Ma Méthode/Avant-propos

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Maison Quantin (p. 7-9).


AVANT-PROPOS



Il serait presque inutile de faire ressortir l’utilité de l’escrime, tellement il est reconnu aujourd’hui, que c’est le complément nécessaire et indispensable de toute bonne éducation. Prenez, en effet, deux individus : faites faire des armes à l’un et négligez d’en faire faire à l’autre, et vous pourrez faire la comparaison pour l’agilité, la souplesse de l’un et de l’autre.

Malheureusement, il est regrettable de constater, que les résultats obtenus aujourd’hui, sont de beaucoup inférieurs à ceux d’il y a une trentaine d’années ; cela tient à ce qu’un grand nombre de professeurs négligent les bons principes et enseignent une leçon trop compliquée, qui fatigue l’élève moralement et physiquement et le dégoûte bientôt de l’escrime.

Remédier aux nombreux inconvénients que présente la méthode enseignée actuellement dans presque toutes les salles d’armes, en la remplaçant par une démonstration simple et concise, par une leçon courte et rapide, ne fatiguant pas l’élève et lui permettant de faire des progrès en peu de temps, tel est le but de ce travail ; heureux s’il peut apporter la plus minime amélioration dans l’art de l’escrime ! La méthode que j’indique est celle que je pratique depuis trente-cinq ans que je professe les armes. C’est elle qui m’a permis de faire délivrer, dans le cours de ma carrière, cinquante brevets de maîtres et prévôts, de remporter cinq médailles et diplômes dans divers concours internationaux contre cent cinquante maîtres français et étrangers, et de diriger plus de cent duels sans jamais avoir eu un malheur à déplorer.

Les faits parlent donc pour elle, et je crois rendre service à tous les tireurs en la publiant.

Je le fais, non par ambition, comme bien des gens pourraient le supposer, mais simplement parce que j’aime mon métier et que je crois qu’il est bon de réagir contre cet engouement pour ce que j’appellerai « la ferraillerie », qui s’est emparé de la plupart des escrimeurs actuels et qui est cause que, dans nos salles comme dans nos assauts, on néglige de plus en plus les bons principes, et l’on fait de tout bien souvent, à part de l’escrime.

J.-B. Charles.