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Marc Aurèle ou La fin du monde antique/Chapitre XXII

La bibliothèque libre.
Calmann-Lévy (p. 379-404).


CHAPITRE XXII.


NOUVELLES APOLOGIES — ATHÉNAGORE, THÉOPHILE
D’ANTIOCHE, MINUCIUS FELIX.


Jamais la lutte n’avait été aussi ardente qu’en ces dernières années de Marc-Aurèle. La persécution était à son plus haut période. Les attaques et les réponses se croisaient. Les partis s’empruntaient tour à tour les armes de la dialectique et de l’ironie. Le christianisme avait son Lucien dans un certain Hermias qui se qualifie « philosophe[1] » et qui sembla prendre à tâche d’ajouter à toutes les exagérations de Tatien[2] sur les méfaits de la philosophie. Son écrit, composé probablement en Syrie[3], n’est pas une apologie ; c’est un sermon adressé aux fidèles assemblés[4]. L’auteur le publia sous le titre de Diasyrmos ou « Persiflage des philosophes du dehors ». La plaisanterie y est lourde et assez fade. Elle rappelle les essais qui se sont produits de notre temps, dans le sein du catholicisme, pour employer l’ironie de Voltaire au profit de la bonne cause, et pour faire l’apologie de la religion sur le ton d’un Tertullien en belle humeur. Les sarcasmes d’Hermias ne frappent pas seulement les prétentions exagérées de la philosophie ; ils atteignent les tentatives les plus légitimes de la science, le désir de savoir des choses qui sont aujourd’hui parfaitement découvertes et connues[5]. La science, selon l’auteur, a pour origine l’apostasie des anges[6]. Ce sont ces êtres malheureux et pervers qui ont enseigné aux hommes la philosophie, avec toutes ses contradictions. La connaissance des écoles anciennes que possède l’auteur est étendue, mais peu profonde ; quant à l’esprit philosophique, on n’en fut jamais plus complètement dépourvu.

La clémence de l’empereur, son amour bien connu de la vérité[7] provoquaient, d’année en année, des requêtes nouvelles, où des avocats généreux de la religion persécutée essayaient de montrer ce que ces persécutions avaient de monstrueux. Commode, associé à l’empire depuis la fin de l’an 176[8], eut sa part dans ces supplications, auxquelles, chose étrange ! il devait plus tard faire droit mieux que son père. « Aux empereurs Marc-Aurèle-Antonin et Marc-Aurèle-Commode, Arméniaques, Sarmatiques et, ce qui est leur plus grand titre, philosophes[9]… » Ainsi débute une apologie, écrite dans un fort bon style antique par un certain Athénagore, philosophe athénien, qui semble s’être converti au christianisme par ses propres efforts[10]. Il s’indigne de la situation exceptionnelle que l’on fait aux chrétiens, sous un règne plein de douceur et de félicité, qui donne à tout le monde la paix et la liberté[11]. Toutes les villes jouissent d’une parfaite isonomie. Il est permis à tous les peuples de vivre suivant leurs lois et leur religion. Les chrétiens, bien que très loyaux envers l’empire, sont les seuls hommes que l’on persécute pour leur croyance[12]. Et encore, si on se contentait de leur enlever les biens et la vie ! Mais ce qu’il y a de plus insupportable, ce sont les calomnies officielles dont on les accable, athéisme, repas de chair humaine, incestes.

Si les chrétiens sont coupables d’athéisme, les philosophes sont coupables du même crime. Les chrétiens admettent cette intelligence suprême, invisible, impassible, incompréhensible, qui est le dernier mot de la philosophie. Pourquoi leur faire un reproche de ce qu’on loue chez les autres ? Ce que disent les chrétiens du Fils et de l’Esprit complète la philosophie, ne la contredit pas. Le fils de Dieu, c’est le Verbe de Dieu, raison éternelle de l’esprit éternel. Les chrétiens rejettent les sacrifices, les idoles, les fables immorales du paganisme. Qui peut les en blâmer ? Les dieux ne sont le plus souvent que des hommes déifiés[13]. Les miracles de guérison qui se font dans les temples sont l’ouvrage des démons[14].

Athénagore n’a pas de peine à démontrer que les crimes contre nature qu’on reproche aux chrétiens n’ont aucune vraisemblance. Il affirme la pureté parfaite de leurs mœurs, malgré les objections que l’on tire du baiser de paix.


Selon la différence des âges, nous traitons les uns de fils et de filles, tels autres de frères et de sœurs, tels autres de pères et de mères ; mais ces titres de parenté n’entraînent aucune souillure. Le Verbe nous dit en effet[15] : « Si quelqu’un réitère le baiser[16] pour se procurer une jouissance de plaisir… » ; et il ajoute : « Il faut être très scrupuleux en ce qui concerne le baiser, à plus forte raison en ce qui concerne le proscynème, puisque, s’il était souillé de la moindre pensée impure, il nous priverait de la vie éternelle. » L’espérance de la vie éternelle nous fait mépriser la vie présente et jusqu’aux plaisirs de l’âme. Chacun de nous use de son épouse selon certaines règles que nous avons posées[17] et dans la mesure qui sert à la génération des enfants ; de même que le laboureur, après avoir confié son grain à la terre, attend la moisson sans rien semer par-dessus. Vous trouverez parmi nous plusieurs personnes de l’un et de l’autre sexe qui vieillissent dans le célibat, espérant ainsi vivre plus près de Dieu… Notre doctrine est que chacun doit rester tel qu’il est né ou se contenter d’un seul mariage. Les secondes noces ne sont qu’un adultère convenablement déguisé…

Que si l’on demande à nos accusateurs s’ils ont vu ce qu’ils disent, il n’y en a pas d’assez impudent pour le dire. Nous avons des esclaves, les uns plus, les autres moins ; nous ne songeons pas à nous cacher d’eux, et néanmoins pas un d’entre eux n’a tenu encore ces propos mensongers contre nous. Nous ne pouvons souffrir la vue d’un homme que l’on fait mourir, même justement. Qui ne se porte avec empressement aux spectacles de gladiateurs et de bêtes, principalement quand c’est vous qui les donnez ? Eh bien, nous avons renoncé à ces spectacles, croyant qu’il n’y a guère de différence entre regarder un meurtre et le commettre[18]. Nous tenons pour homicides les femmes qui se font avorter, et nous croyons que c’est tuer un enfant que de l’exposer[19]

Ce que nous demandons, c’est le droit commun, c’est de n’être pas punis pour le nom que nous portons. Quand un philosophe commet un délit, on le juge pour ce délit, et on n’en rend pas la philosophie responsable. Si nous sommes coupables des crimes dont on nous accuse, n’épargnez ni âge ni sexe, exterminez avec nous nos femmes et nos enfants. Si ce sont des inventions, sans autre fondement que l’opposition naturelle du vice et de la vertu, c’est à vous d’examiner notre vie, notre doctrine, notre soumission dévouée à vous, à votre maison, à l’empire, et de nous faire la même justice que vous feriez à nos adversaires[20].


La déférence extrême, presque l’obséquiosité envers l’empire est le caractère d’Athénagore, comme de tous les apologistes. Il flatte en particulier les idées d’hérédité et assure Marc-Aurèle que les prières des chrétiens peuvent avoir pour effet d’assurer la succession régulière de son fils[21].


Maintenant que j’ai répondu à toutes les accusations, et que j’ai montré notre piété envers Dieu, aussi bien que la pureté de nos âmes, je ne vous demande plus qu’un signe de votre royale tête, ô princes que la nature et l’éducation ont faits si excellents, si modérés, si humains. Qui est plus digne d’être favorablement écouté du souverain que nous qui prions pour votre gouvernement, afin que la succession s’établisse parmi vous de père en fils, selon ce qui est le plus juste, et que votre empire, recevant sans cesse de nouveaux accroissements, s’étende à tout l’univers ? Et, en priant ainsi, nous prions pour nous-mêmes, puisque la tranquillité de l’empire est la condition pour que nous puissions, au sein d’une vie douce et tranquille, nous appliquer tout entiers à l’observation des préceptes qui nous ont été imposés.


Le dogme de la résurrection des morts était celui qui causait le plus de difficultés aux esprits qui avaient reçu l’éducation grecque[22]. Athénagore y consacra une conférence spéciale[23], essayant de répondre aux objections tirées des cas où le corps perd son identité. L’immortalité de l’âme ne suffit pas. Des préceptes comme ceux qui concernent l’adultère, la fornication, ne regardent point l’âme, puisque l’âme n’est pas susceptible de pareils méfaits. Le corps a sa part dans la vertu, il doit avoir sa part dans la récompense. L’homme n’est complet que composé de corps et d’âme ; or tout ce qu’on dit des fins de l’homme s’applique à l’homme complet. — Nonobstant tous ces raisonnements, les païens s’obstinaient à dire : « Montrez-nous un ressuscité d’entre les morts, et, quand nous aurons vu, nous croirons[24] », et ils n’avaient pas tout à fait tort.

Théophile, évêque d’Antioche, vers 170[25], est, comme Athénagore, un converti de l’hellénisme[26], qui, en se convertissant, n’a pas cru faire autre chose que changer une philosophie pour une autre meilleure. C’était un docteur très fécond, un catéchiste doué d’un grand talent d’exposition, un polémiste habile selon les idées du temps. Il écrivit contre le dualisme de Marcion et contre Hermogène[27] qui niait la création et admettait une matière éternelle. Il commenta les Évangiles et en fit, dit-on, une Concorde ou Harmonie[28]. Son principal ouvrage, qui nous a été conservé, fut un traité en trois livres adressé à un certain Autolyque[29], personnage probablement fictif, sous le nom duquel Théophile représente le païen instruit, retenu dans l’erreur par les préjugés répandus contre le christianisme. Selon Théophile, on est chrétien par le cœur ; ce sont les passions et les vices qui empêchent de voir Dieu. Dieu est immatériel et sans forme ; mais ses œuvres le révèlent. Les dieux des païens sont des hommes qui se sont fait adorer, et les pires des hommes[30].

Théophile parle déjà de trinité ; mais sa trinité n’a que l’apparence de celle de Nicée ; elle se compose de trois personnes : Dieu, le Verbe, la Sagesse[31]. Sa confiance en la lecture des prophètes, comme moyen de conversion des païens, peut paraître exagérée[32]. Son érudition est abondante ; mais la critique lui fait totalement défaut, et l’exégèse qu’il donne des premiers chapitres de la Genèse est très faible[33]. Que dire de l’assurance avec laquelle il cite aux païens, comme une autorité décisive, la sibylle judéo-chrétienne[34], dont il admet pleinement l’authenticité ?

En somme, Théophile se rapproche bien plus de l’esprit étroit et haineux de Tatien que de l’esprit libéral de Justin et d’Athénagore. Quelquefois il admet que les philosophes et les poètes grecs ont devancé la révélation, notamment en ce qui concerne la conflagration finale du monde[35] ; mais le plus souvent il les trouve entachés d’erreurs énormes[36]. Les Grecs ont pillé la Genèse en l’altérant[37]. La sagesse grecque n’est qu’un pâle, moderne et faible plagiat de Moïse[38]. De même que la mer se dessécherait, si elle n’était sans cesse alimentée par les fleuves, de même le monde périrait par la méchanceté des hommes, si la Loi et les prophètes n’y entretenaient la vertu et la justice. L’Église catholique est comme une île préparée par Dieu, au milieu d’une mer d’erreurs. Mais qu’on ne s’y trompe pas : il y a les hérésies, îles de récifs, sans eau, sans fruits, pleines de bêtes féroces. Gare aux pirates qui vous y attirent et vous y perdent[39] !… Théophile n’est tout à fait triomphant que quand il réduit à néant les calomnies absurdes dont on poursuivait ses coreligionnaires[40]. Ailleurs, il est faible, et Autolyque n’a pas tort, après de tels arguments, de persister dans son incrédulité.

La perle de cette littérature apologétique des dernières années de Marc-Aurèle est le dialogue composé par l’Africain Minucius Félix[41]. C’est le premier ouvrage chrétien écrit en latin, et déjà on y sent que la littérature chrétienne latine, théologiquement inférieure, l’emportera sur la littérature chrétienne grecque, par les nuances et la virilité du style. L’auteur, originaire de Cirta[42], demeurait à Rome et y exerçait la profession d’avocat[43]. Né païen, il avait reçu l’éducation la plus distinguée et avait embrassé le christianisme par réflexion[44]. Il connaît parfaitement ses classiques, les imite, les copie quelquefois ; Cicéron, Sénèque, Salluste, sont ses auteurs favoris. Parmi ses contemporains, personne n’écrivit en latin mieux que lui. Le livre de son compatriote Fronton le frappa ; il voulut répondre à l’attaque ; il le fit, en calquant, ce semble, le style un peu apprêté de l’illustre rhéteur et en lui faisant plus d’un emprunt[45]. Peut-être aussi avait-il lu l’ouvrage de Celse et le vise-t-il plus d’une fois sans le nommer[46].

Un païen instruit, appartenant à la première famille de Cirta, Cæcilius Natalis[47], et deux chrétiens, Octavius et Minucius, se promènent au bord de la mer, près d’Ostie, pendant les vacances d’automne. Cæcilius, apercevant une statue de Sérapis, porte la main à sa bouche, selon l’usage. La discussion s’engage. Cæcilius commence par un long discours, que l’on peut considérer comme une reproduction à peu près textuelle de l’argumentation de Fronton. C’est le parfait exposé des objections qu’un Romain comme il faut opposait au christianisme. Le ton est celui d’un conservateur, qui ne dissimule pas bien son incrédulité hautaine, et défend la religion sans y croire. Sceptique sur le fond des choses, dédaigneux de toute spéculation, Cæcilius ne tient à la religion établie que par bienséance, par habitude, et parce que le dogmatisme des chrétiens lui déplaît. Les écoles de philosophie n’ont produit que des disputes ; l’esprit humain ne saurait franchir l’espace qui le sépare de la Divinité. Les plus sages y renoncent. Que dire de l’outrecuidance de certaines gens qui, sortis des plus basses classes, sans éducation ni science, étrangers à toute littérature, prétendent trancher des questions devant lesquelles, depuis des siècles, la philosophie délibère ? N’est-il pas bien plus sage, laissant là les questions supérieures à notre humilité, de suivre le culte établi par les ancêtres[48] ? Les vieux siècles, grâce à leur ignorance et à leur simplicité, eurent des privilèges, en particulier celui de voir les dieux de près, de les avoir pour rois[49]. En pareille matière, l’antiquité est tout ; le vrai, c’est ce que l’on croit depuis longtemps. Rome a mérité de régner sur le monde en acceptant les rites du monde entier. Comment songer à changer une religion si utile[50] ? Ce culte antique a vu les commencements de Rome, l’a défendue contre les barbares, a bravé au Capitole l’assaut des Gaulois. Veut-on que Rome y renonce pour plaire à quelques factieux qui abusent de la crédulité des femmes et des badauds ?

Grâce à une rare habileté de langage, Cæcilius laisse entendre que tout est fabuleux et cependant vrai dans ce qui touche à la divination, aux cultes, aux guérisons miraculeuses, aux songes[51]. Son attitude est celle de Celse. Au fond, il est épicurien ; il croit peu à la Providence et aux interventions surnaturelles ; mais son attachement à la religion d’État le rend cauteleux.


L’homme et les animaux naissent, s’animent, grandissent par une sorte de concrétion spontanée des éléments, qui ensuite se divise, se dissout, se dissipe. Tout revient sur soi-même, retourne à sa source, sans qu’un être joue en cela le rôle de fabricateur, de juge, de créateur[52]. Ainsi la réunion des éléments ignés fait éclater sans cesse des soleils, puis des soleils encore. Aussi les vapeurs qui s’exhalent de la terre s’agglomèrent en brouillards, s’élèvent en nuages, tombent en pluie. Les vents soufflent, la grêle crépite, le tonnerre mugit au choc des nuées, les éclairs brillent, la foudre éclate ; tout cela à tort et à travers ; la foudre s’en prend aux montagnes, frappe les arbres, touche sans choix les lieux sacrés et les lieux profanes, atteint les hommes coupables et souvent les hommes religieux. Que dire de ces forces aveugles, capricieuses, qui entraînent tout sans ordre, sans examen : dans les naufrages, le sort des bons et des méchants confondus, les mérites ex aequo ; dans les incendies, les innocents surpris par la mort aussi bien que les malfaiteurs ; quand le ciel est infecté de virus pestilentiels, la mort sans distinction pour tous ; au milieu des fureurs de la guerre, les plus braves succombant ; en temps de paix, la scélératesse non seulement égalée à la vertu, mais privilégiée, si bien que le nombre est grand de ceux pour lesquels on se demande s’il faut détester leur méchanceté ou souhaiter pour soi leur fortune ? Si le monde était gouverné par une Providence supérieure et par l’autorité de quelque divinité, est-ce que Phalaris et Denys auraient mérité la couronne, Rutilius et Camille l’exil, Socrate le poison ? Voici des arbres couverts de fruits, une moisson, une vendange exubérantes ; la pluie gâte tout, la grêle casse tout ; tant il est vrai que la vérité est pour nous cachée, interdite, ou plutôt que le hasard sans loi règne seul au travers de l’infinie et insaisissable variété des cas[53].


Le tableau que Cæcilius, interprète des préjugés de la haute société romaine, fait des mœurs chrétiennes est des plus sombres. Ils ont raison de se cacher, ces sectaires : c’est qu’ils n’oseraient se montrer. Leurs réunions secrètes et nocturnes[54] sont des conventicules de plaisirs infâmes. Dédaignant tout ce qui est honorable, les sacerdoces, la pourpre, les honneurs publics, incapables de dire un mot dans les réunions respectables, ils se réfugient dans les coins pour dogmatiser[55]. Ces gens en haillons, à demi nus, ô comble de l’audace ! méprisent les tourments actuels par la croyance en des tourments futurs et incertains. Par crainte de mourir après leur mort, ils ne craignent pas maintenant de mourir[56].


Ils se connaissent à des marques, à des signes secrets ; ils s’aiment presque avant de s’être connus. Puis la débauche devient la religion, le lien qui les enlace. Ils s’appellent sans distinction frères et sœurs, si bien que, par l’emploi de ce nom sacré, ce qui ne serait qu’adultère ou fornication devient inceste. C’est ainsi que cette vaine et folle superstition se glorifie de ses crimes. S’il n’y avait pas à ces récits un fond de vérité, il est impossible que le bruit public, toujours sagace, répandît sur leur compte tant de choses monstrueuses. J’entends dire qu’ils vénèrent la tête de la plus ignoble bête[57], rendue sacrée à leurs yeux par la plus inepte des persuasions ; digne religion, en vérité, et faite exprès pour de telles mœurs ! D’autres racontent… Sont-ce là des faussetés, je l’ignore ; ce sont au moins les soupçons que provoquent naturellement des rites occultes et nocturnes. Et, après tout, quand on leur attribue le culte d’un homme puni du dernier supplice pour ses méfaits, ainsi que la présence dans leurs cérémonies du bois sinistre de la croix, on ne fait que leur prêter les autels qui leur conviennent ; ils adorent ce qu’ils méritent.

Le tableau de l’initiation des néophytes est aussi connu qu’abominable. Un enfant, couvert de pâte et de farine, pour tromper ceux qui ne sont pas au courant, est placé devant celui qui doit être initié. On l’invite à frapper ; la croûte farineuse fait croire à tout ce qu’il y a de plus innocent ; l’enfant périt sous des coups occultes, aveugles. Et alors, ô horreur ! ils lèchent avidement son sang, ils s’arrachent ses membres ; désormais, leur fédération est scellée par une victime, la connaissance mutuelle qu’ils ont de leur crime est le gage de leur silence.

Personne n’ignore ce qui concerne le festin ; on en parle de tous les côtés, et le discours de notre compatriote de Cirta[58] en fait foi. Aux jours solennels, des gens de tout âge, hommes et femmes, se réunissent pour un banquet, avec leurs enfants, leurs sœurs, leurs mères. Après un copieux repas, quand les convives sont échauffés et que l’ivresse a excité en eux le feu de l’inceste, il se passe ce qui suit. Un chien est attaché au candélabre ; on l’attire, on le fait sauter hors de l’espace où il est attaché, en lui jetant un petit gâteau. Le candélabre se renverse. Alors, débarrassés de toute lumière importune, au sein de ténèbres complaisantes pour toutes les impudeurs, ils confondent au hasard du sort les accouplements d’une lubricité infâme, tous incestes, sinon de fait, au moins par complicité, puisque le vœu de tous poursuit ce qui peut résulter de l’acte de chacun. J’en passe : car voilà déjà bien assez d’allégations, toutes ou presque toutes prouvées par le seul fait de l’obscurité de cette religion perverse. Pourquoi, en effet, s’efforcent-ils de cacher l’objet de leur culte, quel qu’il soit, quand il est constaté que le bien aime la publicité, que le crime seul cherche le secret ? Pourquoi n’ont-ils pas d’autels, de temples, d’images connus ? Pourquoi ne parlent-ils jamais en public ? Pourquoi cette horreur pour les réunions libres, si ce qu’ils adorent avec tant de mystères n’était ou punissable ou honteux ? Qu’est-ce que ce dieu unique, solitaire, en détresse, que ne connaît pas une nation libre, pas un royaume, pas même le degré infime de la superstition romaine ? Seule, la misérable nationalité juive honora ce dieu unique ; mais du moins elle l’honora ouvertement, avec des temples, des autels, des victimes, des cérémonies ; pauvre Dieu fini, détrôné, puisqu’il est maintenant captif des dieux romains avec sa nation[59]… La plus grande, la meilleure partie de vous souffre, vous l’avouez, de la misère, du froid, de la fatigue, de la faim, et votre Dieu le permet, le dissimule ! Ou il ne veut pas, ou il ne peut pas secourir les siens ; il est impuissant ou injuste[60].

Menaces, supplices, tourments, voilà votre sort ; la croix, il ne s’agit pas de l’adorer, mais d’y monter ; le feu que vous prédisez, que vous craignez, vous le subissez actuellement. Où est donc ce Dieu qui peut sauver ses serviteurs quand ils revivent, et ne peut rien pour eux pendant qu’ils vivent ? Est-ce par la grâce de votre Dieu que les Romains règnent, commandent, sont vos maîtres ? Et vous, pendant ce temps, toujours en soupçon et inquiets, vous vous abstenez des plaisirs honnêtes, vous désertez les fêtes, les banquets publics, les spectacles sacrés. Comme si vous redoutiez les dieux que vous niez, vous avez en horreur les viandes dont une part a été coupée pour le sacrifice, les boissons qui ont été prélibées. Vous n’entourez pas vos têtes de fleurs ; vous refusez les parfums à vos corps, les réservant pour les funérailles ; vous déniez même les couronnes aux tombeaux ; pâles, tremblants, dignes de pitié… Ainsi malheureux, vous ne ressuscitez pas, et, en attendant, vous ne vivez pas. Si donc vous avez quelque sagesse, quelque sentiment du ridicule, cessez de vous perdre dans les espaces célestes, de chercher avidement les destins et les secrets de la terre. C’est assez de regarder à ses pieds, surtout pour des gens ignorants, grossiers, sans éducation, sans culture, à qui il n’est pas donné de comprendre les choses humaines, à plus forte raison qui n’ont pas le droit de disserter sur les choses divines[61].


Le mérite de l’auteur de ce curieux dialogue est de n’avoir en rien diminué la force des raisons de ses adversaires. Celse et Fronton n’avaient pas exprimé avec plus d’énergie ce qu’avaient de contraire aux plus simples idées de la science naturelle ces perpétuelles annonces de conflagration du monde par lesquelles on effrayait les simples. Les idées chrétiennes sur la résurrection ne sont pas critiquées avec moins de vigueur. D’où vient cette horreur du bûcher et de la crémation des cadavres, comme si la terre ne faisait pas en quelques années ce que le bûcher fait en quelques heures ? Qu’importe au cadavre d’être broyé par les bêtes, ou noyé dans la mer, ou recouvert par la terre, ou absorbé par la flamme[62] ?

Octavius répond faiblement à ces objections, inhérentes en quelque sorte à son dogme, et que le christianisme traînera avec lui durant tout le cours de son existence. Dieu, dit l’avocat du christianisme, a créé le monde ; il peut le détruire. S’il a fait l’homme de rien, il saura bien le ressusciter. La doctrine de la conflagration est enseignée dans les philosophes[63]. Si les juifs ont été vaincus, c’est de leur faute. Dieu ne les a pas abandonnés ; ce sont eux qui ont abandonné Dieu[64].

Octavius se montre plus subtil encore, quand il prétend que le signe de la croix est la base de toute religion et en particulier de la religion romaine ; que l’étendard romain est une croix dorée ; que le trophée représente un homme en croix ; que le navire avec ses vergues, le joug d’un char, l’attitude d’un homme en prières, sont des images de la croix[65]. Son explication des augures et des oracles par l’action d’esprits pervers[66] est aussi quelque peu enfantine. Mais il réfute éloquemment les préjugés aristocratiques de Cæcilius. La vérité est la même pour tous ; tous peuvent la trouver et doivent la chercher. Dieu est évident à l’esprit ; la Providence résulte d’un coup d’œil jeté sur l’ordre du monde et sur la conscience de l’homme. Cette vérité se révèle même, quoique oblitérée, dans les traditions païennes. Au fond de toutes les religions et de toutes les poésies, se trouve l’idée d’un être tout-puissant, père des dieux et des hommes, qui voit tout, qui est la cause universelle. Octavius prouve sa thèse par des phrases empruntées à Cicéron. Le monothéisme est la religion naturelle de l’homme, puisque celui-ci, dans l’émotion, dit simplement : « O Dieu[67] ! » La providence de Dieu est le dernier mot de la philosophie grecque et en particulier de Platon, dont la doctrine serait divine s’il ne l’avait gâtée par trop de complaisance pour le principe de la religion d’État. Ce principe, Octavius l’attaque avec une extrême vivacité. Les raisons tirées de la grandeur de Rome le touchent peu ; cette grandeur n’est à ses yeux qu’un tissu de violences, de perfidies ou de cruautés.

Octavius excelle à montrer que les chrétiens sont innocents des crimes dont on les accuse. On les a mis à la torture ; pas un n’a avoué, et pourtant l’aveu les eût sauvés. Les chrétiens n’ont ni statues, ni temples, ni autels. Ils ont raison. Le vrai temple de la Divinité, c’est le cœur de l’homme. Quelles victimes valent une conscience, un cœur innocent ? Pratiquer la justice, c’est prier ; cultiver la vertu, c’est sacrifier ; sauver son frère, c’est la meilleure des offrandes. Chez les chrétiens, le plus pieux, c’est le plus juste. — Octavius triomphe surtout du courage des martyrs.


Quel beau spectacle pour Dieu, quand le chrétien combat avec la douleur, quand il se recueille contre les menaces, les supplices, les tourments, quand il se rit du bruit sinistre de la mort et de l’horreur du bourreau, quand il dresse sa liberté contre les rois, quand, triomphateur et vainqueur, il brave celui qui a prononcé sa sentence de mort ! Vaincre, en effet, c’est savoir atteindre son but !… Le chrétien peut donc sembler malheureux, il ne l’est jamais. Vous élevez au ciel des hommes comme Mucius Scævola, dont la mort était assurée, s’il n’eût sacrifié sa main droite. Et combien des nôtres ont souffert sans une plainte, non seulement que leur main droite, mais que tout leur corps fût brûlé, quand il était en leur pouvoir de se faire relâcher !… Nos enfants, nos femmes se jouent des croix, des tourments, des bêtes, de tout l’appareil des supplices, grâce à une patience qui leur est inspirée d’en haut[68].


Que les magistrats qui président à ces horreurs tremblent ! Dieu ne leur laisse les honneurs et les richesses que pour les perdre ; élevés plus haut, leur chute sera plus lourde. Ce sont des victimes engraissées et déjà couronnées pour la mort. Escortes, faisceaux, pourpres, noblesse du sang, quelles vanités[69] ! Tous les hommes sont égaux ; la vertu seule fait la différence entre eux[70].

Vaincu par ces arguments, Cæcilius, sans laisser à Minucius le temps de conclure, déclare qu’il croit à la Providence et à la religion des chrétiens[71]. Octavius, dans son exposition, est à peine sorti du pur déisme. Il ne mentionne ni Jésus, ni les apôtres, ni les Écritures. Son christianisme n’est pas la vie monacale que rêve le Pasteur : c’est un christianisme d’hommes du monde, qui n’empêche ni la gaieté, ni le talent, ni le goût aimable de la vie, ni la recherche de l’élégance du style[72]. Que nous sommes loin de l’ébionite ou même du juif de Galilée ! Octavius, c’est Cicéron, ou mieux Fronton, devenu chrétien. En réalité, c’est par la culture intellectuelle qu’il arrive au déisme. Il aime la nature, il se plaît à la conversation des gens bien élevés. Des hommes faits sur ce modèle n’auraient créé ni l’Évangile ni l’Apocalypse ; mais, réciproquement, sans de tels adhérents, l’Évangile, l’Apocalypse, les épîtres de Paul fussent restés les écrits secrets d’une secte fermée, qui, comme les esséniens ou les thérapeutes, eût finalement disparu.

Minucius Félix donne bien mieux que les apologistes grecs le ton qui prévaudra chez les défenseurs du christianisme en tous les temps. C’est un habile avocat, s’adressant à des gens moins versés dans la dialectique que les Grecs d’Égypte ou d’Asie, dissimulant les trois quarts de son dogme pour enlever l’adhésion à l’ensemble sans discussion du détail, prenant les apparences du lettré pour convertir les lettrés et leur persuader que le christianisme ne les oblige pas à renoncer aux philosophes et aux écrivains qu’ils admirent. « Philosophes, chrétiens… mais quoi ? c’est une seule et même chose. Dogmes répugnant à la raison !… Allons donc ! Mais le dogme chrétien, c’est, en propres termes, ce qu’ont dit Zénon, Aristide, Platon, rien de plus. Vous nous traitez de barbares ; mais, aussi bien que vous, nous cultivons les bons auteurs. » Des croyances particulières à la religion que l’on prêche, pas un mot ; pour inculquer le christianisme, on évite de prononcer le nom de Christ. Minucius Félix, c’est le prédicateur de Notre-Dame, parlant à des gens du monde faciles à contenter, se faisant tout à tous, étudiant les faiblesses, les manies des personnes qu’il veut convaincre, affectant, sous sa chape de plomb, les allures de l’homme dégagé, faussant son symbole pour le rendre acceptable. Faites-vous chrétien sur la foi de ce pieux sophiste, rien de mieux ; mais souvenez-vous que tout cela est un leurre. Le lendemain, ce qui était présenté comme accessoire deviendra le principal ; l’écorce amère qu’on a voulu vous faire avaler sous un petit volume et réduite à sa plus simple expression retrouvera toute son amertume. On vous avait dit que le galant homme, pour être chrétien, n’avait presque rien à changer à ses maximes ; maintenant que le tour est joué, on vous apporte à payer par surcroît une note énorme. Cette religion qui n’était, disait-on, que la morale naturelle, implique, par-dessus le marché, une physique impossible, une métaphysique bizarre, une histoire chimérique, une théorie des choses divines et humaines qui est en tout le contraire de la raison.

  1. La date de cet écrit est incertaine. Il n’est cité par personne. Nous le croyons de la fin du iie siècle.
  2. L’écrit n’est, en quelque sorte, que le développement de Tatien, Adv. Gr., § 25.
  3. Notez la géographie singulière de la première phrase.
  4. Les mots ὦ ἀγαπητοί de la première phrase doivent être mis dans la bouche de l’auteur, et non considérés comme faisant partie de la citation de saint Paul.
  5. Diasyrmos, 8, 9, 10.
  6. Ibid., 1. Comp. Clément d’Alex., Strom., I, ch. xvii ; VI, ch. viii.
  7. Τὸ φιλομαθὲς καὶ φιλάληθες. Athénag., Leg., 2.
  8. Tillemont, Hist. des emp., II, p. 389 et suiv.
  9. Athénagore, Leg., 1, 16. Voir Tillemont, Mém., II, p. 321, 631 et suiv.
  10. Titre. Cf. Méthodius, dans Epiph., hær., lxiv, 21.
  11. Τὸ πρᾶον ὑμῶν καὶ ἥμερον καὶ τὸ πρὸς ἅπαντα εἰρηνικὸν καὶ φιλάνθρωπον θαυμάζοντες.
  12. Athén., Legatio, 1, 2.
  13. Ibid., 28, 29, 30.
  14. Ibid., 24-27.
  15. Leg., 32. L’écrit cité comme inspiré par Athénagore est sans doute quelque recueil de Didascalies apostoliques.
  16. Cf. Saint Paul, p. 262, et ci-après, p. 520.
  17. Leg., 33, ὑφ’ ἡμῶν (édit. Otto). Dom Maran et plusieurs autres critiques lisent ὑφ’ ὑμῶν ; mais jamais les chrétiens ne considèrent le mariage romain comme étant pratiqué parmi eux. Ὑμῶν voudrait dire Marc-Aurèle et Commode, ce qui n’est guère satisfaisant.
  18. Comp. Théophile, Ad Autol., III, 15.
  19. Leg., 32, 33, 34, 35.
  20. Ibid., 2, 3.
  21. Voir ci-dessus, p. 184, note, et 283.
  22. Voir Celse, ci-dessus, p. 355-356 ; Théophile, Ad Autol., I, 8, 13 ; II, 14 ; le traité De la résurrection faussement attribué à saint Justin ; Minucius Félix, 11, 12 ; voyez ci-après p. 398-399.
  23. De resurr., 23. Cf. Leg., 36.
  24. Théophile, Ad Autol., I, 13.
  25. Eusèbe, IV, ch. xx, xxiv ; Chronique, an 170 ; saint Jérôme, De viris ill., 25 ; Ad Algasiam, quæst. 6, t. IV, 1re part., p. 197, Mart. ; In Matth., proœm. Voir Tillemont, Mém., III, p. 49-53, 611-612.
  26. Ad Autol., I, 14.
  27. Voir ci-dessus, p. 126. C’est l’Hermogène que Tertullien prend si fort à partie dans un traité spécia], In Hermogenem, et dans ses différents écrits, Præscr., 30, 33 ; De monog., 16 ; De anima, 1. Cf. Clém. d’Alex., Exc. ex script. proph., 56 ; Théodoret, Hær. fab., I, 19 ; Philastre, 54.
  28. Saint Jérôme, qui seul parle de cette Harmonie, confond peut-être Théophile et Tatien.
  29. L’ouvrage a été écrit plusieurs années après l’an 180, puisque l’auteur cite Chrysérôs, qui écrivit lui-même après l’an 180 (III, 27, 28). La persécution durait encore, quoique affaiblie (III, 30) ; Irénée paraît avoir connu l’ouvrage de Théophile. Cf. Ad. Harnack, Die Zeit des Ignatius (Leipzig, 1878), p. 42-44.
  30. Ad Autol., I, 9 ; III, 3, 8.
  31. Τῆς τρίαδος, Ad Autol., II, 15 ; Cf. I, 3, 5 ; II, 10, 22.
  32. Ad Autol., I, 14 ; 11, 9.
  33. Ibid., II, 10 et suiv.
  34. Ibid., II, 9, 31, 36, 38.
  35. Ibid., II, 37, 38.
  36. Ibid., II, 4-8 ; III, 1-3, 6-7, 16, 18.
  37. Ibid., II, 12.
  38. Ibid., III, 17, 20-30.
  39. Ad Autol., III, 14.
  40. Ibid., III, 4-5, 15.
  41. Lactance (Instit. div., V, ch. Ier) le met avant Tertullien. Saint Jérôme, au contraire, De viris ill., 58 (cf. 53 et Epist., 83 ad Magnum, col. 656, Mart.), le met après Tertullien et avant saint Cyprien ; mais le lien avec Fronton ne permet guère de descendre au-dessous de Marc-Aurèle ou de Commode. C’est, d’ailleurs, Tertullien qui imite Minucius, et non Minucius qui imite Tertullien. Voir Ebert, dans les Abhandl. der phil.-hist. Classe der sächs. Ges. der Wiss., V, 319 et suiv. ; Keim, Celsus, p. 151 et suiv. ; Bonwetsch, Die Schr. Tert., p. 21 et suiv. On peut voir des allusions aux massacres de Lyon, dans Octav., 29, 33, 37.
  42. Octavius, 9, 31. Cirta est notre Constantine.
  43. Ibid., 2. Cf. Lactance, Inst., V, 1.
  44. Octav., 1.
  45. Voir l’Égl. chrét., p. 493. Il y a beaucoup d’analogie entre les jolies amplifications d’Octavius, §§ 2, 3, 4, et les lettres de Marc-Aurèle et de Fronton. Le style du discours de Cæcilius, d’ailleurs, est plus frontonien que le reste de l’ouvrage. Minucius est coutumier du plagiat ; ainsi il copie souvent Cicéron sans le citer.
  46. Keim, Celsus, p. 156 et suiv.
  47. On a trouvé à Constantine plusieurs inscriptions de l’an 210 à l’an 217, provenant d’un certain Marcus Cæcilius Quinti F. Natalis, triumvir quinquennal (Recueil de Constantine, 1869, p. 695, Corpus inscr. lat., VIII, 6996, 7094-7098 ; Hermes, t. XV, 1880, p. 471-474), fonction qui ne peut avoir été exercée que par un homme très avancé dans sa carrière. Il n’est pas impossible que ce Cæcilius soit identique à celui que Minucius Félix met en scène. Si l’on voit de la difficulté à cela, on peut supposer que le Cæcilius Natalis de l’épigraphie est le fils du Cæcilius Natalis du Dialogue ; les règles de l’onomastique latine ne s’y opposent pas.
  48. « Quanto venerabilius ac melius antistitem veritatis majorum excipere doctrinam », § 6. Cf. Celse, dans Orig., Contre Celse, I, 9 ; VIII, 36, 41.
  49. Octav., § 6.
  50. « Religionem tam vetustam, tam utilem, tam salubrem (Octav., § 8). »
  51. « Etiam per quietem deos videmus, audimus, agnoscimus, quos impie per diem negamus, nolumus, pejeramus (§ 7). »
  52. « Nullo artifice, nec judice, nec auctore. »
  53. Octavius, 5.
  54. « Nocturnis congregationibus (§ 8). » C’était un délit puni par la loi.
  55. « Latebrosa et lucifuga natio, in publicum muta, in angulis garrula (§ 8). » Comparez Celse, ci-dessus, p. 362-363.
  56. Octav., § 8.
  57. L’âne, Cf. § 28. Cf. Celse, dans Orig., VII, 40 ; Tertullien, Apol., 16 ; Ad nat., I, 11, 14.
  58. Fronton. Cf. § 31. V. l’Église chrétienne, p. 493.
  59. Octav., §§ 9 et 10. Comparez Celse, dans Orig., V, 25, 41 ; VIII, 69.
  60. Octav., § 12.
  61. Octav., § 12
  62. Ibid., 11.
  63. Octav., 34, 35. Orig., Contre Celse, IV, 20.
  64. Octav., 33.
  65. Ibid., 29. Cf. Tertullien, Avol., 16.
  66. Octav., 27.
  67. Octav., § 18.
  68. Octav., 37.
  69. « Vanus error hominis et inanis cultus dignitatis (§ 37). »
  70. « Omnes pari sorte nascimur, sola virtute distinguimur. » (Ibidem.)
  71. C’est là probablement une fiction de l’auteur ; les inscriptions de Constantine, en effet (v. ci-dessus, p. 390-391, note), nous montrent Cæcilius ou son fils remplissant des devoirs païens.
  72. Octavius, les premiers paragraphes.