Premiers pas en équilibre !
S’en aller devant soi, libre !
On était, contre la terre,
Le lierre pariétaire.
On y rampait sans relâche.
On se dresse. Elle vous lâche.
Un pied la quitte, puis l’autre.
Gestes de petit apôtre !
Bras ouverts et mains tendues
Bénissent les étendues.
Un frisson de peur qui passe !
C’est si grand, partout, l’espace !
Mais vite on se rassérène.
L’espace veut qu’on le prenne.
Si grand, oui ; mais peu farouche !
On en rit à pleine bouche.
On le prend en long, en large.
Gestes de soldat qui charge !
Bras ouverts et mains tendues
Conquièrent les étendues.
On n’est plus le patriarche
À la lente et grave marche.
On va plus vite, plus vite.
À courir il vous invite,
Cet espace où se révèle
Une volupté nouvelle.
On le boit, on le dévore.
On le prend encore, encore.
Cris ! Allure trébuchante !
Gestes d’ivrogne qui chante !
Bras ouverts et mains tendues
Se soûlent des étendues.
Dans le fluide mystère
On baigne, oubliant la terre.
Des pieds à peine on l’effleure.
On va la fuir tout à l’heure.
Libre ! Libre ! On la fuit, libre !
Voilà qu’on perd l’équilibre.
Bras ouverts et mains tendues
Qui battent les étendues
Ont l’air de vouloir vers elles
S’éployer comme des ailes.
Bébé ravi ! Maman folle !
Gestes d’oiseau qui s’envole !
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