Marguerite des bois

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Alphonse Lemerre, éditeur (p. 77-82).


Marguerite des bois


À Fernand l’Anglois.




Marguerite des bois,
Vous souvient-il encore,
Marguerite des bois,
Du soleil d’autrefois ?

Et du matin chantant
Et de la fraîche aurore,
Et du matin chantant
Où je vous aimais tant.

On m’a parlé de vous
Chez Marthe, la voisine,
On m’a parlé de vous.
Mon fin petit cœur doux.


Je sais que vous pleurez,
Le soir, à la cuisine,
Je sais que vous pleurez
Sur vos souliers dorés.

Vous aviez rarement
Gentillesse à me dire,
Vous aviez rarement
Pitié de votre amant.

Vous m’avez désolé
Avec votre sourire,
Vous m’avez désolé
Et je m’en suis allé.

Vous chasse qui voudra,
Ô folles alouettes,
Vous chasse qui voudra,
Il s’en repentira.

Moi, je vais en forêt
Cueillir les violettes,
Moi, je vais en forêt
Attraper le furet.


Mes nippes à mon cou,
Je fais mon tour de France,
Mes nippes à mon cou.
Je m’en vais, Dieu sait où.

Tous les chemins sont verts,
Et vive l’espérance !
Tous les chemins sont verts,
Dans le vaste univers.

J’ai couché quatre nuits
En plein château des belles,
J’ai couché quatre nuits,
Sans perdre mes ennuis.

Et je reviens encor
Avec les hirondelles,
Et je reviens encor
Où sont les boutons d’or.

Rien n’est aussi charmant
Que nos filles de Bresse,
Rien n’est aussi charmant
Que leur habillement.


Au petit jour, leurs yeux
Sont remplis de tendresse,
Au petit jour, leurs yeux
Ont la couleur des cieux.

Marguerite des prés,
Quand le soleil vous dore,
Marguerite des prés,
Jamais vous ne pleurez.

Marguerite des bois,
Vous souvient-il encore,
Marguerite des bois,
Du soleil d’autrefois ?