Mathilde, Mémoires d’une jeune femme/Partie IV/34

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Gosselin (Tome VIp. 355-372).
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Épilogue


CHAPITRE XXXIV.

L’ENTREVUE.


— Mathilde, c’est le bon Dieu qui vous envoie ! — s’écria mademoiselle de Maran — venez à mon secours !

— C’est moi, Madame — répondit madame de Lancry éperdue en courant auprès du lit de sa tante — c’est moi qui viens vous demander de me sauver. Mon mari sera ici tout à l’heure… sauvez-moi, par pitié ! sauvez-moi !

Servien disparut.

— Oui… oui… je vous sauverai, mon enfant… mais nous ne nous quitterons plus — s’écria mademoiselle de Maran. — Vous verrez… oh ! vous verrez… je serai aussi bonne pour vous que j’étais méchante autrefois ! Mais aussi vous n’abandonnerez pas votre pauvre vieille tante à ses bourreaux, n’est-ce pas ? Si je pouvais me mettre à genoux, Mathilde, je m’y mettrais… pour vous implorer… Tout ce que vous voudrez, je le ferai… je vous le jure… Mais ne me laissez pas seule, vous ne savez pas à quelle horrible vie je suis condamnée.

Malgré son effroi, Mathilde ne put s’empêcher d’être frappée des paroles et de l’accent désespéré de mademoiselle de Maran.

— Madame — répondit-elle précipitamment — les moments sont précieux. Je viens vous demander ce que vous me demandez vous-même, de ne pas vous quitter… Vous êtes ma plus proche parente. On ne me refusera peut-être pas la permission de rester auprès de vous.

— C’est-il bien vrai, mon Dieu ! — s’écria mademoiselle de Maran au comble de la joie et de l’étonnement. — Vous me demandez de rester auprès de moi ?

— Oui… oui… Madame… tout plutôt que de… Ah ! c’est horrible ! — dit la malheureuse femme avec angoisse.

Puis elle reprit :

— Mais il a les lois et la force pour lui…. Oh ! je me tuerai plutôt… oui, je me tuerai plutôt que de le suivre !…

— Non, non, ne le suivez pas, restez avec moi… Mathilde… Ma fortune… toute ma fortune vous appartient depuis longtemps… Je vous la destinais… oh ! bien vrai… bien vrai… Mais je vous la donnerai tout entière de mon vivant, je ne garderai rien pour moi, rien… si vous consentez à ne pas me quitter.

L’effrayante préoccupation de Mathilde était si grande qu’elle ne se choqua pas de la proposition de mademoiselle de Maran ; elle ne songeait qu’à échapper à son mari.

— Mais… il peut me forcer à le suivre… comme il l’a déjà fait — s’écria-t-elle.

— Non, non, non, il ne le pourra pas ; nous aurons des avocats, voyez-vous, les meilleurs, les meilleurs : rien ne nous coûtera… Nous plaiderons. Rien ne nous coûtera, rien… pour garder auprès de moi ma nièce… mon enfant chéri… car enfin vous êtes presque mon enfant, vous êtes la fille de mon frère, de mon bon frère que j’ai tant aimé.

— Mais dans une heure, Madame, dans une heure peut-être mon mari sera ici… Avant-hier il est venu à Maran… me chercher… j’ai refusé de le suivre : il a été trouver le maire, et alors j’ai été forcée d’accompagner M. de Lancry. En arrivant ici, à l’hôtel Meurice, avec Blondeau qu’il m’avait permis d’emmener, il m’a dit de l’attendre, que nous ne resterions que douze heures à Paris, le temps nécessaire pour mettre nos passe-ports en règle et obtenir les pouvoirs que la loi lui accorde ; il veut avoir entre ses mains les moyens de me contraindre, dans le bas où je voudrais encore lui résister.

— Eh bien ! mon enfant, il faut vous cacher ici ; il ne saura pas que vous y êtes venue.

— Tous mes pas sont surveillés, Madame ; il m’a prévenue que je ne pourrais pas lui échapper, qu’il saurait me retrouver. Pourtant, dès qu’il a été parti j’ai couru chez madame de Richeville ; elle m’a conseillé de venir ici, de ne céder qu’à la force, et, quand les magistrats viendront, de les supplier de me laisser auprès de vous, ma plus proche parente, jusqu’à ce que j’aie prouvé l’infamie de la conduite de M. de Lancry envers moi.

— Mais elle a raison… cette bonne… cette excellente duchesse, elle a raison ; les magistrats ne peuvent pas vous refuser ça… Est-ce qu’on arrache une nièce à sa tante ? Non… non… vous ne me quitterez pas. Comme ça sera généreux à vous !… comme ça sera beau ! après tout le mal que je vous ai fait… mais ça vous est bien égal, le mal qu’on vous a fait à vous. Vous êtes si bonne ! vous avez une si belle âme ! et puis, c’est si sublime de pardonner ! et puis je suis si malheureuse… Figurez-vous, ma pauvre enfant, que je suis la victime des misérables valets qui m’entourent. Voyez jusqu’où ils poussent la méchanceté ! j’avais un chien, un pauvre animal… qui m’était attaché… la seule créature au monde qui ne me hait pas. Dans mon isolement, c’était mon unique joie, mon unique consolation ; avec lui, au moins, je n’étais pas seule… Eh bien ! ils ont eu la barbarie de me le tuer… oui, j’en suis sûre… ils me l’ont empoisonné ; car, depuis qu’il est mort, je leur ai ordonné de m’en acheter un autre… ils ne m’ont pas obéi : ça n’a pas l’air croyable, c’est pourtant comme ça… Figurez-vous qu’ici personne ne m’obéit… qu’est-ce que cela leur faisait pourtant de m’acheter ce chien ?… Mais à qui me plaindre ? ils ne laissent approcher personne de moi au lieu que lorsque vous serez ici, ils me respecteront… Vous leur imposerez, vous, vous les forcerez bien à écouter mes ordres, vous ferez respecter votre pauvre vieille tante infirme… n’est-ce pas ?

— Silence ! — dit tout-à-coup Mathilde — une voiture… c’est lui… c’est lui.

— Non, non… — dit mademoiselle de Maran en écoutant — la voiture passe… Mais que veut-il donc vous faire, ce monstre-là !… car c’est un monstre, voyez-vous ! Jamais vous n’en direz assez de mal ! si vous le connaissiez comme je le connais… Ah ! maintenant je me repens bien d’avoir consenti à votre mariage avec lui… mais la tête vous en tournait, pauvre petite… ah ! ce sera le chagrin de toute ma vie de vous a voir donnée à un pareil bandit… un faussaire… un escroc… Tenez, si je pouvais pleurer… j’en pleurerais des larmes de sang. Mais qu’est-ce qu’il vous veut encore, ce misérable-là ? n’a-t-il pas mangé votre fortune !

— Ce qu’il veut, Madame, il veut me vendre à M. Lugarto… — s’écria madame de Lancry avec épouvante.

— Ah ! Mathilde… c’est abominable.

— Je vous dis que pour de l’argent cet homme est capable de tout — s’écria Mathilde. C’est un abîme d’horreur et d’infamie ; pour assouvir la haine dont ce monstre me poursuit sans relâche, haine qu’il partage lui-même à cette heure… mon mari ne reculera devant aucun crime… En venant ici… il m’a fait d’horribles confidences, me disant que personne ne l’entendait, que si je parlais il nierait tout, et que je ne serais pas crue… Et pourtant, Madame… telle est la loi que les hommes ont faite, qu’elle me force à accompagner cet homme, qui me conduit non à mon déshonneur, mais à la mort… car je me tuerai plutôt que de rester au pouvoir de ces deux hommes… Si je me tue… Dieu me prendra en pitié. Mais… écoutez… écoutez… cette fois… oh ! cette fois c’est bien une voiture qui s’arrête, s’écria Mathilde avec terreur.

— En effet ! mon enfant, une voiture s’arrête… Mais c’est peut-être le médecin que j’attends… car ils ont aussi eu l’atrocité de ne pas vouloir m’aller chercher le médecin.

— Non, non, c’est lui ! Ah ! c’est lui… il m’aura fait suivre… il aura découvert où j’étais, il me l’avait dit… il me l’avait dit.

— Mon Dieu….. il y a peut-être quelque chose à faire ; je vais envoyer Servien me chercher tout de suite des avocats. En tout cas, chère petite, résistez ; mon enfant, résistez… Ne cédez qu’à la force. Ah ! si mes gens m’étaient dévoués, je le ferais jeter par les fenêtres… ce misérable… ce monstre… qui vient m’enlever ma tendre enfant.

Mathilde ne s’était pas trompée, M. de Lancry entra chez mademoiselle de Maran.

Quoiqu’il eût beaucoup engraissé, sa taille était encore élégante. Il était vêtu avec une recherche extrême, presque mignarde ; malgré son embonpoint, sa figure était blafarde, ses yeux caves, clignotants et entourés d’un cercle brun. Les vices les plus odieux avaient flétri ce visage de leur ineffaçable empreinte. La physionomie de M. de Lancry, autrefois fine, gracieuse et spirituelle, avait alors un caractère de férocité doucereuse : les empereurs sanguinaires et efféminés de l’ancienne Rome devaient offrir cet aspect révoltant. Jadis insolente et altière, sa voix était devenue mielleuse ; un grasseyement affecté l’affaiblissait encore.

Il s’avança vers le lit de mademoiselle de Maran, lui prit la main, qu’il baisa, et lui dit :

— Quel charmant hasard rassemble aujourd’hui près de vous le couple heureux que vous avez uni ?

— Laissez-moi donc tranquille, avec votre voix flûtée et votre afféterie — dit mademoiselle de Maran ; — vous me faites peur, vous avez l’air d’un tigre qui fait la bouche en cœur… Pourquoi tourmentez-vous cette pauvre femme ?… D’abord, je vous préviens qu’elle veut rester ici… avec moi… avec sa chère tante… entendez-vous ?… Je suis la sœur de son père, sa plus proche parente, et vous ne me l’enlèverez pas… je vous en préviens.

— Vraiment, ma belle chérie ? dit-il en s’adressant à Mathilde avec une sorte de minauderie railleuse et cruelle, en s’asseyant dans un fauteuil auprès de l’alcôve de mademoiselle de Maran. — Vous avez donc bien peur de moi, que vous prenez un tel parti ?

— Monsieur, vous ne m’arracherez pas vivante d’ici ! s’écria Mathilde en frissonnant.

— Vous l’entendez.. j’espère… vilain homme… Cette chère petite… je ne le lui fais pas dire… on ne l’arrachera pas vivante d’ici… Ainsi, allez-vous-en… allez-vous-en… et laissez-nous en repos l’une à l’autre.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! — dit M. de Lancry en continuant de minauder — vous ne serez donc jamais raisonnable, mon bel ange ? Vous ne voudrez donc jamais comprendre que vous êtes à moi, que vous êtes mon épouse chérie… que vous m’appartenez corps et âme ?… À quoi donc servent les leçons ?… Avant-hier j’arrive à Maran, vous refusez de me suivre, mon adorée, vous m’obligez d’envoyer chercher M. le maire : eh bien ! qu’arrive-t-il ? Que ce digne municipal, assisté du juge de paix, vous prouve clair comme le jour que vous êtes obligée de m’accompagner partout où il me plaira de vous conduire, mon doux amour. Est-ce que je peux renoncer à tant de charmes ? Vous êtes plus jolie que jamais… vous avez le teint d’un éclat, d’une fraîcheur adorable.

— Ta, ta, ta ! — s’écria mademoiselle de Maran — votre maire de village était un imbécile… un âne… voyez donc la belle autorité que celle de ce municipal en sabots ! À Paris, ça ne se passera pas ainsi ; nous aurons de bons avocats, de bons juges, ils nous obtiendront une bonne séparation, et vous nous laisserez tranquilles.

— Vous croyez, ma belle tante…

— Certainement ; est-ce qu’il est possible d’abandonner une malheureuse jeune femme aux mains d’un… allons donc… il faudrait qu’il n’y eût pas de justice sur la terre.

— Dame ! ça s’est vu — reprit doucement M. de Lancry — tout n’est pas roses dans ce monde ; j’ai justement là dans ma poche, ma belle tante, de quoi vous contredire… Par sa fugue de ce matin, mon adorée m’a servi comme à souhait… Je l’avais prévu… En passant à Paris pour aller à Maran, j’avais eu une entrevue avec M. le préfet de police ; oui, ma belle chérie, une fois ici, vous avez été immédiatement suivie, non-seulement par les gens de M. le préfet, mais par d’autres non moins habiles. Ainsi on sait qu’en arrivant vous avez dépêché votre fidèle Blondeau chez un certain colonel Ulrik, qui s’appelle M. de Rochegune. On sait qu’elle y est arrivée à une heure, et qu’elle y est restée jusqu’à deux heures moins un quart. On sait qu’en sortant de l’hôtel Meurice, où nous étions descendus, mon bel ange aimé s’est rendu au Sacré-Cœur, puis ici ; aussi je viens d’envoyer à l’hôtel Meurice dire qu’on m’amène tout de suite ma voiture de voyage, car, je vous en ai prévenue, mon amour, nous n’avons que douze heures à rester à Paris. J’ai employé ce temps à faire mettre mes passe-ports en règle, mon bel ange, et à obtenir un ordre de M. le président du tribunal de première instance, lequel ordre enjoint aux autorités de me prêter aide et assistance dans le cas où ma légitime épouse aurait la folle idée de se débattre contre la volonté de son mari ; je ne voudrais pas dire de son maître. Désirez-vous jeter vos beaux yeux sur ceci, mon adorée… ne déchirez pas ce papier, vous ne me donneriez que la peine d’en aller chercher un autre.

Et M. de Lancry remit en effet à Mathilde un acte légalement conçu… La loi l’appuyait, il était dans son droit, il en usait.

— Allons donc ! — s’écria mademoiselle de Maran pendant que Mathilde parcourait machinalement cet acte — est-ce que c’est possible ?… Vous ne savez donc pas ce dont elle vous accuse ?… Ça suffirait pour amener une séparation… car c’est infâme… Oui, elle prétend que vous voulez l’emmener retrouver cet abominable nègre blanc de Lugarto…

— Vraiment ? cette pauvre chérie, elle a deviné cela ? Mais certainement oui… elle ne se trompe pas… ce bon et tendre ami nous attend à Nice… Nous partons ce soir ; c’est Fritz, que Mathilde connaît bien, qui nous sert de courrier… Nous n’emmènerons personne… Elle laissera sa madame Blondeau ici… Je serai trop heureux de servir ma belle chérie.

Depuis quelques moments Mathilde paraissait absolument indifférente à ce qui se disait autour d’elle.

Tout à coup, sans dire un mot, elle tomba à genoux, baissa la tête et pria avec ferveur.

— Vous voyez bien — dit mademoiselle de Maran — elle prie le bon Dieu ; elle n’a plus de ressource qu’en lui, et il ne l’abandonnera pas. Est-ce que vous croyez qu’il laissera consommer une pareille abomination ?… Revoir un pareil homme !…

— Je vous assure, ma toute belle tante, qu’on le calomnie. Mon adorée en jugera. Une fois arrivés à Nice nous partons tous trois pour la Sicile, pays fort sauvage et fort pittoresque où Lugarto a l’envie de s’établir pendant quelque temps. Lors de notre séjour à Naples, nous avons été visiter une espèce de château vénitien situé à quelques lieues de Messine, dans une solitude admirable, au milieu de gorges profondes et inaccessibles… Nous nous établirons là, moi, Mathilde et Lugarto ; nous y mènerons la meilleure vie du monde. Dans cet endroit désert on est aussi libre qu’à Otaïti. Nous improviserons là une manière de petite Caprée…

Tout-à-coup Mathilde se leva droite, fière, imposante, les yeux brillants, le teint coloré, et dit à mademoiselle de Maran d’une voix ferme :

— Dieu ne m’abandonnera pas… non… je le sens… il ne m’abandonnera pas… puisque la justice humaine m’abandonne… Il a lu dans mon cœur… Quoi qu’il arrive, il me pardonnera ; et quoi qu’il arrive aussi, soyez maudite — dit elle d’une voix solennelle à mademoiselle de Maran — soyez maudite, vous qui avez confié à cet homme la vie de la fille de votre frère… sachant que cet homme était un monstre…

— Mathilde… — s’écria mademoiselle de Maran d’une voix suppliante.

— Dieu a voulu — reprit madame de Lancry avec une exaltation croissante — Dieu a voulu que par un rapprochement terrible vous ayez à cette heure sous les yeux l’horrible tableau du mal que vous avez causé… Pour vous le jour des expiations commence… Vous êtes abandonnée de tous, livrée à la barbarie de vos gens ; vous mourrez ainsi, abandonnée de tous… maudite de tous… Ursule, que vous avez perdue… Ursule qui, grâce à vous, est arrivée de crime en crime jusqu’au suicide, vous a maudite !… M. de Mortagne tombant sous les coups d’un assassin… vous a maudite !… car si vous ne m’aviez pas fait épouser cet homme, M. Lugarto n’eût pas poursuivi M. de Mortagne de sa haine…

— Mon Dieu ! mon enfant… je m’en désespère… je suis la plus malheureuse des créatures.

— Il y a vingt ans… sur ce lit de douleur où vous êtes, vous m’avez fait verser mes premières larmes, vous m’avez causé mes premières terreurs en coupant mes cheveux, que ma mère mourante avait bénis et touchés !… Aujourd’hui, vous me voyez prête à suivre… cet homme, puisque la force, puisque les lois m’y condamnent… le suivre !!! Vous comprenez tout ce que ce mot renferme d’épouvantable !… Songez au mal que vous m’avez fait depuis mon enfance jusqu’à cette heure… songez à tout ce qui peut encore m’arriver de sinistre… et si vous entendez dire que moi, la fille de votre frère, je me suis tuée pour échapper à l’infamie… que mon sang retombe sur vous… comme celui d’Ursule… et soyez maudite !

— Mathilde… grâce ; grâce… vous me faites peur — s’écria mademoiselle de Maran.

Dix heures sonnèrent. On entendit le bruit d’une voiture de poste qui s’arrêta dans la rue.

— Mathilde… abandonnez-moi si vous le voulez, mais ne suivez pas votre mari… il est capable de tout…

— C’est l’époux que vous m’avez choisi, Madame ! et les lois veulent que je le suive ! — s’écria Mathilde.

Puis se retournant vers M. de Lancry, elle lui dit d’un ton qui le fit tressaillir malgré lui :

— Monsieur, je suis prête…

M. de Lancry s’attendait à une résistance désespérée. Il fut étonné du calme effrayant de Mathilde. Néanmoins il se leva en souriant et lui offrit son bras.

Madame de Lancry le repoussa d’un geste plein de mépris et de dignité.

Servien entra et dit à M. de Lancry :

— Monsieur le vicomte, voici la voiture et ces messieurs ; ils vous attendent dans le salon.

— Quels messieurs ?

— Trois messieurs qui sont venus dans la berline depuis l’hôtel Meurice… Fritz, le courrier, est parti en avant pour commander vos relais.

— Qu’est-ce qu’il veut dire avec ces trois messieurs ? — reprit négligemment M. de Lancry.

Au moment où il faisait un pas vers la porte, une main vigoureuse écarta Servien… et M. Sécherin parut à la porte, pâle comme un spectre.

Il était en grand deuil…

— Ma mère est morte… je viens vous tuer, monsieur de Lancry — dit M. Sécherin d’une voix éclatante.