Marghier/CHANT CINQUIEME

La bibliothèque libre.


Marghier
CHANT CINQUIEME
Cycle lithuanien
Traduction par Karol Przezdziecki (1818—1883).
(2p. 117-136).


CHANT CINQUIÈME
I

Rausdorf et ses archers, tenus par le grand chef
En réserve, devaient attaquer derechef
Le fort, au point du jour, et venger la sanglante
Défaite qui saisit les croisés d’épouvante.
Les chefs, pour rassurer les esprits anxieux,
Proclament qu’ils seront, pour sûr, victorieux ;
Ceux-ci tâchent en vain d’oublier dans l’ivresse
L’assaut manqué des murs de l’âpre forteresse,
Tandis que Rausdorf, seul à l’écart, dans un coin
Rêve à sa chère Eglé qu’il pleure sans témoin.
L’orgie et les chansons ne sauraient le distraire
Du violent amour pour la belle étrangère

Qu’il voudrait enlever, assailli de remords,
D’employer dans ce but de criminels efforts.
Un messager, couvert de sang et de poussière,
Vient l’arracher soudain à sa pensée amère :
« J’amène ici, dit-il, un prisonnier blessé,
Envoyé par le prince, avec l’ordre pressé
D’obtenir du vieillard l’aveu, par la torture,
Du passage secret qui conduit au château.
Nous saurons obliger la sale créature
A nous le révéler, prise dans un étau...
Le guerrier est atteint, gravement, à la hanche ;
Il est couché par terre, attendant son destin ;
Le robuste gaillard, avec sa barbe blanche,
Nous dira tout, serré dans notre brodequin... »
Rausdorf, à cet appel, sent son âme troublée,
Et sort, la conscience émue et bourrelée.

II

Il voit le vieux Lutas, garrotté de liens,
Etendu sur le sol, entouré de gardiens.
Sur un signe du chef, on détache la corde
Qui déchirait la chair du torse et des poignets.
A l’aspect de Rausdorf, sa colère déborde,
Rend l’éclat à ses yeux et la force aux jarrets.
Il se lève soudain, mais aussitôt retombe,
Comme un spectre effrayant qui surgit de la tombe ;
Fixant sur le vainqueur un regard furieux,
Où l’on voit le mépris et le fiel de son âme,
Il lui crache au visage, en le toisant des yeux,
Des reproches amers, dits en letton : « Infâme !
Je te retrouve ici, dans les rangs des croisés,
Vil complice des maux qu’ils nous ont causés,
Quand tu me dois ta fuite et ta coupable vie ;
Pitié que maudira ma patrie asservie...
Ta noire perfidie et ta basse action

Attirent sur mon nom sa malédiction.
Mères et sœurs des morts, orphelines et veuves,
Eglé qui va périr dans d’affreuses épreuves,
Tout mon peuple a le droit de ternir mon honneur!
Pour compléter encor l’œuvre et notre malheur,
Il te reste à trahir le secret du passage
Qui te sauva jadis, servant à ton usage...
Dieu vengeur des chrétiens, qui brilles sur la croix,
J’accuse, moi païen, invoquant ta justice,
Le guerrier déloyal qui viola les lois
De l’hospitalité !... Punis-le du supplice
Qu’a mérité du ciel sa lâche trahison !... »
Il ne peut achever... Il se tord, il s’agite
Et pousse un dernier cri, roulant sur le gazon...
Un prêtre en hâte accourt l’asperger d’eau bénite.

Rausdorf resta longtemps immobile, incertain,
Près du corps de Lutas, à former un dessein.
Le démon lui soufflait le seul moyen possible
D’arracher son idole à son destin terrible,
A l’odieux bûcher, et, dans son désespoir,
Il désire, avant tout, la sauver et la voir.
« Les assassins, dit-il, lui reprendront la vie,

Si je n’arrive à temps pour ravir ma chérie...
Je souille mon honneur, mais par ma trahison
Je pourrai la trouver encor dans sa prison. »
Sous l’empire infernal de son amour, en lutte
Avec le cri loyal de son esprit en butte
Aux remords, dominé par l’âpre passion,
Il se lève et commande, à l’aube, l’action,
Conduisant ses archers, par le secret passage,
Dans l’enceinte du fort, à l’horrible carnage.

III

Les Lithuaniens, par leur travail de nuit,
Ont réparé les murs, tout le long du circuit,
La brèche au bastion et la tour délabrée,
Ainsi que les remparts qui protègent l’entrée
Et dominent le fleuve. Ils se rendent après,
A l’autel, demander à leurs dieux le succès,
Et consulter Marti, la vieille prophétesse
Qui soigne le feu, veille et l’attise sans cesse.

Elle invoque le ciel et ses divinités,
Jetant sur le brasier le sang frais des victimes,
Pour apprendre et savoir les oracles, dictés
Par le fatal destin en d’obscures maximes.
Après s’être inspirée au feu sacré, Marti
Redit au peuple ému ce qu’elle a ressenti :
« J’ai consulté le ciel pour savoir le mystère
Du prochain avenir qui plane sur la terre ;
Mais le ciel s’est voilé d’un rideau vaporeux ;
L’enfer reste muet, brûlant et ténébreux ;
Le souffle ailé du vent passe au loin trop rapide ;
Le noir corbeau se tait, de chair humaine avide ;
Le feu seul, éternel, le Znitch pur et sacré,
Jette une lueuer rouge et paraît altéré...
Le frisson me saisit dans la grotte profonde ;
L’instrument du supplice attend ; une voix gronde...
Nous devons accomplir, les décrets du destin,
Nous soumettant sans crainte à son ordre divin.
Si vous ne voulez pas, que le pays succombe,
Préparez-vous à faire une grande hécatombe !
0 ma Lithuanie ! Un brillant avenir
Te dédommagera du sort qu’il faut subir !
Immolons notre vie aux dieux ! Donnons la preuve

D’un courage viril dans la cruelle épreuve.»
«Aux armes! dit Marghier: repoussons les croisés!
Combattons et mourons de leur sang arrosés!»

IV

A l’aube, les croisés s’en vont avec hardiesse,
Recommencer l’assaut contre la forteresse.
Ils repassent le fleuve et, de l’autre côté,
Sur trois points différents dirigent leurs colonnes:
Le corps de Rodolphe ouvre au nord, l’hostilité;
Nemours conduit sa troupe, au gai son des trombones,
Plus à l’est. Le Grand Maître, au-delà du Niémen,
A pris position et lentement s’approche,
Avec son drapeau blanc, pour attaquer Poullen
Par le bord escarpé de l’eau, formé de roche.
De trois côtés, ainsi, se prépare l’assaut.
Au quatrième, le sol, formé de bas en haut,
D’obstacles naturels, sans chemin praticable,

Rendait l’accès du fort, au sud, inabordable.
Là, se trouve l’entrée, à l’ombre d’un bouleau,
Du conduit souterrain, creusé sous le plateau.

Les Lithuaniens font partout bonne face
Et luttent, en lions, contre la grande masse
Des guerriers allemands qui gagnent du terrain,
Et s’approchent toujours plus près, en essaim,
Malgré les dards lancés, et la grêle de pierres,
Qui brise bras et tête à des flies entières.
Déjà, les combattants s’empoignent, corps à corps,
Rivalisant entre eux et d’audace et d’efforts ;
Plus d’un est abattu, jeté dans la rivière,
Où finit tristement, sous l’onde, sa carrière ;
Les femmes, sur les murs, dignes de leurs époux,
Affrontent le danger, et s’exposent aux coups.
Marghier a vu pourtant, que ses soldats faiblissent,
Ne pouvant résister aux croisés plus nombreux :
« Que les décrets, dit-il, du destin s’accomplissent !
Nous ne leur rendrons pas notre fort glorieux ! »
Faisant alors sonner aux clairons la retraite,
Il fait rentrer sa troupe à l’abri des remparts.
On aperçoit déjà la croix qui se projette

Sur le ciel, l’oriflamme et les blancs étendards.
Le chef n’a pas encor perdu toute espérance ;
Il ordonne : « Allez tous, courez à la défense ;
Repoussons de nos murs les maudits assaillants ! »
Et lui-même, en avant, excite le courage
Des siens, donnant du cœur aux guerriers défaillants.
Vieillards, femmes, enfants de tout sexe, de tout âge,
Forment un mur vivant et sèment le trépas,
Forts de leur désespoir, dans les rangs des soldats
Ennemis, arrêtés soudain dans leur victoire,
Et voyant leur succès devenir illusoire.

V

Marghier observe : au nord, à l’est, à l’occident,
On a pu refouler l’ennemi trop ardent ;
Mais au sud, ô malheur ! Perkoune l’abandonne !
Du point inabordable, il voit une colonne,
Les archers de Rausdorf, se déployer soudain
Dans la place, au sortir du conduit souterrain,
Et répandre partout la flamme incendiaire.

Sans espoir, il s’écrie: «Oui, nous sommes vaincus!
Périssons, sans nous rendre au cruel adversaire,
Maître du sol, mais non de nos cœurs résolus.
Allumons le bûcher ; immolons à la gloire
De Poklus notre vie, offrande expiatoire!...
Mais avant de mourir, faites un grand effort,
Le dernier, pour chasser les assaillants du fort!
Et puis, reprenons-nous, l’un à l’autre la vie,
Au lieu de succomber d’une main ennemie.»
Il dit et lance au loin uri quartier de rocher
Dans les rangs des croisés qui tentaient d approcher,
La pierre rebondit sur les corps des victimes
Qu’elle entraîne avec elle au fond de noirs abîmes,
Le combat continue, éclairé par les feux
Du bourg incendié. «Marti s’adresse aux dieux,
Eteint le Znitch sacré, gardant une étincelle,
Pour embraser le bois de l’offrande mortelle,
Et tue avec son fer les Lithuaniens
Qui s’offrent à la mort, par horreur des chrétiens...
Ils s’égorgent entre eux, se jettent dans les flammes
Et poussent de grands cris, croyant sauver leurs âmes.
Marghier et la prêtresse excitent leur ferveur,
Leur promettant le ciel et des dieux la faveur.

VI

Marti, dans son délire, oubliait le supplice
D’Eglé qu’elle a vouée au sanglant sacrifice.
Rausdorf, l’épée en main, cherche, avec ses soldats,
Son bel ange, forçant portes et cadenas.
Il retrouve, à la fin, la pauvre prisonnière,
Rivée à ses liens, dans un cachot sous terre.
Triste, le front penché, dans le sombre caveau,
Elle offrait au regard le saisissant tableau
D’une morne douleur. Pâle, à peine vêtue,
Elle avait l’air, vraiment, d’une blanche statue,
Dans sa pose immobile et rêvant; seuls, les yeux
Reflétaient son amour, aussi pur que les cieux,
A l’aspect de Rausdorf, surprise, elle recule,
Par le jour éblouie, au fond de sa cellule;
Celui-ci, tout en sang, arrache ses liens
Et l’implore à genoux: «Les Lithuaniens,
Lui dit-il, sont défaits. Le castel est en flammes;

Nous avons abattu les idoles infâmes,
Et j’accours maintenant vous sauver de ce lieu.
Vivez libre et soumise à la foi du vrai Dieu!
Mais fuyez vite, avant que le toit ne s’écroule,
Le fort brûle en entier, et partout le sang coule.
Vos guerriers affolés s’enfoncent dans le cœur
Leurs glaives, préférant la mort au déshonneur.»
Il lui saisit la main qu’il baise avec délice,
Et l’adjure, en tremblant, d’agréer son service.
Mais Eglé le repousse et, d’un air digne et fier,
Lui parle, comme il sied à l’enfant de Marghier,
A la vierge en douleur de la Lithuanie
Dont elle possédait le sauvage génie:
«Laisse-moi. Sors d’ici, jeune présomptueux,
Odieux ravisseur, teint du sang de tes crimes.
Comment oser encor me faire des aveux,
Aux lueurs des brasiers, aux cris de tes victimes?
Lorsque tu fus notre hôte, oui, j’étais trop sensible
A ton mâle courage, à ton charme indicible!
J’ai pu vouloir quitter et mon père et nos dieux,
Pour devenir chrétienne, et te suivre en tous lieux;
Je ne puis à présent, te voyant à la tête
Des chevaliers teutons, cruels dans leur conquête,

Avides de carnage et gorgés de butin...
Mon pays en ruine, atteint par le destin,
A le droit d’exiger que je livre ma vie,
Comme le fait mon père, à ma pauvre patrie
O, reprends cette croix qui m’a porté malheur,
Je tiens à conserver la foi de mes ancêtres
Et leurs dieux. Oui, je veux mourir en leur honneur,
Pure et libre du joug des tyrans et des traîtres,
Te laissant ignorer mes regrets, mon désir,
A mon heure suprême, à mon dernier soupir.»

VII

Son âme lui dictait ce noble et beau langage,
Oubliant, que la chair a faiblesse en partage.
Les yeux mouillés de pleurs, étourdie à l’aspect
De l’épaisse fumée au tourbillon infect,
De la charpente au toit, qui se brise et s’écroule,
Et du feu qui jaillit, aux clameurs de la foule,
Elle perd connaissance et glisse dans les bras

De Rausdorf qui l’enlève à l’imminent trépas.
Il la fait transporter, par ses archers fidèles,
Ecartant de la main, les vives étincelles,
A travers les débris et les murs embrasés,
Sur le terrain fumant, vers le camp des croisés,
A l’abri du péril, par le secret passage
Dont à l’aube, il avait lâchement fait usage,
Trahissant son serment, la passion au cœur,
Décidant la victoire au prix de son honneur...
Une âpre émotion assombrit son visage;
Il est maitre d’Eglé, mais bourré de remords,
Et la mène avec lui, sous le sol, au rivage
Du Niémen, où l’attend une barque au dehors.

La pauvre enfant revient lentement à la vie;
Elle ouvre de grands yeux, respire librement,
Voit son père, en esprit, mourant pour sa patrie,
Et ne peut revenir de son étonnement,
Pourquoi l’enlève-t-on par ces corridors sombres,
Aux lueurs des flambeaux, dans le pays des ombres?
Elle voit les archers, ses porteurs vigoureux,
Et le vaillant Rausdorf, au regard amoureux,
Ne sachant formuler sa pensée, inquiète

Du sort qui la menace, en mystère, en cachette...
Arrivés près du fleuve, en quittant le caveau,
Les gardiens, attentifs, la placent en bateau;
Elle aperçoit alors le château dans les flammes,
Les remparts au pouvoir des ennemis infâmes,

Les preux guerriers monter sur le bûcher ardent,
Et s’écrie en sanglots, gémissant et fondant
En larmes: «Laissez-moi partager leur supplice,
M’unir à mon cher père et mourir avec lui.
Par les dieux destinée au sanglant sacrifice,
Oui, je veux accomplir mon destin aujourd’hui!»
Rausdorf, silencieux, à genoux devant elle,
La presse dans ses bras, pour apaiser sa belle...
Les rameurs, à son ordre, éloignent le bateau
Du rivage, en suivant le rapide cours d’eau.

VIII

Sur les murs de la place, une lutte acharnée
Continue à Poullen, toute la matinée.
Les Lithuaniens, par le nombre accablés,
Défendent pied à pied, les remparts écroulés.
Ceux qui sont désarmés, enfants, vieillards et femmes
Accourent au bûcher, pour périr dans les flammes;
Le chef Marghier préside au sacrifice humain...
Quand il vit les croisés surgir du souterrain,
Il perdit tout espoir de sauver les murailles,
Et songe uniquement, dans sa croyance aux dieux,
A préparer aux siens d’ardentes funérailles,
Les tuant, pour sauver leurs âmes dans les cieux;
Il plonge son couteau dans le cœur des victimes,
Exaltant sous le fer les sentiments sublimes
De son peuple vaincu qui, d’un commun accord,
Préfère à l’esclavage, au déshonneur, la mort,
A l’exemple sacré de Marti, la prêtresse,
Dont la voix, dans le feu, résonne encor sans cesse...

Marghier a vu de loin la barque qui fend l’eau;
Il reconnaît Rausdorf et sa fille en bateau.
Ses yeux, à leur aspect, se remplissent de larmes;
Il s’écrie en colère, en saisissant ses armes:
«Quand je veille au salut des Lithuaniens,
Ma fille me trahit, en suivant les chrétiens;
Elle oublie, en fuyant, à notre foi parjure,
Son culte et ses devoirs, dans les bras d’un Teuton!
J’implore ton appui, grand Perkoune! et je jure
De venger la souillure et l’opprobre à mon nom.»
Furieux, de son arc, il lance un trait rapide
Dans la direction du fleuve, au cours limpide,
Et ressent dans les yeux un éblouissement,
Voyant choir de la barque un long, blanc vêtement.
Il tend son arc encore, et la flèche acérée,
Plus prompte que le vent sur la vague azurée,
Atteint, malgré l’armure, en plein, le ravisseur
D’Eglé, le beau Rausdorf et lui perce le cœur.
On entend un corps lourd tomber dans l’eau profonde,
A la grande frayeur des mariniers, sur l’onde,
Qui regagnent les bords du Niémen opposés
Où s’élève le camp des chevaliers croisés.
On revit, un moment, paraître à la surface

Etsurnager deux corps: l’un blanc, l’autre en cuirasse,
Puis plonger de nouveau, pour rester à jamais
Ensevelis au fond de l’eau perfide et claire
Qui se trouble, un instant, et coule ensuite en paix,
Sans dévoiler aux yeux l’humide cimetière.
«Le fatal sacrifice est complet à présent;
Puisse-t-il apaiser ton courroux malfaisant,
Divin Perkoune, au ciel! Tu frappas de ta verge
Ma fille, dans sa fleur, mais au moins pure et vierge:
C’est mon tour maintenant,» dit le vaillant Marghier,
En se perçant le sein, droit au cœur, de son fer,
Au-dessus du brasier... Telle fut l’agonie
Du dernier champion de la Lithuanie.

IX

Les avides vainqueurs cherchèrent un trésor,
Longtemps, dans les débris, sous la cendre et la braise;
Aussi de l’hydromel des bijoux et de l’or,
Enfouis sous le sol, fondus dans la fournaise...
Les bocages sacrés furent par eux brûlés,
Le bourg mis au pillage, et ses murs nivelés,
Le bétail enlevé, détruit le culte antique,
Remplacé par la croix et la foi catholique;
Le pays dévasté. Les pauvres habitants,
Réduits en esclavage, oublièrent le temps
De leurs vaillants aïeux, de leur gloire ancienne.
La population, agricole et chrétienne
Ensemence et laboure, à présent, en repos,
Le terrain fécondé par le sang des héros.

On voit surgir parfois de l’onde transparente
Une apparition toute blanche, émouvante,

Au dire des badauds; bien que les gens d’esprit
Appellent la légende un fabuleux récit,
C’est, croit-on, le linceul d’une belle héroïne,
Par châtiment d’amour noyée au sein des flots,
Pour qu’elle pût garder sa pureté d’hermine.

Un chroniqueur latin le dit en propres mots.
L’imagination peut broder sur ce thème,
Eteindre les bûchers dans les eaux du baptême,
Faire revivre encore, en consultant le cœur,
Le poëme d’Eglé, dans toute sa candeur.