Mon encrier, Tome 2/1
COMME PRÉFACE[1]
À son Altesse Sérénissime la Critique ; à ses amis ; à ses ennemis.
Le livre que nous présentons aujourd’hui au public canadien n’est pas un chef-d’œuvre. Oh ! pas le moins du monde !
Nous le savons aussi bien que vous, Madame. Et nous nous en fichons.
Nous nous en fichons souverainement. À peu près, du reste, comme de l’opinion que vous pourrez avoir de notre œuvre et de tout ce que vous pourrez dire de nous.
Il faut toujours tâcher de prendre les gens pour ce qu’ils sont plutôt que pour ce qu’ils se disent. Le masque ne fait rien au visage : le nom ne fait rien à la personne. Et c’est pourquoi, ne nous en laissant imposer, Madame, ni par le masque audacieux que vous portez ni par le beau nom que vous avez volé, nous déclarons, sans plus de cérémonie, que vous êtes une drôlesse.
⁂ C’est odieux, ce langage, n’est-ce pas, Messieurs
les pondérés, Messieurs les mesurés, Messieurs
du juste milieu ?
Eh bien ! non.
Non : votre indignation n’a rien qui la justifie. On doit traiter avec infiniment d’égards les femmes qui se respectent, mais pour les autres, si nous voulons faire justice de leurs abominations, qui donc osera nous le reprocher ?
Sans doute vous nous déclarez violent, excessif, outré, — et nous ne doutons pas que vous demandiez ce qu’en vérité cette pauvre critique a fait de si mal. Eh bien ! voulez-vous le savoir ?
⁂ Le crime irrémissible de cette usurpatrice qui
se fait appeler notre critique, c’est, avant tout, de
boucher le chemin par où la vraie critique pourrait
passer.
Comment voulez-vous — pour l’amour du Ciel ! — comment voulez-vous qu’aujourd’hui un homme intelligent ose élever la voix dans le tumulte des louanges aussi banales qu’absurdes qui accueillent invariablement chaque production nouvelle ?
Notre critique a des formules — assez courtes, d’ordinaire, heureusement, — dont, à chaque occasion qui s’offre, elle remplit les blancs du nom d’un auteur et du titre de son ouvrage. Quand ces belles choses ont été écrites, que voulez-vous qu’on ajoute ?
Et c’est pourquoi on doit reprocher moins à cette prétendue critique de parler stupidement que d’étouffer, par son chahut innommable, la voix de ceux qui pensent et qui savent ce qu’ils disent.
⁂ On n’écrit pas pour soi-même seulement. On
écrit pour les autres. Pour qu’il y ait des
écrivains, il faut qu’il y ait des yeux qui
s’aperçoivent de leur existence, des esprits qui
s’intéressent à leurs œuvres. Et, parmi ces
esprits-là, il doit y en avoir qui se fassent les
interprètes de tous pour exprimer, sur l’écrivain
et sur l’œuvre, le sentiment général
des gens de goût. En d’autres termes, il doit
y avoir des critiques.
La littérature dépend absolument de la critique. Là où il n’existe pas une véritable critique, vous chercherez en vain une littérature.
Cela explique qu’il n’y ait pas de littérature canadienne-française.
Il n’y a pas de littérature canadienne-française. La chose ne se discute pas. Il faut en effet se faire une rare conception des choses pour appeler littérature la collection lilliputienne des ouvrages écrits en français par des Canadiens et qui comptent mille fois moins encore par la valeur que par le nombre.
Seulement, si nous n’avons pas de littérature aujourd’hui, ne pourrons-nous pas en avoir une demain ?
La chose, à notre sens, ne doit pas paraître impossible à quiconque a foi dans la conservation de notre race et de sa langue.
Il est incontestable que nous avons en notre province un nombre considérable de réels talents qui pourraient faire leur marque dans les lettres, s’ils ne mouraient pas dans le germe avant d’avoir pu seulement prendre conscience d’eux-mêmes. Quelques-uns — en nombre extrêmement restreint, il faut le dire, — ont donné des œuvres relativement brillantes et ont révélé des qualités qui n’eussent pas manqué de les signaler à l’attention publique, s’ils étaient nés dans un pays comme la France, par exemple, où la rivalité de tant de puissants esprits eût été amplement compensée pour eux par l’influence féconde du milieu.
À l’heure qu’il est, nous connaissons nous-même, seulement à Montréal, une dizaine de jeunes gens des plus remarquablement doués. Avec l’indispensable encouragement qui ne leur viendra sans doute pas de sitôt, ils pourraient produire des choses évidemment pas comparables aux livres de nos cousins de France, mais qui, malgré leurs faiblesses, ne manqueraient ni d’originalité, ni de couleur, ni de charme. Ce serait déjà plus que tout ce que nous avons eu jusqu’ici, car on peut les compter, les productions de nos Canadiens qui ne sont pas que d’insignifiants pastiches, quand elles n’affichent pas la plus profonde absence de tout style et souvent une crasse ignorance de la grammaire.
Mais il faut arroser ce champ des intelligences où l’on entend sourdre et frémir de toute part comme l’effort d’une semence qui germe ; à tous ces talents qui pourraient nous fournir la base de notre littérature à venir, il faut donner quelque chose capable de féconder les grandes choses latentes au fond d’eux-mêmes.
⁂ Ce quelque chose, c’est une vraie critique.
⁂ Il faut quelque chose aussi pour les empêcher
de crever de faim pendant qu’ils sueront
sur leurs ouvrages.
⁂ Cet autre quelque chose, c’est l’encouragement
du public sous forme de quelques prosaïques
dollars qu’on échangera contre leurs poétiques
élucubrations ou leurs beaux volumes dans
la langue de M. Jourdain.
⁂ Mais, à moins de parler au diable, il est difficile
de prévoir la naissance de la critique véritable,
qui, en donnant aux talents leur consécration,
serait pour toutes les nullités une guillotine
implacable.
Alors, en attendant cette aube de justice que nous ne verrons peut-être jamais se lever, à quoi sert — puisqu’il est admis que l’on n’écrit pas seulement pour soi — à quoi sert de vouloir produire des œuvres de mérite ? Ce n’est pas seulement inutile, c’est impossible. La critique est pour le champ de la littérature ce que le soleil est pour la terre où poussent les blés : c’est la lumière qui féconde. — Nous autres, les Canadiens, nous sommes dans les ténèbres, et c’est pourquoi nos semences ne lèvent jamais et ne peuvent pas lever.
⁂ Nous qui écrivons ces lignes, nous avons
conscience de pouvoir faire mieux — ou moins
mal, si l’on veut, — que le chef-d’œuvre qu’on
va lire ou qu’on ne lira pas.
On ne se douterait pas de cela à parcourir ces lignes ou l’ouvrage dont elles veulent être la justification. On ne s’en douterait pas, — on se douterait plutôt du contraire, — mais enfin c’est comme ça, croyons-nous, et c’est en tout cas ce que plusieurs de nos amis, d’ordinaire des gens de goût, nous ont assuré en voulant nous dissuader de publier ce roman populaire canadien.
Ces amis croyaient que nous pourrions, avec du temps et du travail, faire quelque chose de bien supérieur à ce volume.
Nous le pensons également.
Seulement, voici…
⁂ En serions-nous plus estimé, en recevrions-nous plus de louanges de notre belle critique ? S’apercevrait-on que c’est mieux ?
Et si nous voulions, mégalomane accompli, passer "sous la porte basse de la faim", ainsi qu’il est dit dans Ruy Blas, nous pourrions sans peine faire célébrer nos mérites par une critique enthousiaste, unanime à nous proclamer l’un des plus grands écrivains des temps modernes.
Pour cela, nous n’aurions qu’à sacrifier les profits que nous attendons d’une modeste édition à dix cents, en faisant donner à notre livre — pas mieux lavé ni brossé ni peigné, du reste, qu’il n’est ici dans ses modestes hardes, — une somptueuse toilette d’un dollar.
Combien de faiseurs de romans d’aventures, par ce procédé, n’ont-ils pas fait dire d’eux qu’ils enfonçaient Paul Bourget dans le roman psychologique ! combien d’indigents rimailleurs n’ont-ils pas fait proclamer qu’ils effaçaient Homère et Victor Hugo ! combien de Joseph Prud’hommes, ressasseurs d’antiques lieux communs, n’ont-ils pas été affichés par notre critique comme des penseurs plus profonds que Pascal !
Il nous serait facile de nous faire encenser pareillement, si nous étions moins insouciants de cette sorte de louanges.
⁂ Mais nous n’avons pas voulu.
D’abord, ça n’aurait pas été digne.
Et puis, il y a le deuxième quelque chose que nous avons indiqué…
Il y a la question pécuniaire.
Voyez tous nos braves Canadiens qui, après avoir songé à s’engager dans la carrière des lettres, se sont résolus à se faire journalistes, avocats ou médecins. Demandez-leur pourquoi, alors qu’ils pourraient produire de vraies œuvres d’art, ils laissent dormir ou mourir leurs talents, pourquoi ils ne font rien du tout de ce qu’ils pourraient le mieux faire…
Tous vous répondront : « Il y a le pain quotidien. »
⁂ Ce fut notre réponse aussi aux amis qui nous demandèrent pourquoi nous avions écrit ce roman populaire.
Il faut avant tout gagner sa vie…
⁂ Ce livre n’est pas pire que les neuf-dixièmes de nos ouvrages canadiens les mieux cotés et dont les auteurs, pour que la justice se fît complète, devraient être condamnés à effacer leurs manuscrits avec leur langue, — tout comme ces détestables poètes de l’ancien temps dont on vous a conté l’histoire.
Cependant, nous ne le signerons pas.
Nous ne croyons pas avoir là-dedans échappé la plus insignifiante parcelle de nous-même, avoir fait la moindre chose propre à indiquer que cela ne pouvait pas provenir du cerveau de n’importe qui.
Nous avons écrit cette histoire comme nous aurions accompli toute autre besogne capable de produire quelques piastres.
Comme nous serons prêt à pelleter de la neige ou à faire du reportage à sensation quand nous ne verrons plus d’autre moyen de gagner notre vie.
⁂ Nous avons été longtemps reporter et probablement nous le serons encore. La quantité de notre prose qui a servi à alimenter divers de nos journaux canadiens ne tiendrait pas dans quinze tomes massifs. Nous n’avons jamais rien signé de tout ça. Et ce fut toujours notre grande consolation que, si nous écrivions de tristes choses, du moins nous n’y souscrivions jamais notre nom. Le voile de l’anonymat nous protégeait, et notre journal, ce grand coupable, prenait encore en son nom tous nos péchés. Quant à notre responsabilité, nous ne croyions pas en avoir plus que le typographe qui assemblait les caractères nécessaires à l’impression de nos articles : nous faisions un ouvrage impersonnel, que n’importe qui aurait pu faire comme nous.
Pour qu’une œuvre doive être marquée d’un nom, elle doit auparavant avoir été signée, quand c’est un tableau, de chaque coup de pinceau, lorsque c’est une statue, de chaque coup de ciseau. Si c’est un livre, chaque phrase, chaque ligne, doit révéler une personnalité, doit porter un cachet. Quand tout, dans une production littéraire, trahit une originalité, quand tout crie que c’est Quelqu’un qui a fait ça et que ce n’est pas le cerveau du premier venu qui l’aurait pu fabriquer, alors l’auteur peut compléter de son nom cette signature-là, qui est la seule vraie. Car, en ce cas, il se rend le témoignage qu’un autre ne pourrait pas signer son œuvre. Phidias avait le droit de signer ses statues, parce que nul autre au monde que lui n’aurait pu le faire sans être démenti par cette signature première, essentielle et indélébile : l’exécution de l’œuvre.
Mais dans notre roman, il n’y a rien de propre à indiquer que ce soit nous plutôt qu’un autre qui sommes l’auteur. L’ouvrage est aussi impersonnel qu’un faits-divers de la Presse. N’importe qui pourrait l’écrire et tout le monde pourrait le signer. Nous n’avons donc pas le droit d’y ajouter notre nom.
⁂ D’aucuns nous prêcheraient le sacrifice, nous vanteraient sans rire la gloire de celui qui se condamne à la faim plutôt que de prêter sa plume à des tâches qui répugnent.
D’abord, s’il est vrai — ce dont nous ne sommes pas sûr du tout — que sous cette « porte basse de la faim », dont nous avons parlé,
Le plus grand est celui qui se courbe le plus,
nous avouerons que voilà un genre de grandeur qui ne nous plairait guère. Que voulez-vous ?
Bien que jeune et bien que Canadien français,
nous ne sommes pas romantique, et nous avons
si peu de respect pour les belles phrases que, tout
en les admirant — pour le son — autant que de
plus enthousiastes, nous tenons toujours à les
déshabiller pour voir si elles ne recouvrent pas
simplement le corps d’un mannequin. C’est ce
qu’il nous a semblé de celle-là de Hugo.
Nous avons fort peu de sympathie et pas du tout d’admiration pour les poètes qui s’en vont mourir à l’hôpital. S’ils sont tout-à-fait fous, ils sont bien à plaindre. Mais s’ils ont conservé une lueur de raison, ce sont des paresseux qui se sont en général attiré ce qui leur arrive. Oh ! nous savons qu’il y a malgré tout des Gilberts… Devant ceux-là, nous nous agenouillons ; ce sont les martyrs du génie. Quand on a du génie, à la bonne heure ! on peut souffrir la faim, on peut même aller expirer sur un lit d’hôpital plutôt que de se plier à des besognes capables de faire pâlir, d’éteindre, peut-être, la lumière dont on sent la flamme sous son front. Hugo aurait pu refuser d’être reporter. Atlas aurait tort de s’engager comme journalier pour porter des sacs de sel. Ce serait plus pratique, nous en convenons, que la gymnastique à laquelle il se livre, mais il n’a pas été fait pour ça.
Quant aux autres, par exemple, quant à ces rimailleurs efflanqués qui aiment d’amour platonique la Muse dont ils ne connaîtront jamais les caresses, la Muse qui se donne au génie seul, il n’y a pas pour eux d’excuse valable. Toutes leurs pâles ardeurs n’engendreront jamais d’œuvre supérieure. Ils sont condamnés fatalement à être stériles et ne pourront jamais que fabriquer des bonshommes de cire comme ceux des vitrines de coiffeurs. Ils ignoreront toujours l’ivresse de créer de la vie. Vous ne les trouvez pas bien à plaindre, alors, les voyant si bêtes — si bêtes qu’ils se croient obligés de s’imposer la privation du pain de tous les jours pour noircir quand même du papier ?…
Nous ne prétendons pas nier qu’il se trouve parmi nous des gens de talent et même des esprits supérieurs. Nous avons au contraire précisément exprimé cette pensée quelques lignes plus haut. Ceux-là pourraient nous donner, disions-nous, des productions de valeur et même des œuvres brillantes. Seulement, les livres même les mieux écrits et les plus fortement pensés, même les plus originaux et les plus charmeurs, sont en tel nombre dans le monde qu’il nous paraît insensé pour un homme de consentir à souffrir beaucoup pour en écrire un nouveau. C’est bien beau, d’être martyr, mais encore faut-il que l’on se sacrifie pour une cause raisonnable, — non pas pour une manie ou une idée fixe.
Z, nous le voulons bien, est capable de nous donner quelque chose de tout-à-fait gentil. Oui, mais il peut aussi être commis dans une épicerie. Alors, qu’il soit commis dans une épicerie ; ça lui donnera de quoi manger. Quant à son ouvrage, quelqu’un l’écrira à sa place ou en fera un autre aussi bon. Si Z avait du génie, ce serait différent. Mais il n’a que du talent, et l’article n’est pas si rare et ne vaut pas tant que, pour donner la preuve qu’il le possède, un homme souffre de la faim. Mieux vaut mesurer de la mélasse pour vivre que de faire une œuvre quelconque et aller finir à l’hôpital.
⁂ Il nous paraît du reste évident que le fait d’écrire un livre sans littérature, pour le brave peuple qui ne cherche dans une œuvre imprimée qu’un moyen de se récréer quelques heures, ne constitue pas un acte avilissant ou blâmable à aucun titre. Ce que le peuple demande, ce dont il veut bien se contenter, c’est une histoire où il arrive une suite d’aventures plus ou moins effroyables aux héros du récit. Quant au style, c’est tout-à-fait secondaire pour lui. Alors, si on lui donne ce qu’il veut, qui pourra s’en plaindre ?
⁂ Nous n’ignorons pas encore que cette sorte de productions, pour être un genre passablement délaissé de nos jours par les écrivains de mérite, ne laisse pas, quelquefois, d’offrir de l’intérêt. Des noms illustres dans les lettres ont conquis la renommée par des chefs-d’œuvre qui étaient précisément des romans de ce genre.
⁂ Seulement, par ici, on n’exige pas de nous — je ne dirai pas un chef-d’œuvre, évidemment, mais on n’exige même pas — un ouvrage soigné au point de vue littéraire.
Nous donnons ce qu’on nous demande. Et franchement, pour le prix, on ne saurait réclamer bien davantage, dans un pays où un journal comme la Presse peut tirer à 100,000 exemplaires.
⁂ On nous laissera, en terminant, exprimer la confiance que ce roman, écrit en une semaine — exactement du 19 au 26 décembre 1904, — saura malgré tout intéresser, plus que beaucoup d’ineptes productions très prônées par notre critique, une foule de ces braves gens qui cherchent simplement dans un récit une intrigue capable de les amuser quelques heures.
D’autres — et de nos amis peut-être — pourront s’en amuser pour des motifs différents.
Ils sont absous d’avance.
P. S. — Quand, il y a plus d’un an, j’écrivis les lignes que l’on vient de lire, j’étais à cent lieues de me douter que je dusse jamais les signer. Elles devaient, dans mon esprit, et pour les raisons exposées plus haut, conserver toujours, ainsi que l’ouvrage qu’elles tâchent de justifier, le voile pudique de l’anonymat.
Mais des faits que je n’avais pas prévus se sont produits. Au lieu de faire paraître mon roman en brochure, ainsi que je me le proposais d’abord, je le cédai à un quotidien, qui le servit en feuilleton à ses lecteurs. Bientôt, un autre journal s’en emparait, pour le reproduire chapitre par chapitre, sous un titre différent, à deux semaines à peine d’intervalle.
J’ai alors connu qu’un écrit anonyme, une fois publié, n’est pas plus à l’abri du pillage que toute autre marchandise laissée sans étiquette sur la place publique — jambon, farine ou cassonade. Et comme ces pages, dépourvues de toute valeur littéraire, ont tout de même une certaine valeur commerciale, je me crois en devoir de protéger ma propriété en y inscrivant mon nom, non pas comme signature, mais comme noli tangere, comme étiquette.
Car vous m’accorderez que ce que j’écris m’appartient tout autant qu’à l’épicier du coin l’huile à lampe qu’il vous vend.
- ↑ Paru dans la Revue Canadienne de juillet 1906, avec cette note :
Un jeune écrivain canadien, M. Jules Fournier, a publié récemment dans le Canada, de cette ville, un roman qui a eu un certain retentissement. Cet ouvrage, d’assez longue haleine, a été écrit en une semaine : c’est dire que, malgré les qualités qui s’y remarquent, l’auteur n’a pu donner là sa mesure. M. Fournier, lorsqu’il fit ce roman, le destinait à une maison d’éditions économiques, qui devait le publier dans une série de volumes à dix sous. Il avait en même temps préparé à cet ouvrage une préface, dans laquelle il se justifiait de faire ainsi de la littérature à la vapeur et où il exposait certaines considérations sur l’état actuel des lettres canadiennes. C’est cette préface que nous avons aujourd’hui l’avantage d’offrir au public.