Napoléon le Petit/2/I

La bibliothèque libre.
Napoléon le PetitOllendorftome 7 (p. 31-32).


LIVRE DEUXIEME.
LE GOUVERNEMENT.

i.
LA CONSTITUTION.

Roulement de tambour : manants, attention !

« LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE»,

« Considérant que — toutes les lois restrictives de la liberté de la presse ayant été rapportées, toutes les lois contre l’affichage et le colportage ayant été abolies, le droit de réunion ayant été pleinement rétabli, toutes les lois inconstitutionnelles et toutes les mesures d’état de siège ayant été supprimées, chaque citoyen ayant pu dire ce qu’il a voulu par toutes les formes de publicité, journal, affiche, réunion électorale, tous les engagements pris, notamment le serment du 20 décembre 1848, ayant été scrupuleusement tenus, tous les faits ayant été approfondis, toutes les questions posées et éclaircies, toutes les candidatures publiquement débattues sans qu’on puisse alléguer que la moindre violence ait été exercée contre le moindre citoyen — dans la liberté la plus complète, en un mot,

« Le peuple souverain, interrogé sur cette question :

« Le peuple français entend-il se remettre pieds et poings liés à la discrétion de M. Louis Bonaparte ? »

« À répondu OUI par sept millions cinq cent mille suffrages (Interruption de l’auteur : — Nous reparlerons des 7,500,000 suffrages),

« PROMULGUE

« LA CONSTITUTION DONT LA TENEUR SUIT :

« Article premier. La Constitution reconnaît, confirme et garantit les grands principes proclamés en 1789 et qui sont la base du droit public des français.

« Article deux et suivants. La tribune et la presse, qui entravaient la marche du progrès, sont remplacées par la police et la censure et par les discussions secrètes du sénat, du corps législatif et du conseil d’État.

«Article dernier. Cette chose qu’on appelait l’intelligence humaine est supprimée.

« Fait au Palais des Tuileries, 14 janvier 1852.
« Louis-Napoléon. »
« Vu et scellé du grand sceau.
« Le garde des sceaux, ministre de la justice,
« E. ROUHER. »

Cette Constitution qui proclame et affirme hautement la révolution de 1789 dans ses principes et dans ses conséquences, et qui abolit seulement la liberté, a été évidemment et heureusement inspirée à M. Bonaparte par une vieille affiche d’un théâtre de province qu’il est à propos de rappeler :

AUJOURD’HUI
GRANDE REPRÉSENTATION
DE
LA DAME BLANCHE
OPÉRA EN 3 ACTES


Nota. La musique, qui embarrassait la marche de l’action, sera remplacée par un dialogue vif et piquant.