Mémoires historiques/Trois Souverains

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Annales principales des Trois Souverains
par Se-ma Tcheng
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ANNALES PRINCIPALES


DES TROIS SOUVERAINS


PAR


SE-MA TCHENG 3-1


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T’ai-hao P’ao-hi 3-2 avait pour nom de clan 3-3 Fong. Succédant à Soei- jen 5-1, il continua le Ciel et régna.

5-M [ Sa mère s’appelait Hoa-siu 5-2 ; elle marcha dans les empreintes de pas d’un géant 5-3 auprès du marais de Lei 5-4 et c’est à la suite de cela qu’elle enfanta P’ao-hi à Tch’eng-ki 5-5. Il avait un corps de serpent et une tête d’homme 5-6. ]

Puis le premier il régla le mariage de la femme et celui de l’homme et du don des deux peaux de bêtes il fit un rite 7-1.

7-M [ Il tressa des filets et des rets pour enseigner la chasse et la pêche ] et c’est pourquoi on l’appela Fou-hi. Il éleva des animaux domestiques pour la cuisine et c’est pourquoi on l’appela P’ao-hi 7-2.

Il eut le présage favorable d’un dragon ; il appela les fonctionnaires de noms de dragons en leur donnant le titre d’officiers-dragons 7-3.

Il fit un luth de trente-cinq cordes 8-1.

Il régna par la vertu du bois. Il dirigea son attention sur les ordonnances du printemps ; c’est pourquoi le Livre des Changements 8-2 dit : « L’empereur apparaît au signe Tchen » ; et le Livre des Ordonnances mensuelles 8-3, à l’article du premier mois du printemps, dit : « L’empereur qui y préside est T’ai-hao. » C’est exact.

Il eut sa capitale à Tch’en 8-4.

Il alla dans l’est accomplir la cérémonie fong 9-1 sur le Tai-chan 9-2.

Il fut au pouvoir onze années, puis mourut.

Lors de la période Tch’oen-ts’ieou 9-3, on comptait parmi ses descendants (les princes de) Jen, Sou, Siu-kiu et Tchoan-yu, qui tous étaient issus du clan Fong 9-4.

Niu-koa 9-5 appartenait aussi au clan Fong ; il avait un corps de serpent et une tête d’homme. Il eut une vertu divine et sainte. Il eut le pouvoir à la place de Fou-hi. Il prit l’appellation de Niu-hi. Il ne changea ni n’inventa rien ; il fit seulement les tuyaux de l’instrument de musique appelé cheng 10-1. Le Livre des Changements ne parle donc pas de lui. Il ne cadre pas avec le cycle quinaire 10-2.

Une autre tradition dit que Niu-koa régna aussi par la vertu du bois ; il était en effet le descendant de Fou-hi et, comme plusieurs générations s’étaient écoulées entre eux deux, le métal, puis le bois avaient réapparu à leur tour; le cycle était terminé et recommençait de nouveau. Cette tradition loue spécialement Niu-koa à cause de ses grands mérites et le met au rang des trois souverains ; il y aurait donc eu deux rois qui possédèrent la vertu du bois 10-3.

Dans les dernières années de Niu-koa, il y eut, parmi les seigneurs, Kong-kong 11-1 ; se fiant sur son savoir et sur les châtiments, il se fit obéir par la violence, mais il ne fut pas roi légitime, car c’était par l’eau qu’il succédait au bois 11-2. Il combattit avec Tchou-yong 11-3; il ne fut pas vainqueur ; 11-M [dans sa colère, il se précipita la tête la première contre la montagne Pou-tcheou 11-4et la fit tomber. La colonne du ciel se rompit et les côtés de la terre se brisèrent.] 12-M [Niu-koa fondit alors des pierres de cinq couleurs 12-1 afin de soutenir le ciel ; il coupa les pattes d’une tortue marine afin de supporter les quatre extrémités de la terre.]

Il rassembla de la cendre de roseau pour arrêter les eaux débordées et pour rétablir l’ordre dans la province de Ki 12-2.

Puis, la terre étant calme et le ciel affermi, il ne changea plus l’ancien ordre de choses.

Après la mort de Niu-koa, Chen-nong 12-3 exerça le pouvoir. Yen-ti Chen-nong était du clan Kiang. Sa mère s’appelait Niu-teng 12-4. Il arriva qu’une fille de Koa 12-5, étant devenue concubine de Chao-tien, fut émue par un dragon divin et enfanta Yen-ti. Il avait le corps d’un homme et la tête d’un boeuf. Il grandit au bord de la rivière Kiang 13-1 et c’est de là que lui vint son nom de clan. Il régna par la vertu du feu ; c’est pourquoi on l’appela Yen-ti. Il nomma ses officiers d’après le feu 13-2.

13-M1 [Il tailla une pièce de bois pour en faire un soc ; il courba une pièce de bois pour en faire la flèche d’une charrue. L’usage de la charrue et de la houe fut enseigné par lui à la foule des hommes.] Il fut le premier qui enseigna le labourage. C’est pourquoi il reçut le titre de Chen-nong. Puis il institua le sacrifice de la fin de l’année 13-3. Il frappait avec un fouet rouge 13-4 les herbes et les arbres. Le premier il éprouva les cent espèces de plantes et le premier il trouva les drogues qui guérissent.

Il fit en outre un luth à cinq cordes.

13-M2 [Il enseigna aux hommes à tenir le marché au milieu du jour et, une fois les échanges faits, à se retirer ; chacun obtint de la sorte ce dont il avait besoin] 14-1.

Ensuite il multiplia les huit trigrammes et en fit les soixante-quatre hexagrammes 14-2.

Il commença par avoir sa capitale à Tch’en 14-3, puis il résida à K’iu-feou 14-4. Il mourut après avoir été au pouvoir cent vingt années. Il fut enterré à Tch’ang-cha 14-5.

Chen-nong vint d’abord de la montagne Lié 14-6. C’est pourquoi Tso 14-7 dit : « Le fils de Lié-chan s’appela Tchou. » On l’appelle aussi Li-chan et c’est ainsi que les Rites 15-1 disent : « Li-chan eut l’empire. »

Chen-nong prit une fille de la famille Pen-choei, qui s’appelait T’ing-pa et en fit sa femme. Il en eut un fils qui fut l’empereur Ngai ; Ngai engendra l’empereur K’o ; K’o engendra l’empereur Yu-wang. En tout il se passa huit générations et cinq cent trente années 15-2 et alors Hien-yuen 15-3 arriva au pouvoir.

Parmi ses descendants il y eut Tcheou, Fou, Kan, Hiu, Hi, Lou, Ts’i, Ki, I, Hiang, Chen, Lu, qui tous étaient issus du clan Kiang 15-4. Ils furent tous seigneurs ; quelques-uns d’entre eux furent envoyés pour gouverner les quatre montagnes 16-1. Au temps de la dynastie Tcheou, le marquis de Fou et le comte de Chen furent les sages conseillers du roi 16-2. Ts’i et Hiu furent des seigneurs autonomes 16-3 ; ils fournirent un hégémon au royaume du milieu 16-4.

Comme la vertu de l’homme saint 17-1 avait été abondante, étendue et grande, sa fortune et sa postérité furent florissantes et durèrent longtemps.

Une autre tradition explique les trois souverains en disant que les souverains du ciel, les souverains de la terre et les souverains de l’homme sont les trois souverains 17-2. C’est donc l’époque primitive où le ciel et la terre se séparèrent et où pour la première fois il y eut des princes et des sujets. Ce que rapporte l’Appendice au Tableau 17-3, on ne peut le rejeter eu bloc ; c’est pourquoi je mentionne cette tradition à la suite de la précédente.

Lorsque le ciel et la terre furent constitués pour la première fois, il y eut les souverains du ciel qui comptèrent douze représentants 18-1. Calmes et immuables, ils ne se livraient à aucune action et les moeurs se perfectionnaient d’elles-mêmes. Ils régnaient par la vertu du bois. Le calcul des années se faisait au moyen de la constellation Ché-t’i 18-2. Ils étaient douze frères qui régnèrent chacun dix-huit mille années.

Les souverains de la terre comptèrent onze représentants. Ils régnèrent par la vertu du feu. Ils furent onze membres de la même famille. Ils furent florissants auprès des montagnes Hiong-eul 18-3 et Long-men. Chacun d’eux aussi régna dix-huit mille années.

Les neuf souverains de l’homme 19-1, montés sur des chars de nuages ; attelés de six êtres ailés 19-2, sortirent de Kou-k’eou 19-3. Ils étaient neuf frères qui se divisèrent le commandement des neuf provinces 19-4. Chacun, d’eux éleva une ville murée. En tout ils régnèrent pendant cent cinquante générations, soit quarante-cinq mille six cents années.

Après les souverains de l’homme, il y eut les cinq Dragons 19-5, puis Soei-jen 19-6, Ta-t’ing 19-7, Po-hoang, Tchong-yang, Kiuen-siu, Li-lou, Li- lien, Ho-siu, Ts’oen-lou, Hoen-toen 20-1, Hao-yng, Yeou-tch’ao, Tchou-siang, Ko-t’ien, Yn-k’ang, Ou-hoai, Ce sont là les noms de ceux qui, après les trois souverains, eurent l’empire. Cependant, comme les monuments écrits ne le rappellent pas, on ne sait pas la durée des règnes de ces familles, ni leurs généalogies, ni le lieu où elles eurent leur capitale.

Cependant les Poésies de Han 20-2 estiment que depuis l’antiquité ceux qui firent la cérémonie fong sur le T’ai-chan et la cérémonie chan sur le mont Leang-fou 20-3 furent au nombre de plus de dix mille personnes, Tchong-ni 20-4 vit ce témoignage, mais ne put les connaître tous. Koan-tse de son côté dit 20-5 : « Autrefois, il y eut soixante-douze personnes qui firent la cérémonie fong sur le T’ai-chan. Ceux que moi, I-ou 20-6, je connais, sont au nombre de douze. » En tête de sa liste, il y a Ou-hoai. Mais avant Ou-hoai et après les souverains du ciel, le calcul des années est illimité et insondable.

Comment les souverains et les rois s’élevaient et comment ils l’annonçaient 20-7, c’est ce que les anciens écrits ont perdu et on ne saurait le bien exposer. Est-ce à dire toutefois qu’il n’y eut ni empereurs ni rois ?

Or un appendice 20-8 du Tch’oen ts’ieou dit : « Depuis la grande séparation 21-1 jusqu’à la prise du lin 21-2, il y eut en tout trois millions deux cent soixante-seize mille années 21-3 ; elles se divisent en dix périodes appelées ki qui, réunies, comprennent les années de soixante-dix mille six cents générations 21-4. La première de ces périodes s’appelle la période des neuf têtes 21-5 ; la seconde s’appelle la période des cinq dragons ; la troisième s’appelle la période Ché-t’i ; la quatrième s’appelle la période Ho-ngo ; la cinquième s’appelle la période Lien-t’ong ; la sixième s’appelle la période Siu-ming ; la septième s’appelle la période Sieou-fei ; la huitième s’appelle la période Hoei-t’i ; la neuvième s’appelle la période Chan-t’ong ; la dixième s’appelle la période Lieou-ki. » Or la période Lieou-ki doit correspondre à l’époque de Hoang-ti 22-1. J’ai déterminé l’intervalle compris dans les neuf autres périodes et c’est ainsi que j’ai fait des Annales supplémentaires en rédigeant ici cet exposé.





3-1. . Sur Se-ma Tcheng, sur les raisons qui lui firent écrire les Annales principales des trois souverains et sur ce qu’il entend par les trois souverains, cf. le cinquième chapitre de notre Introduction. — L’opuscule de Se-ma Tcheng ainsi que le premier chapitre des Mémoires historiques de Se-ma Ts’ien ont été traduits en anglais par M. H. J. Allen (Journal of the Royal Asiatic Society, avril 1894, p. 269-295).

3-2. . T’ai-hao signifie « le grand éclat » : de même que T’ai-hao ouvre la série des trois souverains, ainsi Chao-hao, c’est-à-dire « l’éclat secondaire », est en tête de la liste des cinq empereurs dans tous les systèmes chronologiques qui, comme le chapitre Lu li tche, du Ts’ien Han chou, admettent huit règnes (les trois souverains, plus les cinq empereurs) avant la première dynastie. — Se-ma Ts’ien, qui n’admet que les cinq règnes des cinq empereurs, ne reconnaît pas la légitimité de Chao-hao, quoiqu’il en parle incidemment dans divers passages.

P’ao-hi 庖 犧 signifie « élever des animaux pour la cuisine » et ce nom est souvent remplacé par celui de Fou-hi 伏 ou 宓 qui signifie « soumettre des animaux domestiques ». La raison d’être de ces noms sera donnée plus loin par Se-ma Tcheng.

3-3. . Se-ma Tcheng dit : C’est le Kouo yu qui nous apprend que le nom de clan de Fou-hi était Fong. — Nous devons justifier par quelques considérations la traduction « nom de clan » que nous adoptons pour rendre le mot 姓. : Les termes 姓 et 氏 sont employés comme équivalents par Se-ma Ts’ien ; ainsi il nous dit en parlant de Ts’in Che-hoang que son nom de clan était le nom de famille 姓 趙 氏. La confusion faite par Se-ma Ts’ien est devenue d’un usage général et tous les noms de famille 氏 sont appelés aujourd’hui noms de clans 姓 . Cependant les anciens textes ne sont intelligibles que si on rétablit la distinction entre ces deux termes. Kou Yen-ou, dans son Je tche lou (chap. XXIII. Sur cet ouvrage, voyez Wylie, Notes..., p. 130), a traité cette question d’une manière très intéressante ; nous nous sommes servis de son livre pour rédiger la note suivante :

Les noms de clan 姓 étaient réservés autrefois aux princes et aux nobles ; les gens de la plèbe 庶人n’avaient qu’un nom personnel 名 . Le nom de clan n’était pas souvent mentionné : on désignait les princes régnants par le nom de leur royaume ; ainsi le prince qui avait pour nom personnel Chen et qui régnait sur l’état de Lou s’appelait Lou Chen ; quant aux patriciens qui avaient, de par leur naissance, accès aux fonctions publiques, ils se distinguaient entre eux par des noms de famille 氏 , mais on énonçait rarement leur nom de clan 姓 . Les noms de clans étaient fort peu nombreux ; on n’en compte que vingt-deux dans le Tch’oen-ts’ieou. Au contraire, les noms de famille augmentaient sans cesse en nombre ; plusieurs d’entre eux sont d’anciens noms de fonctions ; c’était parfois le nom de la charge exercée par le premier ancêtre qui était devenu celui de toute la famille ; tel est le nom de Se-ma 司馬 ; d’autres exprimaient la relation de parenté qui avait existé entre le premier ancêtre et le prince régnant : tels sont les noms de 公子 , 公 xx , proprement : fils du duc, petit-fils du duc. Ainsi les noms de famille allaient en se multipliant à mesure que les branches des anciens clans se constituaient en familles nouvelles. — Quand on nommait un homme, on ne l’appelait pas par son nom de clan 姓 , mais par son nom de famille 氏 . Quand on nommait une femme, au contraire, on indiquait toujours son nom de clan ; en effet, l’importance principale du nom de clan venait de la règle d’exogamie qui interdisait les mariages entre membres d’un même clan ; par exemple, lorsque le duc Tchao, de Lou épousa une femme du pays d’0u 吳 , il commit une action condamnée par les rites, car les deux familles qui avaient fondé les états de Lou et Ou avaient le même nom de clan, Ki 姬 .Les anciens noms de clan paraissent nous reporter à une époque reculée où la descendance par la mère était le principe constituant de la famille. Les noms de famille, au contraire, sont fondés sur la prédominance de l’élément paternel et, dans la substitution graduelle du nom de famille au nom de clan, il nous semble qu’on peut entrevoir la trace de toute une évolution sociologique.

5-M. Hoang-fou Mi : Ti wang che ki.

5-1. Le caractère Soei 煫 désigne une sorte de vilebrequin au moyen duquel on produisait le feu. Soei-jen est regardé comme l’inventeur de l’art de cuire les aliments. On verra plus loin qu’il succéda aux trois dynasties divines appelées les Souverains du ciel, les Souverains de la terre et les Souverains de l’homme ; c’est à cette légende que fait allusion Se-ma Tcheng quand il dit que Fou-hi continua le ciel.

5-2. Hoa-siu 華胥 est, d’après d’autres auteurs, le nom de la localité où habitait la mère de Fou-hi ; ce lieu se trouvait dans la sous-préfecture actuelle de Lan-t’ien 藍田 préfecture de Si-ngan, province de Chàn-si.

5-3. Les légendes relatives aux conceptions miraculeuses sont très peu variées en Chine : marcher dans les empreintes de pas gigantesques, avaler un oeuf qui tombe du haut des airs ou apercevoir un météore dans le ciel, telles sont presque inévitablement les causes qui déterminent les grossesses surnaturelles d’où doivent sortir les héros mythologiques.

5-4. Le marais de Lei 雷澤 joue un grand rôle dans l’ancienne histoire de la Chine ; nous le retrouverons mentionné à propos de Choen ; il était situé dans la préfecture actuelle de P’ou-tcheou 蒲州 , province de Chân-si.

5-5. Tch’eng-ki correspond à la sous-préfecture de Ts’in-ngan 秦安 , préfecture secondaire de Ts’in, province de Kan-sou.

5-6. Voyez la représentation figurée de Fou-hi dans les bas-reliefs du Chan-tong (La sculpture sur pierre en Chine au temps des deux dynasties Han, planche III).

6-M. I king, chap. XV, p.4 v°, trad Legge, p. 382.

6-1. L’appendice du I king intitulé 繫辭 , dont Se-ma Tcheng fait ici usage, contient des vestiges d’anciens vers qu’il est d’ailleurs assez difficile de rétablir sous leur forme primitive. Toan Yu-ts’ai ( H. T. K. K., chap. DCLX, p. 15 r°) dit que les mots 地 et 宜 , qui terminent les deux phrases que nous venons de traduire, riment ensemble et sont au p’ing-cheng de la dix-septième catégorie. Mais les mots 天 (12e catégorie) et 文 (13 e catégorie), qui terminent les premières parties de ces deux phrases, ne riment pas ensemble, en sorte qu’on ne voit pas bien de quel nombre de syllabes les vers étaient constitués.

6-2. Les huit trigrammes sont les huit combinaisons qu’on peut faire avec une ligne droite continue et une ligne droite brisée en les groupant trois par trois. La ligne droite continue étant le symbole du principe yang et la ligne droite brisée étant le symbole du principe yn, ces huit trigrammes sont supposés représenter en raccourci les combinaisons des deux principes qui constituent l’univers. Le roi Wen, de la dynastie Tchcou, passe pour avoir développé ce système cosmogonique en faisant des combinaisons, non plus de trois, mais de six lignes et en traçant ainsi un tableau de soixante-quatre hexagrammes ; cependant ce perfectionnement est souvent attribué à d’autres personnages.

6-3. Cf. I king, trad. Legge, p. 385. — D’après ce texte, les Chinois paraissent avoir préludé à l’invention de l’écriture par une sorte de notation analogue à celle des anciens Péruviens qui employaient des cordes nouées appelées quipos pour exprimer leurs pensées.

7-M. I king, chap. XV, p. 51 r°.

7-1. Dans le I li 儀禮 , au chapitre I, qui traite de la prise du bonnet viril par les officiers 士冠禮 , on voit que le don des deux peaux de bêtes faisait partie de la cérémonie par laquelle tout fonctionnaire devait consacrer son arrivée à l’âge viril. On lit en effet : « Le maître de la maison répond à la politesse de son hôte en lui offrant un rouleau de soie et deux peaux de bêtes. »

7-2. Cf. note 2 de la p. 3.

7-3. Le Tso tchoan, à la 17e année du duc Tchao, donne des renseignements assez étendus sur les noms des officiers sous le règne des premiers souverains de la Chine. « En automne, dit-il, le vicomte T’an vint à la cour ; pendant un banquet que le duc lui donnait, Tchao-tse lui demanda pourquoi Chao-hao avait donné à ses officiers des noms d’oiseaux. T’an-tse répondit : « J’en sais la raison, car Chao-hao était mon ancêtre. Autrefois Hoang-ti réglait tout, grâce aux nuages ; c’est pourquoi il institua des officiers-nuages et les Nuages étaient leurs noms. Yen-ti réglait tout grâce au feu ; c’est pourquoi il institua des officiers-flammes et les Flammes étaient leurs noms. Kong-hong réglait tout grâce à l’eau ; c’est pourquoi il institua des officiers-eaux et les Eaux étaient leurs noms. T’ai-hao réglait tout grâce au dragon ; c’est pourquoi il institua des officiers-dragons et les Dragons étaient leurs noms. Lorsque mon premier ancêtre, Chao-hao, arriva au pouvoir, un phénix apparut ; c’est pourquoi il régla tout grâce aux oiseaux ; il institua des officiers-oiseaux et les Oiseaux furent leurs noms. L’officier appelé le Phénix présidait au calendrier; l’Hirondelle était l’officier des équinoxes ; la Pie-Grièche était l’officier des solstices ; l’Oiseau-Bleu était l’officier du début (des saisons) ; l’Oiseau-Rouge était l’officier de la fin (des saisons). — L’Epervier était l’officier du peuple ; l’Aigle de mer était l’officier de la guerre ; le Ming-kieou était l’officier des travaux publics ; le Choang-kieou était l’officier de la justice ; le Milan était l’officier des affaires. Ces cinq directeurs dirigeaient le peuple. — Les cinq Faisans présidaient aux cinq arts ; ils étaient ceux qui communiquaient l’usage avantageux des instruments, ceux qui réglaient les dimensions et les mesures, ceux qui maintenaient la justice dans le peuple. — Les neuf Hou présidaient aux neuf occupations de l’agriculture et gardaient le peuple de la mauvaise conduite. — A partir de l’empereur Tchoan Hiu, les souverains ne furent plus capables de régler tout par des principes reculés, mais ils réglèrent tout par des principes immédiats ; ils instituèrent des officiers du peuple et les nommèrent d’après les occupations du peuple. Ils étaient donc incapables de faire comme dans l’antiquité. »

8-1. La leçon « trente-cinq cordes » est celle de l’édition de K’ien-long ; l’édition de 1596 donne la leçon « vingt-cinq cordes ».

8-2. I king, chapitre xvn, p. 7 r°. M. Legge {I king, trad., p. 425),

traduit ici le mot 帝 par Dieu ; le passage,dans son entier, semble en effet être symbolique ; mais ce n’est pas de Dieu qu’il s’agit, c’est du soleil. Quant à l’idée que Se-ma Tcheng a en vue quand il fait cette citation, elle est assez claire : le trigramme Tchen est celui qui correspond à l’orient ; or, l’orient est, dans la théorie des cinq éléments, le symbole du bois par la vertu duquel régna Fou-hi ; le texte du I king, en établissant que l’empereur apparaît d’abord à l’orient, justifie donc le système de Se-ma Tcheng qui fait de Fou-hi le premier des souverains.

8-3. Le Livre des Ordonnances mensuelles 月令 est le quatrième livre du Li ki.

8-4. Tch’en est aujourdhui Tch’en-tcheou-fou 陳州府 , province de Ho-nan. Cette localité est située sur les bords de la rivière Ts’ai 蔡 , affluent de la rivière Hoai ; c’est de la rivière Ts’ai que sortit, suivant certaines fables, la tortue sur la carapace de laquelle Fou-hi découvrit les huit trigrammes.

9-1. Se-ma Tcheng tire ce renseignement de la légende rapportée par Koan Tchong au sujet de soixante-douze souverains qui accomplirent les cérémonies fong et chan (cf. ma première traduction du Traité de Se-ma Ts’ien sur les sacrifices fong et chan, p. 13).

9-2. Le Tai-chan est une montagne située auprès de Tai-ngan-tcheou, province de Chan-tong.

9-3. On appelle période Tch’oen-ts’ieou celle dont l’histoire est racontée dans les Annales qui portent ce nom et qui sont attribuées à Confucius. Cette période s’étend de 722 à 481 avant J.-C.

9-4. Il est important, à cause de la grave question de la légitimité des intermariages, de savoir à quels clans appartenaient les nombreux états féodaux de la période Tch’oen-ts’ieou ; on voit dans ce passage quels étaient ceux qui se rattachaient au clan Fong. On trouvera plusieurs renseignements relatifs aux autres clans dans Kou Yen-ou, Je tche lou, chapitre XXIII, p. 1. — Voici les indications que donne le Tch’oen ts’ieou ti li k’ao che de Kiang Yong (H. T. K. K., ch. CCLII-CCLV), au sujet de l’emplacement de ces principautés : Jen 任 préfecture secondaire de Tsi-ning 濟寧 , province de Chan-tong ; Sou 宿 , à 20 li à l’est de la préfecture secondaire de Tong-p’ing 東平 , préfecture de Tai-ngan, même province; Siu-kiu 須句 , au sud-est de cette même préfecture secondaire de Tong-p’ing ; Tchoan-yu 顓臾 , à 80 li au nord-ouest de la sous-préfecture de Fei 費 , préfecture de I-tcheou, province de Chan-tong.

9-5. W. F. Mayers a écrit un intéressant article sur les légendes relatives à Niu-koa (Notes and queries on China and Japan. July 1868, p. 99-101). Il cite les passages du Lié-tse qui parlent de ce personnage mythique et rappelle que ces fables se retrouvent plus développées dans Hoai-nan-tse (mort en 122 av. J.-C.). Il montre que, d’après les critiques chinois modernes, le caractère 女 qui entre dans la composition du nom de Niu-koa, ne saurait être une preuve que ce personnage ait été une femme.

10-1. Le Li ki, au chapitre Ming t’ang wei, parle du cheng 笙 et en attribue aussi l’invention à Niu-koa, On peut voir le dessin de cet instrument de musique dans Legge, Sacred Books of the East, vol. XXVIII, p. 37. Le Cheng se composait d’une calebasse au milieu de laquelle étaient fixés verticalement dix-neuf ou treize tuyaux appelés hoang 簧 ; un autre tube latéral servait d’embouchure au musicien qui produisait les sons en aspirant l’air et en bouchant avec les doigts tels ou tels des trous pratiqués sur les tuyaux verticaux. Voyez sur ce sujet une étude de M. Warrington Eastlake (The Chinese reed organ, dans China Review, vol. XI, p. 33-41).

10-2. Les bas-reliefs de l’époque des Han, qu’on a découverts dans le Chan-tong, représentent Fou-hi et Niu-koa entrelaçant leurs queues dé serpent et formant un groupe indivisible. D’après la théorie que supposent ces bas-reliefs, Niu-koa et Fou-hi réunis ne forment qu’un seul des trois souverains ; en effet, comme le dit Se-ma Tcheng lui-même, à la fin de ce paragraphe, Niu-koa ne trouve pas place dans le cycle quinaire, c’est-à-dire dans la succession des cinq éléments, car Niu-koa, comme Fou-hi, régna par la vertu du bois. Il est vrai qu’au paragraphe suivant, Se-ma Tcheng cite une autre théorie d’après laquelle un cycle entier se serait écoulé entre Fou-hi et Niu-koa en sorte que, tout en ayant régné par la vertu du même élément, le bois, Fou-hi et Niu-koa n’en formeraient pas moins deux souverains distincts.

10-3. On trouve, chez les auteurs qui n’ont pas admis Hoang-ti au nombre des trois souverains, trois opinions différentes : les uns, comme Ts’iao Tcheou (232-297 ap. J.-C), disent que les trois souverains sont Fou-hi, Soei-jen (cf. note 1 de la p. 5) et Chen-nong ; d’autres comme Song Kiun (Ier siècle ap. J.-C), admettent que les trois souverains sont Fou-hi, Tchou-yong (voy. plus loin) et Chen-hong ; c’est cette théorie qui a été adoptée par l’auteur des bas-reliefs d’Ou Leang, dans le Chan-tong ; enfin la troisième hypothèse est celle que propose Se-ma Tcheng à la suite de Tcheng Hiuen (127-200 ap. J.-C.) et de Hoang-fou Mi (214-282 ap. J.-C.) : les trois souverains seraient Fou-hi, Niu-koa et Chen-nong.

11-M. Lie-tse, chap. T’ang wen, Hoai-nan-tse, chap. T’ien wen hiun.

11-1. Lie-tse et Hoai-nan-tse parlent tous deux de Kong-kong, mais ils le font combattre avec Tchoan-hiu 顓頊 , petit-fils de Hoang-ti ; comme cependant Kong-kong était de plusieurs générations antérieur à Hoang-ti, il faut admettre que ce ne fut pas lui, mais ses descendants qui combattirent avec Tchoan-hiu. En remplaçant Tchoan-hiu par Tchou-yong, Se-ma Tcheng peut faire une transposition heureuse dans l’ordre des deux phrases suivantes ; Lie-tse en effet dit que Niu-koa raffermit le ciel et la terre, puis il parle, comme d’un tout autre sujet, du combat de Kong-kong contre Tchoan-hiu ; Se-ma Tcheng au contraire place le raffermissement de la terre et du ciel par Niu-koa après l’ébranlement causé par Kong-kong.

11-2. Dans la théorie de Se-ma Tcheng, à l’élément bois doit succéder l’élément feu ; Kong-kong qui s’appuyait sur la vertu de l’eau n’était donc pas à sa place dans le cycle des cinq éléments ; il doit ainsi être considéré comme illégitime. (Cf. Ts’ien Han chou, Kiao se tche, dernière page.)

11-3. Tchou-yong est donné dans les Ordonnances mensuelles du Li ki comme présidant au premier mois de l’été. D’après le commentaire du Li ki appelé « Interprétation correcte », Tchou-yong serait le fils de l’empereur Tchoan-hiu et présiderait au feu. Tchou-yong est appelé aussi l’empereur rouge, parce que le rouge est la couleur qui correspond au feu.

11-4. Le commentateur de Lie-tse dit que la montagne Pou-tcheou est la montagne du coin nord-ouest de la terre.

12-M. Lie-tse, chap. T’ang wen.

12-1. D’après le commentateur de Lie-tse, la pierre de cinq couleurs serait un symbole représentant les cinq éléments primordiaux ; c’est par la fusion harmonieuse de ces cinq éléments que Niu-koa rétablit l’ordre. M. Mayers émet l’hypothèse que la pierre de cinq couleurs est le charbon dont Niu-koa aurait été le premier à découvrir les utiles qualités ; mais cette supposition est plus ingénieuse que plausible.

12-2. La province de Ki est une des neuf provinces qu’on voit décrites dans le tribut de Yu ; elle comprenait le Chân-si actuel et une partie du Tche-li.

12-3. Chen-nong signifie « le laboureur divin » ; en effet, comme on le lira plus bas, ce souverain passe pour avoir institué l’agriculture. On l’appelle aussi Yen-ti, « l’empereur-fumée », parce qu’il régnait par la vertu du feu.

12-4. Le T’ong kien kang mou et le T’ong kien tsi lan écrivent Ngan-teng 安簦 .

12-5. Il ressort du contexte que cette fille de la famille Koa 媧 n’est autre que Niu-teng. — Se-ma Tcheng dit qu’il se fonde sur le Kouo yu pour établir que la mère de Yen-ti était une fille de la famille Koa ; mais, si nous nous reportons au Kouo yu (chap. X, p. 10 v° 晉語四 ), nous y lisons ceci : « Autrefois, Chao-tien prit une femme dans la famille Kiao ( 有蟜氏 ) ; cette femme enfanta Hoang-ti et Yen-ti. » Ce texte présente deux différences avec le récit de Se-ma Tcheng : la première porte sur le nom de famille de la femme : elle ne s’explique qu’en admettant que Se-ma Tcheng avait sous les yeux un texte du Kouo yu autre que ceux qui ont cours actuellement ; — la seconde consiste en ceci que le Kouo yu semble faire de Hoang-ti et de Yen-ti deux frères nés d’une même mère, tandis que, selon Se-ma Tcheng, Yen-ti aurait été fort antérieur à Hoang-ti ; Se-ma Tcheng résout la difficulté en disant que le texte du Kouo yu ne doit pas être pris au pied de la lettre et qu’il signifie simplement que Hoang-ti et Yen-ti furent tous deux des descendants d’une même femme, quoique à des générations différentes. — Le Ti wang che ki de Hoang-fou Mi (cité dans Mém. hist., chap. I, p. 3 r°) dit que la mère de Yen-ti s’appelait Jen-se ---- et qu’elle était de la famille Kiao 有--氏 .

13-M1. I king, chap. XV, p. 5 v°, trad. Legge, p.383.

13-M2. I king, chap. XV, p. 5 v°, trad. Legge, p. 383.

13-1. La rivière Kiang s’appelle aujourd’hui la rivière K’i 岥水 ; elle coule dans la sous-préfecture de Ki-chan 岥山-- , préfecture de Fong-siang, province de Chàn-si. Ce petit cours d’eau est un affluent indirect de la rivière Wei, qui se jette dans le Hoang-ho (Choei king tchou che, chap, XVIII, p. 6).

13-2. Cf. note 3 de la p. 7.

13-3. Ce sacrifice est ici désigné par le terme 蜡 tcha, mot qui se trouve employé dans le Li ki, au début du chapitre Li yun ; un commentateur de ce livre classique dit : « Sous la dynastie Hia, on appelait ce sacrifice ---- ; sous les Yn, on l’appelait ---- ; sous les Tcheou, on l’appelait -- ; sous les Ts’in, on l’appelait -- .»

13-4. Le rouge est la couleur qui correspond à l’élément feu : on ne voit pas bien quel est le sens caché de cette phrase ; M. Allen traduit : « On se servit de lanières rouges pour enguirlander les plantes et les arbres. » Mais je n’ai jamais vu le mot -- avoir le sens d’enguirlander.

14-1. Cf. Legge, Sacred Books of the East, vol. XVI, p. 383.

14-2. Ce passage est assez surprenant, car l’invention des soixante-quatre hexagrammes est généralement attribuée au roi Wen, de la dynastie Tcheou,

14-3. Cf. note 4 de la p. 8.

14-4. K’iu-feou est une sous-préfecture de la province de Chan-tong, préfecture de Yen-tcheou ---- .

14-5. Tch’ang-cha est aujourd’hui la capitale du Hou-nan. Le Tong kien tsi lan (chap. I, p. 4 r°) dit que Chen-nong fut enterré à Tch’a-ling ---- , préfecture de Tch’ang-cha, province de Hou-nan. Mais une légende locale place la tombe de Chen-nong dans la sous-préfecture de Ling -- , préfecture de Heng-chan, province de Hou-nan (Koang yu ki, chap. XV, p. 17 v°).

14-6. La montagne Lié -- ou Li -- est au nord de la préfecture secondaire de Soei -- , préfecture de Té-ngan ---- , province de Hou-pe {T’ong kien tsi lan, chap. I, p. 3 r°).

14-7. Tso K’ieou-ming ( ------ ), auteur supposé du Kouo yu. On lit dans cet ouvrage : « Le fils de Chen-nong eut pour nom personnel Tchou -- ; il présida à l’agriculture, c’est pourquoi il eut pour nom personnel Nong. » Le Tong kien tsi lan (chap. I, p. 4 v°) fait allusion à cette légende, quand il dit : « Yen-ti eut un autre fils qui s’appelait Tchou ; il aida l’empereur en répandant et semant les cinq céréales. Les générations suivantes lui sacrifièrent comme au dieu des moissons -- .»

15-1. Li ki, chap. Tsi fa : « C’est ainsi que Li-chan eut l’empire ; son fils s’appela Nong. » Cf. Legge, Sacred Books of the East, vol. XXVIII, p. 208.

15-2. Ces chiffres sont ceux du Ti wang che ki de Hoang-fou Mi (Yuen kien lei han, chap. XL, p. 4 v°). — Le T’ong kien kang mou et le Tong kien tsi lan donnent la liste de ces huit empereurs descendants de Chen-nong : ce sont Lin-k’oei ---- , Tch’eng -- , Ming -- , I -- , Lai -- , Li -- Yu-wang ---- .

15-3. Hien-yuen est un surnom de Hoang-ti ---- . Voyez Mémoires historiques, chap. I, au début.

15-4. Nous avons ici l’énumération des principautés féodales qui, à l’époque Tch’oen-ts’ieou, faisaient remonter leurs généalogies jusqu’à Chen-nong ; leurs princes avaient le même nom de clan et ne pouvaient donc prendre femmes les uns chez les autres (cf. note 4 de la p. 9).

Voici d’après le Tch’oen-ts’ieou ti li k’ao che an Kiang Yong (H. T. K. K., ch. CCLII-CCLV) les identifications géographiques de la plupart de ces localités : Tcheou -- = sous-préfecture de Ngan-k’ieou -- , préfecture de Ts’ing-tcheou, province de Chan-tong ; Hiu -- se trouva d’abord dans la préfecture secondaire indépendante de Hiu -- , province de Ho-nan, mais par la suite se déplaça souvent ; Ts’i -- = sous-préfecture de Lin-tche ---- , préfecture de Ts’ing-tcheou, province de Chan-tong ; Ki -- = sous-préfecture de Cheou-koang ---- , préfecture de Ts’ing tcheou, province de Chan-tong ; Hiang -- est identifié avec deux places différentes dans le Chan-tong, l’une à 100 li au sud-ouest de I-tcheou -- , l’autre à 70 li au sud de Lu-tcheou ----  ; les deux principautés de Chen --- et de Lu -- étaient limitrophes et occupaient le territoire de la sous-préfecture de Nan-yang ---- , préfecture de Nan-yang, province de Ho-nan. Je n’ai pas trouvé l’identification des pays de Kan -- , Hi -- , Lou -- et I -- .

Quant à la principauté de Fou -- , elle semble avoir un étroit rapport avec celle de Lu, car on sait que le chapitre du Chou king intitulé les Châtiments de Lu ---- était autrefois appelé les Châtiments de Fou, ---- .

16-1. Les princes de Fou et de Chen rattachaient leur généalogie à des chefs des quatre montagnes ---- (cf. Che king, ode 5 de la décade de Tang ; Legge, C. C., t. V, p. 535). De même, on nous apprend que l’ancêtre des princes de Ts’i était un des chefs des quatre montagnes quand il aida Yu à triompher des eaux débordées (H. T. K. K., ch. CCLV, p. 5 r°).

16-2. Dans l’ode du Che king précitée, on voit que les princes de Fou et de Chen furent les principaux appuis du roi Siuen (827-782 av. J.-C.).

16-3. L’expression -------- implique l’idée d’un détachement, d’une autonomie qui n’appartenait pas à tous les seigneurs. En effet, si l’on jette un regard sur la carte de Chine à l’époque Tch’oen-ts’ieou, on voit, que, des nombreux princes descendants de Chen-nong, ceux de Ts’i et de Hiu seuls avaient des royaumes -- .

16-4. Le duc Hoan de Ts’i ----- (qui, d’après le deuxième tableau chronologique de Se-ma Tsien, régna de 685 à 643 av, J.-C), fut le premier des cinq hégémons ---- qui, de 685 à 591 avant J.-C. exercèrent tour à tour une influence prédominante dans l’empire féodal gouverné nominalement par les Tcheou. Les quatre autres hégémons furent le duc Wen -- de Tsin -- , le duc Mou -- de Ts’in -- , le duc Siang -- de Song -- et le roi Tchoang -- de Tch’ou -- .

17-1. C’est-à-dire Chen-nong.

17-2. Cette seconde théorie paraît être plus ancienne que la première ; en effet, quoique Se-ma Ts’ien ne la rapporte pas, un passage des Mémoires historiques (ch. VI, p. 10 v°) nous prouve qu’elle avait cours dès le temps de Ts’in Che-hoang-ti ; au moment où ce prince délibéra sur le titre qu’il prendrait, ses ministres lui dirent : « Autrefois il y eut le souverain du ciel, le souverain de la terre et le souverain majestueux ; le souverain majestueux fut le plus élevé. » — Il est difficile de savoir à quelle époque on substitua le souverain de l’homme -- -- au souverain majestueux ----.

17-3. ---- D’après une légende, un dragon-cheval sortit du Hoang-ho sous les yeux de Fou-hi ; il portait sur son dos un tableau sur lequel étaient tracés les huit trigrammes. Il existait autrefois un livre intitulé « le Tableau du Fleuve », en neuf chapitres (appendice au Tch’oen-ts’ieou, cité par le Dictionnaire de K’ang-hi, au mot t’ou). L’appendice au Tableau doit avoir été un complément de ce livre. — Le mot wei -- désigne la trame d’un tissu comme le mot king -- en désigne la chaîne. Les wei sont ainsi le complément des king ou livres canoniques. On distingue les wei en sept classes ---- suivant le livre canonique auquel ils se rattachent : ce sont les wei du I king, ceux du Chou king, ceux du Che king, ceux des Rituels, ceux de la musique, ceux du Hiao king et ceux du Tch’oen ts’ieou. On trouvera les titres des plus importants d’entre eux dans le Che t’ong t’ong che, chap. I, p. 4 r°.

18-1. Le T’ong kien kang mou, et, d’une manière générale, toutes les histoires de date récente comptent 13 souverains du ciel et non 12. Cette variante est très importante ; en effet, si l’on suppose 13 souverains du ciel ayant régné chacun 18,000 années, le total de leurs années sera 18,000 X 13 = 234,000. D’autre parties souverains de la terre sont au nombre de 11 qui ont régné chacun 18,000 années ; le total est pour eux de 18,000 x 11 = 198,000 années. Si nous additionnons les règnes des souverains de la terre à ceux des souverains du ciel, nous obtenons un total de 234,000 + 198,000 = 432,000 années. Ce nombre est exactement celui qui représente la durée des dix dynasties babyloniennes antérieures au déluge, d’après Bérose ; c’est aussi celui qui exprime la longueur de la période Kali-youga en Inde (Fergusson, Chinese Chronology and Cycles, p. 139 ; T. P, Crawford, The ancient dynasties of Berosus and China compared with those of Genesis, Chinese Recorder, t. XI, p. 411-429 ; t. XII, p. 77-86 et 193-201). Ce rapprochement est intéressant ; à supposer qu’il ne soit pas fortuit et que le chiffre de 12 souverains donné par Se-ma Tcheng soit une erreur, il prouvera simplement ceci : c’est qu’au VIIIe siècle de notre ère, à la suite de ses fréquentes relations avec les pays d’Occident et l’Inde, la Chine connut quelques-unes de leurs fables et modela son histoire légendaire d’après la leur.

18-2. La constellation Ché-t’i est formée de deux astérismes composés l’un des étoiles y), T, U, du Bouvier, l’autre des étoiles %, n, Ç, de la même constellation. Sur le rôle joué par la constellation Ché-t’i dans les anciens calculs du calendrier, cf. Le calendrier des Yn dans le Journal asiatique de novembre-décembre 1890, p. 463-510.

18-3. La montagne Hiong-eul, « oreilles d’ours », est située dans la sous-préfecture de Lou-che ---- , préfecture secondaire de Chàn -- , province de Ho-han ; c’est de la montagne Hiong-eul que sort la rivière ---- , qui se jette dans la rivière Lo -- , affluent du Hoang-ho. — Quant à la montagne Long-men, « porte du dragon », elle est située entre les rivières I et Lo, non loin de leur confluent.

Il ne peut être question ici de la montagne de même nom qui se trouve sur la rive droite du Hoang-ho, dans la province de Chàn-si.

19-1. Proprement : neuf têtes. Le commentateur fait remarquer que le mot « tête » joue ici le rôle d’un classificateur ; c’est ainsi qu’on dit tant et tant de têtes, de bétail. Il ne faut donc pas entendre, comme l’a fait M. Edkins (Chinese Recorder, t. XV, p. 337, note), que le souverain de l’homme était une espèce de monstre à neuf têtes, mais bien qu’il y eut neuf souverains de l’homme.

19-2. Mot à mot : montant sur des chars de nuages, attelant six ailes.

19-3. Kou’k’eou était le nom d’une gorge de montagnes qui se trouvait dans la sous-préfecture établie par les Han sous le nom de Yun-yang ( -- -- ) (ap. commentaire du Livre des Han postérieurs, cité par le Wei wen yun fou à l’expression Kou-k’eou). Cette sous-préfecture correspond à la sous-préfecture actuelle de Choen-hoa ---- , préfecture secondaire de Pin -- , province de Chàn-si.

19-4. Les neuf provinces sont énumérées et décrites dans le Tribut de Yu (voyez plus loin : Annales principales des Hia).

19-5. C’étaient, dit le commentaire, cinq frères qui, montés sur des dragons, s'élevaient à leur gré dans les airs.

19-6. Cf. note 1 de la p. 5.

19-7. Ta-t’ing ---- est la leçon de l’édition de 1596. L’édition de Kien-long écrit Fou-t’ing ---- .

20-1. Huen-toen ---- désigne proprement le chaos.

20-2. On sait que le Livre des Vers ou Che king existait en trois recensions principales, celle du pays de Lou, celle du pays de Ts’i et celle du pays de Han. C’est à cette dernière que Se-ma Tcheng emprunte son renseignement.

20-3. Le mont Leang-fou est une petite hauteur au pied du T’ai-chan. Cf. note 2 de la p. 9.

20-4. Tchong-ni est le surnom de Confucius.

20-5. Cf. note 1 de la p. 9.

20-6. I-ou est le nom personnel de Koan-tse. Cette citation se retrouve plus complète dans le traité sur les sacrifices fong et chan de Se-ma Ts’ien ; elle est extraite du 50e article des oeuvres de Koan-tse.

20-7. C’est-à-dire comment ils faisaient les sacrifices fong et chan qui étaient la déclaration de la prise de possession du pouvoir.

20-8. Une citation semblable à celle qui va suivre se trouve dans le T’ong kien kang mou qui l’attribue au livre intitulé Yuen ming pao 元命苞 ; or le Yuen ming pao est indiqué par le Che t’ong t’ong che (chap. I, p. 4 r°) comme étant un des appendices ou wei (cf. p. 17, note 3) du Tch’oen ts’ieou. C’est donc, selon toute vraisemblance, à ce livre que Se-ma Tcheng se référait.

21-1. La séparation du ciel d’avec la terre, c’est-à-dire le commencement du monde.

21-2. Le lin (cf. Mayers, Chin. Reader’s Manual, n° 389) est un animal fabuleux dont l’apparition est regardée comme un présage surnaturel ; un lin fut pris du temps de Confucius, la 14e année du duc Ngai (481 av. J.-C.) ; c’est à cet événement qu’il est fait allusion dans ce passage.

21-3. Le Tong kien kang mou écrit 2,267,000 années.

21-4. Ce membre de phrase ne se retrouve pas dans la citation que fait le Tong-kien-kang-mou ; en voici le texte qui ne laisse pas que

d’être obscur : 凡世七萬六百年 . Dans le sens que nous donnons à ce texte, chaque génération aurait une durée moyenne d’environ quarante-six ans et demi.

21-5. La période des neuf têtes est celle des neuf souverains de l’homme mentionnés plus haut dans une autre tradition. De même la période des cinq dragons est commune aux deux systèmes chronologiques. — Les noms des dix périodes 紀 sont écrits en chinois de la manière suivante : 1er 九頭 ; 2e 五龍 ; 3e 攝提 ; 4e 合雒 ; 5e 連通 ; 6e 序命 ; 7e 循飛 ; 8e 回提 ; 9e 禪通 ; 10e 流訖 . M. Herb. J. Allen a cherché à dégager le sens de ces noms dans un article de la China Review (vol. XIV, p. 21-28) intitulé P’an-kou ; mais son étude ne nous paraît pas conduite avec une méthode assez rigoureuse pour que nous puissions en admettre les résultats.

22-1. Nous lisons dans le T’ong kien kang mou que la neuvième période ou période Chan-t’ong finit à Yen-ti et que la dixième période ou période Lieou-ki commence à Hoang-ti.


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