Mesdames de la Halle
Mlle POIRETAPÉE, marchande de poissons et de légumes | MM. | Léonce. |
Mme MADOU, marchande de légumes | Désiré. | |
Mme BEURREFONDU, marchande de légumes | Mesmacre. | |
RAFLAFLA, tambour-major aux Gardes-Françaises | Duvernoy. | |
UN COMMISSAIRE | Guyot. | |
UN MARCHAND D’HABITS | Jean Paul. | |
CROÛTE-AU-POT, jeune gargotier | Mmes | Tautin. |
CIBOULETTE, jeune marchande de fruits | Chabert. | |
UNE MARCHANDE DE PLAISIR | Baudoin. | |
UNE MARCHANDE DE POIS VERTS | Byard. | |
UNE MARCHANDE D’ASPERGES | Kunzé. | |
UNE MARCHANDE DE FRUITS | Marie Cico. |
À l’avant-scène, à droite, la marchande de fruits avec son éventaire devant elle ; au deuxième plan, l’étal de Mme Beurrefondu couvert de légumes ; au troisième plan, l’étal de Mlle Poiretapée, avec des appliques simulant des poissons et des bourriches d’huîtres ; à l’avant-scène, à gauche, la marchande d’asperges avec son éventaire devant elle ; au deuxième plan, l’étal de Mme Madou, couvert de légumes ; la halle semble se continuer au fond par des appliques, et la toile, qui représente le marché. À droite et à gauche, devant les étals de Mmes Beurrefondu et Madou, se trouvent deux baquets.
Scène PREMIÈRE.
- Ach’tez nos légum’s et nos fruits,
- Ils n’sont pas chers, ils sont exquis.
- Vous n’pourriez pas dans tout Paris
- En trouver à plus juste prix.
- Voilà l’plaisir, mesdames, voilà l’plaisir !
- À la barque ! à la barque !
- Écaillère !
- Chapeaux à vendre !
- Vieux chap !
- Pois verts ! pois verts !
- À deux sous l’ tas, à deux sous l’tas !
- Voilà l’ plaisir, mesdames ?
- REPRISE. Voilà l’ plaisir !
- Ach’tez… etc…
- La botte d’asperges !
- V’là des pommes de terre ! des pommes de terre !
- Trois sous l’ quart !
- Voilà l’ plaisir, mesdames !
- Voilà l’ plaisir !
- À la barque ! à la barque !
- Écaillère !
- Ach’tez !… etc…
Scène II.
- Mais quel bruit se fait entendre ?
- Qui vient ici nous surprendre ?
- C’est le major Raflafla
- Le beau tambour !
- Halte là !
- Front ! align’ment ! montrez qu’ dans les gard’s-françaises,
- Tapins ! quel que soit le rang,
- On sait, en prenant ses aises,
- Mener de front, tambour battant,
- La gloire et le sentiment !
- Au beau jour de la mi-carême,
- Sur le marché des Innocents,
- Ra, fla, fla, fla, fla, fla, fla,
- Le plaisir z’est la loi suprême,
- On y tient des propos galants.
- Ra, fla, fla, fla, fla, fla, fla.
- À nos beautés sans égale ;
- À mesdames de la halle,
- Et chacun fait des souhaits.
- En leur z’offrant des bouquets.
- Ra, fla, fla, fla, fla, fla, fla.
|
bis |
- Viv’ ces beautés sans égale !
- Viv’ les dames de la halle !
- Le noble éclat du diadème
- N’y pare point de sa splendeur,
- Ra, fla, fla, fla, fla, fla, fla.
- Les attraits de celle qu’on aime !
- C’est le séjour de la candeur,
- Ra, fla, fla, fla, fla, fla, fla.
- On y trouv’ des choux, des carottes,
- D’ frais appas, des oignons en bottes
- C’est l’ paradis d’ Mahomet.
- Et j’viens offrir mon bouquet
- Ra, fla, fla, fla, fla, fla, fla.
|
bis |
- Viv’ ces beautés sans égale !
- Viv’ les dames de la halle !
(Il offre un bouquet aux Dames de la halle, qui lui font une gracieuse révérence. — Raflafla fait un commandement avec sa canne, à ses tambours, qui défilent devant le public et sortent par la gauche sur la reprise du chœur.)
- Ach’tez nos légum’s et nos fruits, etc.
(Tout le monde s’éloigne très-lentement, excepté Mme Madou et Mme Beurrefondu, qui restent en scène et s’occupent à leurs étals.)
Scène III.
Il me faut z’un magot de deux mille pour payer la cantine ; essayons d’attendrir le cœur de l’une de ces beautés…
Monsieur Raflafla, c’est-y bien pour nous cette sérénade ?
Oui, belles dames.
C’est d’une galanterie !
C’est z’à cette seule fin de fêter vos charmes, z’avec lesquels je suis incomparablement votre admirateur, Raflafla, tambour major du premier des gardes-françaises !
Ah ! monsieur Raflafla, vous êtes bien comprometteur !
Pourquoi z’êtes-vous si cruelle ?
Et que le colonel z’et la consigne le permettent superlativement !
Vous êtes un bel homme, monsieur Raflafla ; mais depuis que j’ai z’été z’abandonnée par mon gueusard d’époux, j’ai renoncé z’à l’amour… (Criant.) À la barque ! à la barque ! hareng qui glace ! à l’écailler ! (Elle remonte à son étal.)
C’est comme moi, depuis que j’ai z’été plantée là par mon scélérat d’homme, il y a dix-huit ans, un chenapan qui a z’évu ma première amour !… (Criant.) À trois sous les poires d’Angleterre, à trois sous ! belles bottes d’asperges !… (À un chaland.) Voilà, mon p’tit chou, voilà !… (Elle va à son étal. Pendant toute cette scène, on voit des chalands circuler au fond et s’arrêter aux étals des marchandes.)
C’était un homme de la haute, le valet de chambre d’un fermier général. (À part.) Ne disons pas que c’était z’un sergent au Royal-Pompon, faut faire du genre. (Haut.) lmaginez-vous, major, que mon gredin d’homme, qui me comblait de petits soins tous les matins et d’ renfoncements tous les soirs et que je le bourrais de grands coups de pied et de tendresse, m’a délaissée après six mois d’un bonheur sans nuage, mélangé d’amour et de calottes, en emportant notre unique enfant, qu’aurait dix-huit ans au jour d’aujourd’hui, qu’il l’aura z’emmenée en Valachitte pour en faire une odalisse ! Oh ! les hommes ! les gredins d’hommes !
Que les tambours-majors, belle Madou, sont généralement z’incompatibles de ces actions incongrues ! (Bas.) Et que je brûle avec incandescence d’unir mon sort z’au vôtre et à vos… deux mille livres d’économie !
Ne me parlez pas d’amour, major ; ne tendez point z’un piége à ma faible vertu !
Et que si vous vouliez tant seulement z’entendre la barcarolle du Soleil et de Chloé, que j’ai composée noqueturnement pour vous ?
Voilà, ma p’tite mère, voilà !
N’aurait-elle point z’un magot de deux mille ?
Va donc, merlan ! avec ta face de carême ! T’as pas le sou, vieux grigou ! Va donc t’ coucher, vieux pané !… (Revenant à Raflafla.) Comme je vous l’ disais donc, major, j’ai z’uni mon destin, il y a dix-huit ans, à un chenapan, un homme bien aimable, qui m’bourrait de calottes et qui mangeait mon saint-frusquin. C’était un homme cossu, un commis aux gabelles. (À part.) Cachons que c’était un sergent du Royal-Dauphin ; faut faire sa mousse.
Que les tambours-majors, belle Beurrefondu, n’ont jamais z’agi aussi cavalièrement z’avec les dames ; et que c’est z’avec vous que je voudrais indéfinablement partager ma vie, mes seize sous par jour et votre magot de… trois mille livres.
Major, vous êtes séduiseur ; mais c’est pas quand on a z’été plantée là par son ravisseur, qui a z’emporté z’avec lui une fille charmante qu’il m’a ravite à l’âge de trois mois, et que depuis dix-huit ans je n’ai plus entendu parler d’eusse, qu’on redonne dans la rocambolle.
Et que si vous vouliez seulement z’entendre le chant d’amour du Soleil et de Cydalise, que j’ai composé noqueturnement pour vous ?…
Vous allez m’ternir, major ; on nous écoute.
Serait-ce z’une défaite, et n’aurait-elle pas un magot de trois mille ?
Voyez donc madame pincée, avec son nez maquillé ! Va donc te coucher, vieille poupée, t’as pas d’ quoi payer !…
Ô Cupidon ! sur laquelle jeter le grappin de mon cœur ?
Ah ! si le major connaissait l’objet de ma tendresse, il serait furieux !… Cachons bien ma toquade pour le jeune Croûte-au-Pot.
Dissimulons ma flamme pour ce jeune gargotier… Le major est jaloux, il pourrait le détériorer !…
Scène IV.
- Ma Ciboulette,
- Que l’amour guette,
- Ah ! viens en cachette
- Écouter ma voix tendre,
- Qui seul’pourra t’apprendre,
- Loin de tout jaloux,
- Ce secret si doux !
- Combien mon cœur, rempli d’émoi,
- Bat près de toi, de toi, de toi !
- Ma Ciboulette,
- Ma Ciboulette,
- Combien je regrette
- De ne pouvoir te dire,
- Dans mon cruel martyre,
- Mes affreux tourments
- De tous les instants !
- Combien mon cœur, rempli d’émoi,
- Bat près de toi, de toi, de toi !
C’est lui ! ô mon cœur !
Croûte-au-Pot ! oh ! j’ai des fourmis dans les mollets !…
J’ai laissé mon gâte-sauce à la broche et mon mitron dans la friture… Ô amour ! tu me fais négliger mes ragoûts !… Mais Ciboulette est si jolie !…
Vot’ servante, jeune homme.
Bien la vôtre, monsieur Croûte-au-Pot.
Bonjour, mesdames, bonjour ! (À part.) Pas encore arrivée, à neuf heures… Ah ! Ciboulette, vous mettez mon cœur à une sauce bien piquante !
Arrangeons mon casaquin.
Qu’est-ce qu’il vous faut à ce matin, jeune homme ?
Rien, mame Beurrefondu, toutes mes provisions sont faites.
Il n’y a rien dans votre panier ; voulez-vous des navets frais comme la rosée ?
J’ai des poireaux superbes à deux sous le tas.
Il ne m’en faut pas.
Prenez les miens, mon amour, je vous les donne pour un sou. (Elle lui en met une botte dans son panier.)
Mais puisque je n’en veux pas !
J’vous donne mon ail, à l’œil, mon ange ! (Elle lui en fourre une botte dans son panier.)
Mais, sapristi ! mame Beurrefondu, voulez-vous reprendre votre ail et vos poireaux ?
Appelle-moi Cydalise l (À part.) Je me déclare, tant pis !
Il saura tout. (Bas, l’attirant à elle.) Ah ! jeune homme, si tu savais ! si tu savais ! (Avec passion.) Appelle-moi Chloé !
Qu’est-ce qu’elles ont donc, ces deux vieilles toquées ?
À toi, tous mes choux ! (Elle lui en met dans son panier.)
À toi, toutes mes carottes ! (Elle lui en fourre dans son panier.)
Accepte mes navets, et je te louerai une petite maison. (Elle lui en fourre dans son panier.)
Reçois mes artichauts, et je te donne une chaise à porteur… je te ferai faire mon portrait à l’huile… avec deux laquais… (Elle fourre des artichauts dans son panier.)
Mais, sacrebleu ! à la fin !
Ah ça ! (Elles se trouvent nez à nez.) Quand aurez-vous fini de m’enlever ma pratique, vous ?
C’est vous qui m’enlevez la mienne, madame !
Il est à moi, nous verrons bien si vous l’avez !
À la boutique !
Voilà, mon amour, voilà !
C’est z’une infamie ! ce jeune homme fait partie de ma clientèle… Viens, mon petit bonhomme, viens dans ma hotte… (Elle l’emporte et va le déposer dans une hotte qui est près de son étal, dans la coulisse.) Reste là, mon bonhomme, et fais un somme.
Au secours ! je me disloque !…
Venez donc le chercher, vot’ gargotier ! il est dans l’ panier.
Si ça m’fait plaisir, on ne vous craint pas, mame l’Embarras.
Ni vous non plus !… mame la Vertu.
Scène V.
J’enlève le petit drôle et je le mets sous cléfe. (Il passe les bras dans les courroies de la hotte.)
Je défendrai mes chalands !
Je défendrai les miens !
Arrêtez !… arrêtez !… (Raflafla, la hotte sur le dos, sort par la gauche.)
Scène VI.
Et vous, madame Couperose, une pas grand’chose ; si je ne me retenais, mon minet, je te donnerais du balai !
Prenez donc garde ! l’amadou s’enflamme ! la v’là qui se pâme !
Si je n’étais pas une femme comme il faut, j’vous ficherais mon poing sur la gueule, bégueule !
À trois sous les poires d’Angleterre, à trois sous !
Eh bien ! viens-y donc ! beau trognon ! Et allons donc ! voilà de quoi faire du bouillon ! (Elle prend un chou et veut le lui jeter à la tête.)
Tiens ! tiens ! v’ là pour te bassiner l’œil, ça l’ mettra en deuil. (Elle va le lui jeter à la tête.)
Qu’est-ce que c’est ? une peignée ! Ah ! mesdames ! mesdames ! vous déshonorez le carreau de la halle ! (Elle les sépare.)
Mademoiselle Poiretapée, c’est elle qui m’enlève ma clientèle !
C’est pas vrai, c’est elle qui m’enlève le jeune Croûte-au-Pot.
Croûte-au-Pot ! pour qui j’ai un béguin. (Haut.) Se battre pour un homme, et un jeune homme encore ! Ah ! fi ! mesdames ! vous êtes deux dévergondées.
Tiens ! voyez donc c’te mijaurée qui fait sa sucrée !
En v’là une sainte-ni-touche avec sa bouche en cœur ! Voyez vous c’t’horreur, qu’est laide à faire peur !
Mesdames, j’ai été rosière de Nanterre, et je ne me commets pas avec des gourgandines. Adieu !
À la garde ! à la garde !
Et va te faire coiffer, mal peignée !
À la garde ! à la garde ! au commissaire !… (Elles se battent, et l’éventaire de Poiretapée tombe avec toute la marchandise.)
Scène VII.
- Quel est ce vacarme infernal ?
- Qu’on paraisse à mon tribunal !
- C’est moi, monsieur le commissaire,
- Qu’on insulte.
- Il faut se taire.
- Écoutez-moi, mon commissaire.
- Paix !… Paix !…
- N’écoutez-pas cette mégère !
- Paix !… paix !…
- Vengez-moi, mon commissaire.
- Paix !… paix !…
- Je vais vous conter l’affaire.
- Paix ! paix !
- Grand Dieu ! quel accident !
- Au secours !
- Ah ! quel événement !
- Quel triste événement !
(Les Soldats retirent le Commissaire du baquet.)
- Excusez-nous !
- Pour leur peine,
- Au poste qu’on les entraîne !
- Au poste !
- À l’instant !
LE COMMISSAIRE.
|
LES TROIS FEMMES et CIBOULETTE.
|
(On entraîne les trois femmes, qui se débattent ; au moment de sortir, Poiretapée donne un croc-en-jambe au Soldat, qui se laisse choir ; tout le monde sort par la gauche, sauf Ciboulette.)
Scène VIII.
- Quel bruit et quel tapage !
- Mais cet événement
- Ne doit pas m’empêcher de me mettre à l’ouvrage,
- Il est tard, et c’est le moment
- Où va venir le chaland
- De toute part,
- AIR. Car :
- Je suis la petite fruitière
- Que jalousent tous les marchands ;
- Ma boutique est cell’ qu’on préfère
- Dans le marché des Innocents.
- Je vois accourir à la ronde,
- De tous les quartiers de Paris,
- Des bourgeois et des gens du monde
- Qui viennent admirer tous mes fruits.
- Par-ci, par-là, chacun m’adresse
- En passant, quelque compliment,
- Auquel aussitôt je m’empresse
- De répondre bien poliment :
- Je suis la petite fruitière
- Que jalousent tous les marchands ;
- Ma boutique est cell’ qu’on préfère
- Dans le marché des Innocents.
- Je compte dans ma clientèle
- Des abbés coquettement mis,
- Et plus d’un coureur de ruelle,
- Des financiers et des marquis !
- Un seigneur que l’amour entraîne,
- Me dit-il : « — De grâce, aime-moi !
- — Moi ? je me ris de votre peine !
- — Toute ma fortune est à toi !
- — Monseigneur, cessez ce langage.
- Pour un mari je garde mon cœur ;
- Car je suis une fille sage,
- Et des plus sages, monseigneur !
- Allez porter à vos duchesses
- — Vos hommag’s. — Cède à mon ardeur.
- — Ell’répondront a vos tendresses…..
- — Quoi ! tu refuserais mon cœur ?..
- — Je suis la petite fruitière, etc. »
Scène IX.
Il s’est z’échappé, le gringalet !
Qui cherchez-vous donc, major ?
Qui je cherche, la belle ? C’est ce grain de sel qui m’enlève le cœur de toutes les dames de la halle.
Je ne sais ce que vous voulez dire, major.
Il s’est réfugié par ici ; et que si je le rencontre, je le coupe par morceaux, ce marmiton du diable !
C’est de monsieur Croûte-au-Pot que vous parlez ?
Tout juste, la belle enfant. Est-ce qu’il vous ferait la cour aussi ?
Oh ! major !
Et que chaque fois que je la rencontre, j’aurais envie de l’embrasser… finalement. (Il lui prend la taille.)
Finissez, ou je me fâche !… (À part.) Il n’est pas jeune, pas beau, mais c’est égal, quand je le vois, mon cœur fait tic tac !
Elle est gentille, cette petite fleur ! et près d’elle mon cœur bat la générale !… Et que si l’on voulait s’en donner la peine, on la subejuguerait comme toutes les autres… Mais pas de bêtises… songeons au solide.
Adieu, major, je vais à mon étal.
Mes hommages à la beauté !
Allons chercher Croûte-au-Pot. (Elle sort par la gauche.)
Scène X.
On m’a relâchée… La Beurrefondu et la Madou iront aux galères, c’est arrangé… J’ai donné dans l’œil au commissaire, qui a z’évu une toquade pour moi et qui m’a payé un petit verre… Je suis toute guillerette ! toute folichonnette ! (Elle tourne sur elle-même.) V’là la petite marchande !
Attention !
Encore le tambour-major !… depuis quelques jours il rôde souvent autour de ma personne…. (Le regardant.) C’est drôle !… (Haut.) Dites donc, major, est-ce que vous n’avez pas habité Vaugirard ?
Hein !… jamais… (À part.) Diable !
Cet animal me rappelle… Ô mes souvenirs ! mes souvenirs !…
Elle n’est pas de première ni de seconde jeunesse… mais quand la fortune z’y est… Allons-y et carrément !… (Haut.) Je profite, belle Poiretapée, de l’occasion z’imminente qui se présente inopinément de vous expliquer instantanément la flamme dont je consume sur toute la ligne pour vous, qu’on croirait z’encore à la fleur des ans !…
Major, ne me parlez plus de ça. Vous êtes bel homme, c’est vrai, malgré votre balafre…
Un peu détérioré par la découpure qui m’a z’enlevé de mes charmes…
Et susceptible encore de faire le bonheur du sesque timide et tendre…
Que je le présuppose agréablement, attendu que j’ai formé le vœu solennel de partager z’avec vous mon bonheur et votre magot de…. quatre mille livres, ainsi que d’unir indestructiblement nos destinées…
Et que je m’en vais vous roucouler la complainte de mon cœur, le Soleil et Célimène, que j’ai composée pour vous noqueturnement.
Une complainte pour moi ?…
La voilà placée !… (Haut.)
- Vous êtes la lune
- Qui brille dans mon firmament :
- Vous êtes la lune
- Dans son vaporeux vêtement.
- Mais quelle infortune !
- Une ombre trop souvent,
- Toujours importune,
- Vous cache en m’empêchant.
- D’admirer la lune
- Au plus beau moment !
- Ah ! si de la lune
- Je pouvais être le soleil,
- J’aimerais la lune
- Brillante d’un éclat vermeil.
- Le soir, à la brune,
- Ô bonheur sans pareil !
- Sans ombre importune,
- Dans un simple appareil,
- On verrait la lune
- Épouser le soleil !
Êtes-vous contente, ô Célimène ?
Certainement, major ; le soleil pourrait épouser la lune, ce serait très-joli, et ce mariage-là me ferait plaisir à voir ; mais je dois vous prévenir que si mes charmes sont à leur apogée ma fortune est à son déclin…
Diantre !
Et puis, j’ai juré de mourir rosière, et je ne puis donc participer à votre amour, ni rien partager avec vous.
Pour lors, je retourne z’au quartier.
Rosière ! (À part.) Je lui colle une colle : je ne mourrai pas rosière, mais je serai fidèle à mon béguin ! (Haut.) Payez-vous quelque chose, major, malgré mes rigueurs ?
Je vous offre un verre de riquiqui, chez le liquorisse. Le Français z’est généreux et galant. (À part.) Je la lâcherai z’en l’Oute. (Ils sortent par la gauche, bras dessus, bras dessous, en fredonnant : Vous êtes la lune, etc.)
Scène XI.
(Ils entrent de droite.)
Ce vilain major m’avait fourré au violon ; mais je me suis en sauvé par la fenêtre… Je craignais que vous ne vinssassiez pas ce matin, chère Ciboulette !
Je vas vous dire, c’est que je me suis fait dire la bonne aventure sur le Pont-Neuf, et on m’a dit que j’épouserais un jeune serin.
Ô bonheur ! le jeune serin, c’est moi qui vous adore !
C’est-y bien vrai, ça ?
Ah ! Ciboulette !
- Oui, mon bonheur, le bonheur que je rêve,
- Ô Ciboulette ! est d’être votre époux !
- Si c’est un rêve, ah ! bientôt qu’il s’achève,
- Et le réveil nous sera des plus doux !
- Espoir charmant, dont mon âme est ravie !
- Cette union embellira ma vie !
- Ah ! que mon sort va faire de jaloux !
- CROÛTE-AU-POT.
Ah ! que mon sort est doux !
- À ce charmant mariage
- Le plaisir présidera.
- Quel bruit, quel chant, quel tapage !
- Vraiment, je m’y vois déjà.
- (bis) ! Nous rirons bien
- Ah ! quel bonheur sera le mien !
- Heureux présage !
- Notre ménage
- Du dieu d’amour
- S’ra le séjour !
- Idole de ma vie,
- Crois bien que ton amie
- Te chérira sans cé…
- Sans cé… cé…
- Sans cé… cé…
- Sans cérémonie !
- Heureux présage ! etc.
- Et cet heureux lien,
- Tous les ans pourra bien
- Voir naître un p’tit ci…
- Un ci… ci…
- Un ci… ci…
- Un petit citoyen !
- N’est-ce pas qu’ ce s’ra gentil,
- Et que tout ira bien ?
- Oh ! oui, ça s’ra gentil,
- Ici tout ira bien !
- C’est charmant !
- C’est charmant !
- Heureux présage ! etc.
(À la fin du duo, il l’embrasse.)
Scène XII.
J’ai fait la conquête du caporal, qui m’a mise à la porte ; la Poiretapée sera condamnée z’a mort ! (voyant Croûte-au-Pot embrasser Ciboulette.) Oh ! escandale ! qu’ai-je vu ?…
Madame Beurrefondu ! filons ! (Haut à Ciboulette.) Je reviens au galop. (Il sort par la gauche, en courant.)
Eh bien ! après tout, où est le mal ? On peut bien s’ laisser embrasser par son futur.
Son futur ?… Jamais je ne permettrai que vous épousassiez ce jeune homme.
Nous n’attendons que le consentement de mes parents pour nous marier ; ça sera peut-être difficile, vu que j’suis orpheline de naissance.
Eh bien ! qu’on vienne me consulter, j’en dirai de belles ! Une jeunesse qui se laisse embrasser par des jeunes gens sur le carreau de la halle !…
Je ne crains rien ; et si je retrouvais seulement mon père, qu’était sergent de grenadiers…
Comment ! votre père était sergent ?…
Et qui m’a laissée en plan pour les mois de nourrice qu’il n’a pas payés, en partant pour l’autre monde, après m’avoir fait ses adieux…
Quel soupçon !… (A Ciboulette.) Quel est ton âge ?
Dix-huit ans, aux haricots verts prochains.
Ton sesque ?
Féminin.
Et t’es native ?
De Vaugirard !
Ah ! un canapé ! une bergère ! je m’affaisse ! (Elle tombe dans le baquet placé à droite.)
Dieu ! au secours !
Scène XIII.
Retirons là des flots. (Elle la retire du baquet.)[17]
Je suis t’une éponge !… (Ton de mélodrame.) Ah ! la Poire… (Elle lui frappe sur la poitrine.)
Tapez pas là !
Si vous saviez !… un sergent !… ma fille !…
Un sergent est sa fille !
Jette-toi sur mon cœur de mère ; t’es ma fille !
Sa fille !
Ma mère ! (Elle se jette dans les bras de Beurrefondu.)
Quelle immortalité !
Oui, tu es mon enfant ! Ah ! que c’est donc bon d’embrasse son enfant !… Reste épanchée sur mon sein gauche !
Ah ! ma mère, quel bonheur de vous rencontrer !
Qu’elle est jolie ! c’est tout mon portrait !
Horreur !
Mais par quel hasard… comment se fait-il ?
C’est z’une targédie de monsieur Molière ; c’est z’un roman de monsieur de Corneille. Je te conterai ça une autre fois. Je cours chercher ton amoureux, que je te ramène pour vous bénir. (À Poiretapée.)[19] Si on vient me demander, tu diras que je suis à me sécher chez le marchand de vin. Ah ! que c’est donc bon de retrouver son enfant ! (Elle sort par la gauche.)
Et moi, je vais apprendre ça à ma portière, qui m’a servi de seconde mère. Ah ! que c’est donc bon d’être la fille de quelqu’un ! (Elle sort à droite.)
Scène XIV.
C’est affreux ! affreux ! Une mère marâtre qui abandonne son enfant ! Je m’en vas conter ça à toute la halle !…
Libre ! libre !… (Entrant par la droite.) La sentinelle m’a fait un doigt de cour, je lui ai payé un petit verre, et elle m’a délivrée…
Vous ne savez pas tout le tapage, tout le bruit, toute la musique qui se fait ici ?
Puisque je sors du violon !
Ah ! il se passe des choses ! des choses !… c’est une horreur à faire frissonner !…
Qu’est-ce qu’il y a donc ?
Il y a que tous les sergents sont des monstres !…
Et que la Beurrefondu a fait une faute, qu’elle a manqué à tous ses devoirs de femme et de mère ; c’est à faire pleurer la fontaine des Innocents. Je n’lui parle plusse. Elle a un enfant qu’on présuppose sa fille, belle comme le jour, qu’a dix-huit ans, abandonnée par sa famille en pleurs, en pays étranger, qu’on a retrouvée dans les carrières de Montmartre, cachée dans un bonnet à poil qui l’avait enlevée de chez sa nourrice, qu’a été condamnée aux travaux forcés pendant quinze ans… C’est un sergent qui l’a gardée neuf mois dans son sein, en mil sept cent soixante-neuf… l’année de la comète… l’année de la comète !…
Un sergent !… Montmartre !… bonnet à poil !… l’année de la comète !…
Et cette victime…
C’est ?
Ci…
Ci…
Boul…
Boul…
Lette !…
Lette !… Ciboulette !…
Qu’a z’été volée en nourrice !…
Je m’évanouis !… (Elle tombe dans le baquet que à droite.)
Scène XV.
Retirons-la des flots !… (À part.) Je demanderai la médaille !…
Bien obligée, major ! J’viens d’attraper un rhume de cerveau… (Elle éternue.)
Quelle est la cause de cette immersion subite et imprévue, belle Madou ?
Vous ne savez pas ?… (Elle éternue.) Ciboulette… (Elle éternue.) n’est pas l’enfant…. (Elle éternue.) de la Beurrefondu !… (Elle éternue.)
La Beurrefondu était donc sa mère ?
De qui donc qu’elle est la fille ?
Vous demandez de qui elle est la fille ?
Oui.
C’est la mienne !
Ô prodige !
Renouvellement de surprise !…
J’ai tout dit à ma portière ; elle est dans le ravissement !
Comment ?
Celle qui t’a portée dans ses entrailles…
Eh bien !
La voilà !
Est-il possible ?…
Jette-toi sur mon sein droit ! tu es ma fille !… (Ciboulette se jette dans les bras de Mme Madou.) Qu’elle est belle ! c’est tout mon portrait !… Ah ! que c’est donc bon de retrouver son enfant !…
Quelle scène émouvante ! quelle scène émouvante !…
Mon plumet z’en frémit !…
Scène XVI.
Ah ! Ciboulette ! quelle joie ! Que viens-je d’apprendre ?…
Ma fille, v’là ton futur, que j’ai z’arraché du gril !…
Sa fille !…
Elle n’est plus votre fille !
Elle n’est plus ma fille ?
C’est l’enfant de la Madou.
Quel est cet escamotage ?
On veut me voler mon enfant !…
Voler un enfant ! Qu’est-ce qui parle de voler un enfant ?
Monsieur le commissaire, elle veut me ravir ma fille !
Ravir une fille !
Monsieur le commissaire, elle veut me ravir mon enfant !
Ravir une enfant à sa mère !
Viens, ma fille, te réfugier dans mon giron !…
Viens, mon enfant, t’abriter sous mon aile !… (Elle la tire à elle.)
Quel drame ! quel drame !…
Mon Dieu ! quel embarras !…
Voilà qu’elle a deux mères z’à présent !…
Que faire, monsieur le commissaire ?
Que faire ?
Que faire ?… Donnez-moi d’abord une chaise, que je réfléChisse !… (Le Commissaire s’asied au milieu ; tout le monde l’entoure.)[26]
- Je défendrai mon enfant !
- Je défendrai mon enfant !
- Ell’s s’arrachent leur enfant !
- De qui donc suis-je l’enfant ?
- De qui donc es-tu l’enfant ?
- [27] L’enfant que j’ai dans mon flanc…
- L’enfant que j’ai dans mon flanc…
- Nourri de mon propre sang…
- Nourri de mon propre sang…
- Comme le grand pélican blanc !
- [28] Comme le grand pélican blanc !
- Hélas ! comment donc faire
- Pour retrouver ma mère ?
- Hélas ! comment donc faire
- Pour retrouver sa mère ?
- Ran tan plan, ran tan plan,
- Ran plan, ran plan, ran plan !
- [29] Mon âme se déchire !
- Ah ! quel cruel martyre !
- Ran tan plan, ran tan plan,
- Ran tan plan, plan, plan, plan !
- Allons, fille coupable,
- Allons, fille coupable,
- Quelle mère choisis-tu ?
- Quelle mère choisis-tu ?
- Ô nature !
- J’admire tes travaux !
- Tu donn’s la nourriture
- Aux plus petits oiseaux !
- Un’mère et la pâture
- À tous les animaux !
- Je r’noncerais à la vie
- Plutôt qu’à mon enfant !…
- On m’arracherait la vie,
- Plutôt que mon enfant !…
- Mon âme se déchire !
|
à la vie |
|
|
- Hélas ! comment donc faire, etc.
- Dis-nous, fille coupable,
- En ce jour mémorable,
- Quelle mère choisis-tu ?
- Le secret redoutable
- D’ ma naissance coupable
- M’est encore inconnu !
- Ô nature !
- J’admire tes travaux !
- Tu donn’s la nourriture
- Aux plus petits oiseaux !
- Un’mère et la pâture
- [32] À tous les animaux !
Il faut pourtant savoir laquelle de vous deusses est sa mère !
Que faire ?…
On me peut pas la couper z’en trois !
Ô Salomon ! inspire-moi.
Salomon n’est pas nécessaire. (À Ciboulette) (Ton de drame.) As-tu la croix de ta mère ?
A-t-elle la croix de sa mère ?
Elle doit avoir la croix de sa mère !
Comment ! la croix de sa mère ?
Montre la croix de ta mère !
Je n’ai pas la croix de ma mère.
Horreur !
Mais j’ai peut-être un moyen.
Elle a un moyen ?…
Elle a un moyen ?…
Lequel ?…
Une lettre que j’ai reçue de mon père quand j’étais en nourrice.
Une lettre !
Merci, mon Dieu !
Cette missive, où est-elle ?…
Va la chercher.
Je la porte sur moi depuis l’âge de trois mois. (Elle tire une lettre de son sein.)
Voilà une enfant soigneuse !
Il faut la communiquer z’à l’autorité.
Monsieur le commissaire, voulez-vous nous la lire. (Elle lui donne la lettre.)
Je n’ai pas mes lunettes ; à vous, major.
Je n’ai pas ma canne ; à vous, belle Madou.
Comme c’est gros !… je ne sais lire qu’en fin !
C’est trop fin… je ne sais lire qu’en gros.
Comme c’est moyen !… je ne sais lire que dans Mathieu Laensberg !
Vous êtes tous d’une ignorance crasse… je ne sais pas lire du tout !
C’est beaucoup mieusse !…
À vous, jeune gargotier, qui avez été élevé dans la graisse, vous devez avoir de l’érudition. (Elle lui remet la lettre.)
Mâche… mâ chre… ma chère fille !
Sa fille !
Il paraît que c’est de son père !
« Ma chère fille, je m’expatrie pour une garnison inconnue, z’où je vais casser ma pipe… »
Il est fumé !
« À ce moment sup… suprême, je te reconnais pour mon enfant… »
Son enfant !
« Porte de mes nouvelles à ta mère, Célimène Crapuzot, dont je ne sais pas l’adresse, et que tu ne connais pas encore ; ton père qui fait son paquet pour l’autre monde, avec lequel z’il est pour la vie, — Larissole, — sergent aux gardes-françaises. »
Ah ! (Elle tombe dans le baquet, à gauche.)[34]
Oh ! (Il tombe dans le baquet de droite.)
- Quel prodige s’opère !
- Tous deux tombent par terre !
- Ma fille ! je suis ta mère !
- Ma mère !
- [35] Sa mère !
- Ma fille !… je suis ton père !
- Mon père !
- Son père !
- Son père !
- Sa mère !
- Sous le bonnet de ce tambour majeur,
- Je reconnais mon lâche séducteur !
- Il est son séducteur !
- Ô destin, pas de chanc’ ! c’est jouer de malheur !
- Je retrouv’ la beauté qui fit battre mon cœur !
- Allons, parlez, caporal,
- RAFLAFLA, à Poiretapée.[36]
Expliquez-nous ce mystère infernal.
- Le sergent Larissol, qui t’donna son amour,
- Dev’nu tambour-major, sans tambour ni trompette,
- Pour suivre la consign’, dut partir un beau jour,
- En secret, d’ Vaugirard, emportant Ciboulette.
- Plus de doute,
- C’est ton père !
- Plus de doute,
|
son ton père ! mon |
- Beau tambour,
- Je suis bonne !
- J’te pardonne,
- Et j’t’ redonne
- Mon amour !
- Elle est bonne !
- Elle pardonne
- Et lui r’donne
- Son amour.
- Major, mon tourment est extrême,
- Accordez-moi vot’ fille que j’aime.
- Maman, mon tourment est extrême,
- Donnez-moi Croûte-au-pot que j’aime !
- La flamme de ces deux enfants
- Me rappelle notre bon temps.
- Toujours aussi fraîche et jolie,
- Je retrouve ma tendre amie ;
(À part.)
- Quel dégommage !…
- Ô beau tambour !
- Comme au beau temps de notre amour,
- Je te retrouv’ mince et fluet.
(À part.)
- Dieu ! qu’il est laid !
- Puisque tu l’aimes tendrement
- Nous te l’accordons carrément !
- Elle est bonne, etc.
- Mais j’entends le tambour !…
- Que les jeux et les ris règnent en ce séjour !
- Que les jeux et les ris règnent en ce séjour !
(Il va se mettre à la tête des tambours qui entrent en scène. — Arrivée des Marchands et Marchandes de la halle. — Tous les personnages en scène exécutent une fricassée, avec accompagnement de tambours. Après le ballet.)
- Je retrouve un père, une mère,
- Et j’ vais épouser mon amant !
- Ra, fla, fla, fla, fla, fla, fla.
- Ell’ retrouve un père, une mère,
- Pour son cœur, c’est un doux moment !
- Ra, fla, fla, fla, fla, fla, fla.
- Ah ! consolez ces commères !
- Fait’s nous d’venir centenaires !
- Messieurs, applaudissez tous !
- Pour nous c’est un bruit bien doux !
- Ra, fla, fla, fla, fla, fla, fla.
- Viv’ ces beautés sans égale !
- Viv’ les dames de la halle !
- Viv’ ces beautés sans égale !
- Viv’ les dames de la halle !
- ↑ Marchande, Madou, Poiretapée, assises à leurs étals, Beurrefondu, Marchande.
- ↑ Marchandes, Madou, Poiretapée, Marchande, Raflafla, Marchande de plaisirs, Beurrefondu, Marchand d’habits, Commissaire.
- ↑ Madou, Poiretapée, Marchande, Raflafla, Marchande de plaisirs, Marchands d’habits, Beurrefondu, Marchande, Commissaire.
- ↑ Mme Madou, Raflafla, Mme Beurrefondu.
- ↑ Madou assise, Croûte-au-Pot, Beurrefondu assise.
- ↑ Madou, Beurrefondu.
- ↑ Madou, Poiretapée, Beurrefondu.
- ↑ Ciboulette, Madou, Poiretapée, Commissaire, Beurrefondu.
- ↑ Premier Soldat, Poiretapée, Madou, Beurrefondu, deuxième Soldat, Commissaire, Ciboulette.
- ↑ Ciboulette, Raflafla.
- ↑ Raflafla, Ciboulette.
- ↑ Raflafla, Poiretapée.
- ↑ Poiretapée, Raflafla.
- ↑ Croûte-au-Pot, Ciboulette.
- ↑ Ciboulette, Croûte-au-Pot.
- ↑ Croûte-au-Pot, Ciboulette, Beurrefondu.
- ↑ Ciboulette, Poiretapée, Beurrefondu.
- ↑ Poiretapée, Ciboulette, Beurrefondu.
- ↑ Poiretapée, Beurrefondu, Ciboulette.
- ↑ Poiretapée, Madou.
- ↑ Poiretapée, Madou, Raflafla.
- ↑ Poiretapée, Ciboulette, Madou, Raflafla.
- ↑ Poiretapée, Croûte-au-Pot, Beurrefondu, Ciboulette, Madou, Raflafla.
- ↑ Poiretapée, Croûte-au-Pot, Beurrefondu, le Commissaire, Ciboulette, Madou, Raflafla.
- ↑ Poiretapée, Croûte-au-Pot, Beurrefondu, Ciboulette, Madou, Raflafla, Commissaire.
- ↑ Poiretapée, Croute-au-Pot, Beurrefondu, Commissaire, Ciboulette, Madou, Raflafla.
- ↑ Croûte-au-Pot, Beurrefondu, Poiretapée, Raflafla, Madou, Ciboulette, le Commissaire au milieu.
- ↑ Raflafla, le Commissaire, Poiretapée, Beurrefondu, Madou, Croûte-au-Pot, Ciboulette.
- ↑ Raflafla, le Commissaire, Poiretapée, Beurrefondu, Madou, Croûte-au-Pot, Ciboulette.
- ↑ Raflafla, le Commissaire, Croûte-au-Pot, Ciboulette, Beurrefondu, Poiretapée, Madou.
- ↑ Beurrefondu, Poiretapée, Madou, Croûte-au-Pot, Ciboulette, Raflafla, Commissaire.
- ↑ Poiretapée, Croûte-au-Pot, Beurrefondu, Ciboulette, Madou, Raflafla, Commissaire.
- ↑ Poiretapée, Beurrefondu, Ciboulette, commissaire, Croûte-au-Pot, Madou, Raflafla.
- ↑ Poiretapée, Beurrefondu, Croûte-au-Pot, Ciboulette, Commissaire, Madou, Raflafla.
- ↑ Poiretapée, Ciboulette, Beurrefondu, le Commissaire, Madou, Croûte-au-pot, Raflafla.
- ↑ Croûte-au-Pot, Commissaire, Poiretapée, Ciboulette, Raflafla, Beurrefondu, Madou.
- ↑ Commissaire, Croûte-au-Pot, Raflafla, Ciboulette, Poiretapée, Beurrefondu, Madou.
- ↑ Commissaire, Marchandes, Raflafla, Croûte-au-Pot, Ciboulette, Poiretapée, Beurrefondu, Madou, Marchand d’habits.