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Manifeste de l’armée insurrectionnelle d’Ukraine

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Manifeste de l’armée insurrectionnelle d’Ukraine
Courant alternatif n° 273 (p. 1).


Manifeste de l’armée insurrectionnelle d’Ukraine

(1er janvier 1920)


A tous les paysans et ouvriers de l’Ukraine ! A transmettre par télégraphe, par téléphone, ou par poste ambulante, à tous les villages d’Ukraine ! Lire dans les réunions des paysans, dans les usines et dans les entreprises !

Frères travailleurs !

L’armée insurrectionnelle de l’Ukraine a été créée pour s’élever contre l’oppression des ouvriers et paysans par la bourgeoisie et par la dictature bolchevique-communiste. Elle s’est donnée pour but la lutte pour la libération totale des travailleurs ukrainiens du joug de telle ou telle autre tyrannie et pour la création d’une véritable constitution socialiste à nous. L’armée insurrectionnelle des partisans makhnovitsia combattu avec ferveur sur de nombreux fronts pour atteindre ce but. Elle termine actuellement victorieusement la lutte contre l’armée de Dénikine, libérant une région après l’autre, partout là où existaient la tyrannie et l’oppression.

Beaucoup de travailleurs paysans se sont posés la question : comment faire ? Qu’est-ce qu’on peut et qu’est-ce qu’on doit faire ? Comment se comporter en face des lois du pouvoir et des organisations, etc…. ?

A ces questions, l’Union ukrainienne des travailleurs et paysans répondra plus tard. Elle doit, en effet, se réunir très prochainement et convoquer tous les paysans et ouvriers ; tenant compte du fait qu’on ne connaît pas la date précise de cette assemblée que réaliseront les paysans et ouvriers et où ils auront la possibilité de se réunir pour discuter et résoudre les problèmes les plus importants de nos paysans et ouvriers, l’armée des makhnovitsi considère de publier le manifeste suivant :

Sont annulées toutes les dispositions du gouvernement Dénikine. Sont annulées aussi les dispositions du gouvernement communiste qui vont à l’encontre des intérêts paysans et ouvriers. Les travailleurs devront résoudre eux-même la question : quelles sont les dispositions du gouvernement communiste qui sont néfastes au intérêts des travailleurs ?

— Toutes les terres appartenant aux monastères, aux grands propriétaires et autres ennemis, passent aux mains des paysans qui vivent seulement du travail de leurs bras. Ce transfert doit être défini dans des réunions et par des discussions du paysannat. Les paysans devront se rappeler et tenir compte non seulement de leurs intérêts personnels mais aussi des intérêts communs du peuple travailleur, opprimé sous le joug des exploiteurs

— Les usines, les entreprises, les mines de charbon et autres moyens de production deviennent la propriété de la classe ouvrière entière, qui en assume la responsabilité de direction et d’administration, en incite et développe avec son expérience le développement et cherche à réunir toute la production du pays en une seule organisation.

— Tous les paysans et tous les ouvriers sont invités à constituer des conseils libres de paysans et ouvriers. Seront élus dans ces conseils seulement les ouvriers et paysans qui prennent une part active à une branche utile de l’économie populaire. Les représentants des organisations politiques ne pourront point participer aux conseils ouvriers et paysans, parce que cela pourrait nuire aux intérêts des travailleurs eux-mêmes.

— On n’admet pas l’existence d’organisations tyranniques, militarisées qui vont à l’encontre de l’esprit des travailleurs libres.

— La liberté de parole, de presse et de réunion est le droit de chaque travailleur et n’importe quelle manifestation contraire à cette liberté représente un acte contre-révolutionnaire.

— Sont annulées les organisations de la police ; à leur place on organisera des formations d’autodéfense, qui peuvent être crées par les ouvriers et paysans.

— Les conseils ouvriers et paysans représentent l’auto-défense des travailleurs. Chacun d’eux doit donc lutter contre n’importe quelle manifestation de la bourgeoisie et des militaires. Il est nécessaire de combattre les actes de banditisme, de fusiller sur place les bandits et les contre-révolutionnaires.

— Chacune des deux monnaies soviétiques et ukrainienne doit être acceptée à l’égale de l’autre : on punira tous les contrevenants à cette disposition.

— Reste libre l’échange des produits du travail ou du commerce de luxe, toujours quand il n’est pas administré par des organisations paysannes et ouvrières. On propose qu’un tel échange se fasse entre tous les travailleurs.

— Toutes les personnes qui s’opposeront à la diffusion de ce manifeste, seront considérées comme contre-révolutionnaires.


Les conseils révolutionnaires de
l’armée Ukrainienne (makhnovitsi) 1er janvier 1920.