Mémoires historiques/51

La bibliothèque libre.
Maisons héréditaires.
Vingt-et-unième maison.
Les rois de King et de Yen


CHAPITRE LI

Traduit par Max Kaltenmark

VINGT ET UNIÈME MAISON HÉRÉDITAIRE

(LES ROIS DE) KING (ET DE) YEN 51-1


Lieou Kia, roi de King, appartenait à la famille des Lieou, mais on ne sait à quelle branche 51-2 , ni à quel moment il prit les armes pour la première fois. La première année du roi de Han (206), comme celui-ci s'en revenait après avoir conquis les trois Ts'in, Lieou Kia était général ; il conquit le territoire de Sai, et, à l'est, il alla attaquer Hiang Tsi 51-3.

La quatrième année de Han (203), le roi de Han, battu à Tch'eng-kao 51-4, franchit le Fleuve au nord et prit le commandement des armées de Tchang Eul et de Han Sin ; elles campèrent à Sieou-ou 51-5, où il fit creuser des fossés profonds et élever de hauts remparts. Il envoya Lieou Kia à la tête de vingt-mille hommes et de plusieurs centaines de cavaliers franchir le gué de Po-ma 51-6 et pénétrer dans le territoire de Tch’ou. (Lieou Kia) brûla les réserves du pays, pour ruiner ses ressources de sorte qu’il n’eût plus de quoi ravitailler l’armée du roi Hiang. Les troupes de Tch’ou attaquèrent aussitôt Lieou Kia, mais celui-ci se retrancha 51-7, refusant le combat et organisant un système de protection mutuelle avec P’ong Yue 51-8.

La cinquième année de Han (202), le roi de Han poursuivit Hiang Tsi jusqu’à Kou-ling 51-9. Il envoya Lieou Kia vers le sud traverser la (rivière) Houai et investir Cheou-tch’oen 51-10. À son retour, (le roi de Han) envoya un émissaire faire secrètement des avances au ta-se-ma Tcheou Yn51-11. Celui-ci se révolta contre Tch’ou et prêta assistance à Lieou Kia en mettant en campagne (les troupes de) Kieou-kiang 51-12 et en allant à la rencontre des soldats du roi Ou, K’ing Pou. Tous se réunirent à Kai-hia et attaquèrent ensemble Hiang Tsi 51-13.

Le roi de Han put alors envoyer Lieou Kia à la tête des troupes de Kieou-kiang, ainsi que le t’ai-wei Lou Koan, attaquer au sud-ouest le roi de Lin-kiang, Kong Wei. Quand celui-ci fut mort, on refit de Lin-kiang la commanderie de Nan 51-14.

La sixième année de Han (201), au printemps, (le roi de Han) réunit les seigneurs à Tch’en 51-15. Il destitua le roi de Tch’ou, (Han) Sin, l’emprisonna et partagea son territoire en deux royaumes. À ce moment-là, le fils de Kao-tsou était encore très jeune 51-16 ; ses propres frères étaient peu nombreux et en outre peu sages 51-17. Il désira nommer rois des gens de son nom pour affermir son pouvoir sur l’empire. Il promulgua alors un décret disant « Le général Lieou Kia a accompli de grandes actions ; il mérite de figurer parmi ceux que nous allons choisir 51-18, parmi les jeunes de ma famille, comme étant dignes de devenir rois. » Les grands dignitaires 51-19 proposèrent tous de nommer Lieou Kia roi de King, pour qu’il régnât sur cinquante-deux villes du Hoai-tong 51-20, et que le frère cadet de Kao-tsou, Kiao, devînt roi de Tch’ou et régnât sur trente-six villes du Hoai-si 51-21. (Kao-tsou) nomma par la même occasion son fils Fei roi de Ts’i 51-22. Ce fut la première fois que furent faits rois des héritiers de la famille Lieou.

La onzième année de Kao-tsou (196-195), à l’automne, le roi de Hoai-nan, K’ing Pou, s’étant révolté, attaqua à l’est (le royaume de) King. Le roi de King, (Lieou) Kia, lui livra bataille, mais ne put le vaincre et dut fuir à Fou-ling ; il fut tué par l’armée de (K’ing) Pou. Kao-tsou attaqua lui-même ce dernier et l’abattit 51-23.

La douzième année (automne 196), il nomma le marquis de P’ei, Lieou Pi, roi de Ou, pour qu’il régnât sur l’ancien territoire de King 51-24.

Lieou Tsë, roi de Yen, était un parent éloigné (de Kao-tsou) dans la lignée des Lieou 51-25. En la troisième année de l’empereur Kao (204), (Lieou) Tsë était lang-tchong 51-26. La onzième année (196), étant général, il combattit Tch’en Hi, s’empara de Wang Hoang et devint marquis de Yng-ling 51-27.

Au temps de l’impératrice femme de Kao-tsou, un homme de Ts’i en voyage, T’ien Cheng 51-28, se trouva à court d’argent. Il sollicita l’aide du marquis de Yng-ling, (Lieou) Tsë, en lui proposant des stratagèmes 51-29. Ceux-ci plurent si fort à (Lieou) Tsë qu’il lui fit un présent de 200 livres d’or 51-30. Dès qu’il eut pris possession de cet or, T’ien Cheng s’en retourna à Ts’i. Deux ans plus tard, Lieou Tsë envoya un émissaire dire à T’ien Cheng : « Vous ne faites donc rien pour moi ! » 51-31

T’ien Cheng se rendit à Tch’ang-ngan ; il n’alla pas voir Lieou Tsë, mais loua une grande maison. Il commanda à son fils de demander à entrer au service du ta-ye-tchë, Tchang Tse-k’ing 51-32, favori de l’impératrice Lu. Au bout de quelques mois, le fils de T’ien Cheng invita Tchang K’ing à se rendre (à l’hôtel particulier de son père) ; celui-ci fit personnellement les préparatifs. Tchang K’ing accepta l’invitation. La somptuosité de la décoration et du service préparé par T’ien Cheng était digne de la demeure d’un seigneur. Tchang K’ing fut très impressionné. Quand on eut bien bu, (T’ien Cheng) prit Tchang K’ing à part et lui parla en ces termes : « Je constate que les résidences princières, au nombre de plus d’une centaine, sont toutes occupées par des dignitaires plus ou moins méritants de Kao-tsou. Or, les membres de la famille Lu ont, dès le début, poussé à la roue pour la cause de l’empereur Kao qui briguait l’empire ; leurs mérites sont donc immenses, sans compter le prestige qu’ils doivent à leur parenté avec l’impératrice douairière. Mais, celle-ci étant fort âgée, et les membres de sa famille étant sans pouvoir, elle voudrait faire de Lu Tch’an un roi Lu qui régnerait à Tai 51-33, mais elle hésite à se lancer dans cette affaire, craignant que les grands dignitaires (de Kao-tsou) ne s’y opposent. Or vous, qui jouissez de toute sa faveur, vous êtes respecté par ces grands dignitaires : pourquoi n’agiriez-vous pas sur eux tout en avisant l’impératrice douairière ? Celle-ci ne manquera pas d’en être ravie. Lorsque les Lu seront devenus rois, vous serez, vous, en possession d’un marquisat de dix mille foyers 51-34. C’est là un désir secret de l’impératrice : si vous qui êtes son conseiller intime 51-35 ne vous hâtez pas d’engager l’affaire, il est à craindre que le malheur ne vous atteigne. » Tchang K’ing approuva entièrement ces paroles. Il usa donc de son influence auprès des grands dignitaires et en informa l’impératrice douairière. Celle-ci, à l’audience de la cour, demanda donc leur avis aux grands dignitaires, qui la prièrent de donner à Lu Tch’an le titre de roi de Lu 51-36. L’impératrice douairière fit présent de mille livres d’or à Tchang K’ing. Celui-ci en offrit la moitié à T’ien Cheng qui n’accepta pas, mais qui le conseilla en ces termes : « Lu Tch’an est roi, mais les grands dignitaires ne sont pas encore très dociles. Or le marquis de Yng-ling, Tsë, qui est un membre de la famille Lieou, n’est que général en chef : il est le seul dont les espoirs ne soient pas encore comblés. Si maintenant vous suggériez à l’impératrice douairière de détacher 51-37 pour lui une dizaine de préfectures, notre homme devenu roi s’en ira content, et la situation des rois de la famille des Lu s’en trouvera raffermie. »

Tchang K’ing parla en ce sens à l’impératrice douairière, qui approuva : elle nomma donc le marquis de Yng-ling, Lieou Tsë, roi de Lang-ya 51-38.

Le roi de Lang-ya se rendit alors avec T’ien Cheng dans son royaume. T’ien Cheng avait conseillé à Lieou Tsë de partir vite sans s’attarder. À peine avait-il franchi la passe (Hien-kou) que l’impératrice envoyait (en effet) des gens à sa poursuite pour le retenir ; mais comme il avait déjà franchi la passe, ils revinrent sur leurs pas.

Lorsque l’impératrice douairière mourut, le roi de Lang-ya, Lieou Tsë, se dit : « L’empereur est jeune ; les Lu gouvernent, alors que les Lieou sont faibles et sans soutien. » Il se mit alors à la tête de ses troupes et projeta, avec le roi de Ts’i, de marcher vers l’ouest 51-39 ; ils désiraient mettre à mort les Lu. Arrivés à Leang, ils apprirent que la cour avait envoyé le général Koan camper à Yong-yang 51-40. (Lieou) Tsë ramena ses soldats et fit garder sa frontière occidentale. Puis il courut à Tch’ang-ngan. Le roi de Tai était aussi arrivé de Tai. Les généraux et les conseillers, ainsi que le roi de Lang-ya, intronisèrent d’un commun accord le roi de Tai comme Fils du Ciel.

Le Fils du Ciel muta Lieou Tsë et le nomma roi de Yen (le 15 novembre 180), puis rendit Lang-ya à Ts’i, rétablissant le territoire de ce dernier royaume dans son intégrité 51-4l.

Lieou Tsë régna à Yen pendant deus ans, puis mourut (178). Son titre posthume est : roi King 51-42. Il transmit sa succession à son fils Kia, qui fut le roi K’ang 51-43.

On en arrive ainsi au petit-fils (de Lieou Tsë), Ting-kouo 51-44. Celui-ci eut des relations illicites avec une des épouses de son père, le roi K’ang, et en eut un enfant mâle. Il enleva la femme principale de son frère cadet pour en faire une de ses concubines ; il eut des relations coupables avec trois de ses filles. Ting-kouo avait un sujet qu’il voulait faire périr, Yng-jen 51-45, gouverneur de Fei-jou 51-46. Yng-jen et d’autres accusèrent Ting-kouo, mais celui-ci envoya un ye-tchë les inculper sous quelque article de loi et les arrêter. Il fit supplicier et périr Yng-jen pour lui clore la bouche.

La première année Yuan-cho (128), les frères et cousins de Yng-jen adressèrent une lettre à la cour dans laquelle ils exposaient en détail les moeurs secrètes de Ting-kouo : c’est ainsi que toutes ces choses furent connues 51-47. Un décret chargea les hauts fonctionnaires de s’occuper du cas ; ils conclurent leurs délibérations en ces termes : « Ting-kouo s’est conduit de façon bestiale, il a bouleversé la loi morale, il est allé à l’encontre de l’ordre naturel 51-48 : il mérite la mort. » L ’empereur approuva. Ting-kouo se tua ; son royaume fut supprimé et devint une commanderie 51-49.

Le duc grand astrologue dit : Si le roi de King devint roi, c’est parce qu’à ce moment la dynastie Han venait de s’affermir et que l’empire n’était pas complètement réunifié. Aussi Lieou Kia, bien qu’il ne fût qu’un parent éloigné, devint-il roi grâce à ses stratagèmes et contrôla-t-il la région entre le Kiang et la Hoai. Si Lieou Tsë devint roi, c’est en favorisant par l’intrigue les Lu ; mais, en fin de compte, ses successeurs régnèrent en souverains durant trois générations. Quand une entreprise est basée sur la confiance réciproque, comment pourrait-elle ne pas aboutir à de grands résultats 51-50





51-1. Le Han chou, ch. 35, intitulé King Yen Ou tchoan 荊燕吳傳 , traite des mêmes « maisons », mais ajoute celle du roi de Ou, Lieou Pi, dont il est question ici (p. 78 et n. 24). — Les transcriptions ont été adaptées au système de Chavannes. Les références au Han chou renvoient au Han chou pou tchou 漢書補注 de Wang Sien-k'ien, éd. de Tch'ang-cha, 1900.

51-2. Selon le Han chou, ch. 35, Ia, et ch. 35, Ib (Biographie du roi Yuen de Tch'ou), Lieou Kia 劉賈 était un cousin plus âgé de Kao-tsou ( ). Le Tableau chronologique des rois vassaux (Deuxième Tableau) du Han chou, ch. 14, 8b, écrit, par erreur semble-t-il,  ; cousin plus jeune.

51-3. Hiang Tsi (plus comme sans son appellation de Hiang Yu) avait partagé le territoire de Ts'in en trois petits États : le territoire de Sai (appelé aussi T'ao-lin sai ) revint à Se-ma Hin 司馬欣  ; le territoire de Ti revint à Tong I  ; le territoire de Yong revint à Tchang Han (voir t. II, pp. 285-286). En réalité, la conquête de Yong par le roi de Han eut lieu en automne de l'année 206, celle de Sai et celle de Ti eurent lieu au début de l'année 205 (v. ibid., p. 360-362).

51-4. Voir t. n, p. 306 et p. 371. Sur Tch'eng-kao , voir ibid., p. 97, n. 2. Cette localité, point stratégique important à l'époque Tch'oen-ts'ieou (pour Tcheng ) et à celle des Royaumes Combattants (pour Han ), était située près de l’actuel Se-choei hien dans le Ho-nan. L’ancien nom de Hou-lao figure dans le Mou t’ien tse tchoan, avec la variante Cheou-lao  : le Fils du Ciel Mou y élevait les tigres et autres bêtes sauvages capturées vivantes.

51-5. Sieou-ou est aujourd’hui Hou-kia hien dans le Ho-nan (cf. t. II, p. 306, note 3).

51-6. Dans le pen-ki de Kao-tsou (t. II, p. 371), il est dit que Lieou Kia fut chargé de cette expédition avec Lou Koan , alors qu’ici nous verrons que c’est lors de l’expédition contre Kong Wei , roi de Lin-kiang , que Lou Koan aurait accompagné Lieou Kia. Tchang Eul et Han Sin sont deux des grands protagonistes militaires de cette époque. Voir la Biographie de Tchang Eul au ch. 89, celle de Han Sin au ch. 93 du Che ki. — Le Po-ma tsin , « Gué du Cheval Blanc », était, au nord de Hoa hien (Ho-nan), un endroit où le cours du Fleuve Jaune se partageait. Le Tcheng-yi donne comme autre nom de ce lieu : Li-yang  ; le Choei-King tchou, ch. 5 (p. 84 de l’édition Kouo Mo Ici pen ts’ong chou) : Lou-ming tsin . Ce dernier ouvrage ajoute qu’au sud-est du gué se trouve l’ancienne cité de Po-ma tch’eng.

51-7. Le Han chou écrit , au lieu de qui est la bonne leçon.

51-8. P’ong Yue était alors marquis de Kien-toh’eng  ; il deviendra roi de Leang en 202. Il se révolte en 197 et est mis à mort. Voir sa biographie au ch. 90 du Che ki.

51-9. Cf. t. II, p. 314 et 378. Kou-ling était situé au nord-ouest de l’actuel Hoai-yang hien (Ho-nan). D’après le Kouo ti tche, la colline de Kou (Kou-ling) était situé à 42 li au nord-ouest de Yuen-k’ieou hien du Tch’en tcheou .

51-10. actuellement Cheou hien dans le Ngan-hoei. C’était alors la capitale de la commanderie de Kieou-kiang (cf. ci-dessous n. 12).

51-11. Le texte semble dire que c’est Lieou Kia qui envoie un émissaire, mais le pen-ki de Kao-tsou écrit explicitement que c’est celui-ci qui envoya un ou plusieurs émissaires à Tcheou Yn (voir t. II, p. 378, où la note 5 explique que Tcheou Yin était un des officiers de Hiang Yu).

51-12. Sur la commanderie de Kieou-kiang , voir t. II, p. 290, n. 1. Son territoire occupait une partie des provinces du Kiang-sou et du Ngan-hoei au nord du Yang-tse, ainsi que le Kiang-si ; K’ing Pou fut nommé par Hiang Yu roi de Kieou-kiang en 206.

51-13. Sur ces événements, v. t. II, pp. 313-316. Kai-hia S~F est situé au sud- est de Ling-pi hien dans le Ngan-hoei.

51-14. La commanderie de Nan avait été établie par Ts’in en 278 av. J.-C. Kong Ngao qui avait le titre de tchou-kouo auprès de l’empereur Juste, avait attaqué cette commanderie. Elle devint, en 206, le royaume de Lin- kiang et son propre apanage, avec Kiang-ling, actuellement localité du Hou-pei, pour capitale. Cette ville avait déjà été, à l’époque Tch’oen-ts’ieou, la capitale de Tch’ou sous le nom de Yng . Voir t. II, p. 290; t. III, p. 53.

51-15. Tch’en , act. Tch’en-tcheou dans le Ho-nan. Cette ville devint capitale de Tch’ou après que Yng eut été prise et qu’eut été établie la commanderie de Nan (v. note 14).

51-16. Yeou désigne un adolescent de 10 à 20 ans. Le Han chou écrit qui est l’âge (20 ans) de la prise du bonnet viril. Le futur empereur Hiao-hoei naquit en 210 : il avait cinq ans quand son père devint roi de Han; il devint prince héritier à six ans ; il avait seize ans quand Kao-tsou devint empereur et dix-sept ans quand il monta lui-même sur le trône; il mourut à vingt-trois ans (23 soei, c’est-à-dire 22 ans). En 201, le fils de Kao-tsou avait donc dix soei (neuf ans).

51-17. Kao-tsou avait eu trois frères, dont le premier-né ( ) était mort depuis longtemps ; restaient vivants le deuxième frère aîné, Lieou Tchong (Lieou Hi ), et Lieou Kiao son cadet.

51-18. Ou : « Délibérons sur (R) la question de choisir... » J’ai suivi l’interprétation de l’édition ponctuée sans les commentaires ( ) de Kou Kie-kang et Siu Wen-chan. Mais l’on pourrait aussi fermer les guillemets après <« grandes actions » ( ), le propos de Kao-tsou se terminant là et le commençant la phrase suivante qui devrait alors se traduire : « Quand vint le moment de choisir parmi les jeunes (de la famille de Kao-tsou) ceux qui étaient dignes de devenir rois... »

51-19. Sur les , voir note 28 du chapitre 52, ci-dessous, p. 91.

51-20. Voir t. II, p. 388 et note 4. Au lieu de 52 villes, il faut lire 53; d’après le Ts’ien Han chou, 1 b, 96, le royaume de Lieou Kia comprenait 53 préfectures des commanderies de Tong-yang jf[ §§, de Tchang SpjJ et de Ou ^5 ; cela est confirmé par la biographie du roi de Ou, Pi , dans le Che ki, ch. 106 et le Han chou, ch. 35.

51-21. Selon le Tcheng-yi, le Hoai-si était la région située à l’ouest de la rivière Hoai et comprenant les tcheou de Siu , Se , Hao , etc. Le pen-ki de Kao-tsou du Han chou, 1 b, 9b parle de 36 hien des commanderies Tang vv, Sie et T’an .

51-22. 肥 était l’aîné des fils de Kao-tsou. D’après le Tableau généalogique des rois appartenant à la famille Lieou (Cinquième Tableau) et les dates que donne Chavannes (t. III, p. 112), Lieou Fei fut fieffé le 12 mars 201, quelques jours après Lieou Kia et Lieou Kiao 交 qui furent nommés rois le 6 mars (t. III, p. 109). Voir chapitre suivant, Che ki, ch. 52, Maison héréditaire du roi Tao-hoei de Ts’i, ci-dessous, p. 86.

51-23. Cf. t. II, p. 396. Cette révolte de K’ing Pou 黥布 eut lieu en automne, 7e mois. Elle fut réprimée par Kao-tsou et ses généraux à la fin de la même année (11e mois, 11 décembre 196 - 8 janvier 195). K’ing Pou, capturé, fut décapité. Fou-ling 冨陵 était au nord-est de Hiu-i 盱貽縣 (Ngan-hoei).

51-24. Cf. t. III, Cinquième Tableau, p. 98 : La 12e année de Kao-tsou, le 10e mois, au jour sin-tcheou (30 novembre 196), le royaume de King, après la mort de Lieou Kia, devient le royaume de Ou 吳 au profit de Lieou Pi , marquis de P’ei 沛 , fils du frère aîné de Kao-tsou, Lieou Hi(ou Lieou Tchong ; cf. Biographie de Lieou Pi). Lieou Hi avait d’abord, en la 6e année de Kao-tsou, été roi de Tai. Attaqué par les Hiong-nou, il dut s’enfuir. Kao-tsou le nomma alors marquis de Ho-yang 合陽 . Le fils de Lieou Hi, Lieou Pi, âgé de vingt ans, battit le roi de Hoai-nan, Yng Pou 英布 , révolté en 197.

51-25. Lieou Tsë 澤 avait même bisaïeul 曾祖 que Kao-tsou ; il était donc son cousin issu de germain au 6e degré ( 從祖昆弟 )- V. Han chou, ch. 35, 2a.

51-26. Sur cette fonction, voir t. II, p. 516.

51-27. Tch’en Hi se révolta en automne 197 et s’empara avec Wang Hoang et d’autres généraux du territoire de Tai (v. t. II, p. 393). Mais Wang Hoang était en état de rébellion dès l’an 200 (v. ibid., p. 389-390). Selon la biographie de Tch’en Hi (Che ki, eh. 93), ce Wang Hoang fut « acheté par des présents». En effet, Kao-tsou, ayant appris que les généraux de Tch’en Hi étaient tous d’anciens marchands, tenta plusieurs d’entre eux par l’appât de l’or (v. t. II, p. 394). Selon le Sixième Tableau (t. III, p. 145), Tch’en Hi était marquis de Yang-kia (sur cette prononciation, v. t. II, p. 313, note 2) depuis 201. Au moment de la révolte, les textes disent tantôt qu’il était conseiller de Tchao, tantôt conseiller de Tai, deux royaumes qui tout d’abord n’en avaient d’ailleurs formé qu’un (v. Premier Tableau du Han chou, ch. 13). Dans le pen-ki de Kao-tsou (t. II, p. 393), il est dit de façon peu claire : « Tch’en Hi, conseiller du roi de Tchao, se révolta dans le pays de Tai. » Mais, dans les propos de l’empereur cités aussitôt après, on lit : « Le territoire de Tai est très important à mes yeux ; c’est pourquoi j’ai conféré à Tch’en Hi le titre de seigneur pour qu’il fût conseiller d’État et gardât le pays de Tai. » Selon le ch. 34 du Han chou, p. 12b, Tch’en Hi était bien en effet conseiller de Tai et était chargé de surveiller la frontière, ce qu’il n’aurait pu faire s’il avait été conseiller de Tchao, royaume situé plus au sud. Enfin, le ch. 92 du Che ki écrit qu’il fut nommé gouverneur de K’iu-lou , ce qui paraît être une erreur (v. p. 37 dans l’édition Takikawa, t. 8). Yng-ling était au sud-est de l’actuel Tch’ang-lo hien du Chan-tong.

51-28. 田生.

51-29. Ou peut-être : « des peintures » ( ). Mais l’interprétation adoptée est plus vraisemblable. Elle explique la déception de Lieou Tsë exprimée plus loin, car celui-ci avait probablement misé sur ces « plans » ou « stratagèmes » que T’ien Cheng lui avait présentés.

51-30. Yen Che-kou comprend que le don d’or fut accompagné d’un toast à la santé de T’ien Cheng. Mais cheou peut avoir simplement le sens de « présents ».

51-31. . Lieou Tsë reproche à T’ien Cheng de n’avoir rien fait pour l’aider dans ses ambitions alors qu’il l’avait généreusement récompensé pour ses « plans ».

51-32. . Certaines éditions du Han chou écrivent . D’après Siu Koang , cité par le Tsi-kiai, cet eunuque avait pour nom personnel (ming) Tsë  ; mais, selon le Tcheng-yi, il faut prononcer ici ce caractère che , car c’est ainsi que son nom est écrit dans le pen-ki de l’impératrice Kao (Han chou, ch. 3, 5a) et dans la Biographie de Tcheou Po (Han chou, ch. 40, 23b). C’est la leçon qu’adopte le Tse-tche t’ong-kien, ch. 13 (Han ki, 5, Kai hoang-heou, pp. la, 2b dans l’édit. de 1898, Chang-hai). Tse-k’ing pourrait être le tse , à moins que k’ing ne soit qu’une appellation honorifique (opinion de Wang Sien-k’ien), auquel cas il faudrait traduire « seigneur Tchang Tse ».

51-33. Le titre de roi de Tai appartenait depuis la 11e année de Kao-tsou (196) à Lieou Heng, le futur empereur Wen (t. II, p. 443, t. III, p. 103, et ci-dessus, p. 35, n. 39).

51-34. Tchang K’ing (Tchang Che) fut effectivement nommé marquis de Kien-ling en 180, peu avant la mort de l’impératrice Lu (t. II, p. 426).

51-35. Les nei-tch’en , « dignitaires de l’intérieur du palais », étaient des eunuques et avaient par conséquent accès à l’intimité de l’impératrice, d’où la traduction adoptée pour ce passage.

51-36. D’après le pen-ki de l’impératrice Lu (t. II, p. 420), celle-ci nomma son neveu, Lu Tch’an , roi de Lu en 182. Le royaume de Lu avait été constitué en 187, au profit du frère aîné de Lu Tch’an, Lu T’ai , roi Sou . Celui-ci étant mort la même année, son fils Lu Kia lui succéda (186), mais fut dégradé en 182. C’est alors que Lu Tch’an devint roi de Lu ; en décembre 182, il fut muté comme roi de Leang mais, ce dernier royaume ayant changé de nom et étant devenu royaume de Lu, Lu Tch’an n’en continua pas moins à être roi de Lu. L’impératrice aurait voulu, comme on l’apprend par les propos de T’ien Cheng, nommer Lu Tch’an à Tai et muter le roi de Tai (futur empereur Hiao-wen) à Tchao, mais ce dernier refusa (cf. t. II, p. 424).

51-37. a ici le sens de , leçon du Han chou.

51-38. Cf. t. II, p. 423 : <« Lu Siu, soeur cadette de l’impératrice douairière, avait eu une fille qui était devenue la femme de Lieou Tsë. L’impératrice douairière, qui avait nommé rois des membres de la famille Lu, craignait qu’après sa mort, le général Lieou (Tsë) ne leur fît du mal ; elle nomma donc Lieou Tsë roi de Lang-ya , « afin de gagner son coeur. »

51-39. La version qui est donnée ici, selon laquelle les rois de Lang-ya et de Ts’i s’étaient alliés dès le début, est contredite par celle du chapitre 52, ci-dessous, p. 88 et suiv., et par le ch. 38 du Han chou.

51-40. , capitale de Tcheng à l’époque Tch’oen-ts’ieou, était située près de l’actuel Teh’eng-kao hien (Ho-nan). Le général Koan est Koan Ying , dont la biographie figure au ch. 95 du Che ki.

51-41. Lang-ya faisait en effet partie du territoire de Ts’i et avait été détaché par l’impératrice douairière pour apanager Lieou Tsë.

51-42. 王.

51-43. Lieou Kia , roi K’ang 康王, régna pendant 26 ans, de 177 à 152.

51-44. .

51-45. 人.

51-46. Fei-jou 肥 dépendait donc encore du royaume de Yen, alors que selon le ch. 28, b, 52b, du Han chou (Ti-li tche) cette ville dépendait de la commanderie du Leao-si . C’est à la suite d’une incursion des Hiong-nou dans le Leao-si, en 128, que l’empereur Ou ordonna que fussent détachés des royaumes frontaliers les territoires situés le long de la frontière avec les Barbares. C’est à ce moment que Fei-jou fut sans doute rattaché au Leao-si, au moment où Yen devenait une oommanderie, puisque c’est cette même année que ce royaume fut supprimé comme il est dit un peu plus loin dans le texte (voir le Pou-tchou de Wang Sien-k’ien et le Hoei-tchou k’ao-tcheng de Takikawa citant le Je tche lou de Kou Yen-ou). La ville de Fei-jou était située au nord de l’actuel Lou-long hien , province de Ho-pei.

51-47. Parmi ceux qui dénoncèrent Ting-kouo figurait Tchou-fou Yen . Sur le rôle de celui-ci dans la politique d’affaiblissement des seigneurs apanagés, v. l’Introduction de Chavannes au t. I, p. LVII et xci. La biographie de ce personnage figure au ch. 112 du Che ki. On verra, au chap. 52, ci-dessous, p. 103-106, comment il causa la perte du dernier roi de Ts’i, descendant de Lieou Fei.

51-48. Dans la phrase , il faut ajouter le caractère après . (leçon du Han chou).

51-49. Le Han chou ajoute, après « Ting-kouo se tua » : « il avait régné pendant 42 ans », où 42 est une faute pour 24. Ce prince régna de la 6e année de l’empereur King (151) jusqu’à 128 ( ), année de son suicide. Ts’ien Ta-tchao, cité par le Pou-tchou, compte 54 ans parce qu’il remonte par erreur à la 7e année de l’impératrice douairière, date de la nomination de Lieou Tsë comme roi de Lang-ya (v. Che Tche-mien , Han chou pou-tchou pien-tcheng, Hong-kong, 1961, p. 203).

51-50. ,  !. Cette dernière phrase me semble concerner les deux personnages dont vient de parler l’historien : Lieou Kia et Lieou Tsë. Ni l’un ni l’autre n’étaient, à première vue, destinés à devenir des rois apanagés en raison de leur parenté douteuse ou lointaine avec Kao-tsou ; mais l’un et l’autre ont su, par des intrigues ou des stratagèmes, obtenir des appuis. Le cas des deux personnages est d’ailleurs différent : Lieou Kia était un stratège ; c’est surtout Kao-tsou lui-même qui reconnut ses services, qui avait confiance en lui et l’estimait. Lieou Tsë s’appuya sur T’ien Cheng, dont il avait apprécié les plans, qu’il avait enrichi et qui, en retour, intrigua pour le faire nommer roi par l’impératrice Lu. Pour les commentateurs, la phrase en question ne concernerait que ce dernier cas, qu’il soit fait allusion soit aux rapports de Lieou Tsë et de T’ien Cheng, soit aux services réciproques que se sont rendus Lieou Tsë et les membres de la famille Lu. Le Han chou écrit 危 au lieu de 偉 , mais, selon Wang Nien-tsouen, 危 est pour kouei 詭 qui a ici le même sens que 偉 .


◄   Chapitre L Sommaire Chapitre LII   ►