Manuel de la bibliothèque publique/36

La bibliothèque libre.
, Léon Wouters
Union des Villes et Communes belges (p. 142-143).


36. LA PROPAGANDE.

Faire connaître, apprécier, aimer la bibliothèque, donner une idée des sources de la documentation, développer la curiosité intellectuelle, former le jugement critique, présenter les ouvrages à lire, et à consulter, apprendre le maniement du catalogue, exposer les méthodes de lecture et les moyens pratiques de prendre et de conserver des notes : telle est l’œuvre du Bibliothécaire, et de ceux qui l’assistent dans sa tâche, après que leurs efforts ont réussi à créer la Bibliothèque.
xxxxxPeu de personnes se font une idée exacte de ce qu’est une Bibliothèque, à quoi elle sert, comment on s’en sert, quelles sont ses ressources. La tâche du Bibliothécaire est de répandre de telles notions. Il le fait par des explications individuelles et occasionnelles. Il s’entendra avec les chefs d’écoles pour que ces explications soient aussi données sur place aux enfants. Des entretiens familiers au milieu des livres, des conférences, causeries presque expérimentales au sein de la bibliothèque elle-même y peuvent contribuer largement (visites gardées). De même les séances de lecture à haute voix, en commun, la publication des catalogues raisonnés, les listes de lectures à faire, des expositions renouvelées de livres et de gravures.
xxxxxLa publicité est nécessaire : ce dont on ignore l’existence, on n’a nul désir. La publicité est légitime : comme les œuvres, comme les services publics, les institutions intellectuelles sont forcées à recourir aux moyens de publicité mis en œuvre par le commerce, mais en gardant la mesure et la dignité. — On se souviendra que la première publicité est celle faite par les lecteurs eux-mêmes, satisfaits de l’organisation. — Annonces dans les journaux, dans les annuaires et dans les guides ; prospectus et notices envoyés à domicile ; cartes-vues ; affiches exaltant les bienfaits de la lecture (apposées dans les rues, dans les écoles, dans les librairies, etc.) ; distribution du rapport annuel, dont on obtiendra la reproduction dans la presse locale ; exposé au conseil communal, par l’Échevin de l’Instruction publique ou par un ami de la bibliothèque ; rappels par les instituteurs aux parents ; avis donné dans les journaux, des nouveautés reçues ; avis donnés par des cinémas locaux, que des ouvrages se rapportant au film projeté sont en lecture à la bibliothèque, etc.
xxxxxEn un mot, le Bibliothécaire moderne ne doit pas se contenter de procurer des livres à ceux qui en demandent ; il doit aussi attirer les lecteurs, s’efforcer d’introduire dans le corps social le contenu des livres utiles. Son ingéniosité trouvera mille moyens d’entretenir une publicité constante par les voies les plus diverses. La publicité prendra aussi la forme coopérative. On a suggéré aussi la formation de collèges de conférenciers, vulgarisateurs de la littérature, des sciences, des arts, qui, faisant œuvre d’animateurs, d’excitateurs de la curiosité iraient à travers le pays éveiller le désir de lire les œuvres mises, dans chaque localité, à la disposition du public. Les universités populaires, les groupements d’anciens élèves pourraient utilement développer leurs efforts dans le même sens.