Mes paradis/Dans les remous/Ballade de l’orgueil

La bibliothèque libre.


XLIX

BALLADE DE L’ORGUEIL


Si tu veux gagner la bataille
De la vie, il faut être fier.
Les vaincus vont, ployant la taille,
Baissant le nez. Tel le frater
Qui dans ses doigts bave un pater.
Toi, marche l’air crâne, et soulève.
Pour marcher fort et pour voir clair,
L’orgueil flamboyant comme un glaive.

Frappe d’estoc, frappe de taille.
Coupe la queue à l’hydre, au ver.
Laisse dire à la bigotaille
Que ton arme est faite d’un fer
Sorti des forges de l’enfer.

Soit ! Pourvu que l’envie en crève,
Brandis, soldat de Lucifer,
L’orgueil flamboyant comme un glaive.

Ainsi qu’un tas de chiens qu’on fouaille,
Ou que la cendre au vent d’hiver,
Tu verras fuir la valetaille
Des sots qui t’ont pris pour leur pair.
Ces drôles te disaient « mon cher »,
Te tutoyaient d’une voix brève.
Plante-leur donc en pleine chair
L’orgueil flamboyant comme un glaive.

ENVOI

Prince, s’ils viennent, culs à l’air,
Conchier les fleurs de ton rêve,
Prends, pour les torcher d’un éclair,
L’orgueil flamboyant comme un glaive.