Méthode d’équitation basée sur de nouveaux principes/Trot

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XIX

DU TROT.




Le cavalier engagera d’abord cette allure très-modérément, en suivant exactement les mêmes principes que pour le pas. Il maintiendra son cheval parfaitement léger, sans oublier que plus l’allure est vive, plus l’animal a de dispositions à retomber dans ses contractions naturelles. La main devra donc redoubler d’habileté, afin de conserver toujours la même légèreté, sans nuire cependant à l’impulsion nécessaire au mouvement. Les jambes seconderont la main, et le cheval, renfermé entre ces deux barrières qui ne feront obstacle qu’à ses mauvaises dispositions, développera bientôt toutes ses belles facultés, et acquerra, avec la cadence du mouvement, la grâce et la vitesse.

Il est évident que le cheval bien équilibré doit trotter plus vite que celui qui n’a pas cet avantage.

La condition indispensable à un bon trotteur est l’équilibre exact du corps, équilibre qui entretient le mouvement régulier des deux bipèdes diagonaux, donne une élévation et une extension égales, avec une légèreté telle, que l’animal peut exécuter facilement tous les changements de direction, se ralentir, s’arrêter, ou accélérer sans efforts sa vitesse. Le devant alors n’a pas l’air de traîner à la remorque le derrière ; tout devient aisé, gracieux pour le cheval, parce que ses forces, étant bien harmonisées, permettent au cavalier de les disposer de manière qu’elles se prêtent un secours mutuel et constant.

Il me serait impossible de citer le nombre de chevaux dont les allures avaient été tellement faussées, qu’il leur était impossible d’exécuter un seul temps de trot. Quelques leçons ont toujours suffi pour remettre ces animaux à des allures régulières.

Il suffira, pour habituer le cheval à bien trotter, de l’exercer à cette allure cinq minutes seulement pendant chaque leçon. Lorsqu’il aura acquis l’aisance et la légèreté nécessaires, on pourra lui faire conserver cette allure en pratiquant des descentes de main. J’ai dit que cinq minutes de trot suffiraient d’abord, parce que c’est moins la continuité d’un exercice que la rectitude des procédés qui produit la bonne exécution. Le cheval se prêtera mieux à un travail modéré et de courte durée ; son intelligence elle-même, en se familiarisant avec cette sage progression, hâtera le succès. Il se soumettra sans répugnance et avec calme à un travail qui n’aura rien de pénible pour lui, et l’on pourra pousser ainsi son éducation jusqu’aux dernières limites, non-seulement en conservant intacte son organisation physique, mais en rétablissant dans leur état normal les parties qu’aurait pu détériorer un travail forcé. Ce développement régulier et général du mécanisme du cheval lui donnera, avec la grâce, la force et la santé, et prolongera ainsi ses services, en centuplant les jouissances du véritable écuyer.


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