Manuel de la bibliothèque publique/13

La bibliothèque libre.
, Léon Wouters
Union des Villes et Communes belges (p. 35-39).


13. LA BIBLIOGRAPHIE.


131. Notion, but et espèces.

La Bibliographie a pour objet de renseigner sur l’existence des ouvrages et sur leur valeur. Elle est l’inventaire, la description des ouvrages publiés, indépendamment du point de savoir dans quelles collections ou bibliothèques ils se trouvent. Elle constitue donc la source de nos informations concernant les livres existants et la base de toute documentation. Elle est l’intermédiaire entre les livres et les lecteurs. La Bibliographie comprend les classes de travaux suivants. Ils portent le nom de bibliographies. Tout bibliothécaire doit connaître leur existence et pouvoir s’en servir.

1° Les bibliographies nationales, les unes rétrospectives et récapitulatives, les autres périodiques et courantes.

2° Les bibliographies spéciales (rétrospectives ou courantes, nationales ou internationales). Elles sont éditées pour chaque science, soit par des particuliers, soit par des organismes créés, patronnés ou subsidiés par des associations scientifiques ou par les pouvoirs publics.

3° La Bibliographie Universelle, et en particulier le Répertoire Bibliographique Universel, entrepris par l’Institut International de Bibliographie dans le but de concentrer en un inventaire unique toutes les informations publiées par les bibliographies particulières et de les classer sur fiches en deux séries, auteurs et matières.

4° Les Bibliographies analytiques et critiques (comptes rendus, analyses, résumés, annuaires, années, parties bibliographiques des revues). Ces bibliographies sont consacrées, les unes à la littérature générale, les autres aux disciplines spéciales. Elles renseignent sur le contenu et la valeur des ouvrages et complètent ainsi les Bibliographies qui sont de simples recueils de titres d’ouvrages. La plupart des revues publient des comptes rendus et des analyses. La plupart des sciences ont leurs recueils spéciaux. Des recueils généraux sont aussi publiés.

5° Les Bibliographies choisies, qui ont procédé à des sélections basées sur certains critères, qu’elles font connaître. Dans cette catégorie on peut ranger : les catalogues imprimés des bibliothèques, générales ou spéciales, formées selon des principes rationnels, les guides bibliographiques qui constituent des introductions aux connaissances humaines.

6° Les Bibliographies produites par le commerce de la librairie, sous toutes formes : catalogues des éditeurs (officines), catalogues des librairies d’assortiment, catalogues de ventes publiques et catalogues de livres d’occasion (antiquariats). Les deux dernières catégories ont une importance pour le choix des livres dont l’édition est épuisée ou dont on désire acquérir des exemplaires offrant les meilleures conditions d’état, de prix et d’édition.

132. Histoire de la Bibliographie.

Il y eut, dès la haute antiquité, des listes du contenu des Bibliothèques et des relations parlant des livres. Avant l’imprimerie, les ouvrages étaient désignés par les premiers mots du texte. C’est plus tard qu’on donne de l’importance au nom d’auteur ; on commence même, dans l’ordre alphabétique, par ne tenir compte que des prénoms.

Lorsque paraît l’imprimerie, on voit bientôt les imprimeurs et les libraires eux-mêmes établir des catalogues dans un but mercantile. Catalogues des « Mess » ou foires. Catalogues de Plantin. Au xviiie siècle on fait des catalogues destinés au grand public. Au début du xixe siècle paraissent les premières bibliographies nationales périodiques (Journal de la Librairie). En 1895, une Conférence décide la création du Répertoire Bibliographique Universel et fonde, pour le réaliser, l’Institut International de Bibliographie. ( Pour le développement des faits, consulter les sources indiquées in fine).

133. Travaux bibliographiques à faire.

À toute personne désireuse de se familiariser avec la connaissance des livres, le Bibliothécaire en premier lieu, les travaux bibliographiques suivants sont recommandés :

1° S’initier aux grandes sources bibliographiques, instruments de toute investigation parmi les livres. (Voir sous n° 131 et, in fine, la liste des ouvrages à consulter). S’entraîner à y faire des recherches rapides.

2° Prendre une connaissance bibliographique des livres eux-mêmes. On examinera soi-même un à un, les livres en plus grand nombre possible. On doit apprendre à les connaître sur le rapport d’autrui, à la fois quant au contenant et quant au contenu. À ce dernier point de vue, sans porter soi-même de jugement sur le fond, on devra cependant savoir de quoi traite exactement un ouvrage et de quelle utilité il peut être pour ses lecteurs.

3° Lire régulièrement les périodiques spéciaux ou généraux qui rendent compte de la production littéraire récente.

4° Établir soi-même des listes ou bibliographies d’ouvrages sur certaines questions, notamment sur les meilleurs livres à acquérir ou à conseiller, sur des questions d’actualité, des questions locales ou même des sujets spéciaux quelconques. Faire, à cet effet, les recherches nécessaires dans les sources.

5° Former une collection de sources bibliographiques en commençant même très modestement : prospectus, catalogues d’éditeurs, extraits de comptes rendus de périodiques et journaux, etc.

134. Services bibliographiques.

Des renseignements bibliographiques peuvent être obtenus à l’intermédiaire des services organisés qui élaborent des répertoires et collections ou qui en disposent.

I. — Services nationaux. — Service de la Bibliographiede Belgique. — Commission de la Bibliographie nationale. — Offices de documentation et d’information organisés dans divers ministères (Affaires économiques, défense nationale, guerre, etc.)

II. Services internationaux. — Institut International de Bibliographie (Palais Mondial) : Répertoire Bibliographique universel, à ce jour 12 millions de fiches, Bibliothèque bibliographique de 20,000 unités, Catalogue collectif des bibliothèques (pour la Belgique 750,000 unités).