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Mémoires secrets de Bachaumont/1763/Août

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Texte établi par M. J. Ravenel, Brissot-Thivars éditeurs & A. Sautelet et Compagnie (Tome I (1762-1765)p. 196-209).
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Août 1763

Ier Août. — La comédie de la Présomption à la mode a éprouvé aujourd’hui une chute complète[1]. Ce drame, mal ordonné, pèche dans tous les points. Le héros de la pièce est un homme infatué de lui-même, qui s’imagine que toutes les femmes raffolent de lui. À ce ridicule il joint celui de faire de mauvais vers qu’il croit excellens ; il a un rival, auteur aussi, mais modeste, quoiqu’il soit l’amant préféré : le présomptueux ne s’en doute pas, il pousse toujours sa pointe jusqu’à vouloir berner le pauvre diable, et il se trouve dupe lui-même. L’intrigue aurait pu être filée beaucoup plus adroitement, être plus pleine : le style manque de cette fraîcheur, de ce velouté, qui font le succès de la comédie moderne.

3. — Extrait d’un sermon prêché à Sainte-Marguerite le mercredi 20 juillet, par M. l’abbé Labbat, prêtre habitué de Saint-Eustache.

Nerao vos decipiat per philosophiam et inanem fallaciam.
(Paul. ad Colos. II 8.)

…Dans les règnes précédens les princes marquaient leur religion en protégeant les ministres de l’Église… Les magistrats persécutent l’innocent et oppriment la religion… Les esprits se soutiennent par une modération forcée et une politique momentanée… Tôt ou tard la révolution éclatera dans un royaume où le sceptre et l’encensoir s’entre-choquent sans cesse… La crise est violente et la révolution ne peut être que trop prochaine…

Le prêtre, auteur du sermon, a été décrété de prise de corps par le Châtelet.

4. — On attribue à M. de Voltaire la fable suivante sur l’expulsion des Jésuites.


Les renards et les loups furent long-temps en guerre ;
Les moutons respiraient. Des bergers diligens
Ont chassé, par arrêt, les renards de nos champs ;

Les loups vont désoler la terre.
Nos bergers semblent, entre nous,
Un peu d’accord avec les loups[2].

6. — On donne manuscrits quelques morceaux détachés du Mémoire de M. le comte de Lauraguais. Avec cette addition[3], on l’a dans toute son originalité :

« Omer de Fleury étant entré, ont dit : « Messieurs, comme je suis chargé par état (p. 3), de vous proposer des thèses de médecine, et qu’il s’agit de dissiper des nuages qui affaiblissent la sécurité, et de souhaiter une solution à des craintes, votre sagesse, qui préside à vos démarches, assurera un nouveau poids à ce que votre autorité pourra régler sur le fait de l’inoculation, qui se présente naturellement sous deux aspects.

« Et comme dans la petite vérole ordinaire (p. 4) on s’en remet ordinairement à la prudence des malades et des médecins, vous sentez bien que dans l’inoculation, où la tête est beaucoup plus libre, il ne faut s’en remettre à la prudence de personne.

« Mais comme ce qui peut intéresser la religion, ne regarde en aucune manière le bien public (p. 3), et que le bien public ne regarde pas la religion, il faut consulter la Sorbonne, qui par état est chargée de décider quand un chrétien doit être saigné et purgé ; et la Faculté de médecine, chargée par état de savoir si l’inoculation est permise par le droit canon.

« Ainsi, Messieurs, vous qui êtes les meilleurs médecins et les meilleurs théologiens de l’Europe, vous devez rendre un arrêt sur la petite vérole, ainsi que vous en avez rendu sur les catégories d’Aristote, sur la circulation du sang, sur l’émétique et sur le quinquina.

« On sait que vous vous entendez par état à toutes ces choses comme en finances. Puisque l’inoculation, Messieurs, réussit dans toutes les nations voisines qui l’ont essayée, puisqu’elle a sauvé la vie à des étrangers qui raisonnent, il est juste que vous proscriviez cette pratique, attendu qu’elle n’est pas enregistrée ; et, pour y parvenir, vous emploierez les décisions de la Sorbonne, qui vous dira que saint Augustin n’a pas connu l’inoculation, et la Faculté de Paris, qui est toujours de l’avis des médecins étrangers.

« Surtout, Messieurs, ne donnez point un temps fixe aux salutaires et sacrées Facultés pour décider, parce que l’insertion utile de la petite-vérole sera toujours proscrite en attendant.

« À l’égard de la grosse, sœur de la petite, messieurs des enquêtes sont exhortés à examiner scrupuleusement les pilules de Keyser, tant pour le bien public que pour le bien particulier des jeunes messieurs, qui en ont besoin par état, la Sorbonne ayant préalablement donné son décret sur cette matière théologique.

« Nous espérons que vous ordonnerez peine de mort ( que les Facultés de médecine ont ordonnée quelquefois dans de moindres cas) contre les enfans de nos princes inoculés sans votre permission, et contre quiconque révoquera en doute votre sagesse et votre impartialité reconnue. »

7. — Le célèbre Cochin a gravé le fameux tableau trouvé à Billom en Auvergne, et dont on a déjà parlé[4]. Cette estampe se vend publiquement : elle rend parfaitement l’original, et en donne une beaucoup plus grande idée qu’il ne mérite. La composition en est immense, et d’une allégorie soutenue. On y critique, entre autres, le passage Non colluctatio nohis adversus carnem et sanguinem, sed adversus reges et principes. Il aurait fallu ajouter tenebrarum, mot qui pourrait avoir été omis exprès.

Le compte rendu, le 15 juillet 1763, par le président Rolland, de ce tableau, en donne une explication fort détaillée : il ne fait pas difficulté d’insinuer qu’on est tenté de prendre pour la tête de Henri IV celle qui est détachée et renversée dans le bateau ayant pour inscription Heretici insultantes.


10. — Lettre de M. le comte de Lauraguais à M. de Saint-Florentin,
À la réception de la lettre de cachet.
Du 15 juillet 1763.

Je viens, Monsieur, de recevoir les ordres du roi. Je les ai reçus avec tout le respect que tout sujet doit à son maître ; mais aussi avec le courage qui me rend peut-être digne d’être le sujet du meilleur des rois. Vous pouvez juger, Monsieur, dans ce moment, de mon existence tout entière. Croyez que je n’ai pas risqué le repos de ma vie pour faire rire les sots, crier les caillettes, scandaliser les honnêtes gens du monde, et désespérer les prêtres. J’espérais conserver à la France près de cinquante mille hommes qui meurent tous les ans de la petite vérole. J’espérais empêcher leur proscription probable, en faisant frémir le parlement du réquisitoire qui préparait cette affreuse proscription. Songez donc. Monsieur, et je vous le dis avec attendrissement, qu’il meurt à Paris tous les ans vingt mille hommes ; que cette ville est à peu près la vingtième partie du royaume ; que les morts se montent à quatre cent mille hommes ; que sur huit morts il y en a au moins un qui meurt de la petite vérole ; qu’il y en a donc cinquante mille qui sont enlevés par cette maladie ; et que l’avantage de l’inoculation étant de trois cents contre un, elle conserverait quarante-neuf mille huit cent trente-quatre personnes à l’État.

Je n’ai pas commis le crime, Monsieur, de me croire criminel, pour avoir employé tous les moyens qui pourraient rendre ce Mémoire odieux et méprisable. Je ne redoutais pas même d’être cité au parlement. S’il m’avait condamné, en me plaignant de l’abus des lois, j’eusse adoré leur justice. Je n’ai que la douleur de lui être dérobé ; c’est le seul sentiment qui mêle quelque amertume à l’obéissance que je dois au roi.

J’ai rassuré le pauvre homme que vous m’avez envoyé : il me croyait apparemment coupable. D’ailleurs, comme il avait peut-être ses affaires et moi les miennes, et qu’enfin je n’aime pas les complimens, pour le tranquilliser, je lui ai dit que j’allais vous écrire, et lui ai donné ma parole que nous partirions cette nuit ensemble.


10. — Lettre d’un philosophe à un autre philosophe de ses amis[5].

Je m’affligerais avec tout autre, M. le comte, de ce qui vous arrive ; mais j’en ris avec vous. La prison ne vous inquiète pas : votre âme est toujours égale et tranquille, à Metz comme à Paris. Le public malin n’en croit rien ; il se moque de vous, et prétend que vos lettres à M. de Saint-Florentin, à M. de Bissy et à M. de Noailles sont de la mauvaise plaisanterie, sans goût, sans style, et que vous n’écrivez pas mieux en vers qu’en prose ; ce sont là ses propres termes.

Si vous étiez, M. le comte, de ces gens bouffis d’orgueil qui prétendent que tout ce qu’ils font soit bien, je me garderais bien d’avoir tant de franchise ; mais je vous connais, vous êtes philosophe, la critique du public vous touche peu ; je sais que vous voulez bien écrire : on le voit assez ; cela suffit. On vous reproche surtout de courir après l’esprit, sans pouvoir l’attraper : ce n’est donc pas votre faute ; voilà qui vous justifie.

Aujourd’hui on ne juge des choses que par les apparences ; on ne veut pas se donner la peine d’approfondir les motifs qui font agir. L’homme est comme cela : qu’y faire ? Vous ne lui ôteriez pas de la tête que vous voulez faire parler de vous, à quelque prix que ce soit : on dit tout haut à qui veut l’entendre que vos desseins, in petot, étaient que M. le procureur général vous dénonçât au parlement, pour être jugé, les chambres assemblées, afin que la chose fît plus d’éclat, et que tout le monde parlât de vous comme d’un martyr.

Voyez, M. le comte, comme on vous prête de la misère, de la petitesse : qu’on connaît mal le sage ! c’est bien de ces fadaises dont il s’occupe ! Il aime le grand, le sublime.

Ce public ingrat ignore les peines que vous vous êtes données pour trouver de la porcelaine qui allât sur le feu ; combien de choses aussi importantes n’avez-vous pas tentées qui n’ont pas mieux réussi ? Ce n’est pas que vous ayez épargné l’argent assurément ; mais le temps de ces découvertes n’était pas venu. La postérité reconnaîtra vos services ; l’homme de mérite n’est jamais jugé ce qu’il vaut de son vivant. C’est ce qui fait, M. le comte, qu’on vous tourne en ridicule, qu’on se moque de vos talens et de votre esprit. On vous blâme aussi d’avoir quitté le service : quand vous serez mort, on ne parlera plus de tout cela, et vos cendres reposeront en paix.

11. — L’Apologie des Jésuites convaincue d attentat contre les lois divines et humaines ; trois parties in-12. Cet ouvrage, attribué à M. de Montclar[6], procureur général du parlement de Provence, résume de nouveau tout ce qu’on a dit de plus spécieux en faveur des Jésuites, renverse, détruit, pulvérise tout l’échafaudage de leurs défenseurs. Il finit par attaquer spécialement l’Apologie des Jésuites de Nanci, et ne laisse rien à désirer sur l’éclaircissement de cette matière. Le livre est écrit d’une façon nerveuse, concise et atterrante.

12. — Les Comédiens Italiens ont donné une pièce nouvelle en deux actes, mêlée d’ariettes ; elle est intitulée les Deux Talens. La musique est de M. le chevalier d’Herbain, amateur ; les paroles sont de M. de Bastide.

Le poëme est médiocre ; la musique pleine de richesses, mais accumulées sans goût, sans intelligence, et sans fruit pour les auditeurs.

13. — On a fait l’épigramme suivante sur les Deux Talens :


Poëme plat, style commun,
Grands airs bruyans, musique vide,
Pauvre d’Herbain, chétif Bastide,
Vos deux talens n’en font pas un.

14. — On débite, imprimé, un Portrait de M. de Voltaire, de deux cents vers environ. Il paraît que c’est quelqu’un qui, sous le voile de l’éloge, a prétendu tourner en ridicule ce grand homme, quoique Fréron paraisse donner cet écrit comme d’un louangeur de bonne foi. Voici le début :


Je chante un mortel exigu
Et dont le fréle individu
N’a presque point de consistance ;
Mais s’il n’a ni hanche ni cu,
S’il est aussi sec qu’un pendu,
Le ciel le fit en récompense
D’esprit abondamment pourvu.

Après avoir détaillé les qualités de cet homme universe, l’auteur finit ainsi :


Quand on jouit de l’avantage
De réunir tant de trésors,
Il est permis pour son usage,
De n’avoir qu’un petit visage,
Point de mollets et peu de corps.

On attribue cet écrit à M. de La Vieville.

16. — Les écrits sur la Richesse de l’État, pour ou contre, ne tarissent pas. On distingue, dans le grand nombre de ces brochures, la Balance égale, ou la juste imposition des Droits du Roi. L’auteur y présente un plan d’administration très-séduisant, et qui semble approcher du vrai point tant désiré. Il improuve le projet qui a donné lieu à tous les autres, en démontre les défauts, et y supplée par le sien, tous les autres tendant à la destruction des finances.

Coup d’œil d’un Citoyen[7], ouvrage, en trois parties, du sieur Forbonnais, qui a fait, il y a déjà du temps, le livre intitulé Recherches et Considérations sur les finances de France, depuis 1595 jusqu’en 1721 ; livre très-estimé en pareilles matières. On prétend que M. le contrôleur général a pris de l’ombrage contre cet auteur systématique, surtout à l’occasion des liaisons qu’il a depuis quelque temps avec M. le duc de Choiseul. Il a recherché le péché originel de ses liaisons avec M. de Silhouette. Enfin ce citoyen zélé, sans être absolument exilé, a été conseillé de s’expulser, et d’aller dans ses terres.

17. — Le Saül de M. de Voltaire, malgré la défense et la sévérité de la police, est imprimé : on y trouve peu de changemens. Les avis sont fort partagés : les uns trouvent cet ouvrage détestable, et dans le fond et dans la forme ; ils en réprouvent le style emphatique et simple tour à tour ; les autres le regardent comme un chef-d’œuvre d’impiété, mais en même temps comme un ouvrage pittoresque et philosophique.

20. — La Faculté de médecine, ne voulant rien faire avec précipitation, ramasse avec soin tous les faits relatifs à la matière dont le parlement l’a chargée. Elle a écrit dans les cours étrangères pour avoir de toutes parts les notions les plus sûres et les plus multipliées sur l’inoculation. Interea patitur justus ; c’est-à-dire que cette utile pratique reste proscrite : ce que M. le comte de Lauraguais avait prévu, et ce dont il se plaignait si fort.

21. — M. Sélis, qui n’est guère connu que par une Épître à Gresset pleine de vers aisés et pittoresques, a une comédie sur le métier en cinq actes et en vers : elle est intitulée le Protecteur[8]. C’est le sujet déjà estropié par M. Rochon de Chabannes, auquel cet auteur veut donner toute la vigueur et les proportions convenables.

24. — Il paraît une magnifique édition des Poésies Sacrées de M. Le Franc de Pompignan, ornées de toutes les grâces typographiques et de la magnificence du burin de M. Cochin. Cet auteur tant mystifié, tant bafoué par M. de Voltaire[9], a cependant du mérite : il y a dans ses Odes des strophes dignes de Rousseau ; ses Discours tirés des Livres Sapientiaux sont pleins d’une philosophie sublime, enrichie d’une poésie vive, nerveuse et pittoresque.

25. — Aujourd’hui M. l’abbé Rousseau a prononcé, devant messieurs de l’Académie Française, le panégyrique de saint Louis. Le père Élysée, assez fameux prédicateur, a fait le même panégyrique devant messieurs de l’Académie des Sciences et de celle des Inscriptions.

Cette après-midi, on a adjugé le prix d’éloquence à M. Thomas, cet athlète invincible, couronné tant de fois qu’on ne peut nombrer ses victoires. Le sujet était l’Éloge de Sully. MM. Saurin, Duclos et Watelet se sont relevés successivement pour achever la lecture de ce long ouvrage. On a été surpris du ton dogmatique et libre qui y règne : plusieurs endroits sont une satire amère de l’administration actuelle ; mais le moyen de louer un tel ministre sans critiquer ceux qui ne lui ressemblent pas ! La séance a fini sèchement, M. d’Alembert, qui est en possession d’égayer l’Académie par quelque caricature du jour, étant encore auprès du roi de Prusse.

26. — Hier s’est faite l’ouverture du Salon avec toute l’affluence possible. On sait qu’on y expose les différens ouvrages que les peintres, sculpteurs et graveurs de l’Académie veulent y envoyéeLa collection de cette année continue à donner une idée de l’École française, la seule aujourd’hui de l’Europe. Il semble que le public se soit porté plus volontiers en foule vers le tableau de M. Vanloo, représentant les trois Grâces enchaînées de fleurs par l’Amour. Le coloris en est des plus brillans ; il est nourri de peinture. On a trouvé les figures un peu flamandes ; on les eût désiré plus sveltes. La Chasteté de Joseph, par M. Deshayes, attire beaucoup d’attention. Les marines de M. Vernet, ses Quatre Parties du Jour, et en général tous ses tableaux sont recherchés des amateurs. La Piété filiale, de M. Greuze, se considère avec la plus grande admiration. Enfin, le Prométhée en marbre de M. Adam ; le Pigmalion de M. Falconnet, emportent les suffrages en cette partie.

28. — Requête au Roi par la dame veuve Calas, en vers. Ce morceau, plein de poésie et de pathétique, est de très-bonne main : on n’en dit pas l’auteur.

29. — On répand dans le public une estampe, gravée il y a plusieurs années, mais qui était restée dans le plus grand secret : elle a été faite à l’occasion de la démolition qu’on voulait faire de la colonne Médicis[10]. Elle représente l’extérieur de cet ouvrage, et la coupe intérieure est perpendiculaire. Dans un coin du tableau, on voit l’ignorance en bonnet d’âne, qui amène à sa suite des pionniers et autres ouvriers prêts à démolir. Au pied de la colonne se trouvent des sauvages qui se disposent à la défendre. Ils supportent les armes de M. Bignon, alors prévôt des marchands. On sait que ce fut M. de Bachaumont qui s’opposa pour lors à cette barbarie, ayant acheté le monument. Cette gravure, conséquemment très-injurieuse au prévôt des marchands, avait été supprimée : elle reparait depuis peu, à l’occasion des travaux qu’on fait dans l’hôtel de Soissons.

30. — Le discours de M. Thomas continue à faire grand bruit. On assure qu’on en avait supprimé déjà plusieurs phrases avant la lecture : on trouve qu’on n’a pas tout retranché. On cite la devise qu’il avait donnée : ô utinam ! on n’a pas voulu la laisser imprimer.

31. — Catéchisme de l’honnête homme, ou Dialogue entre un Caloyer et un Homme de bien ; traduit du grec vulgaire, par D. J. J. R. C. D. C. D. G.[11].

Tel est le titre d’une très-petite brochure fort rare. Il paraît qu’on veut la mettre sur le compte de Rousseau ; bien des gens la donnent à M. de Voltaire. Les personnes un peu instruites ne l’imputent ni à l’un ni à l’autre. On prétend que cet ouvrage n’est que le précis, mis en dialogue, d’un plus ancien, connu de tous les gens de lettres, attribué à Saint-Évremond, quoi qu’il y ait bien de l’apparence qu’il n’en soit pas. On a lieu de le soupçonner du roi de Prusse, ou peut-être de La Métrie, mort à la cour de ce prince. Quoi qu’il en soit de la génération de cet écrit peu répandu, mais fort recherché, il est du nombre de ceux qui n’auraient jamais dû voir le jour ; malheureusement il est imprimé et conséquemment indélébile.

  1. Elle n’a point été imprimée. — R.
  2. Cette fable faisait partie d’une lettre de Voltaire dont on trouve un fragment dans la Correspondance littéraire de Grimm, 15 juin 1763. — R.
  3. Cette facétie est de Voltaire, et se trouve dans ses Œuvres. — R.
  4. V. 8 mars 1763. — R.
  5. Cette lettre est attribuée au duc de Pequigny. — R.
  6. Barbier le donne à l’abbé Guyon. — R.
  7. Cet écrit, attribué ici à Forbonnais, ne se trouvant mentionné ni dans la Vie littéraire de cet auteur par Delisle de Sales, ni dans la France littéraire de M. Quérard, il est à présumer qu’il n’est point de lui. — R.
  8. Non imprimée. — R.
  9. Dans une foule de pamphlets, et principalement dans le Pauvre Diable où se trouvent ces vers devenus proverbes :

    Tenez, prenez mes Cantiques sacrés.
    Sacrés ils sont, car personne n’y touche.

    — R.
  10. Cette colonne fut ainsi nommée du nom de Catherine de Médicis qui la fit construire dans l’angle d’une cour latérale de l’Hôtel de la Reine, depuis l’Hôtel de Soissons. Le prince de Carignau, dernier propriétaire de ce monument, étant mort chargé de dettes, ses créanciers obtinrent la permission de le faire démolir pour en vendre les matériaux. Cette démolition s’opéra pendant les, années 1748 et 1749 ; et la colonne allait y être comprise, lorsque Bachaumont se présenta pour l’acquérir dans l’intention de la donner à la Ville, à la condition qu’elle serait conservée. On la lui adjugea pour 1500 livres. L’emplacement de l’hôtel fut acquis par les magistrats de la Ville, qui y firent commencer, en 1762, la construction d’une halle aux blés terminée en 1772. La colonne de Médicis fut conservée, suivant l’intention de Bachaumont, et on la voit encore adossée au mur extérieur de la Halle. — R.
  11. D. Jean-Jacques Rousseau, ci-devant citoyen de Genève. 1764 in-12 de 68 pages. Cet opuscule de Voltaire se trouve dans ses Œuvres. — R.