Modernités/Le Crépuscule des Dieux/Névrose

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E. Giraud et Cie, éditeurs (p. 119).


NÉVROSE


À Karl Joris Huysmans.


Dans la chambre au plafond vert de mer, aux tons rares
D’anciens damas rosés, brochés de vieil argent,
Svelte et pâle, onduleux et le regard méchant
Il songe à des objets raffinés et barbares.

Drapé de gazes d’or et d’antiques simarres,
Un buste en bronze vert aux yeux d’émail changeant
Garde au fond de la pièce un mutisme outrageant.

Une main ossifiée aux doigts longs et bizarres
Écorche le bois peint d’un rebec.
Écorche le bois peint d’un rebec.Un Amour
De Saxe, tout fardé de roses Pompadour,
Grimpe aux fémurs hideux d’un squelette d’ivoire

Et lui veule, esseulé, dans un complet de moire
Blanche, appuie au fauteuil un front brûlant et lourd
Qui ne peut plus aimer et ne voudrait plus croire.