Monographie de l’abbaye de Fontenay/2-23

La bibliothèque libre.
Librairie Saint-Joseph (p. 173-175).
◄  Jean.
Roger.  ►

22e abbé

Évrard, 1350-1361

Sous cet abbé, Fontenay est à l’apogée de sa gloire, de sa prospérité ; ses désastres passés sont réparés, trois cents moines ou convers sont disséminés dans ses métairies. Il reçoit des frères de toutes conditions. Le pape Innocent VI commande aux évêques d’admettre à l’ordination tous les frères de Fontenay pourvu qu’ils ne soient pas rendus irréguliers par de trop grandes difformités corporelles[1]. Cette faveur avait déjà été accordée précédemment. Cette prospérité ne durera pas longtemps, de grands malheurs vont arriver à l’abbaye. Les Anglais, après leur victoire de Brion, s’emparent de Flavigny, consomment toutes les provisions, ravagent toutes les abbayes voisines et ne consentent à se retirer qu’à la condition qu’il leur sera donné une somme de 300.000 francs, ou livres Tournois[2]. Les évêques d’Autun, de Chalon, les abbés de Flavigny, de Saint-Bénigne, de Saint-Étienne de Dijon, de Saint-Martin d’Autun, de Saint-Pierre de Chalon, de Tournus, de Cîteaux, de Cluny, de Saint-Seine, de Maizières, de la Bussière, de Châtillon, de Moutiers-Saint-Jean, d’Oigny, de Fontenay, s’engagent à fournir cette somme, chacun selon les revenus de son abbaye. Cette convention onéreuse avait été faite à Guillon-sous-Montréal entre le roi d’Angleterre Édouard III et le duc de Bourgogne Philippe de Rouvres[3].

En 1354, Isabeau, Demoiselle de la Grange-du-Cerf de Lantilly, veuve de Guiot de Bierry-Austrude, donne à Évrard pour trois mailles d’argent sa maison de Marmagne, appelée la maison de la Demoiselle, quelques journaux de terres et renonce à son droit de Vadrien ou Vadrium[4]. La même année Dom Richot, cellérier de Fontenay, et Thibaud d’Étalente, coadjuteur de maître Chifflet, tabellion de Montbard, somment Jean de Viserny, procureur du Duc de Bourgogne de reconnaître la haute, moyenne et basse justice pour l’abbé entre les Ormes de Montbard et les fourches de l’abbaye[5].

En 1355, Marie de Thil, Dame de Beaujeu et de Borboillot, achète à Thomas de Lignoiel, tout ce qu’il avait reçu de Perrenot de Montbard, pour le laisser au couvent avec 16 livres encore en terre, afin d’avoir chaque semaine trois messes chantées et un anniversaire[6].

En 1357, Guillaume de Thurey, 69e évêque d’Autun, descend de son château de Touillon à Fontenay le Jeudi-Saint pour faire la bénédiction des saintes huiles. Il trouve là, les prêtres, les ornements nécessaires à la cérémonie, paie généreusement les dépenses et donne un acte à décharge, afin que ce précédent ne soit pas un droit pour ses successeurs[7], au préjudice du couvent.

Après avoir termine heureusement les difficultés qu’elle avait avec l’abbaye, Marguerite de Cuisseney, Dame du Fain, fonde à perpétuité un anniversaire, et réserve tout spécialement qu’en ce jour-là chaque père aura un chauveau de vin, à la mesure de Flavigny.

Le malheur des temps ne permettait peut-être pas au cellérier de donner du vin aux religieux.

Cet abbé prononça à Marcilly-lès-Avallon, le panégyrique de Mile, sire de Noyers. L’original du discours existe encore à Paris parmi les manuscrits de la bibliothèque nationale sous le numéro 9873[8].

  1. Cart. Font. 56.
  2. Ansart. — Courtépée. IIIe vol. 626. — M. Petit de Vausse. Aval. 163. — Dom Plan, III vol.
  3. Les mêmes que dessus.
  4. Cart. Marmag. 69.
  5. Cart. Marmag. 71.
  6. Cart. Marmag. 155.
  7. Cart. Font. 31.
  8. M. Petit de Vausse, Sires de Noyers. 162-137.