Manneken-Pis (Théodore Hannon)

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Parnasse de la Jeune BelgiqueLéon Vanier, éditeur (p. 166).


Manneken-Pis


La fillette en cheveux par moi longtemps suivie
Vint s’arrêter tout près de l’impudent gamin,
Ce cher bronze qui n’a de libre qu’une main…
Elle admirait son geste et paraissait ravie.

Ce qu’elle attendait là n’était point l’omnibus !
— Pucelle : une de ces exsangues fleurs du vice
Se dressant pour les cœurs naïfs comme un rébus.
« Viens ! » lui dis-je, prenant sa taille de novice,

« Viens, je veux te mener par les cafés-concerts
« Où, tout en écoutant rossignoler des airs,
« À longs traits, nous boirons le lambic des dimanches. »

L’enfant entrelaça les deux mains dans ses manches
Et, rêveuse, levant ses longs yeux de lapis,
Sans répondre, écouta pleurer Manneken-Pis.