Mémoires posthumes de Braz Cubas/Chapitre 155

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Traduction par Adrien Delpech.
Garnier Frères (p. 476-477).


CLV

Orgueil de la servilité


Quincas Borba ne partagea pas l’opinion de l’aliéniste, en ce qui concernait mon valet de chambre.

— On peut, métaphoriquement, attribuer à ton domestique la manie de l’Athénien ; mais les métaphores ne sont ni des idées ni des observations prises dans la nature. Ton domestique est poussé par un sentiment noble, et parfaitement régi par les lois de l’Humanitisme : c’est l’orgueil de la servilité. Il veut montrer qu’il n’est pas le domestique de n’importe qui.

Et Quincas Borba attira mon attention sur les cochers de grandes maisons, plus orgueilleux que les maîtres, sur les garçons d’hôtels, dont la sollicitude est dosée suivant la condition sociale du voyageur. Et il conclut en disant que c’était là un sentiment délicat et noble, et qui prouvait une fois de plus que l’homme peut sublime, même quand il cire des chaussures.