Monsieur Lecoq/Partie 1/Chapitre 25

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(Tome 1p. 239-251).


XXV


Lecoq était un garçon prévoyant.

Il avait eu soin, avant de se mettre au lit, de monter un réveil, qu’il possédait, et d’en placer les aiguilles sur six heures.

— Comme cela, dit-il au père Absinthe, en soufflant la bougie, nous ne manquerons pas le coche.

Mais il comptait sans son extrême lassitude, à lui ; sans les fumées de l’alcool qui emplissaient encore la cervelle de son vieux collègue.

Quand six heures sonnèrent à Saint-Eustache, le réveil fonctionna fidèlement, mais le bruit strident de l’ingénieuse mécanique ne suffit pas pour interrompre le lourd sommeil des deux policiers.

Ils auraient vraisemblablement dormi longtemps encore, si vers les sept heures et demie deux vigoureux coups de poing n’eussent ébranlé la porte de la chambre.

D’un bond Lecoq fut debout, stupéfait de voir le jour levé, furieux de l’inanité de ses précautions.

— Entrez !… cria-t-il au visiteur matinal.

Le jeune policier n’avait pas encore d’ennemis, à cette époque, il pouvait sans imprudence dormir la clé sur sa serrure.

La porte aussitôt s’entre-bâilla, et la figure futée du père Papillon se montra.

— Eh !… c’est mon brave cocher !… s’écria Lecoq. Il y a donc du nouveau ?

— Faites excuse, bourgeois, c’est au contraire toujours la même cause qui m’amène, vous savez, les trente francs des coquines… Je ne dormirai pas tranquille, tant que je ne vous aurai pas conduit gratis pour pareille somme. Vous vous êtes servi hier de ma voiture pour cent sous, c’est vingt-cinq francs que je vous redois.

— Mais c’est de la folie, mon ami !

— Possible !… c’est la mienne. Je me suis juré, si vous ne me prenez pas, de stationner onze heures d’horloge devant votre porte. À deux francs vingt-cinq centimes l’heure, nous serons quitte. Décidez-vous.

Son œil suppliait ; il était clair qu’un refus l’eût sérieusement désobligé.

— Soit, dit Lecoq, je vous prends pour la matinée ; seulement, je dois vous prévenir que nous allons débuter par un véritable voyage.

— Cocotte a de bonnes jambes.

— Nous avons affaire, mon collègue et moi, dans votre quartier. Il faut absolument que nous dénichions la bru de la veuve Chupin, et j’ai tout lieu d’espérer que nous trouverons son adresse chez le commissaire de l’arrondissement.

— Ah ! nous irons où vous voudrez ; je suis à vos ordres.

Ils partirent quelques instants plus tard.

Papillon, fier sur son siége, faisait claquer son fouet, et la voiture filait comme s’il y eût eu cent sous de pourboire.

Seul le père Absinthe était triste. Lecoq l’avait pardonné et même lui avait juré le secret, mais il ne se pardonnait pas, lui ! Il ne pouvait se consoler d’avoir été, lui, un vieux policier, joué comme un provincial naïf. Si encore il n’eût pas livré le secret de l’instruction ! Mais, il ne le comprenait que trop, il avait, par cela seul, doublé les difficultés de la tâche.

Du moins, la longue course ne fut pas inutile. Le secrétaire du commissaire de police du treizième arrondissement apprit à Lecoq que la femme Polyte Chupin demeurait avec son enfant aux environs, dans la ruelle de la Butte-aux-Cailles.

Il ne put indiquer le numéro précis, mais il donna des détails.

La bru de la mère Chupin était Auvergnate, et elle était cruellement punie d’avoir préféré un Parisien à un compatriote.

Arrivée à Paris à douze ans, elle était entrée comme servante dans une grosse fabrique de Montrouge et y était toujours restée. Après dix ans de privations et d’un travail acharné, elle avait amassé, sou à sou, trois mille francs, quand son mauvais génie jeta Polyte Chupin sur sa route.

Elle s’éprit de ce pâle et cynique gredin, et lui l’épousa pour ses économies.

Tant que dura l’argent, c’est-à-dire pendant trois ou quatre mois, le ménage alla cahin-caha. Mais avec le dernier écu, Polyte s’envola et reprit avec délices sa vie de paresse, de maraude et de débauche.

Dès lors il ne reparut plus chez sa femme que pour la voler, quand il lui soupçonnait quelques petites épargnes. Et périodiquement elle se laissait dépouiller de tout.

Il eût voulu la pousser plus bas, alléché par l’espoir d’ignobles profits ; elle résista.

De cette résistance même était venue la haine de la vieille Chupin contre sa belle-fille, haine qui se traduisait par tant de mauvais traitements, que la pauvre femme dut fuir un soir avec les seules guenilles qui la couvraient.

La mère et le fils comptaient peut-être que la faim ferait ce que n’avaient pu faire leurs menaces et leurs conseils.

Leurs honteux calculs devaient être trompés.

Le secrétaire ajoutait que ces faits étaient de notoriété publique, et que tout le monde rendait justice à la vaillante Auvergnate.

— Même, disait-il, un sobriquet qu’on lui avait donné : Toinon-la-Vertu, était un grossier mais sincère hommage.

C’est muni de ces renseignements que Lecoq remonta en voiture.

La ruelle de la Butte-aux-Cailles, où le conduisit rapidement Papillon, ressemble peu au boulevard Malesherbes. Y demeure-t-il des millionnaires ? on ne le devine pas. Ce qui est sûr, c’est que tous les habitants s’y connaissent comme dans un village. La première personne à qui le jeune policier demanda madame Polyte Chupin le tira d’embarras.

— Toinon-la-Vertu demeure dans cette maison, à droite, lui fut-il répondu ; tout en haut de l’escalier, la porte en face.

L’indication était si précise, que du premier coup Lecoq et le père Absinthe arrivèrent au logis qu’ils cherchaient.

C’était une triste et froide mansarde carrelée, assez spacieuse, éclairée par une fenêtre à tabatière.

Un lit de noyer disloqué, une table boiteuse, deux chaises et de misérables ustensiles de ménage constituaient le mobilier.

Mais la propreté, en dépit de la pauvreté, étincelait, et on eût mangé par terre, selon l’énergique expression du père Absinthe.

Quand les deux policiers se présentèrent, ils trouvèrent une femme qui cousait des sacs de grosse toile, assise au milieu de la pièce, sous la fenêtre, pour que le jour tombât bien d’aplomb sur son ouvrage.

À la vue de deux étrangers, elle se leva à demi, surprise, un peu effrayée même ; et quand ils lui eurent expliqué qu’ils avaient à lui parler assez longuement, elle quitta sa chaise pour l’offrir.

Mais le vieil homme de police la contraignit de demeurer assise, et il resta debout pendant que Lecoq s’établissait sur l’autre chaise.

D’un coup d’œil, le jeune policier avait inventorié le logis et évalué la femme.

Elle était petite, courte, grosse, affreusement commune. Une forêt de rudes cheveux noirs plantés très bas sur le front et de gros yeux à fleur de tête donnaient à sa physionomie quelque chose de la navrante résignation de la bête maltraitée.

Peut-être avait-elle eu autrefois ce qu’on est convenu d’appeler la beauté du diable, maintenant elle semblait presque aussi vieille que sa belle-mère.

Le chagrin et les privations, les travaux excessifs, les nuits passées sous la lampe, les larmes dévorées et les coups reçus avaient plombé son teint, rougi ses yeux et creusé à ses tempes des rides profondes.

Mais de toute sa personne s’exhalait un parfum d’honnêteté native que n’avait pu corrompre le milieu où elle avait vécu.

Son enfant ne lui ressemblait en rien. Il était pâle et chétif, avec des yeux qui brillaient d’un éclat phosphorescent et des cheveux de ce jaune sale qu’on appelle le blond de Paris.

Un détail émut les deux agents.

La mère n’avait sur elle qu’une méchante robe d’indienne, mais le petit était chaudement vêtu de gros drap.

— Madame, commença doucement Lecoq, vous avez sans doute entendu parler du grand crime commis dans l’établissement de votre belle-mère.

— Hélas !… oui, monsieur.

Et vivement elle ajouta :

— Mais mon homme ne peut y être mêlé, puisqu’il est en prison.

Cette objection, qui courait au devant du soupçon, ne trahissait-elle pas des appréhensions horribles ?

— Oui, je le sais, dit le jeune policier, Polyte a été arrêté il y a une quinzaine…

— Oh !… bien injustement, monsieur, je vous le jure. Il a été, comme toujours, entraîné par ses amis, des mauvais sujets. Il est si faible ; quand il a un verre de vin en tête, on en fait alors tout ce qu’on veut. De lui-même, il ne ferait pas de mal à un enfant, il n’y a qu’à le regarder…

Tout en parlant, elle attachait des regards enflammés à une mauvaise photographie suspendue au mur et qui représentait un affreux garnement à l’œil louche, à la bouche grimaçante à peine ombragée d’une légère moustache, portant des mèches de cheveux bien collées aux tempes. C’était là Polyte.

Et il n’y avait pas à s’y méprendre, cette malheureuse l’aimait toujours ; c’était son mari, d’ailleurs.

Une minute de silence suivit cette scène muette où éclatait la passion, et c’est pendant ce silence que la porte de la mansarde s’entr’ouvrit doucement.

Un homme avança la tête et la retira aussitôt avec une sourde exclamation. Puis, la porte se referma, la clé grinça dans la serrure, et on entendit des pas rapides dans l’escalier.

Assis dans la mansarde, le dos tourné à la porte, Lecoq n’avait pu apercevoir le visage de l’étrange visiteur.

Et, si promptement qu’il se fût retourné au bruit, il avait deviné le mouvement bien plutôt qu’il ne l’avait surpris.

Pourtant il n’eut pas l’ombre d’un doute.

— C’est lui, s’écria-t-il, le complice !

Grâce à sa position, le père Absinthe avait vu.

— Oui, dit-il, oui, j’ai reconnu l’homme qui m’a grisé hier.

D’un bond, les deux agents s’étaient jetés sur la porte, et ils s’épuisaient pour l’ouvrir en stériles efforts. Elle résistait, elle tenait bon, car elle était de chêne plein, ayant été achetée aux démolitions par le propriétaire, et ajustée là, par hasard, avec sa vieille et solide serrure.

— Mais aidez-nous donc, disait le père Absinthe à la femme de Polyte, pétrifiée de surprise, donnez-nous donc une barre, un morceau de fer, un clou, n’importe quoi !…

Le jeune policier, lui, s’ensanglantait les mains à essayer de renfoncer le pêne ou d’arracher la garde. Il trépignait de rage…

Enfin, la porte fut forcée, et les deux agents, animés d’une ardeur pareille, s’élancèrent à la poursuite de leur mystérieux adversaire.

Arrivés dans la ruelle, ils s’informèrent. Ils pouvaient donner le signalement de l’homme ; c’était quelque chose. Deux personnes l’avaient vu entrer dans la maison de Toinon-la-Vertu, une troisième l’avait remarqué lorsqu’il en était sorti précipitamment. Des enfants qui jouaient sur la chaussée assurèrent que cet individu s’était enfui à toutes jambes dans la direction de la rue du Moulin-des-Prés.

C’était dans cette rue, près de l’endroit où s’y amorce la ruelle de la Butte-aux-Cailles, que Lecoq avait fait arrêter sa voiture.

— Courons-y ! proposa le père Absinthe, le cocher pourra peut-être nous donner quelque renseignement.

Mais l’autre hocha la tête d’un air découragé et ne bougea point.

— À quoi bon !… prononça-t-il. La présence d’esprit qu’a eue cet homme de donner un tour de clé l’a sauvé. Il a maintenant dix minutes d’avance sur nous, il est loin, nous ne le rattraperons pas.

Le vieil agent était blême de colère.

Il considérait maintenant comme son ennemi personnel ce rusé complice qui l’avait si cruellement mystifié ; il eût donné un mois de sa paye pour lui mettre la main au collet.

— Ah ! ce n’est pas le toupet qui lui manque, à ce brigand, dit-il, ni la chance !… Penser qu’il se moque de nous, comme une souris qui jouerait avec les griffes du chat, et que voici trois fois qu’il nous échappe… Trois fois !…

Le jeune policier était aussi irrité au moins que son collègue, et bien autrement blessé dans sa vanité. Mais il sentait la nécessité du sang-froid.

— Oui, répondit-il, d’un ton pensif, le mâtin est hardi et intelligent, et il ne reste pas les jambes croisées. Si nous travaillons, il se remue ferme. Ce démon-là est partout. De quelque côté que je pousse l’attaque, je l’y trouve sur la défensive. C’est lui, l’ancien, qui vous a fait perdre la piste de Gustave, c’est lui qui a organisé cette belle comédie de l’hôtel de Mariembourg…

— Et maintenant, objecta le bonhomme, d’un air capable, que le Général vienne donc nous chanter que c’est des fantômes que vous prétendez conduire au poste !…

Si délicate que fût la flatterie, elle ne put tirer Lecoq de ses réflexions.

— Jusqu’à présent, reprit-il au bout d’un moment, cet habile metteur en scène m’a devancé, partout ; de là mes échecs. Ici, du moins, nous arrivons avant lui. Or, s’il y venait, c’est qu’il flaire un danger… Donc nous pouvons espérer. Remontons près de la femme de ce garnement de Polyte.

Hélas ! la pauvre Toinon-la-Vertu ne comprenait rien à cette aventure. Elle était restée sur son palier, tenant son enfant par la main, penchée sur la rampe de l’escalier, palpitante, l’œil et l’oreille au guet.

Dès qu’elle aperçut les deux agents qui remontaient aussi lentement qu’ils étaient descendus vite, elle s’avança :

— Au nom du ciel, demandait-elle, que se passe-t-il, qu’est-ce que cela signifie ?…

Mais Lecoq n’était pas homme à conter ses affaires dans un corridor tapissé d’oreilles, et c’est seulement quand il eut repoussé la jeune femme dans sa mansarde, la porte refermée, qu’il lui répondit.

— Il y a que nous venons de donner la chasse à un complice des meurtres de la Poivrière. Il arrivait espérant vous trouver seule, notre présence l’a effarouché.

— Un assassin !… balbutia Toinon, en joignant les mains. Que pouvait-il me vouloir ?

— Qui sait ? Il est à supposer qu’il est des amis de votre mari.

— Oh !… monsieur…

— Quoi !… Ne venez-vous pas de nous dire que Polyte a les plus détestables connaissances ! Rassurez-vous, cela ne le compromet en rien. Vous avez d’ailleurs un moyen simple d’écarter de lui les soupçons.

— Un moyen ! Lequel ? Oh ! dites vite….

— C’est de me répondre franchement, et de me mettre à même, vous qui êtes une honnête femme, d’arrêter le coupable. Parmi tous les amis de votre mari, n’en connaissez-vous pas de capables d’avoir fait le coup ?… Nommez-les moi.

L’hésitation de la malheureuse fut visible. Souvent, sans doute, elle avait assisté à d’ignobles conciliabules, et on avait dû la menacer de vengeances terribles si elle parlait.

— Vous n’avez rien à craindre, insista le jeune policier, et jamais, je vous le promets, on ne saura que vous m’avez dit un mot. Puis, quoi que vous disiez, vous ne m’apprendrez peut-être rien. On nous a conté déjà bien des choses de votre vie, sans parler des brutalités dont vous ont rendue victime Polyte et sa mère.

— Mon mari, monsieur, ne m’a jamais brutalisée, dit fièrement la jeune femme… Cela, d’ailleurs, ne regarde que moi.

— Et votre belle-mère ?

— Elle est peut-être un peu vive ; au fond, elle a bon cœur.

— Alors, pourquoi diable vous êtes-vous enfuie du cabaret de la veuve Chupin, puisque vous y étiez si heureuse ?

Toinon-la-Vertu était devenue cramoisie jusqu’à la racine des cheveux.

— Je me suis sauvée, répondit-elle, pour d’autres raisons. Il venait beaucoup d’hommes ivres là-bas, et des fois, quand j’étais seule, d’aucuns voulaient pousser la plaisanterie un peu loin… Vous me direz que j’ai le poignet solide, et c’est vrai ; aussi j’aurais peut-être patienté… Mais quand je m’absentais il y en avait qui étaient assez bêtes pour faire boire de l’eau-de-vie au petit, au point qu’une fois en rentrant je l’ai trouvé comme mort, roide déjà et tout froid, et il a fallu courir chercher le médecin.

Elle s’arrêta court, la pupille dilatée. De rouge elle était devenue livide, et c’est d’une voix étranglée qu’elle cria à son fils :

— Toto !… Malheureux !…

Lecoq regarda autour de lui, et frissonna ; il avait compris. Cet enfant, qui n’avait pas cinq ans, s’était glissé à quatre pattes près de lui, et lui fouillait dans les poches de son paletot, il le volait, il le dévalisait… et adroitement.

— Eh bien !… oui, s’écria l’infortunée en fondant en larmes, oui, il y avait encore cela ! Dès que je perdais le petit de vue, des gens l’attiraient dehors. Ils l’emmenaient dans des endroits où il y a du monde, et ils lui apprenaient à chercher dans les poches et à leur apporter ce qu’il y trouvait. Si on s’apercevait de quelque chose, ils se fâchaient très-haut contre l’enfant et le battaient… Si personne ne voyait rien, ils lui donnaient un sou pour du sucre d’orge et gardaient ce qu’il avait pris.

Elle cacha son visage entre ses mains, et, d’une voix inintelligible, ajouta :

— Et moi, je ne veux pas que mon petit soit un voleur.

Ce qu’elle ne disait pas, la pauvre créature, c’est que celui qui emmenait ainsi l’enfant et le dressait au vol, c’était le père, son mari à elle, Polyte Chupin. Mais les deux agents le comprenaient bien, et si abominable était le crime de l’homme, et si déchirante la douleur de la femme, qu’ils se sentirent remués jusqu’au plus profond d’eux-mêmes. De ce moment, Lecoq ne songea plus qu’à abréger une scène affreusement pénible. D’ailleurs, l’émotion de cette pauvre mère lui garantissait sa sincérité.

— Tenez, lui dit-il avec une brusquerie affectée, deux questions seulement, et je vous tiens quitte. Parmi les habitants de votre cabaret, ne s’en trouvait-il pas un du nom de Gustave ?…

— Non, monsieur, bien sûr.

— Soit !… Mais Lacheneur, vous devez connaître Lacheneur ?

— Celui-là, oui.

Le jeune policier ne put retenir une exclamation de joie. Enfin il tenait, pensait-il, le bout du fil qui allait le conduire à la lumière, à la vérité.

— Quel homme est-ce ? demanda-t-il vivement.

— Oh ! il ne ressemble pas aux gens qui boivent chez ma belle-mère. Je ne l’ai vu qu’une fois, mais sa figure m’est restée dans la tête. C’était un dimanche. Il était dans une voiture arrêtée près des terrains vagues et parlait à Polyte. Quand il a été parti, mon mari m’a dit : « Tu vois ce vieux-là, il fera notre fortune. » Je lui ai trouvé l’air d’un monsieur bien respectable…

— C’est assez, interrompit Lecoq ; maintenant il s’agit, ma bonne, de venir déposer devant le juge. J’ai une voiture en bas. Prenez votre enfant si vous voulez, mais hâtez-vous, venez vite, venez…