Mes paradis/Dans les remous/Ballade de la force

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LXXII

BALLADE DE LA FORCE


Le droit ! Qu’entends-tu par le droit ?
Mot creux, duperie et fallace !
On en parle ; mais nul n’y croit.
Où le prend-on ? Quelle est sa place ?
Chez le roi ? Chez la populace ?
Dans l’évangile de Jésus ?
Bah ! sur lui chacun se prélasse.
Quand il crie, on s’assoit dessus.

C’est un lampion qui décroît.
C’est un vieux canon sans culasse.
C’est un corsage trop étroit
Que la conscience enfin lasse
Pour se prostituer délace.

Après un tas d’affronts reçus,
Il est tombé dans la mélasse.
Quand il crie, on s’assoit dessus.

C’est un mort depuis longtemps froid,
Et qu’à l’envers on échalasse
Pour qu’il ait l’air droit à l’endroit.
Mais elles s’en vont en filasse,
Les lois dont on le matelasse ;
Et l’on rit comme des bossus
De cette roideur si mollasse.
Quand il crie, on s’assoit dessus.

ENVOI

Prince, et tu voudrais que j’allasse
Pleurer des culs qu’il a déçus !
La Force a le Droit pour paillasse.
Quand il crie, on s’assoit dessus.