Manifeste en faveur d’une association entre les hommes
Je ne viens plus dire aux peuples :
Rendez à César ce qui est à César !
La mission de César est finie.
Mais je viens dire à César :
Rendez à Dieu ce qui est à Dieu !
Qu’est-ce que Dieu ?
Dieu, c’est le Peuple.
Et le Verbe s’est fait Homme dans un homme du nom de Jésus ;
Et le Verbe s’est fait Peuple dans un peuple du nom de France ;
Et le Verbe unité Homme s’est fait chair dans le sein d’une Vierge du nom de Marie ;
Et le Verbe unité Peuple s’est fait chair dans le sein d’une Vierge du nom de LIBERTÉ.
Qu’est ce que le Verbe ?
Le Verbe est L’AMOUR.
Et la Mère du Christ Homme enfanta dans une étable ;
Et la Mère du Christ Peuple enfanta dans une bastille.
Je vous le dis en vérité : la Sainte Vierge Marie du Ciel, la Sainte Vierge Liberté de la terre, sont la GRANDE-MÈRE, LA GRANDE PARIA, L’ÈVE GÉNÉSIAQUE.
En 1789, fut un Homme du nom de SIEYÈS, qui se leva, et à la face de la Noblesse et du Clergé dit :
Qu’est-ce que le Tiers-État ?
Rien.
Que doit-il être ?
Tout.
À ces simples paroles, la foudroyante voix de Mirabeau répondit : Les grands ne sont grands que parce que nous sommes à leurs genoux ; levons-nous, et nous serons plus grands qu’eux.
Aussitôt le Serment du Jeu-de-Paume éclata, Noblesse et Clergé furent renversés, et du chaos des États-Généraux sortit le nouveau Logos, le saint dogme Souveraineté Peuple : et un immense cri retentit, Liberté !
À ce nom sacré, l’aurore du grand jour se fit, les dieux du despotisme furent écrasés, la Bastille, leur monstrueux symbole, s’écroula ; et des débris du vieux monde s’éleva, resplendissante de gloire et d’amour, LA LIBERTÉ NOTRE SAINTE MÈRE, des flancs déchirés de laquelle surgit, le 14 juillet 89, LE PEUPLE FRANÇAIS, LE MESSIE DES PEUPLES.
Telle est l’origine, le germe de cette révolution française qui transfigurera le monde ; appelée successivement Assemblée Nationale, Constituante, Législative, Convention, Directoire, Consulat, Empire, Restauration, Révolution de Juillet, à cette heure elle se nomme :
LA RÉFORME ÉLECTORALE !…
Qu’est-ce que la Réforme Électorale ?
La Réforme Électorale est la matrice du beau fruit de la Révolution Française.
Le beau fruit, c’est le saint dogme Souveraineté, Peuple constitué.
Il est des propositions d’une telle évidence, qu’une fois posées elles sont résolues ; d’une telle gravité, qu’une fois attaquées elles frappent instantanément de mort, si elles ne régénèrent.
Que les Sourds entendent, que les Aveugles voient ! car, en politique comme en physique, l’expansion est en raison de la compression.
Fils de la Liberté, écoutez !
LA RÉFORME ÉLECTORALE, aujourd’hui 14 juillet 1840, se formule ainsi :
En 1789 qu’était le Tiers-État ? (La bourgeoisie.)
Rien.
De 1789 à 1840, qu’est devenu le Tiers-État ? (La bourgeoisie.)
Tout.
En 1840 qu’est-ce que le Peuple ?
Rien.
Que doit-il être ?
Tout !…
Que cette formule soit bénie ! et pour qu’elle soit bénie, Filles et Fils des martyrs du monde, recueillez-vous ! que votre âme s’élève jusqu’à la grande âme de vos Pères ; que leur grand œuvre, la Révolution, ce terrible et saint enfantement de l’Unité Humaine, vous apparaisse dans toute sa majesté, et le cœur débordant d’alégresse et de fierté, beaux enfans des GÉANS de la FÉDÉRATION, écriez-vous avec nous, dans un saint transport d’amour : NOËL ! NOËL ! NOËL !
Je vous le dis en vérité :
Aujourd’hui 14 juillet 1840, cinquantième anniversaire de la révolution est le jour de Noël du Peuple Français, du CHRIST-PEUPLE mort pour le salut des Peuples.
Peuples nos frères, l’entendez-vous ? il vous crie de son berceau : Liberté, Égalité, Fraternité !
Peuples nos frères, l’entendez-vous ? il vous crie du haut de sa croix de Waterloo : Liberté, Égalité, Fraternité !
Peuples nos frères, l’entendez-vous ? il vous crie de son tombeau : Liberté, Égalité, Fraternité ?
Peuples nos frères, ayez grande foi et bonne espérance ; car l’heure de la résurrection, de la grande Pâques et de la grande Fédération est proche.
Peuples nos frères, au nom de la Mère de tout amour, de la grande Ève, de la Liberté sainte, souvenez-vous que là où finit César commence l’Homme ; que là où commence l’Homme est le Frère…… Fraternité !……
Le Morcellement est la Division, la Misère la Nuit.
L’Association est l’Unité, le Bonheur la Lumière.
Écoutez cette parabole et qu’elle soit pour vous étincelle de Vie et de Régénération.
Les grains de sable se plaignaient à Dieu, disant :
Le moindre vent nous agite et nous pousse de rivages en rivages sur des rochers qui nous déchirent ; la moindre goutte d’eau nous engloutit ; nous sommes le jouet des élémens et la pâture du plus petit caillou de la grève qui nous dévore ; et dans leur angoisse tous criaient à Dieu miséricorde.
Dieu leur répondit ASSOCIATION.
À cette parole de l’Éternel la poussière se fit géante, et de ce désert de sable, de ce néant d’atômes, sortirent ces colosses que nous nommons les Pyrénées et les Alpes ; ces colosses, la charpente du monde physique, que sont-ils ? Des atômes associés.
L’humanité à cette heure est dissoute jusqu’à son dernier élément, l’individu, l’atôme.
Tous à cette heure nous sommes des atômes meurtris qui crions à Dieu miséricorde.
Dieu nous répond ASSOCIATION.
Sœurs et frères en douleur, associons-nous et nous serons les géans, la nouvelle charpente de l’humanité transfigurée, c’est-à-dire associée, unitéisée !…
La loi d’Association se nomme dans le monde atomique Attraction, dans le monde intellectuel Amour.
Je vous le dis en vérité : la matrice de l’Attraction, de l’Amour et de son beau fruit l’Expansion, est l’Unité Évadienne.
L’unité Évadienne est l’Épopée de la vie humaine dans tous ces modes de manifestation, à l’État de Liberté, Égalité, Fraternité, Expansion, Amour, Harmonie, Unité et Souveraineté.
Dans l’Unité Évadienne tous sont appelés, tous sont élus, tous sont réhabilités.
De notre grabat en notre ville de Paris, la grande Éda de la terre, aujourd’hui, 14 juillet 1840, jour de Noël du Peuple de France, et du Messie des Peuples.
Au nom du Grand Évadah, au nom du Grand Dieu, Mère, Père.
- À Paris, à l’Univers.