Mort de William Hazlitt

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Hazlitt (William.)

William Hazlitt, né en 1779, et que l’Angleterre peut compter au nombre de ses littérateurs distingués, étudia, jeune encore, la peinture qu’il aimait avec passion. Mais, tourmenté par l’amour de la gloire, et ambitionnant une renommée plus rapide, il quitta cet art, où sans doute il aurait pu se faire un nom, pour se livrer tout entier à la littérature. Capricieux et mobile, son caractère ne lui permit pas d’entreprendre des ouvrages de longue haleine. Aussi tout ce que nous avons de lui ne consiste-t-il qu’en morceaux détachés et nombreux, mais remarquables par la nouveauté des idées, et un style plein de force et d’originalité. Collaborateur depuis plusieurs années de revues et de journaux politiques et littéraires, il réunit tous ses articles en un volume qui eut du succès. Parmi ses œuvres, qui sont, comme nous l’avons dit, en assez grand nombre, nous citerons, 1o une Collection d’essais sur la littérature, les hommes et les mœurs ; 2o un Tableau du théâtre anglais, contenant une suite d’articles de critique dramatique ; 3o la Table-Ronde (écrite de moitié avec Leig Hunt) ; 4o Littérature du siècle d’Élisabeth, 1 volume ; 5o les Conversations de James Northcote, in-8o de 338 pages, ouvrage où se fait surtout remarquer l’esprit vif, piquant et original de l’auteur. Dominé par la politique, il se fit ultra-radical, fut l’homme d’un parti, et comme tel, éprouva des chagrins et des persécutions. Suivant tous les mouvemens du parti radical dont il était l’apôtre, tombant, s’élevant et retombant avec lui, il en fut aussi le martyr. Quant à sa vie domestique, elle ne fut pas plus heureuse ; rarement il fréquentait la société dont il affectait de mépriser les usages ; il vécut solitaire après s’être séparé de deux femmes qu’il avait épousées et quittées au bout de peu de temps. Son seul plaisir était le théâtre, où il passait presque toutes ses soirées. De retour chez lui, il restait une partie de la nuit à écrire confusément les idées qui pouvaient lui venir, et à boire du thé, sa seule occupation pendant le jour, se levant à toute heure, et ne se décidant à dîner que lorsque la faim se faisait trop vivement sentir. Il est mort à Londres le 19 du mois de septembre de cette année, âgé à peine de cinquante ans.