Monographie de l’abbaye de Fontenay/2-35

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Librairie Saint-Joseph (p. 196-198).

35e abbé
1er abbé commendataire

Claude de Longvic, cardinal de Givry, 1547-1560

Hélas ! Ce n’était pas seulement la venerabilis vita de Jacques de Jaucourt qui finissait à sa mort. C’était bien la vie admirable de la vieille abbaye qui descendait au tombeau d’où allait sortir la Commende qui ne tardera pas à faire sentir les tristes influences de sa nouvelle prise de possession.

Après avoir été maintenu dans la pratique salutaire de la règle par des exemples constants, par une autorité toute paternelle et toujours présente, le couvent, en changeant d’administration, va nécessairement se laisser aller à un nouveau relâchement. Le cœur humain ne peut pas toujours progresser dans la recherche du bien, de même une communauté religieuse en vieillissant s’éloigne toujours de son observance primitive, surtout quand il y a dans son gouvernement intérieur des causes excitantes.

L’institution de la commende établie par l’État sera la perte des communautés religieuses.

Les commendataires n’étaient dans le principe que de simples visiteurs délégués temporairement dans le but d’assurer le maintien de la règle, et de remplacer pour un temps les abbés décédés. Bientôt ils parvinrent à rendre leurs fonctions permanentes, tout en vivant de la vie du monde et loin de leurs communautés. Comment avec de tels éléments les vieilles traditions monastiques auraient-elles pu se maintenir et résister à tant de causes dissolvantes[1] ?

Claude de Longvic, était fils de Philippe de Longvic et de Jeanne de Beauffremont, seigneur de Pagny-Givry et de Longue-Pierre dans le Doubs. Parmi tous les grands dignitaires ecclésiastiques, il n’y en a pas un seul qui ait rempli ou cumulé autant de fonctions que lui. Prêtre, il fut aussitôt fait chanoine, archidiacre, évêque de Mâcon en 1513, prieur de Saint-Léger, prés Magny-Saint-Médard, abbé de Pothières, de Bèze, du Val-des-Choux qu’il fut obligé de quitter, puis de Saint-Étienne de Dijon, de Saint-Bénigne, c’est pour cela qu’il était représenté sur un tableau de la cathédrale (Bougaud).

Pendant trois ans, abbé commendataire de Fontenay, trésorier de Saint-Martin de Tours, administrateur des évêchés de Périgueux, d’Amiens, de Poitiers, enfin créé cardinal de Sainte-Agnès, place Navone, par Clément VII.

Quand il était évêque de Mâcon, il présida au nom de François de Rohan, archevêque de Lyon un concile qui se tenait dans cette ville. Les évêques de la province y assistaient ou s’y étaient fait représenter. On y condamna les erreurs de Luther[2].

En quittant l’évêché de Mâcon, il passa à celui de Langres en 1530. Sous lui deux protestants ayant été surpris en faisant la cène chez eux, furent brûlés sur la place publique, leur maison renversée, et remplacée par une chapelle[3].

Délégué du clergé, il avait voté les subsides demandés pour la rançon de François 1er. Il assista aux obsèques de ce roi avec 9 cardinaux, 40 archevêques et évêques. Il assista au sacre d’Henri II comme Duc et Pair de France. En 1547, il consentit à la construction de l’église de Planay à la condition que le curé serait à la nomination de l’abbé de Fontenay[4].

Au milieu de tant de dignités, il avait à peine le loisir de penser à Fontenay, mais la mense épiscopale ne l'oubliait pas.

Il mourut au château de Mussy, en 1560 ; à Rome, il était appelé le saint cardinal[5].

  1. Mignard, 5 abbayes.
  2. Henrion, 7. v. 120, Notice chronol. d'Autun, 55. — Vignier, chronique de Langres, 204.
  3. Viguier, chroniq. de Langres. 207. — Roussel.
  4. Bidet, titres de Font. 379. — Gall. Christ. 1093.
  5. Saint—Bénigne, de M. Bougaud, 323.