Modernités/Parisiens/Parisienne

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E. Giraud et Cie, éditeurs (p. 108-109).


PARISIENNE !


À Armand Silvestre.


Comme autant de jolis oiseaux,
Nichés dans les valenciennes,
Charmants, les fils des Parisiennes
Gazouillent d’Auteuil à Monceaux,

Pleins de hauteurs patriciennes,
Nimbés d’or sous leurs grands chapeaux
Ils ont des airs d’enfants royaux
Des peintures vénitiennes.

Avec des dédains d’étourneaux
Ils discutent comédiennes,
Rente et valeurs tunisiennes,
Et faits divers des grands journaux


Et, méprisant les plébéiennes
Dans leurs affreux petits sarreaux,
Tandis qu’ils sont froids et fiérots,
Les vrais beaux fils des Parisiennes,

Le couturier aux fins ciseaux,
Qui taille dans la soie ancienne
Leurs toilettes comme la sienne,
Passant au trot de ses chevaux
Des Parisiennes de Monceaux
Est encor la plus Parisienne !