Mon frère Yves/033

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Calmann-Lévy (p. 153).
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XXXIII

Le lendemain, un lundi, le commandant me fit appeler dès le matin, et j’entrai chez lui avec un sentiment de rancune dans le cœur, avec des paroles âpres toutes prêtes, que je lui aurais lancées dès l’abord pour me venger de mes supplications d’hier si je n’avais craint d’aggraver le sort d’Yves.

Je m’étais trompé cependant : il avait été touché la veille et m’avait compris.

— Vous pouvez aller trouver votre ami. Sermonnez-le un peu tout de même, mais dites-lui que je lui pardonne. L’affaire ne sortira pas du bord et se réglera par une simple punition disciplinaire. Huit jours de fers, et ce sera tout. J’inflige aux trois maîtres, sur votre demande, une punition équivalente, huit jours d’arrêts forcés. Je fais cela pour vous, qui le traitez en frère, et pour lui aussi, qui est, après tout, le meilleur homme du bord.

Et je m’en allai autrement que je n’étais venu, emportant pour lui de la reconnaissance et de l’affection.