Mémoires secrets et inédits pour servir à l’histoire contemporaine/Tome 2/7

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Collectif
Texte établi par Alphonse de BeauchampVernarel et Tenon (Tome 2p. 345-363).



RÉCIT DE L’ENLÈVEMENT

DU SÉNATEUR

CLÉMENT-DE-RIS.


LE sénateur Clément-de-Ris, ancien valet-de-chambre de la Reine, était de la Basse-Bretagne, et neveu de Clément de Mallerand, professeur de droit français, homme généralement estimé. Dès le commencement de la révolution il a été l’ami intime de Sieyes ; il possédait aux environs de Tours une terre nommée Beauvais-sur-le-Cher, dans la commune de Bléré. Son influence dans le pays, les places qu’il avait occupées au département, ses relations avec l’un des chefs révolutionnaires, lui avaient servi à exalter au dernier point l’esprit patriotique dans toutes les communes environnantes, et même à Tours. On croit pouvoir affirmer que ce n’est pas précisément à Clément-de-Ris qu’en voulaient les Chouans qui l’ont enlevé en 1800. Charles G… m’a dit que lui et ses camarades avaient mis dans un chapeau les noms de cinq ou six patriotes les plus famés dans le pays, et que le sien était sorti : le fait est que leur but était d’obtenir cinquante mille francs pour se procurer des moyens de recommencer une guerre alors imminente. Ses associés furent Renard, ex-officier chouan, N*** Gaudin, major d’une division de Frotté, Mauduison et Couchy, qui avaient servi dans la division de Charles N***. Ils allèrent cacher des fusils dans des espèces de carrières qui sont auprès de Beauvais, et vinrent, deux jours avant l’exécution de leur entreprise, se baigner dans le Cher pour reconnaître le terrain ; ils partirent de Tours sur de mauvais chevaux, et, dans la prairie de Saint-Avertin, en ayant trouvé d’autres qui paissaient au vert, ils les prirent ; les paysans à qui ces chevaux appartenaient coururent après eux, mais ils les écartèrent à coups de fusil ; et c’est d’une manière aussi étourdie que publique qu’ils commencèrent leur expédition. Dans un petit bois voisin de Beauvais ils revêtirent des uniformes de chasseurs. Leur travestissement à peine achevé, il passa un cabriolet qui revenait de Tours, où il avait conduit madame Clément-de-Ris et son fils aîné, qui étaient allés au bal que donnait Graam, le préfet, pour la fête du 1er vendémiaire. Ce cabriolet ramenait madame Brûlé, et avait pour conducteur le postillon de Clément-de-Ris. Charles arrêta la voiture et demanda où ils allaient ; sur la réponse que c’était à Beauvais, il dit qu’il voulait les escorter. Clément-de-Ris était sur le seuil de sa porte pour attendre madame Brûlé. Charles laisse deux hommes en faction à la grille, et court sur-le-champ à Clément-de-Ris, qu’il somme, au nom de la loi, de déclarer combien il a de monde dans sa maison ; sur sa demande Clément-de-Ris lui déclare quatorze ou quinze personnes. Il les rassemble sur-le-champ et les enferme. Il ordonne à Clément-de-Ris de le mener dans son cabinet, et de lui apporter sur-le-champ son argenterie, qu’il fait placer dans le cabriolet, avec défense au postillon de dételer ; il met ensuite la main sur un coffre d’acajou dont il demande la clef ; Charles a dit qu’il avait toujours soupçonné ce coffre de contenir la correspondance révolutionnaire de Clément-de-Ris. Celui-ci lui ayant répondu sur-le-champ qu’il contenait le cœur embaumé de sa fille, Charles assure qu’il n’eut pas le courage d’exiger qu’on ouvrît le coffre, et il n’en parla plus. On mit un bandeau sur les yeux de Clément-de-Ris ; on le fit monter en voiture sans chapeau, et l’on donna l’ordre au postillon de partir. Clément-de-Ris croit avoir fait beaucoup de chemin ; on voulait seulement éviter les communes d’Azé et de Bléré, et après beaucoup de tours et de détours on le conduisit au Portail, ferme auprès de Loche, appartenant à M. Delacroix, espèce d’idiot, que Charles connaissait beaucoup moins que sa femme, assez belle personne, avec qui il était lié. On fit descendre Clément-de-Ris dans une espèce de souterrain voûté qui se fermait par une pierre et servait à cacher des prêtres. Charles et les autres ravisseurs s’encavèrent avec leur prisonnier. Pendant ce temps-là le bruit de son enlèvement mit sur pied tout le pays ; toute la force armée de Tours battit la campagne. Charles voulant aller reconnaître les choses par lui-même, sortit avec un fusil à deux coups et un chien, comme pour chasser. Il rencontra des détachemens de paysans auxquels il dit qu’ils feraient bien mieux de rester chez eux, et dont il trouva l’appareil si peu menaçant, qu’il fut tenté d’aller chercher ses camarades, de monter à cheval et de les charger. Quand il vit que le tocsin ne sonnait plus, il retourna au souterrain, et déclara au sénateur qu’il n’en voulait pas à sa vie, mais qu’il fallait qu’il souscrivît sur-le-champ un billet à ordre de cinquante mille francs. Il conduisit tous ses camarades à Orléans, et revint me trouver et me raconter les détails ci-dessus, en me demandant ce qu’il ferait du captif. Je lui dis qu’il n’aurait pas dû faire un esclandre ; et c’est alors qu’il me parla des noms tirés au sort. Je lui demandai comment était l’homme et de quelle manière il soutenait sa position. « Sans montrer trop de faiblesse, » me répondit-il. Alors je lui représentai qu’il ne fallait pas commettre un crime inutile et de sang-froid. Il m’assura qu’il se contenterait de l’argent, et me demanda en même temps de le mettre lui-même dans un lieu sûr jusqu’à ce qu’il sût la tournure que la chose prendrait. Madame Clément-de-Ris et madame Brûlé vinrent à Blois apporter l’argent ; mais Charles n’avait point donné une indication assez directe ; son intention était qu’on allât jusqu’à Chartres, et il ne l’aurait même reçu que dans la forêt de Rambouillet. Les choses changèrent de face ; le gouvernement jeta feu et flamme, et déclara à M. de Bourmont qu’il fallait qu’il fît retrouver le sénateur, puisqu’il était probable que c’étaient des gens de son parti qui l’avaient enlevé, attendu qu’on ne découvrait pas que ce fussent des jacobins. On avait fait courir le bruit que Clément-de-Ris, assez mauvais parent, avait des discussions d’intérêt avec des neveux à lui, qui s’étaient emparés de sa personne pour parvenir à être dédommagés. M. de Bourmont, au lieu de décliner l’influence qu’on lui supposait, s’engagea en quelque sorte à envoyer des ordres. Carlos vient de sa part s’informer si on savait où était Charles, sans avoir de certitude qu’il fût l’auteur de l’enlèvement, mais seulement des soupçons assez vagues ; on me demanda si je connaissais le lieu de sa retraite. Je m’enquis d’abord de ce qu’on en voulait faire ; et l’on me dit que s’il était possible de ravoir le sénateur, la confiance du gouvernement, sa reconnaissance, sa bienveillance pour tout ce qui était royaliste, en serait le résultat assuré. Je fus rendre compte de cette ouverture à Charles, qui me répondit qu’il voulait savoir quelles conditions on faisait. Carlos voyant que la reddition du sénateur ne tenait qu’à cela, court à Paris et revient en vingt-quatre heures avec les promesses verbales les plus étendues, et soi-disant les plus authentiques. Charles alors se montra ; et c’est là ce qui me fait dire que son caractère est beaucoup plus beau que sa réputation. Il déclara sur-le-champ à Carlos qu’il allait partir avec lui, et que, puisque M. de Bourmont pouvait être compromis, il allait se mettre entre les mains du ministre de la police, et tout rendre, depuis le sénateur jusqu’à l’argenterie et le billet. Il y fut. Voici quelles furent les propositions du ministre (j’observe que Charles, en passant à Orléans, avait demandé à ses camarades s’ils acceptaient ce que Carlos était venu offrir) : Rendre le sénateur, recevoir les cinquante mille francs, ne dire le nom de personne, et qu’alors s’ils étaient pris, il ne répondait de rien ; que si, au contraire, ils voulaient se nommer, ne rien recevoir et rendre le sénateur, il les prenait sous sa protection spéciale, s’engageait à leur rendre l’aisance et l’existence qu’ils pouvaient avoir eues avant la révolution. Les camarades de Charles consentirent à être nommés ; Charles insista principalement sur ce qu’on rendît les biens à MM. de Mauduison et de Couchy. Tout cela fut promis verbalement. Charles donna un billet pour Gaudin, qui, seul, gardait le sénateur dans le souterrain. Il est bon de remarquer que, comme il était borgne et que la pierre du caveau n’était jamais fermée, que tout au plus la nuit, Gaudin paraissait devant lui en marquis. On ne se fait pas d’idée de la pusillanimité du captif vis-à-vis de son gardien ; il lui disait qu’il espérait bien que quand il serait parti de là il n’aurait pas d’autre maison que la sienne ; l’autre lui répondait en haussant les épaules. Au reste s’il ne s’est pas enfui, c’est qu’il n’a pas voulu. Vu sa haute taille, il était aussi haut que le souterrain. Gaudin restait couché dans la ferme jusqu’à onze heures du matin, et il était si sûr que son ombre suffirait pour garder le sénateur, qu’il ne s’en inquiétait pas autrement ; d’ailleurs, il avait tout le soin possible de Clément-de-Ris, le nourrissant de tout ce qui pouvait lui convenir ; madame Lacroix envoyait des volailles ; du vin et des fruits ; mais le sénateur osait à peine manger, de crainte d’être empoisonné ; et, au milieu de ses protestations, il se servait de la liberté qu’on lui laissait pour observer dans son caveau les objets qui pouvaient l’aider à le reconnaître en temps et lieu. Il retenait le nom des valets, des servantes de la ferme, le nom des chevaux et des vaches, le nom des enfans. Charles remit le billet à Arthur. Comme par hasard il était descendu chez moi et était venu me conter toute cette opération, je craignais de me trouver compromis dans des recherches ; et, quoiqu’il n’y eût pas grand mérite ni grand honneur à jouer un rôle dans cette tragi-comédie, je voulus figurer parmi les libérateurs. C’est ici que commencerait ce qu’on pourrait bien appeler une parade, si le dénoûment n’en avait pas été si atroce. Nous partîmes au nombre de cinq, et nous arrivâmes sur les huit heures du soir : la première maison où nous passâmes à Beaulieu, fut celle du sous-préfet, qui rentrait chez lui avec le lieutenant de la garde nationale ; ils s’étaient mis à la porte en entendant le bruit des chevaux. Je vis encore le lieutenant qui nous demanda fièrement : « Qui êtes-vous ? » On répondit qu’on demandait le sous-préfet ; cet homme répond que c’est là. Carlos lui présente un papier. Cet homme, qui nous supposait beaucoup, mit des lunettes sur son grand nez, et il n’eut pas plus tôt vu le firman qui avait en tête : Ministère de la police générale, qu’il pensa faire comme les Turcs quand le calife leur dit : Il Bondo Cadi. Arthur avec Robert se séparèrent de nous, et furent porter l’ordre de Charles à Gaudin, qui leur dit : « Je ne vous demande rien de plus ; je me fie à votre parole d’honneur. » Gaudin monte à cheval avec Bernard, le frère de Carlos, et retourne sur la route que nous avions suivie. Carlos et moi nous repartîmes de Loches vers une heure du matin. Arrivés à la pyramide de Chemillé, au milieu de la forêt de Loches, nous allions au pas, et nous apercevons le sénateur, les yeux bandés, étendu au pied d’un arbre comme un sac de blé, n’ayant pas la plus petite envie de bouger. Gaudin lui avait dit en s’en allant qu’on le transférait, et qu’il était entre les mains d’autres brigands qui le tueraient s’il disait un mot. Arthur et Robert, en nous apercevant de loin, firent monter le patient à cheval. Nous nous arrêtâmes, et nous les laissâmes faire route environ deux ou trois cents pas ; alors Carlos et moi nous mîmes nos chevaux au galop, en criant : Les voilà. Robert et Arthur se mirent à crier de leur côté, et nous tirons un coup de pistolet. Carlos reste à côté de Clément-de-Ris, et nous nous enfonçons tous les trois dans le bois. Nous revenons cinq minutes après le sabre à la main, regrettant beaucoup que l’obscurité nous ait empêchés de poursuivre les brigands, mais ajoutant que le plus fort est fait puisque nous avons délivré le sénateur. Carlos, au même instant que nous étions partis, avait arraché le bandeau à Clément-de-Ris en lui criant : « Vous êtes libre ; n’êtes-vous pas le sénateur Clément-de-Ris ? » Nous les rejoignîmes dans le moment le plus attendrissant de cette reconnaissance.

Il est à remarquer que Fouché avait fait d’avance à Carlos la lettre de remercîment que Clément-de-Ris lui écrirait, et qui était calculée sur sa peur présumée. Il nous dit que c’étaient les coquins de royalistes qui l’avaient enlevé ; qu’il reconnaissait bien là l’amitié de Fouché ; il nous parla dans ce sens jusqu’au jour. Ici nous eûmes une autre crainte : nous ne voulions point que d’autres que nous ramenassent le sénateur chez lui, et à la petite pointe du jour nous aperçûmes un groupe de monde. Robert et moi nous courûmes sur eux, et nous ne fûmes pas fâchés de voir que c’était tout simplement des ouvriers qui allaient à leur travail ; mais le sénateur ne nous pria pas moins de rester auprès de lui, croyant qu’une nouvelle action allait s’engager. Arrivés à Bléré, la paroisse la plus révolutionnaire, nous dînâmes avec le sénateur ; toutes les autorités vinrent le complimenter ; toute la garde nationale fut sur pied, et il eut le bon sens de leur dire à eux-mêmes : « Actuellement que je n’en ai plus besoin, ils viennent tous. » Il nous présenta les uns après les autres comme ses libérateurs ; mais on lisait sur nos figures apparemment quelque chose d’équivoque, car je puis dire qu’il n’y avait que lui qui en fût dupe.

Arrivés à Beauvais, où nous avaient précédés des acclamations publiques, nous trouvâmes le préfet Graam, les présidens des tribunaux, toutes les autorités enfin par députations, à qui le sénateur se préparait à répéter son petit compliment ; mais Arthur, en homme franc et loyal, dit à Carlos d’avoir la bonté de remettre chacun à sa place. Carlos alors tira le sénateur à part, et lui dit, ce qu’il commençait à savoir, que nous n’étions pas des agens de la police, mais des officiers de l’armée qu’avait commandée M. de Bourmont. Ce fut un coup de théâtre superbe. Clément-de-Ris rentre dans son salon, la sensibilité peinte sur la figure, et dit à l’honorable assemblée : « Voilà le jour de réunion de tous les partis : ma femme, mes enfans, savez-vous ce que sont ces messieurs ? Ce sont des officiers royalistes. » Sa famille ne dit pas ce qu’elle en pensait, mais le préfet, le maire de Bléré, et toute l’élite des révolutionnaires, qui était là, faisaient une grimace des plus comiques. La foule s’écoula, nous restâmes en famille avec le lieutenant de gendarmerie de Loches et le capitaine de gendarmerie de Tours, nommé Follia. Nous partîmes le lendemain, après avoir eu la précaution d’avertir Clément-de-Ris que la prudence et peut-être quelques autres motifs devaient l’engager à ne donner aucune espèce de renseignemens, aucune suite à une affaire malheureuse, qui se terminait bien pour lui, puisqu’il retrouvait sa famille, ne payait pas les cinquante mille francs, et ne perdait au fait que son argenterie. En effet, lorsque Charles avait offert de la rendre, le ministre lui avait répondu : « Gardez-vous-en bien, je ne pourrais plus dire que ce sont des brigands qui l’ont enlevé. » J’observe encore qu’à cette occasion il demanda s’il n’y avait pas dans le pays quelques gueux sur qui on pût mettre l’endosse du tout. On lui répondit que c’était le métier de la gendarmerie de donner des informations de cette nature. Quoi qu’il en soit, à peine fûmes-nous partis, que les officiers de gendarmerie, piqués de l’inutilité de leurs recherches, et peut-être aidés dans leurs opérations par la disposition d’esprit de Clément-de-Ris, tirèrent bientôt de lui plus de renseignemens qu’ils ne pouvaient même en attendre. Aussi ne tardèrent-ils pas à aller droit à la métairie ; ils arrêtèrent le fermier et sa femme, qui, intimidés, compromirent madame Lacroix. Alors Fouché faisant venir cette femme, l’ordre de l’arrêter fut exécuté ; seulement, dans l’intervalle, le tribunal criminel s’empara du fermier et de sa femme, que Charles avait oublié de mettre sous la sauve-garde du ministre, comme il y avait mis madame Lacroix. C’est à cette occasion que je fus à Paris pour l’avertir que trente-six après, madame Lacroix, le fermier et la fermière seraient livrés au tribunal criminel, dont les opérations rentreraient dans les attributions du ministre de la justice. Ce fut alors que j’entendis le ministre dire ces mémorables paroles : « Que diable, quand on conspire, on n’y met pas de femme ! » Le résultat fut qu’il me fit donner par de Villers une lettre de six lignes, ouverte, qui ordonnait impérativement à....... d’envoyer sur-le-champ madame Lacroix à Paris. Par étourderie ou autrement on oublia le malheureux fermier, pour lequel seul j’étais venu, et qui fut la cause que l’affaire passa des mains de Fouché dans celles du ministre de la justice. Jusque-là je crois que le ministre de la police était de bonne foi. Je ne crois nullement que Charles ait eu l’intention de nuire par préférence à madame Lacroix, avec qui il était bien, ni à MM. de Mauduison et de Couchy, qu’il avait été chercher exprès, qui ne pensaient point à lui, et avec qui il avait des rapports d’intimité. Le fait est qu’on a soupçonné Charles, Bénard et N....... d’avoir été agens de la police : si c’est ainsi que, dans son arrière-pensée, le ministre avait intention de leur procurer une existence, c’est différent ; mais il est bien certain que les trois autres, Couchy, Mauduison et Gaudin, qui se sont refusés à toute espèce de proposition, ne méritaient pas plus d’être sacrifiés que les trois premiers d’être épargnés. On arrêta Gaudin, Couchy et Mauduison ; on les jugea à Tours : le tribunal, au lieu de les acquitter purement et simplement, laissa la question indécise ; l’autorité le blâma officiellement, de manière à forcer la conduite du tribunal d’Angers, auquel il renvoya la cause. Ici commence un dédale d’intrigues et de fourberies, auxquelles je suis absolument étranger. J’offris à B*** d’aller déposer à Angers de la vérité des faits dont nous avions été spectateurs. Sa réponse fut que cela ne servirait à rien, et que nous n’avions fait qu’exécuter des ordres sans devoir répondre des suites. Gaudin, Couchy et Mauduison condamnés à mort, et amusés jusqu’au dernier moment pour qu’ils n’invoquassent pas la parole donnée par l’autorité, furent exécutés. Lacroix et sa femme furent ruinés par les frais du procès, et madame Lacroix condamnée à être en prison à Loches, où elle est encore pour je ne sais combien d’années, ne vivant que du travail que lui procurent les gens honnêtes qui la connaissent et qui la plaignent. L’argenterie n’a pas été rendue, et Charles est resté attaché à la police, qui, après s’en être servi, l’a fait mettre à Bicêtre.


FIN.