Maurice Scève et la Renaissance lyonnaise/09

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Honoré Champion (p. 120-128).

chapitre neuvième

LES DERNIÈRES ANNÉES DE MAURICE SCÈVE.

Le chapitre précédent a dit l’influence que Maurice Scève a exercée sur le développement de la poésie lyrique en France, sans tenir compte de la littérature locale. Il va sans dire que l’ascendant de l’auteur de la Délie dans sa patrie est plus impérieux que partout ailleurs ; les poètes lyonnais du seizième siècle ne s’abstiendront jamais d’imiter les vers de leur illustre concitoyen.

Ainsi les Œuvres de Louise Labé[1], qui sont sans doute le recueil de poésie lyrique le plus célèbre sorti de Lyon dans ces années, nous rappellent plutôt le style de Scève que celui des auteurs de la Pléiade. Les sonnets, surtout, contiennent souvent les mêmes images et idées que les dizains de la Délie, et le choix des mots et des constructions trahit également l’influence de la langue poétique de Scève. Quelques contemporains ne crurent même pas à l’authenticité du Débat de Folie et d’Amour et supposèrent une collaboration de la belle Cordière avec Maurice Scève[2]. En tout cas, cette œuvre est écrite dans le goût du chef de l’école lyonnaise qui aimait tant à réfléchir sur la nature de l’amour, bien qu’il ne semblât pas être entièrement de l’avis de l’auteur. Les Escriz de divers poètes à la louenge de Louise Labé contiennent un sonnet qui est une critique très obscure de ce dialogue ; l’auteur en est Scève. Il tient la première place parmi les poésies françaises et n’est précédé que d’une ode grecque de Jacques Peletier et d’une ode latine d’Antoine Fumée, le „rapporteur de chancellerie en France“.

En grâce du dialogue d’Amour et Folie, œuvre de D. Louïze Labé Lionnoize.
Amour est donc pure inclination
      Du Ciel en nous, mais non nécessitante :
      Ou bien vertu qui nos cœurs impuissante
      A résister contre son accion ?
C’est donc de l’anie une alteracion
      De vain désir légèrement naissante
      A tout objet de l’espoir périssante
      Comme muable à toute passion ?
Jà ne soit crû, que la douce folie
      D’un libre amant d’ardeur libre amollie
      Perde son miel en si amer absynthe.
Puis que l’on voit un esprit si gentil
      Se recouvrer de ce Chaos subtil
      Ou de Raison la Loy se laberynte.

Ce sonnet est signé de la devise non si non la dont le sens me reste caché, mais qui se retrouve dans le Microcosme.

Quand on veut étudier la littérature de Lyon de cette époque, il est indispensable de parcourir les Escriz de divers poètes[3] dont nous venons de parler. Parmi tous ces auteurs, nous trouvons aussi les poètes les plus célèbres de Lyon.

À côté de Maurice Scève, nous y rencontrons Matthieu de Vauzelles dont nous ne connaissons que des vers insérés dans les recueils de ses amis. Comme l’auteur de la Délie, il a abandonné les formes nationales pour composer un sonnet dans lequel il compare la belle Cordière à la Méduse, sans démentir son goût pour les calembours et les anagrammes.

Claude de Taillemont[4] par contre est un ennemi du sonnet et de l’italianisme. Dans un recueil de poésie lyrique, la Tricarite[5], il cherche à imiter la Délie de Scève. Novateur à outrance, surtout dans les formes strophiques et dans l’orthographe où il suit Meigret (pourtant avec certaines libertés), il est néanmoins un plat imitateur de Scève qu’il célèbre, comme sa Délie, en des vers qui cherchent en vain à atteindre les grandes qualités de leur modèle. Un autre de ses ouvrages eut plus de succès que la Tricarite : les Discours des Champs faëz[6] sont des conversations élégantes, exaltées et précieuses comme on a dû les aimer dans la société mondaine de Lyon. Ils ont eu quatre éditions au cours de trente ans ; ils cadraient sans doute à merveille avec l’idéal de la France élégante dans la deuxième moitié du seizième siècle. Malgré les principes dont nous venons de parler, Claude de Taillemont a adressé deux sonnets à Louise Labé.

Voilà les poètes lyonnais qui ont chanté la belle Cordière. Passons encore en revue les auteurs qui furent les hôtes de la ville et qui devaient connaître Maurice Scève. Nous avons déjà mentionné Jacques Peletier et Antoine Fumée qui ont étalé leur connaissances philologiques pour honorer la savante courtisane. Pontus de Tyard était aussi des habitués de son salon ; il chanta ses beautés et la douceur de son chant dans un sonnet enthousiaste. Une épître et une ode des Ecriz de divers poètes se trouvent dans les Œuvres de Jean-Antoine de Baïf, qui était donc un hôte également bien vu dans la société lyonnaise.

Le poète français qui a joué le rôle le plus important dans la vie de Louise Labé est sans aucun doute Olivier du Magny[7] N’examinons pas de près si les relations des deux poètes, les plus passionnés de leur siècle dans leurs vers amoureux, furent réellement aussi platoniques que Favre ne le prétend. Ce qui nous importe ici, ce sont les relations entre Magny et Scève. Dans son premier ouvrage, l’Hymne sur la Naissance de Madame Marguerite de France (1552), Olivier ne semble pas encore connaître l’auteur de la Délie ; du moins il ne le nomme pas parmi les vingt-sept poètes qu’il exhorte à chanter avec lui l’heureux événement qui lui a mis la plume à la main. Mais déjà l’année suivante, dans la première partie de ses Amours, il se propose de rendre

sa dame encore plus célèbre que les trois maîtresses les mieux chantées en Frince ; il veut
Qu’à son renom n’approcheroient ces trois
Délie, Olive et Cassandre, la sage.

Par ces mots, le poète confesse son désir d’égaler dans ses poésies Scève, Du Bellay et Ronsard. Dans ses Odes (1559), dans lesquelles il revient souvent à ses amitiés lyonnaises, il se souvient aussi de l’auteur de la Délie, en lui dédiant une poésie qui a pour sujet ses amours avec Louise Labé.

Vers la même époque Scève reçut les hommages d’autres poètes qui semblent avoir fait sa connaissance personnelle. Louis des Masures[8], dont le nom s’est transmis jusqu’à nous grâce surtout à ses Tragédies saintes — la trilogie de David (1556) —, publia, en 1557, ses Œuvres poétiques chez Jean de Tournes, l’ami de Scève. Une ode de cent trente vers environ, dans laquelle il chante la vertu et l’amitié d’après la conception platonique, est adressée au chef de l’école lyonnaise.

Par une publication de la même année 1557, nous apprenons que les Lyonnais regardaient Maurice Scève, Pontus de Tyard et Guillaume des Autels comme formant un groupe de poètes unis par les mêmes tendances. Charles Fontaine, dont nous avons parlé déjà si souvent, adresse une épigramme à ces trois auteurs. Malheureusement elle ne nous offre qu’un encensement banal et nous y cherchons en vain quelque fait positif[9].

À partir de ce moment, le nom de Scève disparaît dans les troubles des guerres civiles, et ce n’est qu’aux temps d’Étienne Pasquier qu’il sera de nouveau question de lui.

Dans les années de 1550 à 1560, le nombre des protestants s’était accru à Lyon d’une façon prodigieuse malgré les persécutions nombreuses et cruelles qui livraient beaucoup d’hérétiques au bûcher. À la fin, fatigués de tant de rigueurs et se sentant forts par leur nombre et leurs relations avec d’autres protestants, surtout les Suisses, ils résolurent de se défendre à main armée. Les insurrections et les combats dans les rues de jour et de nuit devinrent de plus en plus fréquents ; un jour, après une procession dérangée par les huguenots, la populace força l’entrée du Collège de la Trinité pour se saisir de Barthélémy Aneau qu’on soupçonnait être un des chefs secrets de la Réforme. Et après lui avoir baillé plusieurs coups d’espées, hallebardes et autres basions sur sa personne, l’auraient inhumainement tué et occis et layssé estendu au milieu de la rue, au grand scandal des petits enfants, escoliers et autres estudiants audict collège[10]. Une députation que le clergé envoya au roi, obtint que les coupables ne fussent pas punis, puisque le crime avait été commis contre un hérétique[11].

Le corps consulaire — la teneur du rapport sur la mort d’Aneau que nous venons de citer l’indique déjà — était très enclin à la Réforme et avec lui beaucoup d’autres Lyonnais influents[12]. Cependant les troubles ne cessaient point, et leur résultat fut que les protestants, à l’aide des troupes du baron des Adrets, s’emparèrent de la ville le 30 avril 1562. Pourtant ils ne voulaient pas se soustraire à la souveraineté du roi, et ils prièrent le gouverneur royal de continuer ses fonctions ; rien ne devait être considéré comme changé si ce n’est la confession.

Les premiers mois de l’occupation furent signalés par toute sorte d’excès, surtout contre les églises catholiques et contre les couvents. On établit un consulat tout protestant, et tous les habitants furent forcés d’assister au sermon.

Mais cet état de choses ne dura pas longtemps. Les troupes catholiques s’avancèrent de toutes parts vers Lyon et l’assiégèrent. Après une résistance courageuse de quelques mois, la ville se rendit aux ligueurs qui réintroduisirent dans les églises les cérémonies religieuses de leur confession, sauf dans deux qui restèrent aux protestants.

Tels furent les événements les plus importants de l’histoire lyonnaise en l’année 1562 dans laquelle Maurice Scève publia son dernier ouvrage, le Microcosme. Il n’est guère facile de dater ce livre d’une façon plus exacte, puisqu’il n’est pas muni d’un privilège d’impression ou d’un extrait des registres du parlement. Oserait-on conclure de cette circonstance que le livre fut publié pendant l’occupation de la ville par les protestants, où les relations avec le parlement de Bordeaux et la cour de Paris étaient souvent interrompues ? Je ne crois pas que ce soit permis ; à cette époque on a imprimé beaucoup de livres sans privilège. Il faut donc nous contenter pour le Microcosme de la date de 1562, sans indication plus exacte.

Quant à sa composition, il est certain qu’elle est antérieure, peut-être de quelques mois, à l’occupation de Lyon. Les trois derniers vers du poème constatent qu’il a été écrit dans une période de paix générale :
Universelle paix appaisoit l’univers
L’an que ce Microcosme en trois livres divers
Fut ainsi mal tracé en trois mille et trois vers.

Après le massacre de Vassy, le 15 mars 1562, il aurait été impossible d’écrire ces vers, dans cette France où les guerres civiles allaient sévir presque sans interruption jusqu’à la fin du siècle. Il faut donc admettre, pour date de la composition du Microcosme, au plus tard l’année 1561 et le commencement de l’année suivante.

Le Microcosme est un poème philosophique ; le sujet en est la création de l’homme et sa marche vers la civilisation. Aussi la France du moyen-âge a connu des poèmes encyclopédiques et philosophiques ; le plus célèbre du genre, le Roman de la Rose, est même resté en faveur jusque vers le milieu du seizième siècle, bien qu’il ne pût convenir aux esprits de la Renaissance. La connaissance de la Divine Comédie a donné aux Français un nouvel idéal du poème philosophique, Jean de Tournes en a publié en 1547 une magnifique édition qu’il dédia à Maurice Scève ; deux autres éditions lyonnaises du même poème sont celles de Guillaume de Roville, de 1551 et de 1552[13]. L’influence de Dante sur les poésies de Marguerite de Navarre est incontestable[14] ; quant à Scève, le Promptuaire des Médailles compare son style et son esprit à celui du grand poète florentin. L’antiquité romaine a possédé son poète philosophique en Lucrèce ; Denys Lambin a préparé vers 1560 une excellente édition critique de son poème De natura rerum, qui, étant sortie des presses lyonnaises, a certainement occupé les humanistes de la ville. Les poèmes de Dante et de Lucrèce ont servi de modèle à Scève ; non pas qu’il les ait imités, mais ils l’ont encouragé à donner à la France un poème vraiment philosophique qui remplacerait le Roman de la Rose dans son rôle d’encyclopédie poétique, et à composer ainsi le long poème françois que Du Bellay a recommandé à son poète idéal dans la Deffence et Illustration.

Le sonnet liminaire du Microcosme nous donne quelques renseignements, peu précis d’ailleurs, sur l’époque de la vie de l’auteur qui précède immédiatement la composition de cet ouvrage. Nous voyons Scève, dans ses vieux jours, voyageant en divers pays ; il paraît même qu’il consacra une période assez longue à élargir ses connaissances réputées pourtant universelles, et que le but atteint ne le contentait nullement[15]. Malheureusement je ne sais rien de précis sur ces voyages qui resteront probablement un des points obscurs de la vie de Scève. Peut-être a-t-il visité l’Espagne ; dans son poème, il étale des connaissances assez détaillées de ce pays qui nous permettent de le croire.

La publication du Microcosme est le dernier témoignage que nous ayons de la vie de Scève. Il ne paraît guère que ce livre ait eu un grand succès. Les poètes de la Pléiade ne le mentionnent jamais à ce que je sache, et les bibliographes n’en font pas grand cas[16] ; seul l’auteur anonyme du Promptuaire des Médailles, probablement un Lyonnais, l’appelle un livre docte et rare. Dans le même article, publié en 1575, on parle pour la première fois de Maurice Scève comme d’un mort[17].

Voilà tout ce qu’on sait des dernières années de Maurice Scève[18].</ref>, et il est évident qu’on s’attendrait à en apprendre davantage. De tant de poètes qui avaient jadis prodigué des louanges excessives à l’auteur de la Délie', aucun n’a mentionné sa mort dans une page de ses œuvres. Les bibliographes et critiques, Duverdier, la Croix du Maine, Etienne Pasquier, les auteurs du Promptuaire des Médailles ne nous ont rapporté ni la date, ni les circonstances de son décès.

C’était, il est vrai, une période de troubles effroyables et de guerres civiles continuelles où la mort d’un homme qui n’était plus à l’apogée de sa gloire, pouvait facilement passer inaperçue. Mais bien que Lyon fût occupé tour à tour par les huguenots et les ligueurs qui rivalisaient de massacres — rappelons seulement les Vêpres lyonnaises du 24 août 1572, la Saint-Barthélémy de Lyon — on connaît les noms de presque toutes les victimes que les armes et les épidémies ont faites à cette époque. Le nom de Maurice Scève n’y est pas ; il n’est pas non plus sur les listes de proscription de ces années de misère politique et sociale.

Faut-il supposer qu’il aurait repris encore une fois le vain travail de voir divers pays, malgré les déceptions de ses premiers voyages ? Je tends à croire que Scève s’est expatrié après la publication de son dernier ouvrage ; sa mort à Lyon n’aurait pas passé inaperçue. Les causes de son exil volontaire ont été les troubles religieux, les persécutions cruelles contre les protestants. Nous avons énoncé plus haut la conjecture que Scève était évangélique comme son cousin Guillaume. Joignons à la liste de ses amis protestants l’éditeur de la Saulsaye et du Microcosme, Jean de Tournes, qui s’est retiré plus tard à Genève pour y mourir calviniste. Dans une liste de proscription, nous trouvons les noms de deux membres de la famille Scève qui avaient été échevins de la ville pendant l’occupation par les protestants[19].

L’œuvre de Maurice Scève ne contient aucune trace de catholicisme. La Délie, où l’imitation de Pétrarque aurait permis d’introduire des louanges à la Vierge (aussi bien que les dizains politiques qu’elle contient), est parfaitement indifférente en matière de religion, presque payenne, autant que la Saulsaye. Dans le Microcosme enfin, Scève parle plus d’une fois des dogmes chrétiens, mais à ce qu’il me semble plutôt d’une façon évangélique que catholique. La seule idée d’écrire l’épopée sublime de la création, en se basant sur le texte de la Bible, me parait appartenir à un protestant ; aussi Scève a-t-il été suivi dans cette voie par trois calvinistes : Du Bartas, D’Aubigné et Milton.

Aucun passage de ce poème, il est vrai, ne nous prouve d’une façon définitive que Scève ait été protestant. Il évite avec soin toute polémique, et quand il parle du christianisme, il s’efforce de s’appuyer sur des dogmes communs aux deux confessions ; Du Bartas le suivra dans ce procédé. Un ligueur n’aurait pas craint d’exprimer ses haines et n’aurait pas montré la même modération. Et un bon catholique n’aurait pas pu chanter la gloire de toutes les conquêtes de l’homme sur la nature sans mentionner l’Église romaine, de plus grande importance pour lui que l’Académie attique et les rhéteurs latins. Il n’aurait point parlé de la vie éternelle sans se souvenir de l’Église romaine qui garde avec jalousie toutes les portes du paradis et n’en permet l’entrée qu’aux hommes munis de ses moyens de salut.

On peut donc affirmer que le Microcosme est une œuvre d’inspiration plutôt évangélique que catholique, bien qu’elle ne soit pas d’un calviniste batailleur et fanatique. Une autre circonstance vient encore appuyer notre conjecture. Duverdier nous dit que Scève a traduit quelques psaumes de David, imprimés avec ceux que Jean Poictevin a mis en français[20]. Or ces psaumes servaient dans la deuxième moitié du seizième siècle surtout au culte des protestants, et depuis que le succès des psaumes de Marot avait été jalousé, soupçonné et poursuivi par le clergé, il n’y avait plus de catholiques qui se mêlassent d’en traduire d’autres.

Tout cela me fait croire que Maurice Scève a abandonné sa ville natale ; et qu’il est mort dans un exil volontaire, oublié et inconnu ; abandonné surtout par les auteurs qui représentaient la littérature officielle, tous catholiques fougueux, et, par conséquent, mécontents du Microcosme et de son auteur.

La vie de Maurice Scève fut celle d’un homme indépendant, pour qui la littérature ne fut pas un gagne-pain et qui n’écrivit pas non plus pour gagner la faveur d’un prince, comme la plupart des poètes de son temps. Un des plus riches et des plus influents citoyens de sa ville, il fut fêté et choyé par une société dont il était la première autorité en matière de poésie. Il employa ses loisirs à se procurer une instruction universelle étonnante, et à exercer et à protéger les arts que les Italiens de la Renaissance avaient fait revivre. Il aima la vie tranquille et heureuse dans la jouissance de la nature et de la solitude, et détesta les querelles des littérateurs, tout en reconnaissant le progrès qui pouvait en sortir.

Voilà les faits de sa vie qu’il est indispensable de connaître si l’on veut apprécier ses œuvres poétiques.




  1. Lyon, Jean de Tournes 1555.
  2. Pierre de Saint-Jullien. Gemelles ou Pareilles. Lyon 1584.
  3. A. Cartier. Les poètes de L. Labé. Revue d’hist litt. I p. 433.
  4. Joseph Texte. Claude de Taillemont. Bulletin hist. et philol. 1894. Cf. Revue du Siècle année 1895, p. 542.
  5. La Tricarite, plus quelques chants, au (sic) faveur de pluzieurs damézelles par C. de Taillemont, Lyonnais. Lyon. Michel Du Boys 1556.
    {{Gauche|Sève at produit du Laurier bôrgons vers
    Dont meints rameaus avant l’Arbre ont corone,
    Mes, mon advis, pôr le mieus on corone
    Sève, le premier, le père de nos vers.
            Car si leur vol prènent par l’univers
    Fureurs, amours et tôte leur seqèle
    Etre ne peut que sus l’èle de cèle
    Dont amplumés se sont Oêzeaus divers :
    Cèle, je dis, qui de son cler revers,
    Clére Délie, d’ignorance a rompue
    La nue en nos, mes par clarté reçue
    De son Soleil pénétrant à travers.
  6. Discours des champs faëz, à l’honneur et exaltation de l’Amour et des Dames, par C. de Taillemont, Lyonnais. À Lyon par Michel Du Boys 1553. — Paris 1571, 1585. — Lyon, Benoist Rigaud 1576.
  7. Jules Favre. Olivier du Magny. Thèse. Paris, 1885.
  8. Né en 1523 à Tournai, protégé et secrétaire du Cardinal de Lorraine, plus tard de Christine de Danemark. Vers 1558 il est à Nancy où il s’affilie aux protestants. Plus tard ministre à Metz et à Strasbourg. Mort en 1580. Il connut Ramus, Bèze, Salel, Peletier, Herberay et Marot, et fut l’ami de Rabelais, cf. Revue de la Renaissance, t. I p. 32.
  9. Charles Fontaine, Parisien. Odes, enygmes et épigrammes. — Lyon Jean Citoys 1557.
    Vos clers-vifs esprits bien envers
    Montrent vos proses et beaux vers
    En notre langue maternelle :
    (Mais que ne di je paternelle ?)
    Beaux vers qui point ne tomberont
    Ainz toujours sur leurs piez seront
    Si non que la langue françoise
    Tombast un jour en escossoise.            (page 95.)
    D’autres vers du même auteur qui concernent M. Scève nous occuperont dans la deuxième partie de ce travail. — E. Roy. Charles Fontaine et ses amis. Revue d’hist. litt. t. IV p. 412.
  10. Registres consulaires.
  11. France protestante ; article Aneau.
  12. Moutarde, op. cit. p. 71.
  13. Oelsner, Herm. Dante in Frankreich. Berliner Beitrage XVI. 1898. p. 22.
  14. Abel Lefranc. Les dernières poésies de M. de Navarre.
  15. Le vain travail de voir divers païs
          Apporte estime à qui vagabond erre,
          Combien qu’il perde, à changer ciel et terre,
          Ses meilleurs jours, du temps larron trahis :
    Ce temps perdu peut aux plus esbahis
          Gaigner encor son mérite et acquerre
          Son loyer deu, que mieux peuvent conquerre
          Veille et labeur, d’oisiveté haïs.
    Ainsi errant dessous ce cours solaire
          Tardif, je tasche inutile à te plaire
          Ne mendiant de toy autre faveur.
    Ainsi le lys jà flestri refleuronne
          Et le Figuier rejette sur l’Autonne
          Son second fruit, mais vert et sans saveur.
    Les deux sonnets du Microcosme prouvent que Scève était à cette époque encore dans la pleine possession de sa force poétique.
  16. Excepté pourtant Rigoley de Juvigny (1772 !). Le Microcosme ou petit Monde est celui de tous les ouvrages de Scève qui lui a fait le plus d’honneur ; il est en vers héroïques, partagé en trois livres. Le sujet de ce poème est l’homme ; il montre dans son auteur de la philosophie et des connaissances, mais exprimées d’une manière fort obscure.
  17. Brief en toutes choses ce brave poète s’est monstre d’un esprit tant singulier qu’à bon droit nous le devons tenir pour admirable…
  18. Dans le Traité des lois abrogées de Philibert de Bugnyon (Lyon, B. Molin 1563), nous trouvons encore un sonnet liminaire de M. Scève, mais qui peut bien être composé à une époque antérieure.
  19. Matthieu et Benoît Scève. France protestante, t. I p. 555.
  20. Duverdier. Bibliothèque. J’ai parcouru le recueil des psaumes publié par Jean Poictevin. Tous sont anonymes, et il m’a été impossible de trouver des critériums pour distinguer ceux de Scève.