :

« Ts’i veut allier ses forces à Tchao pour anéantir Tch’ou. A la suite de cette démarche ; Tch’ou ne pensa plus à se diriger vers l’ouest, mais il attaqua du côté du nord Ts’i ; il réclama des soldats à Pou[181], roi du Kieou-kiang ; Pou prétexta une maladie pour ne pas aller et fit partir un général à la tête de quelques milliers de soldats ; à partir de ce moment, le roi Hiang détesta Pou.

La deuxième année de Han (205 av. J.-C.), en hiver, Hiang Yu alla au nord jusqu’à Tch’eng-yang[182] ; T’ien Yong de son côté vint à la tête de ses soldats le joindre et le combattre ; T’ien Yong ne fut pas vainqueur ; il s’enfuit et arriva à P’ing-yuen[183] ; la population de P’ing-yuen le tua. Poussant vers le nord, (Hiang Yu) incendia et rasa tous les remparts et les habitations de Ts’i ; il mit à mort tous les soldats de T’ien Yong qui s’étaient rendus à lui ; il enchaîna et fit prisonniers les vieillards, les enfants et les femmes ; il parcourut le pays de Ts’i jusqu’à la mer du nord ; nombreux furent ceux qu’il massacra. Les gens de Ts’i se rassemblèrent et se déclarèrent rebelles contre lui ; alors T’ien Heng, frère cadet de T’ien Yong, réunit les soldats dispersés de Ts’i et se trouva à la tête de plusieurs myriades d’hommes ; il se révolta à Tch’eng-yang ; le roi Hiang se trouva donc arrêté ; il lui livra plusieurs batailles de suite sans pouvoir le soumettre.

Au printemps, le roi de Han, ayant sous ses ordres[184] les soldats de cinq seigneurs[185] au nombre total de cinq cent soixante mille hommes, marcha dans l’est contre Tch’ou. Le roi Hiang l’apprit ; il ordonna aussitôt à ses généraux de combattre Ts’i et lui-même, à la tête de trente mille soldats d’élite passa au sud par le pays de Lou et sortit par Hou-ling[186]. Le quatrième mois (29 avril - 28 mai 205), Han , qui était entré à P’ong-tch’eng[187] avec tous les siens, y avait pris tout ce qu’il y avait de richesses et de belles femmes ; chaque jour il donnait des banquets en noble compagnie. Le roi Hiang passa alors à l’ouest, par Siao[188], et, au matin, il attaqua l’armée de Han  ; puis se dirigeant vers l’est, il arriva à P’ong-tch’eng et, au milieu du jour[189], infligea une grande défaite à l’armée de Han  ; tous les soldats de Han lâchèrent pied ; ils se précipitèrent à la suite des uns des autres dans les rivières Kou[190] et Se[191] ; plus de cent mille hommes de l’armée de Han furent tués ; les soldats de Han s’enfuirent tous au sud vers les montagnes ; Tch’ou les poursuivit encore en les combattant et arriva à l’est de Ling-pi[192], sur les bords de la rivière Soei[193] ; l’armée de Han reculait ; elle était pressée par Tch’ou ; plus de cent mille soldats de Han périrent en masse, noyés tous dans la rivière Soei ; le cours de la rivière Se en était arrêté ; (Hiang) Yu enserra le roi de Han dans un triple cercle ; à ce moment, un grand vent s’éleva du nord-ouest, qui brisait les arbres, renversait les habitations et faisait voler le sable et les pierres ; l’obscurité était profonde et il faisait nuit en plein jour ; (l’ouragan) venait droit sur les soldats de Tch’ou ; ceux-ci furent plongés dans une grande confusion et leurs rangs furent rompus et dispersés. Le roi de Han put alors s’enfuir secrètement avec quelques dizaines de cavaliers. Il se proposait de passer par P’ei[194] pour y recueillir sa famille, puis d’aller vers l’ouest ; Tch’ou de son côté envoya des gens le poursuivre à P’ei et s’emparer de la famille du roi de Han . Tous les membres de cette famille s’étaient enfuis et ne se rencontrèrent pas avec le roi de Han  ; le roi de Han trouva sur sa route (celui qui devait être l’empereur) Hiao-hoei[195] et (celle qui devait être la princesse), Yuen de Lou[196] ; il les emporta dans son char ; comme les cavaliers de Tch’ou le poursuivaient et qu’il était serré de près, il jeta Hiao-hoei et (la princesse) Yuen de Lou hors de son char ; le gouverneur de T’eng[197] descendit pour les reprendre et les remettre dans le char ; cette scène se renouvela trois fois et (le gouverneur de T’eng) dit : « Quoique nous soyons serrés de près, nous ne pouvons hâter notre marche ; à quoi sert de les abandonner ? » Ils purent donc ainsi échapper. (Le roi de Han ) rechercha T’ai-kong et l’impératrice Lu[198], mais ne les rencontra pas ; Chen I-ki[199] accompagnait T’ai-kong et l’impératrice Lu, et cheminant sous un déguisement, ils cherchaient le roi de Han  ; ils tombèrent au contraire sur les soldats de Tch’ou ; ceux-ci revinrent aussitôt en les emmenant pour annoncer la chose au roi Hiang. Le roi Hiang les garda dans son camp.

En ce temps, le marquis de Tcheou-lu[200], frère aîné de l’impératrice Lu, était à la tête des troupes de Han et se tenait à Hia-i[201] ; le roi de Han alla le rejoindre sous un déguisement ; peu à peu il recueillit ses soldats et arriva à Yong-yang[202] ; les troupes qui avaient été défaites s’y réunirent toutes. Siao Ho, de son côté, lui envoya les vieillards et les jeunes gens du pays à l’intérieur des passes qui n’étaient point inscrits sur les registres de la conscription[203] et tous accoururent à Yong-yang. (Han) fut de nouveau dans une situation très prospère. Tch’ou repartit de P’ong-tch’eng ; il continuait à profiter de sa victoire pour pousser vers le nord ; il livra bataille à Han dans la région de Yong-yang, de Nan-king[204] et de Soue[205] ; Han vainquit Tch’ou qui ne put donc dépasser Yong Yang et se dirigea vers l’ouest.

Pendant que le roi Hiang secourait P’ong-tch’eng, poursuivait le roi de Han et allait à Yong-yang, T’ien Heng[206] en avait profité de son côté pour rassembler les gens de Ts’i et pour nommer roi de Ts’i (Tien) Koang, fils de T’ien -Yong. Après la défaite du roi de Han à P’ong-tch’eng, les seigneurs s’étaient tous ralliés à Tch’ou et avaient abandonné Han . Han avait établi son camp à Yong-yang ; il y avait construit un chemin bordé de murs qui se reliait au Fleuve et permettait d’aller prendre le grain du grenier Ngao[207].

La troisième année de Han (204 av. J.-C.), le roi Hiang fit à plusieurs reprises des attaques à main armée et des enlèvements (de transports) sur le chemin bordé de murs de Han. Les approvisionnements commencèrent à faire défaut au roi de Han qui eut peur et demanda la paix en proposant de détacher et de considérer comme appartenant à Han toute la contrée située à l’ouest de Yong-yang. Le roi Hiang était disposé à y consentir, lorsque Fan Tseng, marquis de Li-yang[208], lui dit :

— Il est aisé de venir à bout de Han  ; mais si maintenant, vous le laissez aller et si vous ne vous emparez pas de lui, vous ne manquerez pas de le regretter plus tard.

Alors le roi Hiang et Fan Tseng pressèrent le siège de Yong-yang. Le roi de Han , plein d’anxiété, suivit les avis de Tch’en P’ing pour jeter la division dans le (parti du) roi Hiang ; un envoyé du roi Hiang étant arrivé, (l’officier du roi de Han ) fit préparer pour lui une grande victime et l’apporta comme s’il voulait la lui offrir ; mais, quand il fut en présence de l’envoyé, il feignit d’être tout déconcerté et dit :

— Je croyais que vous étiez un envoyé de Ya-fou[209] et vous êtes au contraire un envoyé du roi Hiang.

Il se retira donc en emportant son offrande et donna de la mauvaise nourriture pour nourrir l’envoyé du roi Hiang. L’envoyé revint faire son rapport au roi Hiang ; le roi Hiang soupçonna alors que Fan Tseng avait des relations secrètes avec le roi de Han et lui enleva une partie de son autorité. Fan Tseng entra dans une grande colère et dit :

— Les affaires de l’empire sont fort tranquilles ; que Votre Majesté les dirige elle-même ; je désire que vous me rendiez ma liberté personnelle pour que je redevienne simple particulier. Le roi Hiang y consentit et Fan Tseng partit ; mais il n’était pas encore parvenu à P’ong-tcheng, lorsqu’un abcès lui poussa dans le dos et il mourut[210].

Ki Sin, général de Han , donna ce conseil au roi de Han : — La situation est devenue critique. Je vous demande la permission, pour sauver Votre Majesté, de me faire passer faussement aux yeux de Tch’ou pour le roi et, grâce à ce stratagème, Votre Majesté pourra sortir sans qu’on s’en aperçoive.

Le roi de Han fit donc sortir de nuit deux mille femmes revêtues de cuirasses par la porte orientale de Yong-yang ; les soldats de Tch’ou les attaquèrent des quatre côtés à la fois ; Ki Sin monta dans la chambre jaune[211], donna un signal avec le guidon de gauche[212] et dit :

— Dans la ville, les vivres sont épuisés ; le roi de Han se soumet.

Les troupes de Tch’ou poussèrent toutes des vivats. Cependant le roi de Han , accompagné de quelques dizaines de cavaliers, sortait par la porte de l’ouest et s’enfuyait à Tch’eng-kao[213]. Le roi Hiang fit venir Ki Sin en sa présence et lui demanda où se trouvait le roi de Han . Ki Sin répondit :

— Le roi de Han s’est échappé.

Le roi Hiang fit brûler vif Ki Sin. Le roi de Han avait chargé le yu-che-ta-fou Tcheou Ho, l’honorable Ts’ong et Wei Pao[214], de défendre Yong-yang. Tcheou Ho et l’honorable Ts’ong tinrent conseil entre eux, disant :

— Le roi d’un État rebelle, il est difficile de défendre avec lui une ville.

Ils s’unirent donc pour tuer Wei Pao. Tch’ou triompha de la ville de Yong-yang ; il prit vivant Tcheou Ho. Le roi Hiang dit à Tcheou Ho : — Soyez mon général ; je vous nommerai général en chef et vous donnerai une terre de trente mille foyers.

Tcheou Ho lui répondit par des insultes en lui disant :

— Si vous ne vous hâtez pas de vous soumettre à Han , Han va maintenant vous faire prisonnier. Vous n’êtes point capable de tenir tête à Han . Le roi Hiang, irrité, fit périr Tcheou Ho dans la chaudière bouillante et tua en même temps l’honorable Ts’ong.

Quand le roi de Han fut sorti[215] de Yong-yang, il s’enfuit au sud vers Yuan et Che[216] ; il rencontra Pou[217], roi du Kieou-kiang, et tout en marchant, rassembla des troupes. Il rentra se garder à Tch’eng-kao. La quatrième année de Han (203 av. J.-C.), le roi Hiang fit avancer ses troupes et investit Tch’eng-kao. Le roi de Han s’échappa ; il sortit, lui seul et le duc de T’eng, par la porte septentrionale[218] de Tch’eng-kao, traversa le Fleuve et s’enfuit à Sieou-ou[219] où il rejoignit l’armée de Tchang Eul et Han Sin. Les divers généraux purent sortir les uns après les autres de Tch’eng-kao et rejoindre le roi de Han. Tch’ou s’empara alors de Tch’eng-kao ; il voulait pousser vers l’ouest, mais Han envoya des soldats lui barrer le chemin à Kong[220] et l’empêcha d’aller dans l’ouest.

En ce temps, P’ong Yue avait franchi le Fleuve, attaqué Tch’ou à Tong-ngo[221] et tué le gouverneur de Sie, général de Tch’ou. Le roi Hiang se rendit alors lui-même dans l’est pour attaquer P’ong Yue. Le roi de Han, qui avait maintenant les troupes du marquis de Hoai-yn[222], voulait traverser le Fleuve et aller dans le sud ; sur les avis de Tcheng Tchong, il y renonça et éleva des remparts dans le Ho-nei ; il envoya Lieou Kia, à la tête de soldats, aider P’ong Yue et incendier les approvisionnements de Tch’ou. Le roi Hiang, se dirigeant du côté de l’est, l’attaqua et le battit ; il mit en fuite P’ong Yue. Le roi de Han fit alors traverser le Fleuve à ses soldats ; il reprit Tch’eng-kao, établit son camp à Koang-ou[223] et s’appropria les vivres du grenier de Ngao.

  1. Après que le roi Hiang eut soumis le Tong-hai, il vint dans l’ouest ; il campa avec Han, tout près de Koang-ou ; (les deux adversaires) se tinrent en respect pendant plusieurs mois. En ce temps, P’ong Yue suscita souvent des révoltes dans le territoire de Leang et intercepta les approvisionnements de Tch’ou. Le roi Hiang s’en irrita ; il fit faire un étal[224] élevé, plaça dessus T’ai-kong[225] et dit au roi de Han :

— Si maintenant vous ne vous soumettez pas promptement, je ferai bouillir T’ai-kong. Le roi de Han répondit :

— Moi et vous, Hiang Yu, nous nous sommes tournés du côté du nord pour recevoir l’ordre du roi Hoai qui nous a dit que ce pacte nous rendait frères. Mon père est donc votre père ; si vous voulez absolument bouillir votre père, je vous prie de bien vouloir m’en donner une tasse de bouillon.

Le roi Hiang, irrité, voulait tuer T’ai-kong. Hiang Po lui dit :

— Comment tourneront les affaires de l’empire, nul ne peut encore le connaître. D’ailleurs ceux qui s’occupent de l’empire ne s’inquiètent pas des choses de famille. Quand bien même vous le tueriez, vous n’y trouveriez aucun avantage et vous ne feriez qu’accroître le nombre des calamités.

Le roi Hiang suivit son avis.

Tch’ou et Han se tinrent longtemps en échec sans que rien se décidât. Les hommes dans la force de l’âge enduraient des fatigues dans les rangs de l’armée ; les vieillards et les enfants s’épuisaient aux transports par chars et par bateaux. Le roi Hiang parla en ces termes au roi de Han :

— Si l’empire est plongé dans la désolation depuis plusieurs années, c’est à cause de nous deux seuls ; je voudrais combattre contre le roi de Han en combat singulier pour décider qui l’emporte sur l’autre et pour ne pas accabler inutilement le peuple de l’empire depuis les pères jusqu’aux fils.

Le roi de Han s’excusa en riant et dit :

— Je préférerais lutter d’intelligence ; je ne saurais lutter par la force.

Le roi Hiang ordonna à de vaillants guerriers de sortir pour provoquer l’ennemi à des combats singuliers ; Han avait un excellent archer à cheval, nommé Leou Fan ; à trois reprises des gens de Tch’ou vinrent provoquer au combat ; Leou Fan les tua aussitôt à coups de flèches. Le roi Hiang entra dans une grande colère ; il se revêtit lui-même de la cuirasse, prit en main la lance à trois pointes et alla provoquer au combat ; Leou Fan voulut tirer une flèche sur lui, mais le roi Hiang l’apostropha en le regardant fixement ; les yeux de Leou Fan ne purent plus voir ; sa main ne put plus lâcher le coup ; il s’enfuit aussitôt et revint à l’intérieur des retranchements sans plus oser sortir. Le roi de Han envoya des gens demander secrètement qui était (ce guerrier) ; en apprenant que c’était le roi Hiang, il eut grand’peur.

Puis le roi Hiang ainsi que le roi de Han se réunirent dans la tranchée de Koang-ou[226] et eurent un entretien ; le roi de Han énuméra ses fautes[227] au roi Hiang qui, irrité, voulut combattre en combat singulier ; le roi de Han s’y étant refusé, le roi Hiang, qui tenait cachée une arbalète, tira une flèche et atteignit le roi de Han ; le roi de Han fut blessé ; il s’enfuit et entra dans Tch’eng-kao. Le roi Hiang apprit que le marquis de Hoai-yn avait détruit le Ho pei, écrasé Ts’i et Tchao et qu’il se proposait même d’attaquer Tch’ou ; alors il envoya Long Tsiu l’attaquer ; le marquis de Hoai-yn lui livra bataille et le commandant de la cavalerie, Koan Yng, l’attaqua ; l’armée de Tch’ou fut complètement battue ; Long Tsiu fut tué, Han Sin en profita pour se nommer lui-même roi de Ts’i. En apprenant que l’armée de Long Tsiu avait été défaite, le roi Hiang eut peur. Il envoya Ou Ché, originaire de Hiu-i[228], donner des avis au marquis de Hoai-yn ; mais celui-ci ne les écouta pas.

Sur ces entrefaites, P’ong Yue se révolta de nouveau, soumit le territoire de Leang et coupa les approvisionnements de Tch’ou. Le roi Hiang dit alors au ta-se-ma Ts’ao Kieou, marquis de Hai-tch’oen, et aux siens :

— Ayez soin de bien garder Tch’eng-kao ; si Han veut vous provoquer au combat, gardez-vous d’en venir aux mains avec lui ; ne le laissez pas aller dans l’est, c’est tout (ce que je vous demande). Dans quinze jours j’aurai certainement tué P’ong Yue, soumis le territoire de Leang et je vous rejoindrai, général.

Alors il partit du côté de l’est ; il attaqua Tch’en-lieou[229] et Wai-hoang[230] ; Wai-hoang ne céda pas pendant plusieurs jours ; quand cette ville, se fut rendue, le roi Hiang, furieux, ordonna que tous les hommes âgés de plus de quinze ans se rendissent à l’est de la ville, car il voulait les exterminer. Un garçon de treize ans qui était fils du préfet de Wai-hoang, se rendit auprès du roi Hiang et lui donna ce conseil :

P’eng Yue a fait violence à Wai-hoang et, par crainte, cette ville s’est donc soumise à lui, mais elle attendait Votre Majesté ; quand Votre Majesté arrive, voici qu’elle extermine tout le monde ; comment le peuple aurait-il le désir de se rattacher à vous ? A partir d’ici, du coté de l’est, il y a plus de dix villes du territoire de Leang qui seront toutes saisies de peur et dont aucune ne voudra se soumettre.

Le roi Hiang approuva ces paroles et pardonna aux habitants de Wai-hoang qui devaient être exterminés. Plus à l’est, il arriva à Soei-yang[231] ; en apprenant (ce qui s’était passé à Wai-hoang), les habitants se soumirent à l’envi au roi Hiang. Comme (l’avait prédit le roi Hiang), Han provoqua plusieurs fois au combat l’armée de Tch’ou, mais l’armée de Tch’ou ne sortit pas. (Le roi Han) envoya des gens l’insulter ; au bout de cinq ou six jours, le ta-se-ma[232] se mit en colère et fit franchir la rivière Se à ses soldats ; les soldats étaient au milieu du passage lorsque Han les attaqua et fit essuyer une grande défaite à l’armée de Tch’ou ; il s’empara de toutes les richesses du royaume de Tch’ou. Le ta-se-ma Kieou, le tchang-che I[233] et Hin[234], roi de Sai, se coupèrent tous la gorge sur le bord de la rivière Se. Le ta-se-ma Kieou avait été autrefois directeur de la prison de Ki et le tchang-che Hin, de son côté, avait été préposé à la prison de Yo-yang[235] ; ces deux hommes avaient rendu service à Hiang Leang et c’est pourquoi le roi Hiang leur avait accordé sa confiance et leur avait donné des charges.

En ce temps, le roi Hiang se trouvait à Soei-yang ; quand il apprit que l’armée du marquis de Hai-tch’oen[236] avait été battue, il ramena ses soldats en arrière. L’armée de Han était alors occupée à cerner Tchong-li Mo à l’est de Yong-yang[237] ; lorsque le roi Hiang arriva, l’armée de Han, qui craignait Tch’ou, s’enfuit dans des lieux difficiles d’accès.

En ce temps, les soldats de Han étaient en bonne santé et bien nourris ; les soldats de Tch’ou étaient exténués et les vivres leur manquaient. (Le roi) de Han envoya Lou Kia[238] parler au roi Hiang et lui demander T’ai-kong ; le roi Hiang refusa. (Le roi de Han) envoya derechef Heou-kong parler au roi Hiang. Le roi Hiang fit alors avec Han un traité, (aux termes duquel) ils se partageaient l’empire, le territoire à l’ouest de Hong-keou[239] étant détaché pour être donné à Han, tandis que le territoire à l’est de Hong-keou devenait possession de Tch’ou ; le roi Hiang ayant consenti, il rendit à Han son père, sa mère et sa femme ; toute l’armée poussa des cris de réjouissance. Le roi de Han conféra alors à Heou-kong le titre de « Prince qui assure le repos de l’État » ; (Heou-kong cependant) s’était caché et ne voulut plus reparaître ; (le roi de Han) dit :

— C’est là un homme habile dans tout l’empire ; il est celui qui rend stable le royaume bouleversé, c’est pourquoi son titre sera : « le Prince qui assure le repos de l’État.

Quand le roi Hiang eut conclu le traité, il ramena ses soldats, les licencia et revint du côté de l’est. Han voulait s’en retourner vers l’ouest ; Tchang Leang et Tch’en P’ing lui donnèrent[240] ce conseil :

Han possède plus de la moitié de l’empire et les seigneurs se sont tous rattachés à lui ; les soldats de Tch’ou sont épuisés et leurs vivres sont à bout. Voici l’époque où le Ciel (a résolu de) perdre Tch’ou. Il vaut mieux profiter de ces circonstances et s’emparer immédiatement (de Tch’ou) ; si maintenant vous le laissez aller sans l’attaquer, ce sera, comme on dit : en nourrissant le tigre attirer sur soi-même le malheur.

Le roi de Han écouta leurs conseils.

La cinquième année de Han (202 av. J.-C.), le roi de Han poursuivit donc le roi Hiang ; arrivé au sud de Yang-kia[241], il arrêta son armée. Il fixa la date d’un rendez-vous à Han Sin, marquis de Hoai-yn et à P’ong Yue, marquis de Kien-tch’eng[242], afin qu’ils se réunissent à lui pour attaquer l’armée de Tch’ou ; mais, quand il arriva à Kou-ling[243], les soldats de (Han) Sin et de (P’ong) Yue ne l’avaient point rejoint ; Tch’ou attaqua l’armée de Han et lui fit essuyer une grande défaite. Le roi de Han rentra dans ses retranchements ; il creusa davantage ses fossés et se tint sur la défensive ; il dit à Tchang Tse-fang[244] :

— Les seigneurs ne sont pas fidèles à leurs engagements ; que faut-il faire ?

Il répondit :

— Quand les soldats de Tch’ou étaient près d’être battus, (Han) Sin et (P’ong) Yue ne reçurent point encore de terres en partage ; aussi devaient-ils infailliblement ne pas venir. Si Votre Majesté peut partager avec eux l’empire, il lui sera dès lors possible de les faire accourir aussitôt ; mais si vous ne pouvez pas (faire ce partage), on ne peut savoir comment tourneront les choses. Que Votre Majesté donne à Han Sin tout le territoire à l’est de Tch’en[245], jusqu’à la mer ; qu’elle fasse don à P’ong Yue de tout le territoire au nord de Soei-yang[246], jusqu’à Kou-tch’eng[247] ; vous ferez ainsi que chacun d’eux combattra pour ses propres intérêts, et, par suite, Tch’ou sera aisément battu.

Le roi de Han dit :

— C’est fort bien.

Il envoya donc des émissaires dire à Han Sin et à P’ong Yue :

— Unissons nos forces pour attaquer Tch’ou ; quand Tch’ou aura été battu, tout le territoire à l’est de Tch’en jusqu’à la mer, je le donnerai au roi de Ts’i[248] ; tout le territoire au nord de Soei-yang jusqu’à Kou-tch’eng, je le donnerai au conseiller d’État P’ong (Yue). Quand les émissaires furent arrivés, Han Sin et P’ong Yue leur répondirent tous deux :

— Nous demandons à faire avancer immédiatement nos soldats.

Han Sin arriva alors, venant de Ts’i ; l’armée de Lieou Kia, passant par Cheou-tch’oeng[249], marcha de concert avec lui ; ils exterminèrent (les habitants de) Tch’eng-pou[250] et arrivèrent à Kai-hia[251]. Le ta-se-ma Tcheou Yn se révolta contre Tch’ou ; il se servit des gens de Chou[252] pour exterminer ceux de Leou[253] ; emmenant avec lui les soldats du Kieou-kiang[254], il suivit Lieou Kia et P’ong Yue et tous se réunirent à Kai-hia pour marcher contre le roi Hiang. Le roi Hiang avait établi son camp et élevé des retranchements à Kai-hia : ses soldats étaient mal nourris et épuisés. L’armée de Han et les troupes des seigneurs l’enfermèrent dans un cercle de plusieurs rangs d’épaisseur. De nuit, le roi Hiang entendit que de toutes parts, dans l’armée de Han, on chantait des chants de Tch’ou[255] ; il en fut fort effrayé et dit :

Han a-t-il gagné à lui toute la population de Tch’ou ? Comment a-t-il tant de gens de Tch’ou ?

Le roi Hiang se leva alors pendant la nuit pour boire dans sa tente ; il avait une belle femme, nommée Yu, qui toujours l’accompagnait, et un excellent cheval nommé Tchoei, que toujours il montait ; le roi Hiang chanta donc tristement ses généreux regrets ; il fit sur lui-même ces vers :

Ma force déracinait les montagnes ; mon énergie dominait le monde ; Les temps ne me sont plus favorables ; Tchoei ne court plus ; Si Tchoei ne court plus, que puis-je faire ? Yu ! Yu ! Qu’allez-vous devenir ? Il chanta plusieurs stances et sa belle femme chantait avec lui. Le roi Hiang versait d’abondantes larmes ; tous les assistants pleuraient et aucun d’eux ne pouvait lever la tête pour le regarder.

Puis le roi Hiang monta à cheval, et, avec une escorte d’environ huit cents cavaliers excellents de sa garde, il rompit, à la tombée de la nuit, le cercle qui l’enserrait, sortit du côté du sud, et galopa jusqu’au jour ; l’armée de Han s’en aperçut alors ; le commandant de la cavalerie, Koan Yng, reçut l’ordre de le poursuivre avec cinq mille cavaliers. Le roi Hiang traversa (la rivière) Hoai ; (il n’y eut plus qu’)une centaine de cavaliers qui purent rester avec lui. Arrivé à Yn-Ling[256], le roi Hiang perdit son chemin ; il le demanda à un paysan qui lui répondit, pour le tromper :

— Prenez à gauche.

A gauche, il tomba dans de grands marécages et c’est pourquoi Han le poursuivit et l’atteignit. Le roi Hiang ramena ses soldats du côté de l’est ; arrivé à Tong-tch’eng[257], il n’avait plus que vingt-huit cavaliers. Les cavaliers de Han qui le poursuivaient étaient au nombre de plusieurs milliers. Le roi Hiang estima qu’il ne pouvait plus échapper ; il dit à ses cavaliers :

— Huit années se sont écoulées depuis le moment où j’ai commencé la guerre jusqu’à maintenant ; j’ai livré en personne plus de soixante-dix batailles ; ceux qui m’ont résisté, je les ai écrasés ; ceux qui m’ont attaqué, je les ai soumis ; je n’ai jamais été battu ; j’ai donc possédé l’empire en m’en faisant le chef. Cependant voici maintenant en définitive à quelle extrémité je suis réduit ; c’est le Ciel qui me perd ; ce n’est point que j’aie commis quelque faute militaire. Aujourd’hui, je suis résolu à mourir ; en votre honneur, Messieurs, je combattrai en désespéré ; je les vaincrai certainement trois fois ; en votre honneur, je romprai leur cercle, je leur décapiterai un général, je leur couperai un étendard ; je vous ferai ainsi savoir, Messieurs, que c’est le Ciel qui me perd, mais que je n’ai commis aucune faute militaire.

Alors il divisa ses cavaliers en quatre bandes qu’il disposa sur quatre fronts ; l’armée de Han le tenait enfermé dans un cercle de plusieurs rangs d’épaisseur ; le roi Hiang dit à ses cavaliers :

— Je vais, en votre honneur, m’emparer de ce général que voilà.

Il ordonna à ses cavaliers sur les quatre fronts de descendre[258] à fond de train et leur fixa trois lieux de rendez-vous à l’est de la montagne. Puis le roi Hiang descendit au galop en poussant de grands cris ; l’armée de Han se mit en déroute et il coupa aussitôt la tête à un général de Han. Le marquis de Tch’e-ts’iuen était alors commandant de la cavalerie ; il s’élança à la poursuite du roi Hiang ; celui-ci le regarda avec des yeux dilatés par la colère et l’injuria, le marquis de Tch’e-ts’iuen et son cheval eurent tous deux si peur que l’homme et la bête s’enfuirent à plusieurs li de là[259]. (Le roi Hiang) et ses cavaliers se réunirent en trois endroits différents ; les soldats de Han ne savaient pas dans lequel se trouvaient le roi Hiang ; ils divisèrent donc leur armée en trois pour les cerner de nouveau. Le roi Hiang s’élança alors au galop, décapita encore un tou-wei de Han et tua près d’une centaine d’hommes ; il réunit de nouveau ses cavaliers ; il avait perdu deux d’entre eux ; il dit alors à ses cavaliers :

— Que ferez-vous ?

Tous se prosternèrent et lui répondirent :

— Nous ferons ce que dira Votre Majesté.

Alors le roi Hiang voulut traverser, à l’est, le fleuve Ou[260] ; le chef du ting[261] du fleuve Ou rangea son bateau le long du bord et l’attendit ; il dit au roi Hiang :

— Quoique le pays à l’est du Kiang soit petit, c’est une contrée qui a mille li de côté et qui compte plusieurs centaines de mille hommes ; il est suffisant, lui aussi, pour qu’on y soit roi. Je désire que Votre Majesté passe l’eau en toute hâte. Votre sujet est le seul maintenant à posséder un bateau ; quand l’armée de Han arrivera, elle n’aura aucun moyen de passer.

Le roi Hiang répondit en riant :

— Le Ciel veut ma perte ; à quoi bon passer l’eau ? D’ailleurs, c’est avec huit mille jeunes hommes du pays à l’est du Kiang que j’ai traversé le Kiang et que j’ai été dans l’ouest ; maintenant je reviens sans un seul d’entre eux. Quand bien même les pères et les frères aînés à l’est du Kiang auraient pitié de moi et me nommeraient roi, de quel visage les regarderais-je ? quand bien même ils ne me diraient rien, comment mon cœur ne serait-il pas pénétré de honte ?

Il dit encore au chef du ting : — Je sais que vous êtes un homme de cœur ; je monte ce cheval depuis cinq ans ; il n’a pas le rival qui l’égale ; il a parcouru mille li en un jour ; je n’ai pas le courage de le tuer ; je vous en fais présent.

Il ordonna donc à ses cavaliers de descendre tous de cheval, de marcher à pied et, prenant en main leurs épées, de combattre corps à corps ; (Hiang) Tsi[262], à lui seul, tua plusieurs centaines d’hommes de l’armée de Han. Le roi Hiang lui-même avait reçu plus de dix blessures ; en se retournant, il aperçut Lu Ma-t’ong, capitaine des cavaliers de Han, et lui dit :

— N’êtes-vous pas une de mes anciennes connaissances ?

Ma-t’ong le dévisagea et, le montrant à Wang I, il lui dit :

— Celui-là est le roi Hiang. Le roi Hiang dit alors :

— J’ai entendu dire que Han avait mis à prix ma tête, (promettant pour elle) un millier d’or[263] et une terre de dix mille foyers ; je vous donne cet avantage.

A ces mots, il se coupa la gorge et mourut. Wang I prit sa tête ; d’autres cavaliers se foulèrent aux pieds les uns les autres en s’arrachant le roi Hiang ; ils furent plusieurs dizaines qui s’entretuèrent ; en fin de compte, le lang-tchong-ki Yang Hi, le capitaine de cavalerie Lu Ma-t’ong, le lang-tchong Lu Cheng et Yang Ou se trouvèrent chacun en possession d’un membre ; ces cinq hommes rassemblèrent ces membres qui étaient bien tous (ceux du roi) ; on partagea en cinq le territoire promis : Lu Ma-t’ong reçut le titre de marquis de Tchong-choei[264] ; Wang I, celui de marquis de Tou-yen[265] ; Yang Hi, celui de marquis de Tch’e-ts’iuen[266] ; Yang Ou, celui de marquis de Ou-fang[267] ; Lu Cheng, celui de marquis de Nie-yang[268] : Après la mort du roi Hiang[269], tous les gens du territoire de Tch’ou se rendirent à Han ; seul (le pays de) Lou ne se soumit pas ; alors Han amena les soldats de l’empire, dans le dessein de passer ses habitants au fil de l’épée ; mais, considérant qu’ils avaient observé les rites et la justice et qu’ils étaient restés fidèles à leur maître[270] jusqu’à la mort, il prit la tête du roi Hiang et la montra aux gens de Lou ; les hommes âgés du pays de Lou se soumirent alors. A l’origine, le roi Hoai, de Tch’ou, avait conféré d’abord à Hiang Tsi le titre de duc de Lou ; puis quand (Hiang Tsi) mourut, Lou fut le dernier à se rendre ; c’est pourquoi ce fut avec les rites qui convenaient à un duc de Lou qu’on enterra le roi Hiang à Kou-tch’eng[271]. Le roi de Han témoigna son affliction en cette occasion ; il le pleura, puis se retira.

Les divers membres de la famille Hiang, le roi de Han ne les fit pas tous périr ; il conféra à Hiang Po[272] le titre de marquis Che-yang[273] ; les marquis de T’ao[274], de P’ing-kao[275] et de Hiuen-ou[276] appartenaient tous à la famille Hiang ; on leur donna le nom de famille Lieou. Le duc grand astrologue dit : J’ai entendu dire à maître Tcheou[277] : « Les yeux de Choen avaient de doubles prunelles. » J’ai entendu dire d’autre part que Hiang Yu avait aussi de doubles prunelles. Serait-il son descendant ? Combien soudaine ne fut pas son élévation ! En effet, lorsque les Ts’in perdirent leur domination, Tch’en Ché[278] fut le premier à commencer la révolte ; les braves s’élancèrent comme un essaim d’abeilles et se combattirent les uns les autres en nombre incalculable. Cependant (Hiang) Yu n’avait ni un pied ni un pouce de terre ; profitant de l’occasion, il s’éleva du milieu des sillons[279] ; au bout de trois ans, il commandait à cinq seigneurs[280], il avait écrasé Ts’in, il partageait l’empire et nommait des rois et des seigneurs ; l’autorité émanait de (Hiang) Yu ; son titre était « roi suprême ». Quoiqu’il n’ait pas gardé cette dignité jusqu’au bout, cependant depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, il n’y en a jamais eu de si grande. Ensuite (Hiang) Yu viola (le traité relatif aux) passes et regretta (le pays de) Tch’ou[281] ; il chassa l’Empereur juste et se donna le pouvoir à lui-même ; il s’irrita de ce que les rois et les seigneurs se révoltaient contre lui ; quelles difficultés (ne s’attirait-il pas !). Il s’enorgueillit de ses exploits guerriers, s’enivra de sa propre sagesse et ne prit pas modèle sur l’antiquité. Sous le prétexte d’agir en roi suprême, il voulait s’imposer par la force et régler à son gré tout l’empire. La cinquième année, il perdit soudain son royaume ; lui-même mourut à Tong-tch’eng[282], mais il ne comprit point encore et ne s’incrimina pas lui-même ; quelle erreur ! En effet,

— C’est le Ciel, dit-il, qui me perd et ce n’est point que j’aie commis aucune faute militaire.

N’est-ce pas là de l’aveuglement ?

  1. Hiang Yu n’ayant jamais été empereur, sa biographie n’aurait pas dû trouver place dans les Annales principales (cf. tome I, Introduction, p. cLxxvn). Pan Kou, plus fidèle à la méthode de son devancier, ne consacre à Hiang Yu qu’une monographie (TsHen Han chou, chap. xxxi).
  2. A l’ouest de la sous-préfecture de Sou-ts’ien, préfecture de Siu-tcheou, province de Kiang-sou.
  3. On a vu (p. 122) que Hiang Yen nomma le prince de Tch’ang-p’ing roi de Tch’ou et qu’il se révolta en 224 avant J.-C. Les Annales principales de Ts’in Che-hoang-ti ajoutent que, l’année suivante, il fut battu par Wang Tsien et se suicida. Ici, nous avons affaire à un témoignage un peu différent, puisqu’il est dit que Hiang Yen fut mis à mort par Wang Tsien.
  4. Aujourd’hui, sous-préfecture de Hiang-tch’eng, préfecture secondaire de Hiu, province de Ho-nan.
  5. Yo-yang se trouvait au nord de la sous-préfecture de Lin-t’ong, préfecture de Si-ngan, province de Chàn-si. — Tchang Cheou-tsie indique que, dans ce nom de lieu, le caractère [] doit être lu Yo, et son assertion est confirmée par le dictionnaire de K’ang-hi.
  6. Au sud de la préfecture secondaire de Sou, préfecture de Fong-yang, province de Ngan-hoei.
  7. Ce paragraphe, qui semble, à première vue, une digression sans importance, est destiné à expliquer les relations qui existèrent plus tard entre Hiang-Leang, Se-ma Hin et Ts’ao Kieou.
  8. Hiang Leang avait acquis une telle autorité que, d’une part, les vieillards expérimentés et les hauts fonctionnaires lui laissaient la direction des cérémonies et des travaux publics, et que, d’autre part, ses hôtes et les jeunes gens lui obéissaient comme à leur chef reconnu.
  9. Cf. p. 185.
  10. J’ai cherché à rendre dans ma traduction la forme un peu vulgaire du propos de Hiang Tsi.
  11. Cf. note 06.526. .
  12. D’après le Tchoen ts’ieou de Tch’ou et de Han, le nom de famille de ce personnage était Yn.
  13. Tsé-tchong est identique à Ta-tsé dont il vient d’être parlé. Ces deux dénominations signifient, la première, « la région des marais » et, la seconde, « les grands marais » (cf. note 06.526. ).
  14. L’expression [] donne à entendre qu’il s’agit de plusieurs dizaines, mais de moins de cent.
  15. Le sens propre du mot [] est : perdre la respiration.
  16. Le mot [], dit Yen Che-kou, suppose que les préfectures dont il s’agit ne dépendaient pas de la commanderie de Ou. Les soldats doivent donc s’en emparer.
  17. Heou doit être le nom d’une fonction ; mais les commentateurs ne donnent aucun éclaircissement.
  18. On a vu plus haut que Hiang Leang dirigeait les cérémonies funéraires dans le pays de Ou.
  19. C’est à ce moment que Hiang Tsi était âgé de vingt-quatre ans.
  20. Dans l’expression, le mot est expliqué par Yen Che-kou comme l’équivalent de [] = aider, assister.
  21. La préfecture de Koang-ling, à l’époque des Ts’in, correspond à la préfecture actuelle de Yang-tcheou, province de Kiang-sou.
  22. Le caractère [] se prononce ici Chao. Il faut distinguer ce personnage de Chao P’ing, marquis de Tong-ling et de Chao P’ing, conseiller de Ts’i.
  23. Tch’en Cheng ou Tch’en Ché. Cf. Mém. hist. , chap. XLVIII.
  24. Il venait d’être défait par Tchang Han, général de Ts’in.
  25. D’après Yng Chao, la dignité de chang-tchou-kouo aurait été une des plus élevées du royaume de Tch’ou ; elle correspondait au titre de conseiller d’État chez les Ts’in et les Han.
  26. Tong-yang était une préfecture de l’époque des Ts’in : cette localité se trouvait au nord-ouest de la sous-préfecture de T’ien-tch’ang, préfecture secondaire de Se, province de Ngan-hoei.
  27. Littéralement : les têtes vertes. Les commentateurs disent que ces jeunes gens avaient adopté des bonnets verts afin de se distinguer des autres bandes qui parcouraient le pays.
  28. Cf. Mémoires historiques, chap. XCI. Ce personnage est aussi désigné sous le nom de Yng Pou ; Yng était son véritable nom de famille. — Le commentateur Fou K’ien prétend que K’ing Pou et le général P’ou ne sont qu’un seul et même personnage. Mais Jou Choen a réfuté d’une manière définitive cette opinion qui est contredite par d’autres textes.
  29. Hia-p’ei était à peu de distance de la préfecture secondaire de Pei, préfecture de Siu-tcheou, province de Kiang-sou.
  30. Après la défaite et la mort de Tch’en Ché, Ts’in Kia, avait nommé roi de Tch’ou un membre de l’ancienne famille princière de Tch’ou, King Kiu.
  31. P’ong-tch’eng est aujourd’hui la ville préfecturale de Siu-tcheou, province de Kiang-sou.
  32. Hou-ling était une préfecture à 60 li au sud-est de la préfecture secondaire de Yu-t’ai, préfecture secondaire de Tsi-ning, province de Chan-tong.
  33. Le territoire de Leang correspond à la préfecture de Koei-, province de Ho-nan.
  34. La préfecture de Li était sur le territoire de la sous-préfecture actuelle de Hia-i, préfecture de Koei-, province de Ho-nan.
  35. La ville de Sie était à 40 li au sud de la sous-préfecture de T’eng, préfecture de Yen-tcheou, province de Chan-tong.
  36. Aujourd’hui, sous-préfecture de Siang-tch’eng, préfecture secondaire de Hiu, province de Ho-nan.
  37. Aujourd’hui sous-préfecture de P’ei, préfecture de Siu-tcheou, province de Kiang-sou. Le gouverneur de P’ei est le futur Han Kao-tsou.
  38. Cette préfecture de l’époque des Ts’in correspond à la sous-préfecture actuelle de Tch’ao, préfecture de Lu-tcheou, province de Ngan-hoei.
  39. Cf. note 05.404. .
  40. Wen Yng et Fou K’ien disent que l’expression [] signifie : un vieillard des régions du sud. Il semble cependant que cette expression soit plutôt le surnom d’un devin du pays de Tch’ou. Dans le chapitre I wen tche du livre des Han antérieurs (chap. XXX, p. 16 v°), à l’article de l’école du yn et du yang, on voit mentionné l’ouvrage de Nan-kong en 31 chapitres ; une note ajoute que ce livre est de l’époque des six royaumes ; il est donc attribué à ce même Nan-kong dont il est parlé ici.
  41. Cette prédiction assez obscure a donné lieu à des interprétations diverses. La plus simple est celle de Sou-Lin : les gens de Tch’ou ont conçu contre ceux de Ts’in une telle haine que, même s’ils étaient réduits à n’être plus que trois familles, ils seraient encore capables de triompher de Ts’in. Wei Tchao dit que les trois familles de Tch’ou dont il est question sont les trois puissantes familles Tchao, K’iu et King ; mais cette explication ne rend pas compte de la valeur du mot [] = quoique, quand bien même. Se-ma Tcheng et Tchang Cheou tsie veulent tous deux que San-hou soit le nom d’une localité du pays de Tch’ou : en effet, on verra plus loin que Hiang Yu franchit la rivière Tchang au gué de San-hou et fit essuyer une grande défaite à l’armée de Ts’in. Quelque ingénieuse que soit cette explication, je ne vois pas comment on peut l’appliquer à la phrase que nous avons sous les yeux ; on peut sans doute traduire : A San-hou, celui qui anéantira Ts’in, ce sera certainement Tch’ou. Mais que deviennent alors les deux premiers mots [][] ? Je me rattache donc à l’opinion moins subtile et plus naturelle de Sou Lin.
  42. Cf. p. 80 et note 139.
  43. [] = pour le compte d’un homme. Sin n’avait pas de troupeau à lui appartenant ; il était aux gages d’autrui.
  44. Il lui donna pour nom le nom posthume de son aïeul, afin de bien montrer qu’il voulait se conformer aux désirs du peuple et restaurer la dynastie légitime.
  45. Aujourd’hui, sous-préfecture de Hiu-i, préfecture secondaire de Se, province de Ngan-hoei.
  46. K’ang-fou était sur le territoire de la préfecture secondaire de Tsi-ning, province de Chan-tong.
  47. Aujourd’hui sous-préfecture de Tong-ngo, préfecture de T’ai-ngan, province de Chan-tong. Cette localité est la même que celle qui est appelée Ko dans le tch’oen ts’ieou (13e année du duc Tchoang).
  48. T’ien Tan était le précédent roi de Ts’i ; il avait été mis à mort par le général de Ts’in, Tchang Han, et les gens de Ts’i avaient nommé T’ien Kia à sa place. T’ien Yong, qui était le frère cadet de T’ien Tan, chassa T’ien Kia et le remplaça par le fils de T’ien Tan.
  49. Le mot [] est ici l’équivalent de [] = urgent, presser. Le Dictionnaire de Kang-hi cite, comme exemples de cet emploi du mot [], la phrase de Se-ma Ts’ien que nous venons de traduire.
  50. Cf. note 06.313. .
  51. A 91 li à l’est de la préfecture secondaire de P’ou, préfecture de Ts’ao-tcheou, province de Chan-tong.
  52. A 86 li à l’ouest de la préfecture secondaire de P’ou (cf. la note précédente).
  53. Cf. note 05.464. ad fin.
  54. Aujourd’hui, sous-préfecture de K’i, préfecture de K’ai-fong, province de Ho-nan (cf. tome I, note 04.235).
  55. Yng Chao dit que Li Yeou était le fils de Li Se. Il était administrateur de la commanderie de San-tch’oan.(Cf. note 05.384. )
  56. Non loin de la sous-préfecture de Tch’en-lieou, préfecture de K’ai-fong, province de Ho-nan.
  57. C’est-à-dire Hiang Leang. Cf. p. 257.
  58. Aujourd’hui, sous-préfecture de Tch’en-lieou, préfecture de K’ai-fong, province de Ho-nan. il y avait autrefois deux villes de Lieou, une dans le pays de Song, l’autre dans le pays de Tch’en ; c’est pourquoi on appelait cette dernière Tch’en-lieou.
  59. Cf. note 131.
  60. Aujourd’hui, sous-préfecture de T’ang-chan, préfecture de Siu-tcheou, province de Kiang-sou.
  61. Kiu-lou était une ville de l’État de Tchao. C’est aujourd’hui la sous-préfecture de P’ing-hiang, préfecture de Choen-, province de Tche-li.
  62. Wang Li et Ché Kien étaient deux généraux de Ts’in.
  63. Ling-yn était le titre qu’on donnait dans le royaume de Tch’ou aux hauts dignitaires.
  64. Cf. note 160.
  65. Cf. note 05.452. .
  66. Hiang Leang.
  67. Littéralement : « fils de haut dignitaire » était une appellation honorifique que se décernaient entre eux les gens d’un certain rang. [][] signifie « être à la tête de l’armée » ; au temps de l’empereur Ou, le général Houo Kiu-p’ing reçut de même le titre de « marquis commandant en chef l’armée. »
  68. D’après le Ts’ong kien tsi lan et le T’ong kien kang mou, cette préfecture des Ts’in était à 50 li au sud-est de la sous-préfecture de Ts’ao, préfecture de Ts’ao-tcheou, province de Chan-tong. — Cependant Yen Che-kou identifie cette ville avec la sous-préfecture actuelle de Ngan-yang, préfecture de Tchang-, province de Ho-nan ; cette localité qui s’appelait autrefois Ning-sin tchong avait pris le nom de Ngan-yang en 257 avant J.-C.(Cf. note 05.489).
  69. Si Ngan-yang est identique à la sous-préfecture de Ts’ao (cf. la note précédente), le fleuve dont il s’agit est le Hoang-ho ; si, au contraire, Ngan-yang est la sous-préfecture de ce nom, dans la préfecture de Tchang-, le fleuve sera le Tchang-ho (cf. tome I, note 02.126. ).
  70. Un taon qui s’attaque à un bœuf ne se préoccupe pas de détruire ses poux ; c’est-à-dire, quand on a de grands desseins, on ne s’arrête pas à remporter de petits avantages ; quand on a pour but de détruire Ts’in, on ne s’inquiète pas de secourir Tchao. — D’autres interprétations peuvent être données de cette phrase : § quand on se saisit d’un taon qui est sur le dos d’un bœuf, on ne peut détruire les poux qui se cachent sous sa toison ; c’est-à-dire on aurait beau triompher de Tchang Han, on n’aurait pas, pour cela, anéanti la puissance de Ts’in. § Ou encore, si l’on veut écraser un taon, on ne peut détruire les poux ; c’est-à-dire en donnant un grand coup pour écraser un taon, on ne peut détruire en même temps les poux, car, pour saisir un pou, il faut plus d’adresse que de force ; il faut donc savoir ce qu’on veut faire et choisir entre les deux choses ; en d’autres termes, si on se propose d’écraser Ts’in (qui est comparé à un taon), on ne s’attardera pas à triompher de Tchang Han (qui est comparé à un pou).
  71. Remarquons l’expression que Yen Che-kou commente en disant qu’elle signifie [] = marcher tambour battant, être sans crainte.
  72. A l’est de la préfecture secondaire de Tong-p’ing, préfecture de T’ai-ngan, province de Chan-tong. — Ce texte vient confirmer l’opinion de ceux qui placent Ngan-yang dans le Chan-tong, car si Ngan-yang avait été dans le voisinage de la préfecture de Tchang-, du Ho-nan, il est bien peu vraisembrable que Song I se fût si fort éloigné de son armée dans le simple but d’accompagner son fils.
  73. L’édition de K’ien-long donne la leçon [] ; le Che ki luen wen donne la leçon [] ; ces deux caractères sont ici l’équivalent du caractère unir ses forces. Cf. Chou king, chap. T’ang kao.
  74. Au lieu de [], le Ts’ien Han chou donne la leçon [] qui peut s’expliquer de deux manières : ou bien en disant que les soldats n’ont plus qu’une demi-ration de pois, ou bien en disant qu’ils sont obligés de mettre moitié de pois dans leur nourriture.
  75. [] est ici l’équivalent de [] = actuel, prêt.
  76. Tchang Cheou tsie (cité par le T’ong kien kang mou, chap. II, p. 24 r°), qui place Ngan-yang près de la préfecture de Tchang-, dit que ce fleuve est le Tchang-ho (cf. note 169). Ce doit être le Hoang-ho, si l’on admet que Ngan-yang était dans le Chan-tong.
  77. En envoyant son fils avec le titre de conseiller dans l’État de Ts’i.
  78. [a] désigne une petite poutre ; [b] désigne une poutre inclinée ; l’expression [ab] désigne donc une charpente qui supporte ou qui résiste, et prend le sens de résister.
  79. Le mot [] est l’équivalent de [] = exercer en fait, mais provisoirement, une autorité. Ce mot donne à entendre que Hiang Yu n’avait pas encore reçu du roi Tch’ou le titre de général en chef et que sa nomination devait, pour devenir définitive, être ratifiée par son souverain.
  80. Le prince de Tang-yang n’est autre que K’ing Pou. La présence du mot [] dans cette phrase prouve bien que King Pou et le général P’ou sont deux personnages différents. Cf. note 128.
  81. C’est-à-dire Song I ; cf. note 167.
  82. Cf. note 176.
  83. Cette phrase semble donner raison à ceux qui placent Ngan-yang dans la préfecture de Tchang- et qui veulent que le fleuve dont il est question soit le Tchang-ho. En effet, trois jours de vivres auraient été fort insuffisants, s’il s’était agi d’aller du Chan-tong jusqu’à la préfecture de Choen-, dans le Tche-li.
  84. Sou Kio et Wang Li étaient des généraux de Ts’in.
  85. Outre le camp de Tch’en Yu, général de Tchao, il y avait sous les murs de Kiu-louo, dit le T’ong kien tsi lan (chap. XI, p. 25 v°). les camps de T’ien Tou, général de Ts’i, de Tsiang T’ou, général de Yen, de T’ien Ngan, petit-fils de Kien, roi de Ts’i, de Tchang Ngao, fils de Tchang Eul. Toutes ces armées rassemblées n’avaient point osé tenter contre les forces de Ts’in commandées par Tchang Han, Wang Li, Sou Kio et Ché Kien une attaque décisive et laissèrent Hiang Yu, à la tête des troupes de Tch’ou, remporter seul la victoire.
  86. L’expression [] signifie littéralement : « la porte des timons de char ». Lorsque l’armée était en campagne, les chars de guerre étaient mis en rangs au lieu du campement et les timons de deux chars se faisant face indiquaient la porte.
  87. Au sud de la sous-préfecture de P’ing-hiang, préfecture de Choen-, province de Tche-li.
  88. Ce tchang-che Hin avait pour nom de famille Se-ma. Il est identique au Se-ma Hin qui autrefois, en sa qualité de chef de la prison de Yo-yang, avait rendu service à Hiang Leang. Cf. note 107.
  89. Les gardes de l’enceinte du palais étaient sous les ordres d’officiers appelés se-ma ; c’est pourquoi on donnait à toutes les portes extérieures du palais le nom de « porte du se-ma ». Sur cet incident, cf. pp. 210-211.
  90. Cf. notes 05.448. et 05.449.
  91. Cf. notes 05.473. et 05.474. Ma-fou est le surnom de Tchao Kouo qui était le commandant des troupes de Tchao lorsqu’elles furent défaites par Po K’i à Tch’ang-p’ing. § D’après Fou K’ien, ma-fou (qui serait l’équivalent de fou-ma = celui qui soumet les chevaux) aurait été un titre honorifique qui aurait été décerné à Tchao Ché, père de Tchao Kouo, à cause de ses exploits militaires ; ce titre serait devenu héréditaire dans la famille. § Suivant d’autres commentateurs, ma-fou aurait été à l’origine le nom d’une haute fonction militaire dans le pays de Tchao. § Enfin une troisième explication, qui me paraît la plus plausible est celle qui est donnée par Tchang Cheou-tsie (cité par le T’ong kien tsi lan, chap. X, p. 7 r°) : Ma-fou est le nom d’une montagne au nord-ouest de la sous-préfecture de Han-tan, préfecture de Koang-p’ing, province de Tche-li ; Tchao Ché et, après lui, Tchao Kouo, auraient reçu en fief la localité où se trouvait cette montagne, et c’est pourquoi ils reçurent le titre de « prince de Ma-fou ».
  92. Yu-tchong correspond au territoire de la préfecture de Yu-lin et de la préfecture secondaire de Soei-, au nord du Chàn-si.
  93. A 90 li au nord de la sous-préfecture de Ngan-ting , préfecture de Yen-ngan, province de Chàn-si.
  94. C’est-à-dire : depuis longtemps il cache à son souverain le véritable état de choses.
  95. C’est-à-dire : il vous remplacera par un autre général dans le commandement de l’armée.
  96. Le commentaire du T’ong kien kang mou dit que [] est ici l’équivalent de [] grief, inimitié.
  97. Littéralement : et dire, en parlant d’eux-mêmes, moi, l’homme unique.
  98. Heou, ou plus exactement kiun-heou, était le nom d’une fonction militaire. Cette note complète la note 117.
  99. San-hou était un gué de la rivière Tchang ; il se trouvait à l’ouest de la sous-préfecture de Lin-tchang, préfecture de Tchang-, province de Ho-nan. Cf. note 141 ad fin.
  100. Dans le nom de cette rivière, le caractère se prononce yu. La rivière Yu est un petit affluent de la rivière Tchang, au sud-ouest de la sous-préfecture de Lin-tchang.
  101. La rivière Yuen coule parallèlement à la rivière Tchang, mais plus au sud ; elle passe fort près de la ville préfecturale de Tchang-. La colline de Yn était à peu de distance au sud-est de la sous-préfecture de Nei-hoang, préfecture de Tchang-, province de Ho-nan.
  102. Ts’ien-hang = l’avant-garde.
  103. A l’est de sous-préfecture de Mien-tch’e, préfecture et province de Ho-nan.
  104. Cf. note 06.504. .
  105. Ces soldats avaient été placés là par Lieou Pang, gouverneur de P’ei, qui devait être plus tard Han Kao-tsou. Comme on le verra au chapitre suivant, Lieou Pang avait pris les devants sur Hiang Yu et les seigneurs ; il avait pénétré dans le pays à l’intérieur des passes et était entré sans coup férir à Hien-yang où il avait obtenu la reddition du dernier souverain de la dynastie Ts’in.
  106. K’ing Pou. Cf. note 180.
  107. La rivière Hi et la rivière Pa sont deux petits affluents de droite de la rivière Wei ; la rivière Pa (cf. note 06.480. ) est fort voisine de la ville préfecturale de Si-ngan ; la rivière Hi est un peu plus à l’est.
  108. En faisant cette démarche, Ts’ao Ou-chang espérait gagner les bonnes grâces de Hiang Yu ; il trahissait donc son chef, le gouverneur de P’ei.
  109. Hong-men était à l’ouest de la rivière Hi et à 17 li à l’est de Sin-fong, qui n’est autre que la sous-préfecture de Lin-t’ong, préfecture de Si-ngan, province de Chàn-si.
  110. Po était l’appellation de ce personnage qui, de son nom personnel, s’appelait Tchan.
  111. Cf. note 06.297. .
  112. Hiang Yu.
  113. Littéralement : en vue de ce qui n’arrive pas toujours. L’expression [] désigne les événements fâcheux qui peuvent se produire d’une manière inattendue ; c’est ainsi que Yen Che-kou, commentant un passage du Ts’ien Han-chou (chap. XIX, 1e partie, p. 68, article du tchong-wei), dit que certains officiers de police par courent la route en avant du cortège impérial afin de prévenir les événements inattendus.
  114. Cf. note 208.
  115. Ya-fou, c’est-à-dire « le second père », est un surnom honorifique qui avait été décerné à Fan Tseng.
  116. Hiang Tchoang était cousin germain de Hiang Yu.
  117. L’expression [] signifie, dit Yen Che-kou, le fait de présenter la coupe tsio à celui qu’on veut honorer et de lui souhaiter une longévité illimitée.
  118. Sur ce personnage, cf. Mémoires historiques, chapitre XCV.
  119. D’après le Yu pien, cité par le Dictionnaire de K’ang-hi au mot tche, le tche ordinaire avait une contenance de quatre cheng ; or il faut dix cheng pour faire un teou ; une coupe tche d’une capacité d’un teou était donc plus du double d’une coupe ordinaire.
  120. Le mot [], dit Yen Che-kou a ici le sens de [] = laisser.
  121. Cf. Mémoires historiques, chapitre XCV.
  122. Le Ts’ien Han chou (chap. I, 1e partie, p. 11 r°) écrit Ki Tch’eng : Ki Tch’eng fut le père de Ki T’ong.
  123. Tche-yang qui fut plus tard la préfecture de Pa-ling , était à l’est de la sous-préfecture actuelle de Hien-ning, préfecture de Si-ngan, province de Chàn-si.
  124. Littéralement : n’a pas triomphé des tasses et des coupes.
  125. Il parle de Hiang Yu qui, par son indécision, a fait manquer le complot.
  126. Le traître qui avait dénoncé ses projets à Hiang Yu ; cf. note 208.
  127. Ces barrières, dit Siu Koang, étaient, à l’est, la passe Hien-kou (cf. note 06.504. ) ; au sud, la passe [] (cf. p. 156. , n. 2) ; à l’ouest, la passe San (dans la préfecture de Fong, au nord de la préfecture de Han-tchong, province de Chàn-si) ; au nord, la passe Siao (au sud-est de la ville préfecturale de P’ing-leang, province de Kan-sou).
  128. Un singe qui s’affuble d’un bonnet viril n’est pas capable de le garder longtemps et son naturel ne tarde pas à reparaître ; il en est de même des gens de Tch’ou.
  129. Le Ts’ien Han chou, chap. XXXI, p. 10 r°, appelle ce personnage « maître Han » ; le tch’oen ts’ieou de Tch’ou et de Han l’appelait « maître Ts’ai ».
  130. Kiang Yu espérait que le roi de Tch’ou lui donnerait le titre de roi ; mais le roi de Tch’ou lui répondit qu’il fallait s’en tenir aux termes de la convention d’après laquelle celui qui entrerait le premier à l’intérieur des passes serait nommé roi ; or c’était Lieou Pang, gouverneur de P’ei, et non Hiang Yu, qui avait pénétré le premier dans le territoire de Ts’in.
  131. Irrité de la réponse du roi de Tch’ou, Hiang Yu feint de l’honorer en lui décernant le titre d’Empereur juste, mais en réalité il lui enlève tout pouvoir et s’arroge le droit de distribuer les provinces de l’empire aux divers généraux.
  132. Dans l’expression [], le mot [] se prononce pou ; on traduit généralement cette expression comme signifiant : exposé au soleil ardent et à la rosée (cf. Couvreur, Dictionnaire chinois-français, p. 598). Mais le mot [] est, d’après le commentaire du T’ong kien kang mou (chap. II, p. 27 v°), l’équivalent de [] ; on trouve la même explication dans un commentateur du livre des Han postérieurs cité par le Dictionnaire de K’ang-hi. Ainsi les deux mots pou lou ne désignent pas le soleil ardent et la rosée, mais ce sont des synonymes qui désignent tous deux la rosée.
  133. Cf. notes 05.313. et 05.363. .
  134. Aujourd’hui, sous-préfecture de Nan-Tcheng, préfecture de Han-tchong, province de Chàn-si.
  135. Aujourd’hui, sous-préfecture de Hing-p’ing, préfecture de Si-ngan, province de Chàn-si.
  136. Cf. note 107.
  137. Cf. note 105. Le territoire de Sai correspondait à la sous-préfecture actuelle de Ling-pao, préfecture et province de Ho-nan ; il s’étendait à l’ouest jusqu’à la passe T’ong.
  138. A l’époque tch’oen-ts’ieou, ce territoire était habité par les tribus barbares appelées les Ti blancs.
  139. A l’est de la sous-préfecture de Fou-che qui fait partie de la cité préfecturale de Yen-ngan, province de Chàn-si.
  140. Hiang Yu déplaça ce roi, parce qu’il voulait prendre pour lui-même le territoire de Leang (T’ong kien tsi lan, chap. XII, p. 5 r°). Cf. note 05.340. .
  141. Aujourd’hui, préfecture de P’ing-yang, province de Chān-si.
  142. Wen Yng dit que le nom de famille de ce personnage était Hia-k’ieou et que son nom personnel était Chen-yan. Mais cette opinion paraît insoutenable. Chen Yang devait être gouverneur de Hia-k’ieou. Hia-k’ieou était une préfecture à 25 li à l’ouest de la sous-préfecture de Tse-yang, préfecture de Yen-tcheou, province de Chan-tong.
  143. Lo-yang était à 26 li au nord-est de la sous-préfecture actuelle de Lo-yang, qui fait partie de la préfecture de Ho-nan. C’était l’ancienne ville de Tch’eng-tcheoui (cf. tome I, note 04.293.  ; note 04.497.  ; tome II, note 223), Le roi Tchoang-siang (249-237 av. J.-C.) en avait fait la préfecture de Lo-Yang et avait placé cette ville sous les ordres de l’administrateur de la commanderie de San-tch’oan. Sur les deux orthographes [a] et [b] qui ont cours pour désigner la rivière Lo et la ville de Lo-yang, nous trouvons dans le commentaire de Tchang Cheou tsie une explication qui apparaît déjà chez le commentateur Yen Che-Kou et plus anciennement chez Lou -ming et Yu Hoan : autrefois le mot Lo se serait écrit [b] ; mais, quand les Han postérieurs (25-220 ap. J.-C,) fixèrent leur capitale à Lo-yang, comme ils régnaient par la vertu de l’élément feu et que le feu est vaincu par l’eau, ils supprimèrent le signe de l’eau à gauche du caractère [b], et ajoutèrent le caractère [c] à la droite de la phonétique ; en effet, le caractère [c] symbolise la terre (j’avoue que ce point de la théorie reste obscur pour moi) ; or la terre triomphe de l’eau qui est l’élément que redoutaient les Han. — Cette explication se heurte à une objection très forte : dans plusieurs textes antérieurs à la dynastie des seconds Han, tels que le Tcheou li, le Tso tchoan, etc. , on trouve la rivière Lo du Ho-nan désignée par le caractère [a] ; ce caractère était donc admis avant la prétendue réforme attribuée aux Han postérieurs. Le Dictionnaire de K’ang-hi (au mot [a]) fait bon marché de cette objection, en disant que les textes anciens devaient présenter la leçon [b] et qu’ils ont été corrigés à une époque ultérieure. Mais ce n’est pas là une réponse scientifique. — Le critique Toan Yu-ts’ai, dans son édition du Chouo wen (chap. XI, p. 18 v° et 19 r°, au mot [b]) a tiré la question au clair avec toute la précision et la lucidité qui sont les caractéristiques de cet excellent esprit : il commence par établir, au moyen des textes anciens, qu’à l’origine le mot [b] désignait la rivière Lo du Chàn-si (cf. t. I, p. 202, n. 3) et que le mot [a] désignait la rivière Lo du Ho-nan (cf. tome I, note 02.187. ) ; les empereurs de la dynastie Wei (220-264 ap. J.-C.), qui régnaient par la vertu de la terre, et qui avaient leur capitale à Lo-yang, changèrent l’orthographe [a] en [b], parce que la terre est le mâle de l’eau et que la dynastie se trouvait ainsi étroitement associée à sa capitale, comme le mâle à la femelle ; mais, pour prévenir la critique, les empereurs Wei prétendirent qu’ils ne faisaient que revenir à l’ancienne orthographe ; ce furent donc eux qui inventèrent la théorie que les Han postérieurs avaient modifié le caractère et l’avaient écrit [a]. C’est en effet dans un texte de l’époque des Wei que nous trouvons exposée pour la première fois cette théorie : « Cette erreur, dit Toan Yu-ts’ai, a son origine dans une citation du Wei lio (dont l’auteur est Yu Hoan), faite par P’ei Song-tche (mort en 451 ap. J.-C.), de l’époque des Wei ; (cette citation est ainsi conçue) : la première année Hoang-tch’ou (220 ap. J.-C.), un décret fut rendu qui disait que les Han avaient eu l’élément feu, que le feu redoute l’eau, et que c’était pour cette raison que, dans le caractère [], on avait retranché [] et ajouté []. Ainsi l’ancienne orthographe de la rivière Lo du Ho-nan était [a], comme le prouvent les textes les plus dignes de foi. En 220 après J.-C., la dynastie Wei changea [a] en [b], et, pour ôter de sa gravité à ce coup d’État orthographique, elle prétendit que la dynastie précédente avait déjà changé [b] en [a] et qu’elle ne faisait que revenir à la coutune primitive. Mais, en réalité, c’est [a] qui a été altéré en [b], et non [b] qui a été modifié en [a].
  144. Yang-ti est aujourd’hui la préfecture secondaire de Yu, préfecture de K’ai-fong, province de Ho-nan. Le nom de Yu fut donné à cette localité au début de la période Wan-li (1573-1619 ap. J.-C.), parce que les érudits prétendaient que le fief de l’empereur Yu s’était trouvé là. — Yang-ti était une préfecture des Ts’in. A l’époque tch’oen ts’ieou, c’était la ville de Li (cf. Tch’oen ts’ieou, 15e année du duc Hoan), qui était la seconde capitale du royaume de Tcheng et se trouvait à 90 li au sud-ouest de la capitale principale de ce royaume (H. T. K. K., chap. CCLII, p. 16 r°).
  145. Yn était, au temps des Ts’in, une préfecture à 33 li au sud-est de la sous-préfecture de Nei-hoang, préfecture de Tchang-, province de Ho-nan (cf. commentaire du T’ong kien kang mou, 3e année de l’empereur Eul-che de la dynastie Ts’in). Elle se trouvait à 136 li au nord-est de la ville de Tchao-ko (cf. la note suivante). D’après la légende, c’est là que l’empereur P’an-keng (cf. cependant tome I, notes 03.116. et 03.184. , où la résidence de P’an-keng est identifiée avec Yen-che) avait transféré la capitale de la dynastie Hia qui, à partir de ce moment, avait pris le nom de Yn. — Dans ce texte, le nom de Yn est pris comme désignant toute la région dont Tchao-ko était la ville principale.
  146. Aujourd’hui, sous-préfecture de K’i, préfecture de Wei-hoei, province de Ho-nan.
  147. Aujourd’hui, préfecture secondaire de Yu, préfecture de Siuen-hoa, province de Tche-li.
  148. Aujourd’hui préfecture de Choen-, province de Tche-li.
  149. Au commencement de la première dynastie Han, la commanderie de Kieou-kiang fut érigée en royaume de Hoai-nan. L’empereur Ou en fit derechef la commanderie de Kieoukiang. C’était dans cette région que se trouvaient à l’époque tch’oen-ts’ieou les petites principautés de Leou (aujourd’hui préfecture secondaire de Leou-ngan, province de Ngan-hoei ; cf. tome I, note 02.300. ) et de Chou-leao (aujourd’hui sous-préfecture de Lu-kiang, préfecture de Lu-tcheou, province de Ngan-hoei.
  150. A 60 li au sud-est de la sous-préfecture de Chou-tch’eng, préfecture de Lu-tcheou, province de Ngan-hoei.
  151. Aujourd’hui sous-préfecture de P’ouo-yang, faisant partie de la cité préfecturale de Jao-tcheou, province de Kiang-si.
  152. Le Po-yue (ou les cent Yue) désigne tout l’ensemble des principautés plus ou moins indépendantes qui s’étaient fondées sur les ruines de l’ancien royaume de Yue.
  153. Au sud-est de la sous-préfecture de Hoang-kang, qui fait partie de la cité préfecturale de Hoang-tcheou, province de Hou-pe.
  154. Cf. note 125.
  155. Cf. note 231.
  156. Cf. p. 87, ligne 2. La commanderie de Nan fut changée, sous les Han, en royaume de Lin-kiang ; c’est le nom qui est donné ici au fief de Kong Ngao.
  157. Aujourd’hui, sous-préfecture de Kiang-ling, préfecture de King-tcheou, province de Hou-pe. C’était, à l’époque de King-tcheou Tch’oen-ts’ieou, la ville de Yng, capitale du royaume de Tch’ou (cf. tome I, note 04.512. ).
  158. Le T’ong kien tsi lan ajoute que Han Koang eut sa capitale à Ou-tchong, aujourd’hui sous-préfecture de Yu-t’ien, préfecture secondaire de Tsoen-hoa, province de Tche-li).
  159. Aujourd’hui, préfecture secondaire de Ki, préfecture de Choen-t’ien (Péking), province de Tche-li.
  160. C’est-à-dire « le pays à l’est de la rivière Kiao ». La capitale de cette principauté était la ville de Ki-mo (aujourd’hui, sous-préfecture de Ki-mo, préfecture de Lai-tcheou, province de Chan-tong)
  161. Aujourd’hui, sous-préfecture de Lin-tse, préfecture de Ts’ing-tcheou, province de Chan-tong.
  162. Aujourd’hui, dit le Tong kien tsi lan (chap. XII, p. 5 v°), dans la sous-préfecture de T’ai-ngan, préfecture de T’ai-ngan, province de Chan-tong, il y a l’ancienne ville de la sous-préfecture de Po ; sous les Han, elle s’appelait Po-yang.
  163. Cf. p. 258-259.
  164. Aujourd’hui, sous-préfecture de Nan-p’i, préfecture de T’ien-tsin, province de Tche-li.
  165. C’est-à-dire, de Ou Joei, prince de P’ouo (cf. note 251). Quoique le caractère [] soit ici écrit [], une note du T’ong kien tsi tan (chap. XII, p. 5 r°) met hors de doute qu’il s’agit bien de Ou Joei.
  166. Cf. note 131. On distinguait le Tch’ou occidental du Tch’ou méridional qui avait son centre à King-tcheou-fou, dans le Hou pe, et du Tch’ou oriental qui avait son centre à Sou-tcheou-fou dans le Kiang-sou.
  167. C’est à partir du moment où Lieou Pang fut nommé roi de Han, que la dynastie Han compte les années de son règne.
  168. D’après certains commentateurs, il faudrait traduire : « Les seigneurs se séparèrent auprès (de la rivière) Hi. »
  169. De mille li de côté, c’est-à-dire de un million de li carrés. Cf. tome I, note 02.246. .
  170. Aujourd’hui, préfecture secondaire de Tch’en, province de Hou-nan.
  171. Cf. note 258.
  172. T’ien Che, l’ex-roi de Ts’i, qui avait été nommé par Hian Yu roi de Kiao-tong. Cf. note 260.
  173. Cf. la note précédente.
  174. Cf. note 260.
  175. C’est-à-dire les royaumes de T’si, de Tsi-pe et de Kiao-tong.
  176. On a vu plus haut que Tch’en Yu, de même que T’ien Yong, n’avait pas été avantagé lors de la distribution de terres faite par Hiang Yu.
  177. Ce personnage est aussi appelé parfois « le prince de Tch’eng-cheou ».
  178. Cf. note 247.
  179. [A]. Je serai obligé d’indiquer le caractère chinois [css, ici, [A] ou [B]] toutes les fois que, dans la traduction, une équivoque sera possible entre [A] et [B]. Le roi de Han dont il est question ici n’est autre que Lieou Pang, l’ex-gouverneur de P’ei et le futur Han Kao-tsou.
  180. Le roi de Han venait de triompher de Se-ma Hin, roi de Sai, de Tong I, roi de Ti et tenait assiégé à Fei-k’ieou Tchang Han, roi de Yong. On a vu plus haut (pp. 285-286) que Hiang Yu avait partagé entre ces trois rois l’ancien territoire de Ts’in, et c’est pourquoi on les appelait les trois Ts’in. Sur ces conquêtes du roi de Han, voyez le chapitre suivant.
  181. King Pou. Cf. pp. 289-290..
  182. Cf. note 151.
  183. Aujourd’hui, sous-préfecture de P’ing-yuen, préfecture de Tsi-nan, province de Chan-tong.
  184. Au lieu du mot [], le Ts’ien Han chou (chap. XXXI, p. 13 r°), donne la leçon [] = ayant pris de force.
  185. Les premiers commentateurs pensaient que ces cinq seigneurs étaient les rois de Sai, de Ti, de Wei, de Yn et de Ho-nan ; mais Yen Che-kou a bien établi que les rois de Sai et de Ti, qui faisaient partie des trois Ts’in (cf. note 280) et avaient été soumis plusieurs mois auparavant, n’étaient pas comptés au nombre des cinq seigneurs ; ces cinq seigneurs sont en réalité : Tchang Eul, roi de Tch’ang-chan ; Chen Yang, roi de Ho-nan ; Tcheng Tch’ang, roi de Han ; Wei Pao, roi de Wei et Se-ma Ang, roi de Yn.
  186. Au sud-est de la sous-préfecture de Yu-t’ai, préfecture de Yen-tcheou, province de Chan-tong.
  187. Cf. p. 254, n. 4.
  188. Aujourd’hui sous-préfecture de Siao, préfecture de Siu-tcheou, province de Kiang-sou. C’était, à l’époque tch’oen-ts’ieou, la petite principauté de Siao, dépendante de l’État de Song.
  189. Ou, suivant une autre explication : « dans le même jour ».
  190. D’après le commentaire du T’ong kien kang mou (chap. II, p. 32 r°), la rivière Kou se serait trouvée à 70 li au nord de la sous-préfecture de Yong-ning, préfecture et province de Ho-nan ; elle aurait pris sa source au mont Hiong-eul et aurait été un affluent de gauche de la rivière Lo. Mais cette identification est certainement erronée, car la rivière Kou se serait trouvée fort éloignée de P’ong- tch’eng (aujourd’hui, préfecture de Siu-tcheou, province de Kiang-sou) et des rivières Se et Soei. L’explication proposée par le commentaire du T’ong kien tsi lan (chap. XII, p. 11 v°) est infiniment plus plausible ; la rivière Kou était une branche de la rivière Soei (cf. p. 299, n. 1) ; on l’appelait aussi la rivière T’ang  ; elle coulait au sud-est de la sous-préfecture de T’ang-chan, préfecture de Siu-tcheou, province de Kiang-sou.
  191. La rivière Se passait à P’ong-tch’eng ; cf. tome I, note 02.159.
  192. Cette localité était au sud de P’ong-tch’eng (Siu-tcheou fou). Peut-être faut-il l’identifier avec la sous-préfecture de Ling-pi, tout au nord de la province de Ngan-hoei.
  193. La rivière Soei partait autrefois des environs de la préfecture de K’ai-fong, dans le Ho-nan, traversait la préfecture de Koei-, dans cette même province et venait se jeter dans la rivière Se (cf. note 296) ; à Siu-tcheou (qui était alors P’ong-tch’eng). De nos jours, cette rivière a disparu à la suite des modifications introduites dans le système hydrographique de cette région par les changements de cours du Hoang-ho et par le canal impérial.
  194. Cf. note 137.
  195. Le nom personnel de ce prince était Yng.
  196. On désignait sous le nom de « princesse Yuen de Lou » et on appela plus tard « reine-douairière Yuen de Lou » la fille de la reine (plus tard l’impératrice), Lu, épouse principale de Kao-tsou. Cette princesse fut mariée à Tchang Ngao, marquis de Siuen p’ing et fils de Tchang Eul. Elle en eut un fils, nommé Tchang Yen, qui fut roi de Lou. Quelques commentateurs ont pensé qu’elle avait elle-même reçu le titre de reine-douarière de Lou parce que son fils fut roi de Lou. Mais la chose est peu vraisemblable, car la princesse Yuen de Lou mourut en 187 avant J.-C., six ans avant que son fils fût devenu roi de Lou. Il est très probable que le territoire de Lou avait été attribué, de son vivant, à cette princesse, pour qu’elle en perçût à son profit les revenus. Le mot Yuen ne fait pas allusion, comme l’ont cru certains commentateurs, à ce que la princesse était l’aînée des filles de l’impératrice Lu ; ce mot représente le nom posthume qui lui fut décerné.
  197. Le gouverneur de T’eng n’est autre que Hia-heou Yng. Cf. Mém. hist. , chap. XCV.
  198. C’est-à-dire : son père et sa femme.
  199. Les deux caractères [] se prononcent ici I-ki. C’était un nom personnel assez fréquent à cette époque, car au temps des premiers empereurs Han, nous trouvons un Tchao-ki et un Li-ki. Ce nom était donné en souvenir d’un certain Se-ma I-ki qui s’était rendu célèbre dans le pays de Wei au temps des six royaumes.
  200. Son nom personnel était Tsé.
  201. A l’est de la sous-préfecture de T’ang-chan, préfecture du Siu-tcheou, province de Kiang-sou.
  202. Cf. note 06.109. .
  203. Tous les hommes dans la force de l’âge avaient déjà été pris par le recrutement ; on dut donc enrôler ceux mêmes que leur âge exemptait du service, c’est-à-dire, suivant les règlements de ce temps, les hommes de moins de vingt-trois ans et ceux de plus de cinquante-six ans.
  204. Cette ville était, à l’époque tch’oen-ts’ieou, la capitale du royaume de Tcheng ; à l’époque des Ts’in, c’était une préfecture ; elle se trouvait au sud-est de la sous-préfecture de Yong-yang, préfecture de K’ai-fong, province de Ho-nan.
  205. Cette ville se trouvait aussi sur le territoire de la sous-préfecture actuelle de Yong yang.
  206. On a vu plus haut (p. 297) que T’ien Heng était le frère cadet de T’ien Yong.
  207. Ngao était le nom d’une montagne sur laquelle Ts’in Che-hoang-ti avait fait construire un grenier (cf. note 06.109. ) : elle était au nord-ouest de la sous-préfecture de Yong-tsé, préfecture de K’ai-fong, province de Ho-nan.
  208. Aujourd’hui, sous-préfecture de Han-chan, préfecture secondaire de Ho, province de Ngan-hoei.
  209. Cf. note 217.
  210. Le Hoang lan (sur lequel, cf. tome I, note 01.165. ) dit que la tombe de Fan Tseng se trouve à l’est du rempart extérieur de Kiu-tch’ao (aujourd’hui, sous-préfecture de Tch’ao, préfecture de Lu-tcheou, province de Ngan-hoei). Avant de se mettre au service de Hiang Yu, Fan Tseng demeurait sur la montagne Tou-leou (c’est-à-dire du crâne), à 5 li au nord-est de la sous-préfecture de Tch’ao.
  211. Le char impérial était couvert de tentures jaunes. On a déjà rencontré plus haut (p. 243, ligne 25) l’expression « la chambre jaune » désignant le char impérial.
  212. Le guidon appelé [] était fixé sur la gauche du joug de la voiture ; suivant Ts’ai Yong, il était fait avec une queue de yack ; suivant Li Pei, il était fait en poils ou en plumes.
  213. A 2 li au sud-ouest de la sous-préfecture de Se-choei, préfecture de K’ai-fong, province de Ho-nan.
  214. Wei Pao était l’ex-roi de Wei.
  215. Remarquer cet emploi de [] qui marque que l’action est terminée : à la sortie de Yong-yang du roi de Han, c’est-à-dire : après que le roi de Han fut sorti de Yong-yang. Cf. Mém. hist. , chap. VII, p. 9 r° : après que le roi de Han eut été battu à P’ong-tch’eng.
  216. Le caractère [] se prononce ici Che. La ville de Che est identique à la sous-préfecture actuelle de ce nom, préfecture de Nan-yang, province de Ho-nan. C’était, à l’époque tch’oen-ts’ieou (15e année du duc Tch’eng), une principauté. — La ville de Yuan se trouvait sur le territoire de la sous-préfecture de Nan-yang province de Ho-nan.
  217. K’ing Pou. Cf. note 249.
  218. Cette porte s’appelait « la porte de jade ».
  219. Aujourd’hui, sous-préfecture de Houo-kia , préfecture de Wei-hoei, province de Ho-nan.
  220. Cf. tome I, note 04.497. , ad fin.
  221. Cf. note 147.
  222. Le marquis de Hoai yn n’est autre que Han Sin. Cf. Mémoires historiques, chap. XCII.
  223. Au nord-ouest de la sous-préfecture actuelle de Yong-tsé, préfecture de K’ai-fong, province de Ho-nan. Il y avait à Koang-ou deux hauteurs qui se faisaient vis-à-vis et des remparts construits sur chacune de ces collines ; le roi de Han avait élevé les remparts de l’ouest ; Hiang Yu avait élevés ceux de l’est ; un cours d’eau passait entre les deux hauteurs et la petite vallée où il coulait était appelée la tranchée de Koang-ou.
  224. L’étal était une espèce de chevalet sur lequel on plaçait la victime qu’on allait sacrifier. En faisant monter T’ai-kong sur un étal, Hiang Yu donnait à entendre qu’il se proposait de l’immoler.
  225. On a vu plus haut (p. 300-301) que Hiang Yu avait fait prisonnier, T’ai-kong, le père du roi de Han.
  226. Cf. note 328.
  227. Cf. note 06.414. .
  228. Cf. note 145.
  229. Cf. note 158.
  230. La ville de Wai-hoang existait dès l’époque tch’oen-ts’ieou. Sous les Han, c’était une préfecture qui dépendait de la commanderie de Tch’en-lieou. Elle se trouvait à 60 li au nord-est de la sous-préfecture actuelle de K’i, préfecture de K’ai-fong, province de Ho-nan.
  231. Au sud de la sous-préfecture de Chang-h’ieou, qui fait partie de la ville préfecturale de Koei-, province de Ho-nan. C’était là que se trouvait, à l’époque tch’oen-ts’ieou, la capitale de l’État de Song.
  232. Ts’ao Kieou. Cf. p. 309, lignes 21-22.
  233. Tong I, ex-roi de Ti (cf. note 238).
  234. Se-ma Hin.
  235. Cf. note 107.
  236. Le marquis de Hai-tch’oen n’est autre que le ta-se-ma Ts’ao Kieou.
  237. Cf. note 06.109.
  238. Cf. Mémoires historiques, chap. XCVII.
  239. La situation du Hong-keou, ou canal Hong, a donné lieu à d’assez longues discussions entre les érudits chinois. En premier lieu, comme le fait remarquer le commentateur Tchang Hoa, il faut distinguer le Hong-keou, qui était dans le voisinage immédiat de la ville préfecturale de K’ai-fong, d’un autre canal qu’on appelait le Koan-tou-choei, et qui traversait la sous-préfecture de Yang-ou, préfecture de Hoai-K’ing, province de Ho-nan. Certains auteurs ont confondu à tort le Koan-tou-choei avec le Hong-keou. — Le Hong-keou est le cours d’eau que Wang Pen, général de Ts’in Che-hoang-ti, dériva en 225 (cf. p. 121) avant J.-C., pour inonder la ville de Ta-leang (au nord-ouest, mais tout proche de la cité préfecturale de K’ai-fong), capitale de l’État de Wei. Dans le texte des Mémoires historiques qui raconte l’exploit de Wang Pen, le Hong-keou est appelé Ho-keou ; ce nom a induit en erreur certains critiques qui ont pensé que le Ho-keou était, non un cours d’eau, mais une dérivation du Hoang-ho déterminée artificiellement par Wang Pen lui-même ; mais, comme l’a bien montré Hou Wei, dans ses belles études sur le Tribut de Yu (H. T. K. K., chap. XL, dernière partie, p. 5 et 6), le Hoang-ho, qui passait alors bien au nord-ouest de K’ai-fong fou, n’a rien à faire ici ; il ne s’agit pas non plus, comme l’ont cru d’autres critiques, de la rivière qui est appelée Yong-tch’oan dans le Tcheou li et qui fut nommée depuis rivière Tsi. La rivière qui fut dérivée par WangPen était un petit cours d’eau qui passait à peu de distance au nord de K’ai-fong-fou ; elle est appelée Ho-keou et Hong-keou par Se-ma Ts’ien, et Lang-t’ang K’iu dans le livre des Han. — C’est de cette dernière rivière qu’il est question dans notre texte. Il est évident d’ailleurs que le cours actuel du Hoang-ho a complètement bouleversé l’hydrographie de cette région.
  240. D’après une note du Che ki luen wen, le roi de Han se trouvait alors commander aux pays de Pa, de Chou, des trois Tsin (cf. note 280), de Yen, de Tchao, de Han, de Wei, de Ts’i et de Leang.
  241. Dans le nom de [], le mot [] se prononce kia (ap. Jou Choen et le Dictionnaire de K’ang-hi). Yang-kia, qui passait pour avoir été construit par l’empereur T’ai-kang, de la dynastie Hia, reçut, sous Les Soei, le nom de T’ai-k’ang ; c’est aujourd’hui encore la sous-préfecture de T’ai-k’ang, préfecture de Tch’en-tcheou, province de Ho-nan.
  242. Han Sin était alors roi de Ts’i et P’ong Yue était conseiller d’État de Wei.
  243. Au nord-ouest de la sous-préfecture de Hoai-ning, préfecture de Tch’en-tcheou, province de Ho-nan.
  244. Tse-fang est l’appellation de Tchang Leang, marquis de Lieou : cf. Mémoires historiques, chap. LV.
  245. Tch’en, l’ancienne capitale du royaume de ce nom, est aujourd’hui la préfecture de Tch’en-tcheou, dans le Ho-nan.
  246. Cf. note 336.
  247. A 26 li au, nord-est de la sous-préfecture de Tong-ngo, préfecture de T’ai-ngan, province de Chan-tong.
  248. Cf. note 347.
  249. Sur le territoire de la préfecture secondaire de Cheou, préfecture de Fong-yang, province de Ngan-hoei.
  250. A 79 li au sud-est de la préfecture secondaire de Po, préfecture de Yng-tcheou, province de Ngan-hoei. Le second caractère de ce nom se prononce pou et non fou.
  251. Aujourd’hui encore on voit le hameau de Kai-hia au sud-est de la sous-préfecture de Ling-pi, préfecture de Fong-yang, province de Ngan-hoei.
  252. Aujourd’hui, sous-préfecture de Lu-hiang, préfecture de Lu-tcheou, province de Ngan-hoei.
  253. Aujourd’hui, préfecture secondaire de Leou-ngan, province de Ngan-hoei.
  254. Cf. note 249.
  255. C’était à la suite de la défection de Tcheou Yn et des troupes du Kieou-kiang que l’armée de Han s’était trouvée renforcée d’un grand nombre de gens de Tch’ou. Le nom de Ko paraît avoir été affecté plus spécialement aux chants du royaume de Tch’ou ; on disait de même : les ngeou du pays de Ou, les yn du pays de Yue. Ces dénominations semblent désigner le caractère plaintif ou gai, ou passionné, etc. , qui appartenait en propre aux chants de chacun de ces pays.
  256. Yn-ling était le nom d’une montagne, à 80 li au nord de la préfecture secondaire de Ho, province de Ngan-hoei.
  257. A 50 li au sud-est de la sous-préfecture de Ting-yuen, préfecture de Fong-yang, province de Ngan-hoei.
  258. Le roi Hiang et ses cavaliers s’étaient réfugiés sur une éminence appelée la montagne Se-hoei.
  259. Le mot [] a ici le sens de « changer de place ». Sur Yang Hi, marquis de Tch’e-ts’iuen, cf. note 371.
  260. Le Ou kiang était un petit embranchement de la rivière Hoai, à peu de distance au nord de la préfecture secondaire de Ho, province de Ngan-hoei.
  261. Cf. Appendice 1, § 4, ad fin.
  262. C’est-à-dire le roi Hiang lui-mêrne.
  263. J’adopte cette traduction, quelque peu française qu’elle soit, pour rendre la locution chinoise []. Les commentateurs disent qu’un millier d’or était une livre d’or et valait dix mille pièces de monnaie.
  264. La préfecture de Tchong-choei était située entre la rivière I et la rivière Tou ; c’est de cette particularité que lui venait son nom de Tchong-choei qui signifie « entre les rivières ». Elle était à 30 li au nord-ouest de la sous-préfecture de Hien, préfecture de Ho-hien, province de Tche-li.
  265. A 23 li au sud-ouest de la sous-préfecture de Nan-yang, préfecture de Nan-yang, province de Ho-nan,
  266. Se-ma Tcheng suppose, à cause de l’identité de sens des deux noms, que Tch’e-ts’iuen est la même ville qui fut appelée plus tard Tan-choei et qui était à l’ouest de la sous-préfecture actuelle de Si-tch’oan, préfecture de Nan-yang, province de Ho-nan.
  267. A 40 li à l’ouest de la sous-préfecture de Soei p’ing, préfecture de Jou-ming, province de Ho-nan.
  268. Au sud de la sous-préfecture de Tchen-p’ing, préfecture de Nan-yang, province de Ho-nan.
  269. Siu Koang dit que le roi Hiang mourut le 12e mois de la cinquième année de Han (28 décembre 203-26 janvier 202 av. J.-C.) ; il était né la quinzième année de Ts’in Che-hoang-ti ; il n’était donc âgé que de trente ans (de trente et un ans, d’après la manière de compter des Chinois), quand il mourut.
  270. On a vu plus haut (p. 262, ligne 16) que Hiang Yu avait été nommé duc de Lou par le roi Hoai.
  271. Cf. note 352.
  272. Cf. note 210.
  273. Sur le territoire de la sous-préfecture actuelle de Chan yang, préfecture de Hoai-ngan, province de Kiang-sou.
  274. T’ao était à 40 li à l’est de la sous-préfecture de Tsou-tch’eng, préfecture de Wei-hoei, province de Ho-nan. Le marquis de T’ao avait pour nom personnel Siang ; comme le dit Se-ma Ts’ien, son nom de famille était d’abord Hiang, mais il le changea ensuite contre le nom de Lieou, qui était le nom de famille des Han.
  275. Son nom personnel était T’o. La ville de P’ing-kao était à 20 li à l’est de la sous-préfecture actuelle de Wen, préfecture de Hoai-k’ing, province de Ho-nan.
  276. Ce personnage n’est pas mentionné dans le Tableau chronologique des seigneurs.
  277. On ne sait pas qui est maître Tcheou ; on infère seulement de ce passage qu’il devait être contemporain de Se-ma Ts’ien.
  278. Cf. Mémoires historiques, chap. XLVIII.
  279. C’est-à-dire qu’il n’était qu’un simple paysan.
  280. Ts’i, Tchao, Han, Wei et Yen qui avaient suivi Hiang Yu dans sa marche contre Ts’in.
  281. On a vu (p. 283) que Hiang Yu, désireux de retourner dans son pays natal, ne voulut pas établir sa capitale à Hien-yang.
  282. Cf. p. 317, n. 2.