Métaphysique des mœurs (trad. Barni)/Tome I/ELMDLDDD/DDLMDMEG/III

La bibliothèque libre.
Traduction par Jules Barni.
Auguste Durand (p. 60-62).


III.


Comme les sujets, à l’égard desquels on peut considérer le rapport du droit au devoir (qu’il y ait lieu ou non de l’admettre), sont susceptibles de relations diverses, on peut établir à ce point de vue une nouvelle division.


DIVISION


FONDÉE SUR LE RAPPORT SUBJECTIF DES OBLIGEANTS ET DES OBLIGÉS.
1. 2.
Rapport juridique de l’homme
à des êtres n’ayant ni droit ni
devoir
.
Rapport juridique de l’homme
à des être ayant des droits et
des devoirs.
Vacat. Adest.
Car ce sont des êtres privés de
raison, qui ne nous obligent pas
et par lesquels nous ne pouvons
être obligés.
Car c’est un rapport d’homme à
homme.
3. 4.
Rapport juridique de l’homme
à des êtres n’ayant que des
devoirs et pas de droits.
Rapport juridique de l’homme
à un être n’ayant que des droits
et pas de devoirs (Dieu).
Vacat. Vacat.
Car ce seraient des hommes
sans personnalité (des serfs,
des esclaves).
Du moins dans la pure philo-
sophie, car ce ne peut être un
objet d’expérience.

Il n’y a donc que le no 2 qui contienne un rapport réel entre le droit et le devoir. La raison pour laquelle il n’y en a point aussi dans le no 4, c’est qu’il y aurait alors un devoir transcendant, c’est-à-dire un devoir auquel ne pourrait être donné, comme correspondant, aucun sujet extérieur capable d’obliger ; par conséquent le rapport au point de vue théorétique est ici purement idéal, c’est-à-dire qu’il porte sur un être de raison que nous nous faisons à nous-mêmes, quoique ce concept ne soit pas entièrement vide, mais qu’il soit au contraire fécond pour nous et pour notre moralité intérieure, partant sous le rapport pratique ; c’est en cela aussi que consiste uniquement, à ce point de vue purement idéal, tout notre devoir immanent (praticable).


DE LA DIVISION DE LA MORALE, EN TANT QUE
SYSTÈME DES DEVOIRS EN GÉNÉRAL.
DOCTRINE ÉLÉMENTAIRE. MÉTHODOLOGIE.
Devoirs de droit. Devoirs de vertu. Didactique. Ascétique.
Droit privé. Droit public,
et en outre tout ce qui ne concerne pas
seulement la matière, mais aussi la forme architectonique d’une morale scientifique, dont on a entièrement découvert les principes généraux dans les Éléments métaphysiques.



La principale division du droit naturel ne réside pas (comme on l’admet quelquefois) dans la distinction du droit naturel et du droit social[1], mais dans celle du droit naturel et du droit civil[2], ou dans ce qu’on appelle le droit privé et le droit public. En effet, ce qui est opposé à l’état de la nature, ce n’est pas l’état social, mais l’état civil, car il peut bien y avoir société dans l’état de la nature ; seulement ce n’est pas une société civile (garantissant le mien et le tien par des lois publiques), et c’est pourquoi le droit dans ce cas prend le nom de droit privé.







Notes de Kant[modifier]

  1. Gesellschaftliche.
  2. Bürgerliche.


Notes du traducteur[modifier]